Les gens de Châteaudun
sont très sympas. - A.-E.Lemoine: On passe
à Benjamin. La scène, vous la vivez
comme une performance d'athlète. Après chaque concert, vous êtes
dans le même état qu'un joueur de foot. En gros,
vous n'êtes pas très frais. Dans quel état étiez-vous
après votre performance au Stade de France? - B.Bernheim: J'ai réalisé
quelques minutes après ce qui se passait. On était entourés
de 8000 ou 9000 athlètes. Je me suis aperçu après coup
qu'il y avait 80 000 personnes et des millions de téléspectateurs. - A.-E.Lemoine: 17 millions
de téléspectateurs français. - B.Bernheim: J'étais
tellement concentré que je me suis... - A.-E.Lemoine: On voyait
votre main qui tremblait. - B.Bernheim: Je n'ai jamais
vécu ça, même sur les plus grandes scènes
du monde, même en direct du Metropolitan de New York. - A.-E.Lemoine: Chanter
au Stade de France, c'était quasiment religieux? - B.Bernheim: Oui. C'est ma ville
natale, mon pays. Les JO dans ma vie,
c'est une chance incroyable. - A.-E.Lemoine: La pelouse
de Saint-Denis, vous la comparez à une pierre
de la cathédrale du Vatican. - B.Bernheim: C'est ce
que j'ai dit? - A.-E.Lemoine: Oui,
à moins que ce soit Châteaudun ou Chartres... - M.Cymes: Vous êtes déjà amnésique
à votre âge? - A.-E.Lemoine: Vous auriez rêvé
d'être footballeur ou tennisman. Vous faites 45 minutes de sport
par jour minimum et vous prenez soin
de votre voix de ténor. Ce n'est pas
la plus haute tessiture chez les hommes, mais c'est l'une
des plus hautes. Voici des vocalises que vous faites
en coulisses. Vous vous échauffez
comme un sportif avant une compétition? - B.Bernheim: Oui, un peu. On chauffe les muscles. C'est 2 cordes vocales
qui vibrent à très haute intensité. Il faut être chauffé. Il ne faut pas
que la gorge se refroidisse. Quand on arrive sur scène,
on a souvent l'angoisse qui arrive. Ca peut se refroidir très vite. Il faut rester très, très chaud
et très proche de la performance et du moment où on va chanter. - A.-E.Lemoine: Michel est ORL. Ca, c'est bon? - M.Cymes: Oui. Les cordes vocales,
c'est des bandes qui bougent grâce à des muscles. Il y a énormément de muscles
dans le larynx. Il faut les chauffer
pour qu'elles soient mobiles. - A.-E.Lemoine: Vous ne
vous êtes pas chauffé la voix? - B.Bernheim: A peine. - A.-E.Lemoine: Vous allez
nous interpréter quelques notes de "Douce France",
extrait de l'album du même nom. Vous pouvez le faire
sans échauffement? - B.Bernheim: Oui,
pas besoin de s'échauffer. - M.Cymes: S'il y a un problème,
je suis là! - P.Cohen: S'il y a un claquage... - M.Cymes: Il y a des claquages
des cordes vocales. - A.-E.Lemoine: C'est aussi net
qu'un claquage musculaire? - M.Cymes: Oui. Il y a un petit
vaisseau qui pète sur une corde vocale. - A.-E.Lemoine: Ca fait mal? Ca vous est arrivé? - B.Bernheim: Ca ne m'est pas
arrivé, mais si on prend du paracétamol
ou certains médicaments qui affinent le sang,
on peut avoir des soucis. - A.-E.Lemoine: Vous voulez bien,
sans risquer un claquage, faire un extrait? - B.Bernheim: Il revient
à ma mémoire un souvenir familier. Je revois ma blouse noire
lorsque j'étais écolier. Sur le chemin de l'école,
je chantais à pleine voix des romances sans paroles,
vieilles chansons d'autrefois. Douce France,
cher pays de mon enfance, bercée de tendre insouciance,
je t'ai gardée dans mon coeur. Je t'ai gardée dans mon coeur... Applaudissements.