Bibliotopia 2024 | Rencontre avec Emma Becker

Published: Apr 04, 2024 Duration: 00:53:39 Category: Film & Animation

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bonjour bonjour à vous bonjour Emma Becker bonjour Alors j'ai envie de vous demander souvent quand on rencontre des écrivains ils vous disent j'ai eu envie d'écrire depuis toujours depuis que je suis toute petite et cetera je doute cependant qu'à 10 ans on a le projet d'écrire des livres érotiques alors comment ça s'est passé pour vous en fait est-ce que vous avez eu l'envie d'écrire d'abord et ensuite les choses se sont précisées ou est-ce que c'est venu plus tard euh écoutez je vais un peu vous décevoir je fais partie des gens qui effectivement ont toujours ont toujours plus ou moins écrit alors c'était pas toujours des récits du même tonneau ceci dit ça a commencé assez tôt parce que je dirais que mon envie d'écrire est venu quand j'ai commencé à lire un livre de d'un Américain qui s'appelle Nicholson Baker et qui qui écrivait qui a sorti en 96 un bouquin qui s'appelait le point d'org qui était un très beau livre un très beau livre que je décrirais pas forcément comme érotique mais il y avait beaucoup de scènes qui l'était et euh je me souviens de le lire et de ressentir des choses que je n'avais jamais ressenti et j'ai eu à partir de ce moment-là très envie d'écrire le même genre d'histoire et de faire ressentir le même genre de le même genre de chos je trouvais que c'était c'était une sensation extraordinaire le le le désir la convoitise et et c'est comme ça que j'ai commencé à écrire alors en quoi euh l'érotisme enfin la littérature érotique a quelque chose de particulier par exemple par rapport à la littérature traditionnelle ou dans un autre genre euh ben personnellement j'y trouvais euh j'y trouvais une forme de de de de de contemplation euh qui qui voilà qui qui qui était qui est devenu qui est devenu mon langage j'ai toujours trouvé ça très amusant de de de décortiquer les dynamiques du désir euh de décortiquer cette étincelle qui fait qu'on a envie d'être en contact les uns avec les autres je trouve que quand on parle de désir quand on parle d'érotisme on parle de de bien plus que que que ça en réalité on parle de la solitude immense que ça représente d'être humain de de de vivre cette de vivre cette existence là et le désir me semble une tentative désespérée et et très émouvante très touchante d'amenuiser cette solitude en se frottant en se frottant à l'autre après je pense que c'est aussi pour moi un VI enfin c'est une forme de enfin un vice c'est c'est mon c'est mon petit plaisir coupable à moi c'est comme ça que je me retrouve dans dans dans un monde que je crée de toutes pièces dans lequel je je peux évoluer à ma guise mais ça a toujours été pour moi un exercice plein de joie et sans cesse renouveler voilà alors est-ce que vous avez eu des influences à en plus de l'auteur que vous mentionnez tout que vous m'entionné tout à l'heure euh oui alors ben j'ai donc j'ai commencé par Nicholson Baker et puis ensuite je je suis passé par bah par tous les grands noms de l'écriture érotique qui sont quand même majoritairement des noms d'hommes mais j'ai été très très marqué par exemple par Régine de forge quand j'avais 13 14 ans La Bicyclette bleue ça a été l'un de mes grands l'un de mes grands frissons érotique d'adolescence et puis ensuite j'ai fait la connaissance de Françoise Reay qui était une une écrivaine érotique dont on parlait beaucoup dans les années 80 un peu moins maintenant mais qui employait un langage qui me touchait beaucoup parce estce que il était complètement aux antipodes du langage qu'on qu'on qu'on autorise généralement aux femmes dans dans dans l'exercice de la littérature érotique selon moi on on cantonne souvent les femmes à un langage plein de périphrases plein de métaphores et Françoise Reay était au contraire très elle utilisait un un langage sans embage il y avait pas justement toute cette espèce de de de de ce côté chichiteux qu'on retrouve bien souvent dans l'écriture érotique des femmes enfin c'est le langage qu'on a voulu pour elle donc j'ai été très marqué par ces auteursl mais très marqué également par la BD euh la BD qu'elle soit érotique ou non euh reste encore euh une référence très forte c'est-à-dire que j'écris beaucoup en pensant à ce que ça donnerait si c'était mise en image c'est les images qui vous qui qui qui viennent avant l'écriture presque les images les odeurs les sensations mais c'est vrai que j'ai grandi entouré de BD et que ça c'est c'est c'est souvent voilà quand j'écris une scène je je me demande souvent ce que ça donnerait si c'était des bulles si c'était des dessins beaucoup plus que que que le film par exemple que le cinéma avec lequel j'ai beaucoup moins de rapport la BD pour moi c'est ça a vraiment été une imagerie précieuse et en fait pourquoi vous n'en écrivez pas je je suis très mauvaise en dessin et que mais vousz vous pourriez être scénariste ah mais j'y pense j'y pense j'ai j'ai j'ai j'ai beaucoup de projets en ce sens-là bon il faudrait peut-être que au bout d'un moment je fasse quelque chose pour les mettre en voilà pour pour en faire quelque chose mais c'est effectivement mon rêve de faire de faire une BD ou un roman graphique je reviens juste à à la question précédente Becker en fait je crois que c'est un pseudonyme oui et qui que vous avez qui vous a été inspiré par Nicolas Becker pas pareil alors non c'est une coïncidence en fait ma grand-mère est allemande et son nom de famille c'est Panon bcker et comme Panon bcker était un petit peu long j'ai juste pris le bcer de la fin et voilà donc c'est c'est un curieux hasard c'est un curieux hasard effectivement peut-être que c'est un com comment que je m'en suis pas rendu compte que c'était inconscient mais c'est vrai on m'a souvent fait la réflexion alors Odie l'été est votre 5e livre et en fait c'est une commande oui tout à fait donc est-ce que en quoi cela change le projet d'une certaine manière ou l'écriture euh et ben ça change beaucoup parce que je n'ai jamais enfin avant d'écrire au deal je n'avais jamais signé de contrat avant d'avoir déjà un livre à mettre sur la table donc là ça c'était la première fois que je me retrouvais sous cette cette pression de devoir trouver une histoire de devoir voilà faire quelque chose en un temps un parti dans un format imp parti et j'ai trouvé ça très très vivifiant enfin en tout cas ça m'a ça m'a obligé à me mettre à ma table de travail et à vraiment trouver une idée et comme le le comment dire le parti-prix de cette édition de cette collection montée par Vanessa springora était de raconter un érotisme qui essayerait de se dégager un petit peu du prisme du regard masculin c'estàdire des schémas habituels euh de l'érotisme euh ça a été l'occasion pour moi d'évoquer euh d'évoquer quelque chose dont je ne parle jamais alors que ça a vraiment été une partie énorme de ma construction affective et sexuelle euh que sont les femmes que sont voilà l'amour des femmes les relation que j'ai pu avoir avec des femmes quand j'étais très jeune et puis pendant mon adolescence et je me suis posé la question de moi en revenant sur mes expériences passées quand ça a été tellement fluide et ement naturel pour moi d'avoir des relations avec les femmes pourquoi a-t-il fallu que je tienne comme ça mordicus à avoir des relations avec des hommes qui sont enfin dont j'ai depuis le début enfin depuis que j'ai commencé à avoir des relations avec des hommes je je j'ai quand même un souvenir d'adversité de lutte de pouvoir qui font que les relations sont quand même beaucoup moins évidentes que ce que j'ai pu connaître avec des femmes et donc ça m'intéressait de savoir si finalement chez moi cette attirance pour les hommes est quelque chose qui m'a été appris quelque chose auquel on m'aurait formaté ou est-ce que c'est réellement un goût indisciplinable qu'est-ce qui se cache derrière cet appétit que j'ai toujours eu pour le regard des hommes l'intérêt des hommes pour moi alors la collection s'appelle fauteuse de trouble tout à fait d'abord qu'est-ce que ça veut dire exactement et est-ce que vous vous sentez une fauteuse de trouble et alors je je il faudrait poser la question à d'autres à certaines collègues qui font comme moi de l'érotisme je ne pense pas qu'on qu'on écrive de l'érotisme pour être subversif pour causer du désordre je pense qu' par contre que très souvent c'est euh c'est ce à quoi on nous associe c'est-à-dire qu'une femme qui évoque sa sexualité les ressorts de sa sexualité de son g imaginaire sexuelle est considéré par essence comme subversive comme essayant de déranger l'ordre établi euh comme comme souvent en fait la subversion se se trouve dans le regard du spectateur et pas tellement dans ce que l'auteur a envie de dire moi euh je je mais je je pense que c'est très intéressant ceci dit de de voilà d'avoir un peu euh misé sur cette idée de de de fauteuse de trouble euh l'idée comme je vous le disais était justement de parler d'érotisme en essayant de de ne pas constamment parler des hommes c'est-à-dire si on retire les hommes de l'équation qu'est-ce que c'est l'érotisme féminin euh mais je pense pas qu'il y ait une volonté de de une volonté de de désordre là-dedans je pense au contraire euh que l'écriture euh érotique féministe ou en tout cas féminine a pour but d'apaiser les rapports entre les sexes et de de de de ne rien prendre aux hommes au contraire mais de rendre aux femmes leur capacité d'agancement leur capacité de réflexion sur ce qu'elles sont pourquoi elles désire ce qu'elle désire d'où est-ce que ça vient qu'est-ce qui nous appartient dans notre désir à nous parce que forcé de constater que euh dans les multiples fantasmes féminins bien souvent on retrouve tout de même des des voilà des des des comment dire des des fantasmes des des idées qui sont en porte à fau avec ce que le féminisme voudrait voudrait nous dicter alors qu'est-ce qui nous appartient là-dedans donc qu'est-ce que le fantasme féminin je trouvais que c'était une idée passionnante et voilà j'ai essayé d'en faire quelque chose d'intéressant est-ce que vous seriez d'accord quand même de nous résumer votre livre parce que par ailleurs il y a une intrigue quand même enfin il y a une histoire en tout cas oui oui il y a une histoire en fait la la la narratrice qui n'a pas de nom retrouve enfin rêve d'une amie avec laquelle elle a partagé beaucoup de choses quand elles étaient petites filles adolescentes et avec lesquelles avec laquelle elles se sont perdu de vue depuis une dizaine d'années donc elle rêve de cette de cette fille qui s'appelle ODIL et elle décide 10 ans après de voilà d'aller la voir et puis finalement de de de reparler ensemble de ce qu'elles ont partagé et puis du moment où elles se sont éloignées qu'est-ce qui s'est passé pour ces deux femmes qui vivaient des vies très différentes loin l'une de l'autre euh comment se sont construit leurs rapport aux hommes et où est-ce qu'elles en sont 10 ans après que sont-elles devenues c'était pour moi l'occasion justement de parler de de cette enfance et de cette adolescence à être en contact sentimental et physique avec des avec des femmes euh et de décortiquer un petit peu cette attraction aux hommes dont on voudrait qu'elle soit quelque chose de tout à fait normal quelque chose de tout à fait banale alors que selon moi elle ne l'est pas les relations hommes-femm sont tellement orageuses qu' qu'on serait en droit de se demander qu'est-ce qui finalement nous femmes nous attirre vers les hommes quand voilà c'est quand même pas ce qu'il y a de plus simple au monde que d'être en relation les uns avec les autres que d'être sexuellement satisfait euh comment dire intéressé l'un par l'autre donc voilà c'est c'est je fais très mauvais résumé mais c'est à peu près l'idée non mais euh le titre de de notre rencontre c'est pouvoir émancipation érotisme oui alors c'est tout en programme voilà en quoi euh votre en quoi qu'est-ce que ça veut dire en général et votre livre en particulier en quoi il correspondrait à à ces trois mots bah le pouvoir pour moi a toujours été c'est ce que je vous disais c'est-à-dire à partir du moment où j'ai commencé à avoir des rapports avec les hommes je me suis rendu compte que ça nétait on éétait pas du tout les uns les autres sur un pied d'égalité que vraiment moi moi j'ai connu le le à l'époque à laquelle j'ai commencé à avoir des rapports avec les hommes on était pas du tout dans une ambiance post 68 comme celle de Catherine Miet où tout le monde baisait les uns avec les autres dans une ambiance très bonne enfant euh dans une espèce de de de recherche du plaisir alors je dis pas que c'était toujours comme ça mais en tout cas ça avait l'air d'être l'ambiance à l'époque moi les rapports que j'ai connu avec les hommes étaiit très lié à une question de de de qui a le pouvoir sur l'autre qui gagne il y avait beaucoup beaucoup d'adversité euh donc la notion de pouvoir pour se trouvit là la notion d'émancipation pour moi se trouve notamment dans ce dans ce processus de de comment dire de décortication d'analyse de pourquoi nous sommes attirés les uns les uns par les autres pour moi l'attraction des hommes pour les femmes est sans mystère je dire il suffit de regarder une femme pour comprendre pourquoi c'est passionnant et pourquoi on pourrait écrire tout ce qu'on a écrit dessus enfin c un véritable objet de de vénération l'inverse et plus euh et je parle même pas là de quelque chose d'esthétique pour moi l'homme est esthétiquement plein plein d'intérêt mais d'un point de vue relationnel d'un point de vue sexuel d'un point de vue sentimental il y a tellement de points d'achchopppement qu'on se demande finalement si c'est un goût qui si c'est pas un goût qui nous a été appris nous petites filles au travers de toute une éducation depuis qu'on est vraiment depuis qu'on est minuscule depuis qu'on dans les dans les dessins animés qu'on nous fait regarder dans la littérature qu'on nous qu'on nous donne dans la manière dont on nous éduque par rapport aux hommes moi j'ai des voilà des souvenirs de moi petite fille euh effectivement très intéressé par les garçons enfin pas par les hommes plus vieux qui qui étaient les amis de mon père et et cette tentation de comme ça de de bourdonner constamment autour d'eux pourquoi d'où vient d'où vient cet intérêt précoce pour les hommes est-ce que ça n'est pas finalement voilà une forme de de de dressage auquel toutes les petites filles sont soumises et qui euh de façon plus ou moins consciente nous préparerait à devenir mère à devenir des épouses à être dans une dans une certaine mesure soumise à l'homme donc cette notion d'émancipation que j'essaie d'exploiter dans dans dans mon livre n'a pas pour vocation de contester ou d'annuler ou de ou de me dresser contre ce goût que j'ai pour les hommes qu'il soi naturel ou appris en revanche je pense que quand on aime quelque chose en l'occurrence quand on aime les hommes on ne peut que les aimer plus en essayant de comprendre pourquoi on les aime et c'est c'est là tout le plaisir aussi un petit peu masturbatoire de la littérature érotique c'est-à-dire c'est sans cesse gratter cette même plie alors on n pas besoin de comprendre pourquoi on aime quelque chose mais le comprendre c'est c'est c'est un autre genre d'amour et c'est un autre genre de oui je je je pense de de contemplation et de tendresse mais pour en revenir au pouvoir je trouve que il est beaucoup question de pouvoir dans votre livre mais de pouvoir de la narratrice sur ODIL et réciproquement et réciproquement c'est-à-dire en fait le pouvoir passe par la jouissance ou par faire jouir l'autre enfin est-ce que je me trompe ou oui oui oui et ça ça c'est une problématique qui m'est très personnelle mais parce que je je ne voudrais pas non plus avoir l'air de dire que les relations femme-femme sont très simple et que les relations hommes-femme sont très compliquées je crois que effectivement il n'y a pas de règles qu'en fait avoir une relation entre femmes et aussi complexe aussi peut-être aussi tumultueuse aussi orageuse qu'une relation entre les hommes et les femmes moi j'écris ce que je connais alors vous pensez bien que cet od deal n'a pas existé en tant que femme c'est un c'est un composite de femmes avec lesquelles j'ai eu des relations et j'ai commencé à écrire cette histoire parce que en remontant comme ça dans mes souvenirs je me disais cette petite fille en l'occurrence à laquelle je pensais ne m'a pas inspiré un espèce d'amour B il y avait aussi dedans beaucoup de certains moments de détestation de de de de sensation d' ité de sensation de domination l'une sur l'autre et il me semblait intéressant de constater que ces jeux auxquels on jouait quand on était petite fille étaient déjà des jeux de séduction hétérosexuelle c'estàd qu'on reproduisait finalement ce qu'on voyait dans les dessins animés dans les films sans même avoir connu l'une ou l'autre d'hommees sans sans avoir été amoureuse d'un d'un petit garçon ou d'un hommeou quoi que ce soit on reproduisait des schémas tout à fait binaires cliché même quasiment clichés c'estàd euh si elle jouait l'homme moi je faisais la femme alors c'était l'homme qui décidait c'était l'homme qui suggérait et la femme quelque part se laissait cueillir c'était une reproduction et ben de tous les disney qu'on pouvait qu'on pouvait regarder avec la princesse à langui qui se laisse saisir euh et moi je trouvais qu'il y avait quelque chose d'extrêmement piquant dans cette passivité je je et dans son dans dans dans dans son agressivité à elle aussi donc euh bien sûr qu'il y a des jeux de pouvoir effectivement et qui sont à certains moments beaucoup plus mystérieux que ceux auxquels les les les deux femmes se prêtent avec les hommes parce que je crois que ce que les femmes performment au quotidien avec les hommes est sans mystère enfin c'est une partition qu'on connaît toute et comment est-ce qu'on la connaît c'est justement ça la question comment est-ce qu'on connaît si bien cette partition comment est-ce qu'on arrive si bien à incarner ce qu'on incarne auprès des hommes c'est parce que ça nous a appris depuis qu'on est toute petite depuis qu'on a depuis qu'on est même trop petite pour pour pouvoir le le le le le verbaliser je crois alors en fait à vous lire on a l'impression que l'homosexualité serait la pente naturelle l'hétérosexualité est quelque chose d'un peu curieux et dans le dernier chapitre on a l'impression qu'on pourrait vraiment se passer totalement des hommes qui sont totalement inutiles et bon je schématise un peu mais la dernière phrase prouve que non la dernière phrase prouve que prouve c'est un un sauvetage une extrémiste non je pense je je enfin pour vivre dans le monde dans dans lequel on vit je je pense et je je crois je crois pas être la seule avoir constaté que la bisexualité féminine voir l'homosexual l'homosexualité féminine est très encouragé par les hommes c'est pas quelque chose dont on nous dont on cherche à nous faire avoir honte c'est-à-dire que les femmes sont très encouragé à relationner entre elles pourquoi parce que les hommes trouvent ça joli parce que les hommes n'y voient aucune menace pour la simple et bonne raison et je pense enfin c'est c'est une théorie mais j'y tiens beaucoup je pense que la différence essentielle est vraiment la présence ou non d'un un sexe masculin c'est-à-dire que on ne sent pas de menace entre deux femmes qui font l'amour parce qu'il n'y a pas de [ __ ] tout simplement je crois que c'est euh donc c'est pas une subversion pour moi de parler d'homosexualité féminine je crois que pour la masse dominante il n'y a il n a strictement aucune menace là-dedans faire semblant que les hommes sont inutiles c'est se poser la question de qu'est-ce que nous femmes on devient si on retire les hommes de l'équation est-ce qu'on a la même tentation d'être constamment en représentation est-ce qu'on peut juste entre femme être nous-mêm je pense que le livre prouve que non pas totalement parce que les enjeux ne sont pas aussi simples que ça je n'ai jamais eu la tentation de dire que les hommes est inutiles je pense que d'un point de vue érotique justement peut-être cette adversité entre les hommes et les femmes voilà représente quelque chose de de stimulant de piquant de quelque chose qui nous fait nous poser des questions en permanence mais ce serait quand même intéressant de de de de de se poser la question de ce que serait la sexualité féminine s'il n'y avait pas cette cette cette urgence euh de plaire aux hommes d' moustiller les hommes alors esclave comme je le suis de mon désir pour les hommes et du désir que les hommes ont pu avoir pour moi peut-être encore c'est très je n'ai pas une perspective très très éloignée mais à mon niveau j'essaie de me j'essaie de me poser cette question je je ne suis pas du tout affranchi du désir des hommes et c'est pour ça que le livre que j'écris n'a pas la la n'a pas la la la la prétention d'être subversif ou de mettre le feu au poudre j'écris depuis ma perspective de femme qui a toujours grandi dans ce monde et qui se rend bien compte qu'elle est esclave du désir des hommes du regard des hommes et qui essaie de s'en dégager à son niveau alors j'ai envie de vous demander quel est le rôle des mes dans tout ça parce que tout à l'heure c'était intéressant vous dit que déjà toute petite bon il y a les il y a les films de W Disney il y a il y a les les clichés les schémas et cetera bah quel jou quel rôle jouent les mères dans dans dans cette prédisposition disons mais je crois que les mères jouent le rôle qu'on jouit leur mère enfin je veux dire on reproduit ce qu'on nous a appris donc je je parle dans le livre à un moment alors je dis pas que c'est ma mère mais il est évident que que c'est ma mère je me souviens très bien avoir eu vers 5 6 ans un crush sur un ami de mon père donc il devait avoir quoi 33 35 ans euh et je me souviens il venait dîner un soir à la maison alors j'avais mis ma petite ma petite chemise de nuit avec des broderies j'avais mis une petite barrette et et dès qu'il est entré ma mère a dit ah ben elle savait que vous alliez elle savait que tu venais regarde s fait toute jolie c'est c'est c'est mignon bien sûr que c'est mignon bien sûr mais mais quand on regarde entre les lignes qu'est-ce que qu'est-ce qui se passe en réalité est-ce que métaphoriquement ce ne serait pas euh la mère qui euh voilà qui prépare sa petite fille à entrer en scène et à devenir une femme et qu'est-ce que ça fait une femme bah une femme une femme c'est jolie une femme ça plaît aux hommes une femme ça essaie de se de de de se prêter aux multiples fluctuations du désir de l'homme mais je n'ai pas je je je n'ai pas envie d'accbler les femmes parce que je crois que nous grandissons toutes dans cette espèce de cage dont on n arrive pas toujours à prendre conscience et quand on en prend conscience comment est-ce qu'on fait pour s'en dégager euh je je ne fais que décrire un système dans lequel on a tous grandi tant bien que moi tant bien que mal moi je suis devenu ce que je suis devenu si j'avais eu plus peut-être de combativité ou plus de rage en moi j'aurais écrit un livre tout à fait différent le fait est que c'est un système dans lequel je me suis très longtemps senti très bien parce que je parlais le langage des hommes je le connaissais je savais ce qu'on attendait de moi je savais quelle pirouette on attendait de moi c'était un rôle que je connaissais par cœur euh j'imagine qu'à un moment ou un autre de ma vie ça va commencé à m'énervé et que peut-être j'aurais une volonté d'en parler un petit peu différemment je n'ai pas envie d'avoir un espèce de regard à la bethelheim sur les femmes sur les mères en disant qu'elles sont coupables je crois qu'elles reproduisent des schémas je crois que les mères nous prédisposent à devenir ce qu'elles sont ce qu'elles sont elles-mêmes devenues mais comment expliquez-vous que ça ne change pas il y a tellement de choses qui ont changé et ça ça ne change pas ben parce que enfin moi j'ai eu deux petits garçons et quand j'ai eu deux petits garçons je me suis rendu compte et j'ai je suis pas fière de vous le dire mais je me suis rendu compte que euh ça aurait été compliqué pour moi enfin beaucoup plus compliqué pour moi d'avoir des petites filles parce que je sais exactement ce qui se prépare pour elle je me rappelle très bien de comment on m'a éduqué de de toutes les micro oppression auxquelles les petites filles sont soumises alors j'ai une autre mission qui est d'élever des hommes qui sans doute seront moins toxique entre guillemets pour les femmes mon but est d'en faire des hommes fonctionnels évoluant en bonne intelligence avec leurs homologues féminins euh j'ai oublié votre question non mais c'est vous vous avez plus ou moins répondu c'est-à-dire pour comment expliquer que ça ne change pas avec les générations quand même qui qui qui évolu dans plein plein de domaines et il reste toujours ce petit reste B parce que je crois que que ces choseslà m mettent très très longtemps à changer mais regardez en 10 an les progrès qu'on a fait en terme de prise de parole des femmes en terme d'écoute en terme de construction enfin les les hommes par rapport à il y a 10 ans ont quand même beaucoup changé mais je pense que comme c'est quelque chose de structurel ça va mettre des des générations et des générations à bouger et je pense que la déjà un point crucial une différence essentielle c'est de prendre conscience du monde dans lequel on grandit où les femmes sont encore éduquées comme de futur euh comment dire de pas des futurs guéchas je grossis quand même un petit peu le trait mais tout de même et où les les hommes sont élevés de d'une manière tout à fait différente enfin quand je parle avec des amis à moi qui eux ont eu des petites filles ils sont toujours très pront à me dire non mais petites filles et petits garçons vraiment c'est pas la même chose moi je pense que ça n'est qu'une différence de traitement je crois pas qu'il y ait fondamentalement dans le caractère d'un petit garçon et d'une petite fille des trè spécifiques à leur genre je pense que c'est une connerie je pense que c'est la façon dont on les regarde et ça va mettre un certain temps à bouger mais déjà si on en prend conscience c'est un pas vers vers des rapports hommes-femm je pense complètement différents moi je me souviens d'avoir une conversation avec Élisabeth balinter qu'on peut pas à qui on peut pas reprocher de ne pas être féministe qui a eu des garçons et une fille et qui expliquait que enfant le garçon allait vers le camion la fille av allait vers la poupée et c'était pas pourtant faute d'avoir essayé de ou de d'inverser les rôles ou de les mélanger je je sais pas moi j'ai des petits garçons qui jouent aussi bien avec des petits des des camions qu'avec des poupées je je pense que il y a quelque chose de très rassurant dans le fait de voir un petit garçon jouer avec un camion une petite fille avec une poupée et je ne fais je ne reproche rien à personne évidemment qu'on a besoin d'être rassuré bien entendu que ces schémas sont confortables parce qu'on vit dedans depuis des générations et des générations pour pas dire des des millénaires et qu'on a beaucoup de mal à quitter le confort qu'on a beaucoup du mal on a beaucoup de mal à à reléguer ses habitudes pour aller dans un terrain inconnu qui est celui de comment est-ce qu'on fait pour RDU les petits garçons et les petites filles pareil c'est une bataille constante contre notre propre éducation contre ce qu'on nous a appris et mais mais je crois je suis vraiment persuadée j'ai une mère qui est psychologue en crèche et qui qui constate que bien souvent c'est pas les petits garçons qui ne veulent pas jouer avec les poupées c'est souvent les parents qui n'ont pas envie qu'on donne à leurs petits garçons des costumes de princesse ou qu'on leur mette une poupée entre les mains et là franchement je pense pas qu'il y ait besoin d'être une féministe Radic pour trouver que c'est complètement stupide de s'en tenir à ces schém je pense que les garçons ont beaucoup à apprendre des jeux avec les poupées et que les petites filles ont beaucoup à apprendre avec des jeux avec les camions si déjà on arrive à changer C espèce de de manquéisme dès la petite enfance ça va faire une différence cruciale alors à plusieurs reprises dans votre roman dans votre livre vous vous écrivez quefin on a l'impression que le sexe est le seul moyen pour vous d'être présente à vous-même ça veut dire quoi exactement bah d'autant que je dis ça et en même temps je suis capable de dire exactement l'opposé 5 pages plus tard c'est-à-dire que euh il faut voir aussi que j'écris ce livre après avoir écrit la maison où j'ai j'ai quand même passé 3 ans à travailler dans un bordel euh ça peut paraître anodin enfin encore que euh mais mais ça vous formate ça formate quand même beaucoup votre façon de voir le sexe de voir les relations hommes-femm euh moi j'ai toujours eu un un problème qui était que j'avais du mal à être présente pendant l'acte sexuel parce que j'étais toujours en retrait toujours à essayer de savoir ce que je représentais qu'est-ce que je renvoyais comme image à à l'autre est-ce que c'était moi qui finalement sortait esthétiquement gagnante de cette rencontre est-ce que lui avait passé un bon moment c'était ma préoccupation première et c'est ça a été et c'est encore toujours un travail pour moi que de que d'être présente au moment où je suis en train de faire l'amour c'est déjà parce que il y a cette espèce de de de disposition d'esprit je pense de personnees qui écrit qui fait que quoi que je fasse de toute façon je suis toujours un petit peu en retrait parce que je suis toujours en train de voir s'il y a pas moyen de de de tirer de cette anecdote un enseignement donc j'ai structurellement toujours une espèce de vigie dans laquel je me tiens et qui fait que j'ai du mal à être présente d'un point de vue sexuel c'est très ça ça longtemps était très très compliqué et ce qui fait que j'ai j'ai j'ai j'ai longtemps évoqué une espèce de pas de frigidité mais presque parce que j'étais dans la représentation de moi-même et pas du tout dans la dégustation entre guillemets de ce qui était en train de m'arriver la littérature me permettait des heures après l'action de revivre ce que j'avais vécu pour essayer de retrouver les sensations que je n'avais pas ressenti sur le moment donc mon écriture de la sexualité c'est toujours une question de est-ce que je suis vraiment là et quand je suis vraiment là qu'est-ce que j'ai à en dire finalement parce que quand on écrit on ne ressent pas ou alors on ressent un rebour c'est c'est une c'est une position assez spéciale dans sa propre dans sa propre existence je pense que tous les écrivains peuvent dire ça de de tout de la ils se regardent vivre souvent en imaginant le matériau qu'il vont pouvoir en tirer mais quand on quand quand finalement son fond de commerce en tant qu'écrivain est sa propre sexualité et et ses fl situation ça rend les choses encore plus compliquées parce que je je j'ai très peu de moments où je fais l'amour sans écrire euh donc enfin non pas que je le fasse en même temps mais disons que je je j'ai toujours la sensation qu'au-delà du plaisir physique ou du ou du déplaisir d'ailleurs ou de l'indifférence complète il peut se passer des choses très intéressantes qui vont bien au-delà de la sexualité c'estàdire des moments où véritablement l'autre s'ouvre à vous et c'est presque c'est presque dénué de toute tension érotique c'est juste quelque chose de enfin de très touchant et de très de très vrai sur ce que c'est que que d'être humain donc tout est très mélangé dans ma tête et et c'est pour ça que le livre que je que que j'ai écrit là et qui va sortir à la rentrée qui est une véritable histoire d'amour il y a quelques scènes de sexe mais qui sont écrite je pense de manière différente parce que c'était des choses que je ressentais vraiment et c'est pour moi c'est pour moi un miracle enfin en tant femme et en tant qu'écrivain de ressentir quelque chose de de de l'ordre du plaisir enfin d'être relié à mon corps d'être vraiment là où je suis au moment où où je le suis c'est pour moi c'est miraculeux et j'ai toujours relié ça avec ma propre condition de femme c'est-à-dire que pour moi être une femme et être un écrivain c'est toujours avoir un peu le même recul sur sa propre existence parce qu'en tant que femme on nous pousse tellement à à retenir nos émotions à les sublimer pour en faire un sourire pour être aux autres qu'il y a toujours cette espèce de prise de distance avec soi-même qui pour moi est le propre de l'écrivain aussi et que et que dans votre dernier le livre qui paraîtra en septembre c'est différent bah c'est différent c'est un livre qui qui a été écrit vraiment sur le moment donc j'ai pas exactement le même recul et et je trouvais ça intéressant parce que justement je n'avais pas la la capacité de m'éloigner de moi-même pour pour me dépouiller de tout un tas d'émotions spontané que très souvent je trouve infantile ou bête enfin je n'ai vraiment j'ai pas beaucoup de de bienveillance pour moi-même je pense je crois et et c'est pour ça que j'ai j'ai j'ai toujours tendance à avoir un à vouloir anéantir en moi les sursauts de joie que je trouve toujours un peu un peu superfettatoire je me dis toujours là tu te sens très heureuse mais dans 6 mois tu trouveras ça complètement stupide et et tu l'écriras différemment donc là ça était vraiment un livre écrit sur l'instant et et du coup c'est très différent alors pourquoi avez-vous fait le choix de l'autofiction c'est enfin c'est vous êtes vraiment entre le roman et la fiction mais quand même on sent qu'il y a beaucoup de vous dans les livres que vous écrivez oui enfin c'est une question d'inspiration d'honnêteté de est-ce que c'est une décision vous c'est venu naturellement je pense que ça commençait à venir au moment où je me suis rendu compte de cette de de cette division de en moi et et écrire sur moi c'était une façon de de de de courir après cette vérité de moi-même qui m'échappait euh d'autre part j'aime beaucoup la fiction pure moi je suis une grande lectrice de Stephen King enfin de de de Lovecraft j'aime beaucoup donc j'aime l'imagination chez les autres mais j'ai toujours l'impression que les meilleures histoires de fiction ont déjà été écrites et je trouve que la vie réelle est pleine de moments où on se dit mais on n pas besoin de fiction quand il nous arrive des choses comme ça enfin la vie est tellement pleine de surprises et de de de de cocasserie que parfois je trouve que laffiction est presque est presque inutile et puis et puis je je je pense que j'écris aussi parce que j'aime enfin parce que j'aime l'idée de pouvoir raisonner dans les personnes qui me lisent même si c'est qu'une seule personne j'écris toujours en me disant moi il y a bien il y a bien une ou deux cinglé à qui ça parlera enfin qui pensent comme moi et et qui à un moment se sentiront moins seuls parce que parce que pour moi le grand drame de cette vie c'est quand même c'est quand même cette solitude en permanence enfin on est on est toujours seul et et et cet intérêt pour l'érotisme c'est aussi parce que quand on est comme ça avec une personne et que on est en train de faire l'amour d'essayer de le faire et bah c'est un moment où on ne se sent pas être seul et qu'on se méprenne pas moi j'aime beaucoup être seul j'aime beaucoup ma solitude j'aime parce que parce que c'est c'est comme ça que je travaille aussi mais c'est quand même terrible enfin c'est c'est ça le vrai drame je crois et quand on écrit et ben on crée comme ça tout un tas de de petits pont entre les gens et et je sais pas c'est c'est merveilleux enfin c'est c'est un beau métier quoi est-ce que on s'expose davantage lorsqu'on écrit un roman érotique un roman [Musique] traditionnel non oui oui dans le sens où ça fait enfin où ça fait ricaner les gens et o en fait les gens étant très mal à l'aise avec le le récit du corps et puis et puis toutes les toutes les tous les côtés un peu Baro de la sexualité parce que la sexualité n'est pas seulement excitante elle est très très drôle enfin je veux dire c'est quand même drôlatique quoi quand ça ça fait pas plaisir ça peut toujours faire rire enfin c'est c'est je suis toujours partie de ce principe là euh donc oui probablement qu'on s'expose plus mais moi j'ai la sensation de m'exposer beaucoup plus quand je parle par exemple de mon grand-père en train de mourir dans dans l'inconduite dans mon avant-dernier bouquin j'ai l'impression de beaucoup plus m'exposer qu'en parlant des moments où je retrouve des mecs dans des parcs à Berlin parce que je crois que cette idée de de rencontrer des mecs dans des parcs enfin de de toutes ces aventures sexuelles tout espèce de petit frisson qu'on se construit pour soi sont des choses qu'on partage avec l'humanité entière en fait c'est pas c'est pas quelque chose de tellement spécifique par contre le deuil la solitude extrême d'être en train de perdre quelqu'un et de savoir que vous pouvez bien le raconter comme vous voulez les gens quand ils lent que vous êtes en train de perdre votre grand-père bien souvent il y a un espèce de oui ben on hausse les épaules c'est tout à fait naturel de perdre un grand-père c'est très compliqué de partager par contre cette extrême solitude et le fait de se sentir complètement démuni dans la sexualité il y a quelque chose de joyeux il y a un espèce de un espèce de pétillement qui fait que ben on se sent vivant on se sent heureux par contre d'être face face à la mort face au deuil face à la souffrance je je trouve ça beaucoup plus impudique ou parler d'argent par exemple c'est beaucoup plus impudique pour moi que de parler de de sexe mon éducation ma bonne éducation encore une fois est-ce que en en matière d'érotisme et manière en matière de littérature en général d'ailleurs vous pensez qu'il y a une écriture féminine et une écriture masculine bah je je je sa oui bien sûr ce serait hypocrite de dire le contraire je je crois que la littérature érotique notamment a été très très très longtemps trustée par les hommes euh mais il faut voir aussi ce que les hommes en disaient enfin je ve dire de quoi parlent les hommes quand ils parlent d'érotisme on est quand j'écris l'inconduite j'ai eu beaucoup d'hommes qui sont venus me voir en me disant moi j'aime bien j'aime bien ce que vous écrivez parce que vous êtes pas dans un féminisme combatif les les les hommes lisent ce qu'ils ont envie de lire bien entendu euh mais on m'a dit aussi vous savez he si un homme écrivait le quart de ce que vous écrivez dis donc ça ferait scandale mais les hommes ont écrit mais bien plus que le quart de ce que j'ai écrit la différence c'est effectivement quand les hommes parlent d'érotisme ils parlent rarement de de de de de solitude et de frustration très souvent c'est un c'est un empilement de d'exploit de conquête euh et je moi j'aimerais beaucoup lire de l'érotisme écrit par les hommes où il parleraiit de leur panne d'érection ou il parlerait de le leur éjaculation précoce de leur in capapacité abandée face à une fille qui pourtant leur plaît beaucoup il faudrait que les hommes exploitent euh la faiblesse et la solitude de la sexualité masculine parce que ils sont toujours très pront à dire que euh on parle d'eux comme des espèces de de de [ __ ] sur patte mais on sait très bien les femmes savent très bien que ça n'est pas la vérité la différence c'est qu'ils ne parlent eux que de ça que de puissance sexuelle euh et je crois que les femmes quand elles parlent d'érotisme sont beaucoup moins liées au corps elles sont beaucoup plus dans les sensations dans ce que ça leur évoque elles sont beaucoup plus finalement dans une décortication de leur désir de de de de de ce fourmiement qu'on sent monter en soi et qu'on dont on ne sait pas à quoi il est relié il y a quelque chose de beaucoup plus impudique dans la littérature érotique des femmes mais mais d'ailleurs il suffit de voir comment les femmes les femmes parlent de sexe entre elles c'est beaucoup plus riche en détail c'est beaucoup plus graphique c'est beaucoup plus c'est beaucoup plus obscène que ce que les hommes se transmettent entre eux parce que je crois on a voulu la sexualité des femmes très complexe à tel point qu'elle est devenue même pour nous moi c'est pour ça que j'ai commencé à écrire sur le sexe aussi c'est parce que j'y comprenais pas grand-chose je comprenais pas pourquoi dans les bouquins de sad les femmes en un claquement de doigts avaient joui cette fois et pourquoi dans la réalité bah c'est pas vraiment comme ça pourquoi il est elle est où la différence est-ce que ce serait pas parce que çaad étant un homme euh et les hommes ayant constamment des fantasmes absolument ahurissants sur les femmes sad a voulu ces femmes multiorgasmiques mais en réalité on peut l'être mais encore faut-il qu'on nous en donne la la la possibilité et je crois que euh cette analyse de soi que font les femmes en parlant de littérature érotique est aussi une tentative de faire comprendre aux hommes comment ça fonctionne et à quel point au fond ça n'est pas si compliqué que ça il suffit simplement d'être dans la contemplation du désir et du plaisir de l'autre et c'est quelque chose encore une fois qu'on apprend beaucoup plus aux femmes qu'aux hommes à qui on apprend à maîtriser leur vigueur leur puissance sexuelle mais on leur apprend beaucoup moins je pense à être dans la contemplation qui pour moi est absolument miraculeuse de du du commencement du plaisir et de son développement enfin c'est c'est c'est il y a pas il y a pas d'autres activité plus amusante que ça je trouve enfin non je vois pas là tout de suite maintenant alors les les féministes vous ont pas mal mal mené et qu'est-ce qu'elle vous reproche exactement ah ben ça dépend de quel féministe parce que je je pense que au moment de la maison donc au moment de ce bouquin que j'ai écrit sur mes 3 ans dans un bordel à Berlin j'ai eu beaucoup maille à partir avec des féministes radical alors sachant que c'était en 2019 maintenant les féministes radicales sont plus du tout les mêmes qu'en 2019 moi j'étais je je parle en l'occurrence des féministes abolliitionnistes euh qui selon moi antilise beaucoup les femmes en essayant de les protéger certes mais en leur retirant leur capacité de décision sur leur sexualité et ce qu'elles en font et je crois que dans ce dans ce sens ces féministes radicales là abolitionnistes remplissent à peu près la même fonction que les masculinistes qui est de dire aux femmes mais de toute façon vous n'avez aucun pouvoir sur votre sexualité sur votre sur votre imagination parce que tout est depuis le début réganté par les hommes au point que vous ne vous en rendez pas compte donc en fait dans dans l'esprit de ces féministes là il n'y a aucune porte de sortie possible pour les femmes à moins d'être constamment dans une bataille constante contre soi contre son éducation donc partant de ce principe quand est-ce que nous les femmes quand est-ce qu'on nous fout la paix en fait quand est-ce qu'on a le droit de de se poser et d'apprécier les choses pour ce qu'elles sont sans être constamment en train de se demander si ce fantasme là c'est nous qui l'avons conçu pour nous-mêmes ou si on est en train de métaboliser la violence intrinsèque du système patriarcal dans lequel on vit euh ceci étant dit moi je me considère comme féministe je considère que je l'étais déjà avant de bosser dans un bordel mais que le bordel a rendu mon féminisme beaucoup mieux assis en moi et ce qui a fait de moi une féministe c'est aussi la maternité c'est de devenir mère et de voir à quel point encore aujourd'hui la maternité est quelque chose qui retourne toujours sur les épaules des mêmes euh et comment finalement notre vie de femme a été conçue et pensée pour nous pour nous laisser à peine le temps de reprendre une goulée d'air et de s'apercevoir que notre vie est à servie en fait à tout un tas d'autres gens que nous-mêmes euh donc je je sais pas il serait intéressant de voir maintenant ce que ces mêmes féministe qui m'attaquait pour la maison aurait à dire par exemple de l'inconduite où je parle beaucoup plus de de de de maternité euh voilà et je pense qu'on me reproche aussi euh de ne pas être aussi euh sanglante béliqueuse que je pourrais l'être avec les hommes je vais pas me battre contre ça c'est vrai que j'aime beaucoup les hommes euh j'aime être aimé par les hommes je ne ressens pas le besoin de m'en défendre parce que euh parce que voilà c'est une partie de mon existence c'est que j'ai pas envie de gaspiller ma belle jeunesse à me demander pourquoi et et comment et et voilà je trouve que bah malheureusement on peut pas enfin de toute façon on peut pas tous les piquer quoi autant vivre en bonne intelligence enfin les uns avec les autres dans la mesure du possible et je crois que ça n'est un service à rendre ni aux hommes ni aux femmes que d'être constamment dans une remise en question de notre attirance les uns pour les autres mais est-ce que vous vous êtes senti concerné par un mouvement Mitou ou c'est quelque chose mais comment bien sûr comment ne pas se sentir concerné par ça qui quelle femme aurait quelque chose à redire contre le fait que pour une fois bon Dieu on écoute ce qu'on a à dire et non pas que sur les viols c'està-dire je pense que le problème est beaucoup plus profond que ça il ne s'agit pas que de dénoncer les moments où il y a eu un abus flagrant de notre consentement je pense que la vie d'une femme depuis le berceau est jalonnée de tout un tas d'abus de notre consentement de tout un tas de moments où on se passe en fait de notre autorisation où on est en permanence comme ça mise sur scène poussé euh à la sexualisation euh c'est ça le véritable ce qui essaie pour moi en fait de dénoncer ce mouvement Mitou c'est que euh il n'y a pas un moment dans une vie de femme où on n'est pas en permanence sexualisé et brutalisé d'une manière ou d'une autre demander à n'importe quelle fille je pense queon a toute connu ces moments où des hommes beaucoup plus âgés nous regardent d'une façon voilà qui devrait pas le même pas leur venir à l'esprit enfin je je parle dans ODIL un moment de d'un homme marié de 32 ans qui rencontre ODIL et sa copine quand elles en ont 15 je j'ai pas peur de vous dire que c'est une histoire qui m'est réellement I et que quand j'en parle maintenant je suis un peu choquée quand on me dit que en réalité bah si majorité sexuelle c'était tout à fait légal mais le problème c'est pas la légalité le problème c'est la moralité c'est qu'un homme de 32 ans enfin j'en ai 35 il ne me viendrait pas à l'idée de de d'aller voir un un petit garçon de 15 ans le véritable problème c'est que il y a pas un moment où on n'est pas accessible pour les hommes c'està-dire que même quand on est petite il voit déjà ce qu'on va devenir et qu'est-ce qu'on va devenir on va devenir des femelles et je pense qu'il en va des hommes extérieurs à notre famille comme des hommes de notre famille je pense que les pères ont bien souvent avec leurs filles exactement le même rapport de de possession c'està-dire qu'ils savent très bien depuis le début que cette petite fille qui font sauter sur leurs genoux va devenir une femme et que les femmes elles appartiennent aux hommes donc elles appartiennent aux pères jusqu'au moment où elles appartiennent au reste des hommes c'est ça le véritable problème c'est pas évidemment ponctuellement bien sûr les viols et les abus et les violences mais c'est toute cette éducation qui qui fait qu'on est constamment en train de se plier d'une manière ou d'une autre au désir des hommes alors on va terminer là oui oui une bonne une bonne chute une bonne conclusion euh pour vous laisser un tout petit peu de temps pour poser des questions quelqu'un va passer avec un micro si vous avez des questions à poser à Emma et ensuite tout de suite après la rencontre Emma dédicacera son livre à l'étage au-dessus voilà merci beaucoup merci Emma Merci à VOUS ouais cétait remarquable cette discussion vous proposez une écriture plus sensible pour les hommes qui parlerai de leur érotisme quels sont les de votre position écrivain au auteur euh les enjeux euh pour un homme qui tenterait l'aventure en écrivain de d'érotisme vous voulez dire c'est ça non mais ce que je voulais dire c'est il s'agit pas pour les hommes qui veulent écrire de l'érotisme de faire acte de contrition et de ne parler que des moments où ils se sont sentis vulnérables ou faibles ou euh bien sûr j'ai conscience que les hommes se trouvent bien souvent très démunis face eu à ce qu'il perçoivent comme une grande complexité de la la sexualité féminine je je je je sens bien enfin n'importe n'importe quelle femme sens bien que les hommes son se sentent bien souvent tout petit face notamment à la capacité qu'ont les femmes de de enfin d'être beaucoup plus résiliante sexuellement de jouir plusieurs fois de suite mais bien sûr qu'il y a une terreur je pense des hommes pour la sexualité féminine je ce que j'essaie de dire c'est simplement que la littérature masculine érotique nous a bien souvent tout et tous induit en erreur c'est-à-dire que cette espèce de fantasme ce que se font les hommes de la multiplicité des orgasmes des femmes par exemple moi très longtemps m'a m'a déconcerté je me disais mais mais alors soit je ne suis pas cablé pareil soit il y a des femmes bien heureuses qui qu'on effleur et qui jouissent cette fois de suite soit euh tout ce que ces gens-là nous racontent n'est qu'une représentation enfin n'est qu'une voilà n'est qu'un fantasme de de de ce qu'est la sexualité euh alors bien sûr on a le même problème avec la pornographie l'idée n'est pas de représenter la sexualité dans sa vérité mais c'est un grand guignol de la sexualité je crois simplement que il y aurait moyen pour les hommes de faire une littérature érotique qui laisserait beaucoup plus place au enfin comment dire au décalage à l'attente à la convoitise qu'à la consommation effrainée je crois que la différence justement entre l'érotisme et la pornographie c'est l'attente c'est le fait que ça ça ne se passe pas tout de suite c'est la suggestion euh et moi je suis persuadée que la sexualité masculine est tout aussi complexe que la sexualité féminine c'est-à dire qu'il y a beaucoup de de de de de pas en avant et puis de pas en arrière euh mais mais mais d'évoquer voilà la la la solitude des êtres en dépit de cette tentative effrainée de de de de se frotter les uns aux autres et d'évacuer cette solitude je crois que ce serait plus intéressant que d'être constamment dans une espèce de contemplation de sa propre érection de sa propre performance de sa propre virilité en fait euh mais voilà je ne donne après de leçons à personne moi j'ai beaucoup appris de la littérature érotique masculine et et j'en ai appris j'en ai appris aussi un certain recul c'est-à-dire que je sais maintenant que ça n'est pas la sexualité c'est c'est un théâtre de la sexualité je sais pas si je répondz votre question probablement pas mais si ah ben c'est gentil merci peut-être Emma en attendant quelqu'un d'autre pose une question vous pourriez nous donner quelques titres de bibliothèque une sorte de bibliothèque idéale donc on a Nicolas Becker alors Nicholson Becker comment il s'appelle Nicholson Nicholson Becker qui est un auteur américain et moi je vous conseille Vox qui est la très belle histoire de d'un homme et d'une femme qui se rencontte sur une ligne de téléphone rose et qui en fait c'est c'est c'est un dialogue ininterrompu pendant pendant quelques heures au téléphone où il parle justement de sexualité de ce que ça représente pour eux de de de masturbation d'imagination c'est c'est très très beau et le point d'org c'est absolument magistral et ça a beau être un bouquin écrit par un homme à une époque où on avait pas la même urgence de déconstruction d'inclusivité c'est pour moi l'un des textes les plus intéressants écrits sur le clitoris c'est quand même assez étonnant que ce soit un homme qui qui qui qui donne qui lui donne naissance euh bah tous les bouquins de Françoise Reay sont pour moi merveilleux en terme de de spontanéité de gourmandise de c'est vraiment une sexualité très solaire que j'oppose à voilà parce qu'on on a plein de livres érotiques très très grave par exemple bataille que j'ai beaucoup lu bon c'est quand même un peu de la littérature de Curton quoi enfin c'est c'est très c'est très c'est très sententieux et puis après bah il y a évidemment les 11000 verges de d'Apollinaire qui est un peu une femme mais qui qui qui est un peu une sorte de 120 journées euh de Sade mais très très drôle plein d'image il y a André Pierre de mandiarg qui a écrit l'anglais décrit dans le château fermé qui qui est aussi un bout de littérature un peu à la huissem très bien travaillé très bien troussé euh et puis tout ce qui est voilà encore une fois qu'est-ce que que en terme de BD moi j'ai beaucoup appris aussi de de de riser par exemple de Jean-Marc riser qui faisait beaucoup de couverture pour har Kirie pour Charlie Hebdo mais qui qui qui pour moi parle des femmes et parle de sexualité avec un humour et une tendresse qu'on voit assez rarement il est à préciser qu'il était très copain avec Alice Schwarzer qui est une féministe radicale mais très très radicale allemande qui je pense n'a pas du tout aimé la maison mais qui était capable d'être ami avec un homme comme riser qui n'était pas le dernier à dessiner des [ __ ] et des chattes et qui qui le fait avec un brillot absol étonnant qu'est-ce que je peux vous conseiller [Musique] d'autre par exemple est-ce que alors anistin suis j'y suis venu tard parce que pour le coup c'est il y a pour moi pas mal de de de de de de ce que j'appelle un peu le côté chichiteux de la littérature érotique féminine mais quand on voit l'époque à laquelle ça a été écrit c'est vrai que c'est franchement admirable j'aime beaucoup notamment un bouquin de Françoise Reay sur l'histoire d'Henry Miller et en isnin quand ils étaient ensemble à Paris qui s'appelle la jouissance et l'extase très beau livre euh et je dois dire que récemment sont ressortis les lettres kenisnin et son père Joakim nin s'envoyait parce qu'il est à savoir que Anais nin et son père euh ont eu une véritable relation incestueuse c'est il faut dire que c'était aussi à l'époque de la psychanalyse sauvage où les psychanalystes ne sachant pas encore comment gérer le complexe de DIP ont pu à certains moment encourager leurs patientes à justement à satisfaire cette attirance au Père ça donne des correspondances qui sont bah qui sont pas toujours faciles à lire mais qui sont vraiment étonnante et et ahurissante donc ça c'est très intéressant à lire mais bon c'est pas c'est pas non plus ce qui a de plus solaire je dois dire non mais voilà mais mes textes de référence c'est vraiment Nicholson Baker et françoiser et puis la très belle bicyclette bleue de Régine de forge voilà moi j'ai j'ai grandi avec François taverni et pour moi c'était l'homme c'était l'homme de mes vie ce ce ce type dont on sait pas trop s'il est collabo ou résistant mais ce ce type qu'on déteste mais par lequel on est très attiré en même temps ça a été la la pierre la pierre angulaire de toute ma sexualité d'adolescente Régine desforge qui est éditrice de livre érotique oui tout à fait oui oui qui a été l'une des grandes prêtresses de la littérature érotique c'est vrai ouà mais je veux pas vous retenir trop longtemps non plus une question encore ou on va au signature à la signature nous avons parcouru le sujet manière exhaustive bon ben merci beaucoup merci à vous

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