Discours du Président Emmanuel Macron en l’honneur des troupes qui défileront le 14 juillet.

Published: Jul 12, 2024 Duration: 00:19:50 Category: News & Politics

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Monsieur le Commissaire, Mesdames et Messieurs les Députés, Monsieur le Président de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense, Mesdames et Messieurs les Sénateurs, Monsieur le Chef d'état-major des Armées, Monsieur le Secrétaire général à la Défense et à la Sécurité nationale, Monsieur le Délégué général pour l'armement, Monsieur le Secrétaire général, pour l'Administration, Messieurs les chefs d'état-major, Monsieur le Gouverneur militaire de Paris, Madame la Directrice générale, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, officiers, sous-officiers, officiers mariniers, soldats, marins, aviateurs et personnels civils de la Défense, Mesdames, Messieurs. En ces temps de gravité, les armées françaises sont plus que jamais un fondement de la nation et l'expression de son unité. Nos armées font référence dans le monde, vous l'avez démontré, et depuis sept ans, votre engagement a pris de nombreuses formes et j'ai pu compter sur vous. Vous avez relevé tous les défis, sous tous les horizons. Il n'y a pas de pause pour les armées françaises, le rythme du monde s'impose, et plus que jamais vous devez être prêts, et je compte sur vous. Durcis au feu de l'expérience combattante, vous avez acquis ce que beaucoup nous envient : une crédibilité fondée sur un héritage que vous savez cultiver, transmettre et prolonger. Un temps long, que rappellent les lettres d'or inscrites sur les plis de vos drapeaux et étendards. Un legs de culture, de cohésion, d'honneur, de valeurs, de discipline, auquel chacun de vous prête son visage et son ardeur. Un idéal et une capacité d'action que nos concitoyens connaissent et admirent, car dans les fractures du monde se révèle l'âme profonde du combattant, la cohésion d'un groupe, la détermination à vaincre, et s'exprime aussi la force morale de la nation, qui accompagne vos frères d'armes tombés pour la France, nos blessés et leurs familles, que je salue humblement et qui sont avec nous aujourd'hui. Autour de vous, de nos armées, autour de nos femmes et de nos hommes, civils et militaires engagés pour notre défense, la nation se tient unie. Aussi, c'est fier de nos armées que je passerai en revue demain les unités mises à l'honneur. Je tenais, à travers ce temps privilégié avec vous, comme le veut la coutume, mais ce n'est pas simplement une coutume, et alors que je rentre de Washington, où se tenait le Sommet marquant les 75 ans de l'OTAN, le ministre était à mes côtés, a redonné le cap que je fixe à nos armées, en même temps qu'exprimer cette reconnaissance. Notre sécurité est en jeu en Europe. Le régime de Moscou a décidé d'envahir l'Ukraine, en violation des règles internationales qui permettent à chaque État de vivre en paix dans des frontières reconnues. Notre continent sait ce que la loi du plus fort signifie : chaos, guerres, déclassement. Et seul le respect de l'intégrité et de la souveraineté de chaque nation permet la liberté, la paix et la prospérité. Vous qui savez ce que le rapport de force signifie, ce que la force d'âme impose, vous mesurez notre résolution à ne pas laisser la Russie gagner la guerre. Pour cela, nous continuerons de soutenir l'Ukraine, avec l'extrême détermination qui caractérise la France depuis les premières heures de février 2022, avec la force de nos valeurs, sans céder aux intimidations et à la peur, qui poussent au repli sur soi et à l'abandon, avec l'ambiguïté stratégique nécessaire face à un agresseur qui n'affiche aucune limite. La France continuera de prendre ses responsabilités, sans rechercher l'escalade, sans être en guerre contre la Russie, car nous ne l'avons jamais été. Nous poursuivrons donc sans faillir les formations, car les jeunes Ukrainiens doivent tenir, face à une force plus nombreuse. Vous leur transmettez plus que des savoir-faire, vous leur donnez l'espoir. Et nous continuerons, et nous ne le ferons jamais seuls, jamais seuls. Pour la formation, l'équipement, les munitions, les capacités, nous serons là et nous continuerons en effet d'équiper les Ukrainiens pour qu'ils puissent se défendre aussi longtemps qu'il le faudra. Je sais les efforts, à cet égard, consentis par nos armées. C'était indispensable. Leur effet sur nos capacités est connu et assumé. Nous en tirerons les conséquences et toutes les conséquences. État, industrie, société tout entière, telle est là la force d'une nation pour assurer sa défense, car la guerre en Ukraine met en lumière des éléments que nous anticipions et qui se concrétisent. D'abord l'impératif de concilier les besoins essentiels du temps immédiat, tout en innovant et en s'adaptant pour garder l'initiative. C'est au cœur des décisions que nous avons eu à prendre en France et en Europe, et je vous remercie, Monsieur le Commissaire, pour cet engagement, les choix qui ont été faits, le réalisme avec lequel nous avons bâti pas simplement une boussole stratégique, mais ensuite des stratégies d'investissement européennes. Ensuite, le socle pour engager des forces, équiper, entraîner, armer, former pour savoir s'adapter et prendre l'ascendant, soutenir aussi. Et je n'oublie à cet égard aucune des composantes du soutien. Enfin, l'appui indispensable d'une industrie, dont le tempo doit rejoindre celui des combats. C'est tout l'effort d'une économie de guerre, Monsieur le Ministre, Monsieur le Délégué général, que vous avez ô combien poussée, accompagnée, à laquelle vous vous êtes adaptés, le travail se poursuit, et je veux ici remercier l'ensemble des ouvriers, salariés, collaboratrices et collaborateurs de nos industries de défense, qui se sont adaptés et dont le quotidien s'est transformé. Trois dimensions d'une nation pleinement engagée pour rester debout, cela dans une programmation par nature vivante, qui porte un modèle pertinent. L'accélération du temps, le rapprochement des menaces imposent en effet de nouveaux réglages. C'est pourquoi je vous demande de continuer à tirer les conséquences de la guerre telle qu'elle sera demain et pas telle que nous l'imaginions hier, et de préparer un ajustement de notre programmation militaire pour 2025. Je parle bien d'ajustement et non de remise à plat. Les ambitions et les fondements sont invariables pour la défense de notre pays. À ce titre, nous avions largement anticipé cette situation, dès 2017. La loi de programmation militaire de 2019 avait déjà permis de réparer et construire l'avenir. Cette deuxième loi de programmation, que vous avez préparée et portée, Monsieur le Ministre, Madame la Ministre, et à vos côtés le CEMA et l'ensemble des administrations et armées, ont permis d'aller plus loin encore, mais cet ajustement est nécessaire. Nous aurons en tout cas, à l'issue de ces deux lois de programmation, doublé le budget de nos armées. Le Proche-Orient connaît également des bouleversements historiques. La France agit pour combattre le risque d'embrasement, avec le drame de Gaza, les risques qui pèsent sur le Liban ami et les différentes zones de crise. Nous savons quelles sont les forces à l'œuvre. Avec nos alliés et nos partenaires de la région, nous veillerons à ce qu'aucune puissance, d'elle-même ou par ses supplétifs, déclenche l'embrasement redouté. La sécurité d'Israël n'est pas négociable. Nos principes sont constants et nous ne pratiquons aucun double standard. Un cessez-le-feu à Gaza est aussi nécessaire, et la sécurité de nos amis libanais doit être garantie. Près de 700 de nos soldats sont engagés au sein de la FINUL, avec de nombreux partenaires. Leur mission est essentielle et se réalise dans des conditions dont je mesure la complexité. La France n'acceptera pas que l'action de la FINUL soit entravée ou anesthésiée, et la résolution 1701 doit être pleinement appliquée. Notre détermination est à cet égard entière. Je n'oublie pas, évidemment en ce moment, le théâtre indo-pacifique sur lequel nous avons, ces dernières années, tant réinvesti et qui suppose une mobilisation constante, des exercices multiples, un engagement exemplaire de l'ensemble de nos armées, avec nombre de nos partenaires internationaux. Vous êtes également engagés en Afrique, où notre dispositif évolue. C'était indispensable. J'en ai fixé les orientations en février 2022. Des liens nous unissent à ce continent, des intérêts et des enjeux nous concernent. Je salue à cet égard le travail accompli et la mise en place de dispositifs légers, adaptables et de nouveaux partenariats élaborés ensemble. L'action entreprise est comprise, les chefs d'États africains me le disent, et elle est prometteuse. Nous ne nous soustrayons pas, mais nous bâtissons un partenariat humble, exigeant et de long terme. Sur notre sol, outre-mer, votre action est évidemment essentielle pour garantir nos droits souverains et faire rayonner la France, avec de beaux succès aux Antilles, avec la lutte contre le narcotrafic en Guyane, avec la sécurisation de Kourou, qui a permis le lancement d'Ariane 6, fierté française et européenne, technologique et duale, avec la protection de nos espaces, en Polynésie, en forêt guyanaise, en océan Indien, avec la permanence de missions au service de nos concitoyens, nous avons fait le choix d'y consolider nos moyens, de manière historique, à travers cette LPM. Et c'est d'autant plus essentiel que les armées ont une fonction d'intégration et d'émancipation, et qu'elles sont en cela gardiennes aussi de notre promesse républicaine. Dans l'Hexagone, puisque la France accueille le monde cet été, je sais aussi pouvoir compter sur vous, avec nos réservistes, dont je salue l'engagement, et dont la LPM porte aussi la transformation sur laquelle j'ai pu faire le point il y a quelques jours à peine, avec le Haut comité d'évaluation de la condition militaire. Oui, je sais pouvoir compter sur vous pour contribuer à ce succès que seront nos Jeux olympiques et paralympiques, en complément des forces de sécurité intérieure. En général je sais aussi votre engagement tout particulier à ce titre. Les valeurs de l'olympisme, dépassement et sacrifice, cohésion et fraternité ne sont pas étrangères aux vôtres. Par votre engagement au service du succès des Jeux, parfois  à travers vos propres athlètes, vous prendrez toute votre part à cette saison d'unité et de rayonnement de la nation. Ce 14 juillet, que nous vivrons ensemble demain, est l'occasion de redire la confiance des Français dans la solidité et dans l'efficacité de nos armées. J'exprime ici la gratitude de la nation aux chefs militaires, dont certains serviront bientôt sous d'autres formes. Mon Général Stéphane Mille, merci de votre action au service des ailes et des armes de la France. Je dis aussi ma confiance à l'amiral Pierre Vandier, qui va bientôt faire route pour succéder au général Lavigne à la tête d'un commandement stratégique de l'OTAN. Merci aussi pour vos responsabilités éminentes au sein de nos armées, ces dernières années. Tous, vous méritez cette confiance, parce que vous cultivez la cohésion et le professionnalisme. Toujours vous servez les objectifs que je vous assigne, avec loyauté, réactivité, efficacité. J'attends de vous que toujours vous soyez affûtés, entraînés, prêts physiquement et mentalement. Vous le faites sous l'autorité du général Burkhard. Mon Général, je veux ici saluer votre engagement exceptionnel. À ma demande, vous avez accepté de poursuivre à mes côtés, et je vous en remercie, car je sais le sacrifice de cette fonction. Vous avez ma confiance entière. Elle était acquise, les années l'ont consolidée. Et je veux ici aussi remercier, avec Monsieur le Premier ministre, qui a pu comme moi en apprécier les qualités, le travail de votre ministre des Armées et de la ministre déléguée, en particulier pour son travail auprès de nos anciens combattants et pour préparer ces cérémonies. Monsieur le Ministre, Madame la Ministre, soyez tout particulièrement remerciés, en ce 13 juillet, au nom du Premier ministre et de moi-même, de votre action. Le sens profond de notre défense s'illustre dans vos devises : "qui ose gagne", ou encore "ne pas subir". Elles résonnent, dans cette année de commémoration de notre libération, de notre esprit de résistance, de notre liberté recouvrée contre la fatalité. Être Français, c'est un engagement de chaque aube, un plébiscite de chaque jour. Vous êtes l'expression de cette conception élevée de notre nation, laquelle sait pouvoir compter sur vous. Au nom de cet idéal, bien au-delà de nos armées, chacun doit être éduqué en amont aux enjeux et aux risques. Il s'agit d'être prêts, dans les bureaux d'études, dans les ateliers, dans les entrepôts, avec leurs ouvriers et salariés, mais aussi dans les universités, dans les écoles, dans les esprits en somme. Les Ukrainiens, dont je parlais à l'instant, font au monde la preuve qu'un peuple peut opposer sa force morale à la force de la fatalité ou de la brutalité. Toute une société s'est mobilisée, avec les collectivités, les territoires, le système industriel, mais ce qui a fait la différence, ce qui emporte le destin d'un groupe, c'est ce sentiment singulier : là-bas comme ici, rien n'est impossible à un peuple uni par l'esprit de cohésion, de sacrifice, de résistance. Aussi, toujours, nous devons célébrer, protéger et transmettre notre volonté de vivre ensemble, de défendre ce que nous sommes, notre histoire, notre héritage, les valeurs que porteront, comme nous, nos enfants, l'unité de la nation, sa lucidité, sa fraternité, sa solidité. Demain, en défilant, pensez à nos anciens combattants, nos héros, ceux de Normandie, que nous avons commémorés en juin, ceux de Provence et de Paris que nous célébrerons en août, ceux de notre histoire, grâce à qui nous sommes là aujourd'hui. Vous êtes leurs héritiers. Leur flamme, que vous portez, est à la source du rôle de notre pays en Europe et dans le monde. Vous la faites resplendir aux yeux de la nation, aux yeux de ceux qui demain la porteront à leur tour. Alors, je vous le redis ce soir, avec la même fierté, le même attachement : chacune et chacun, dans vos conditions, vous faites tant pour que la France soit plus forte, plus indépendante, solide face aux défis. Nous parlons de chiffres, d'équipement, d'industrie, de format d'armée, d'engagement, mais notre plus grande force, c'est cette force d'âme, et ce sont les femmes et les hommes qui constituent nos armées. Ne l'oubliez jamais. Et c'est ce qui, là où je suis, me rend le plus fier et le plus confiant en nous. Vive la République ! Vive la France ! [Hymne national]

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