des politiques solides
avec de l'expérience et d'avoir régulièrement étrillé
un certain E.Macron. - Au bal des prétendants,
il y en a un qui connaît les lieux. B.Cazeneuve a déjà vécu
à Matignon: 155 jours. - B.Cazeneuve: Dans l'exercice
des responsabilités qui auront été les miennes,
et notamment dans les épreuves terribles
que nous avons traversées, la passion de l'Etat
et le sens de l'Etat auront été ma force et ma seule boussole. - A 61 ans, il reste surtout
pour de nombreux Français le ministre de l'Intérieur
des années marquées par les attentats. L'incarnation d'une certaine
droiture souvent jugée rigide, austère. Finalement, tout l'ancien monde
balayé par la Macronie. Depuis ses années au pouvoir,
il est resté sur la réserve, prenant très peu la parole. Tout le contraire de X.Bertrand,
lui aussi reçu à l'Elysée cet après-midi. Il se fait rarement prier
quand il s'agit de s'exprimer. A 59 ans,
l'ancien ministre du Travail de N.Sarkozy a toujours visé,
sans l'atteindre, l'Elysée. - X.Bertrand: Je suis candidat
à l'élection présidentielle pour être président
de la République. Cette rencontre entre un homme,
une femme et les Français. - Il s'est bâti une stature
de président de région dans les Hauts-de-France. - X.Bertrand: L'histoire retiendra
que par 2 fois, ici, sur la terre des Hauts-de-France,
fidèle à une certaine idée de la France, le FN a été arrêté. Nous l'avons fait
fortement reculer. - Ses relations avec E.Macron
sont notoirement fraîches. En témoigne l'accueil réservé
au président lors de ses derniers déplacements
dans les Hauts-de-France, touchés par des fermetures d'usines. - Ces dernières semaines,
pourtant, X.Bertrand multiplie les appels du pied pour figurer
dans un gouvernement d'un nouveau genre. - X.Bertrand: Un gouvernement
d'urgence nationale qui sera un gouvernement
de rassemblement avec Les Républicains,
les indépendants, le camp de monsieur Macron. - B.Cazeneuve a un temps été
très proche du chef de l'Etat. Dans un livre, il explique
avoir noué avec lui une complicité spontanée
et une relation authentiquement fraternelle. Mais après le lancement
d'En marche, barrant la route à F.Hollande en 2017,
la rupture est consommée. B.Cazeneuve ne pardonne pas
la trahison. - Vous ne serez pas
ministre d'E.Macron? - B.Cazeneuve: Cela vous a-t-il
effleuré l'esprit? Moi, jamais. - B.Cazeneuve et X.Bertrand
auraient fort à faire pour bâtir des majorités. L'ancien socialiste
hérisse une partie de la gauche, qui lui reproche la mort
du militant écologiste R.Fraisse. Il a quitté le PS il y a 2 ans. - B.Cazeneuve:
Ceux qui ont la tentation de la stratégie
de la confrontation sur tout... La seule unité qu'ils parviendront
à réaliser est celle de l'extrême droite
et de la droite extrême. - Pour X.Bertrand,
il faudrait s'entendre avec son ennemi juré, L.Wauquiez,
qui vise comme lui la prochaine présidentielle. - X.Bertrand: Ce n'est pas
le candidat naturel de LR. - Vous ne vous sentez pas tenu
par le fait que votre famille politique
soutient L.Wauquiez? - Régulièrement cité pour Matignon
depuis 2007, X.Bertrand a souvent regretté
de voir son nom utilisé comme un écran de fumée. - C.Roux: Comment sont-ils perçus
par ces Français, ces deux-là? - J.Fourquet: Les cotes
de popularité disent qu'ils ne sont pas si mal placés. X.Bertrand avait
42 % d'opinions positives. C'est le même score
chez les électeurs macronistes pour B.Cazeneuve. Vis-à-vis du camp présidentiel,
ces deux-là seraient acceptés. X.Bertrand a aussi la capacité
à parler à une partie de l'électorat socialiste. 40 % de l'électorat socialiste
avait une bonne opinion de lui. B.Cazeneuve, au niveau
de l'ensemble de la population, c'est 36 %. C'est au moins ça. Ca s'explique notamment
par un déficit dans sa propre famille politique. Ses prises de position
sur les sujets régaliens, ses attaques très frontales
vis-à-vis de la Nupes et du Nouveau Front populaire
lui aliènent le soutien de la partie la plus à gauche
de l'électorat du Nouveau Front populaire. On l'a entendu à Blois,
avec une partie de ces électeurs de gauche, qui, comme l'a aussi dit F.Ruffin
ce week-end, considèrent que B.Cazeneuve incarne
le hollandisme finissant. - J.Jaffré: C'est la formule
de N.Sarkozy dans son interview du "Monde". - J.Fourquet: F.Ruffin dit
la même chose. Beaucoup d'électeurs de gauche
disent: "Si on a fait tout ça pour voir revenir
la gauche hollandaise, ce sera sans nous." C'est dit d'une manière
beaucoup moins élégante. Une députée insoumise avait parlé
des punaises de lit en parlant des "hollandais". Si B.Cazeneuve revenait,
ce serait un casus belli pour une partie
de l'électorat de gauche. On reviendrait à des souvenirs
très douloureux, les ordonnances travail,
la déchéance de nationalité... C'est toute la fin du hollandisme. - C.Roux: La personnalité
et le parcours politique de X.Bertrand, au regard
des enquêtes que vous avez sous les yeux,
c'est plus consensuel? - J.Fourquet: Au regard
de ces chiffres, effectivement. X.Bertrand ratisserait plus large. - J.Jaffré: Il y a une différence
entre l'opinion et la classe politique. Dans la comparaison
Cazeneuve-Bertrand, puisqu'ils ont été reçus
aujourd'hui à l'Elysée, l'un a déjà été Premier ministre. Le fait de redevenir
Premier ministre, c'est quelque chose de rarissime. Au fond, c'est la reconnaissance
qu'on est un grand homme d'Etat. Dans la période des années 30,
nous avons eu le retour de R.Poincaré... Je vais plus loin qu'A.Minc
avec son V.Auriol. On a eu le retour
du général de Gaulle. Personne ne peut lui être comparé. Ca distinguerait le parcours
de B.Cazeneuve de tous les autres anciens Premiers ministres. On a fait appel à lui
dans une situation de crise majeure du pays. C'est une chose qui doit compter
pour lui et peut-être le conduire à certaines concessions
dans cette hypothèse. X.Bertrand n'a jamais été
Premier ministre. Chacune de ses tentatives pour être
président de la République s'est soldée par un échec cinglant. Il a donc une folle envie
de devenir Premier ministre. L'accord entre X.Bertrand
et E.Macron, alors que votre reportage
le soulignait... Les regards furibards
de l'un vers l'autre... X.Bertrand ne veut pas défaire
ce que le macronisme a fait. C'est une concession
absolument majeure. Dans la composition
du gouvernement, il est prêt à accueillir des macronistes. L'un et l'autre
n'ont pas de troupes. C'est un avantage pour E.Macron. Ce qui les distingue,
c'est le nombre d'amis qu'ils ont. En politique, vous avez
soit des troupes, soit beaucoup d'ennemis. L'un et l'autre n'ont pas
de troupes et X.Bertrand compte beaucoup d'ennemis. - C.Roux: Y compris dans son camp? - J.Jaffré: Oui. Les relations sont détestables
avec L.Wauquiez. Une grande partie de LR
ne voudra pas de X.Bertrand. X.Bertrand soulignait l'honneur
d'avoir fait reculer le RN.