Je me souviens d'une discussion avec mon petit frère qui était mon coach. Il arrive dans le vestiaire outré du match que j'avais fait, j'avais fait un match de merde. Je fais hop hop hop. Tu peux me défoncer et tu auras le droit. Par contre, tranquille, on va le faire à table tout à l'heure. J'ai perdu un match de tennis. Wow, ça va. J'aurais pu gagner quelques tournois de plus, mais ça n'aurait rien changé à qui je suis aujourd'hui et le bonheur que je peux avoir dans ma vie de tous les jours. Moi le seul truc qui me guide depuis très longtemps, et notamment depuis mon accident, c'est d'être heureux quoi. Je m'appelle Michaël Jérémiasz. J'ai 40 ans. Je suis ancien champion paralympique en tennis fauteuil, porte drapeau aux Jeux de Rio en 2016 et retraité depuis. Retraité sportif. Compliqué quand on est sportif de haut niveau de choisir le moment, le moment de l'arrêt. Parce que souvent c'est parce qu'on est trop vieux ou parce qu'on est blessé, ou parce qu'on est moins performant. Mais en fait, de le choisir, de le choisir, c'est de lui sourire quoi. Ça fait 22 ans que j'ai eu mon accident. Oui, je pense que ça m'a à nouveau conditionné, un peu formaté à être beaucoup plus dur au mal. Parce que la réalité, c'est que quand tu as vécu quelque chose de grave, de très grave et dont tu as mesuré les conséquences physiquement, psychologiquement pour toi et tes proches, bon bah voilà les contraintes du quotidien qui sont universelles, tu ne les vis pas de la même manière. Donc moi ma meilleure préparation mentale pour accepter, pour me préparer à affronter l'adversité, ce qui est le cas de n'importe qui dans la vie de tous les jours, c'est de relativiser sur l'importance des choses de la vie. Nous nous retrouvons aujourd'hui dans le cadre de la Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées. Nous avons le plaisir d'accueillir Michaël Jérémiasz. Aujourd'hui, je suis un entrepreneur à impact positif. Si je devais définir ce que je fais. Chaque fois que je prends un taxi, alors pas tout à l'heure, peut-être parce qu'on était deux dans la voiture avec le caméraman, avec moi. Mais quand je sors d'un taxi, 99,9 % du temps, le taxi me dit bon courage. Parce que lui, dans sa tête, il faut du courage pour être handicapé, pour être en fauteuil roulant. C'est un préjugé. On se retrouve avec des journées qui sont pleines, parce que ça veut dire rencontrer les collaborateurs, rencontrer des clients, rencontrer des médias, rencontrer des personnalités politiques. Parce que moi, mon combat, il est dans toutes les couches de la société. Chef d'entreprise, consultant télé, conférencier, membre de la Commission des athlètes de Paris 2024. On va en parler des J.O. qui vont venir. Mais avant cela on va un peu remonter dans le temps pour un peu apprendre à vous connaître. Pour les auditeurs… Je vois, avec toutes les personnes handicapées qu'on accueille et qu'on accompagne au quotidien avec mon association, je vois la réalité du chemin qui reste à parcourir pour juste avoir les mêmes droits. C'est juste de ça dont on parle. Il y a plein de choses que je suis pas capable de faire, mais en tout cas je voulais moi, pouvoir être jugé sur mes capacités et pas toujours sur mes incapacités. Et vous ne vous êtes jamais posé la question? Mais est ce que vous, et comme moi avant, et maintenant, est ce qu'on a le regard juste ? Moi j'ai pas besoin de votre empathie. Je me suis dit quoi faire ? Et donc en fait, c'est de m'éclater à créer plein d'outils différents qui vont à un moment contribuer, à mon petit niveau, mais de contribuer à essayer de rééquilibrer un tout petit peu. Une, dix, cent, à chaque fois que je fais quelque chose, si je fais une intervention, par exemple une conférence, je ne prétends pas avoir convaincu 150 personnes qu'il fallait faire ça. J'ai pas de solution miracle à tout ça. C'est le partage d'expérience, et c'est un moment pour que chacun puisse s'inspirer des uns des autres. Merci beaucoup. La vraie bouffée de bonheur de la journée. J'en ai fait des trucs vraiment pur, brut, plaisir, brut pour ma gueule. Mais aujourd'hui, ça ne me rend pas heureux. Être utile, c'est pour moi. C'est presque une mission. Sinon à quoi ça sert ? On a commencé ce matin sur le sujet assez engagé auprès de collaborateurs d'entreprise. Et là, grâce à un autre outil qui est l'audiovisuel, on va pouvoir avec ce doc continuer encore et toujours à débattre, échanger, essayer d'être de meilleures personnes. Tu te sens prêt pour demain dans tous tes objectifs ? Je suis assez confiant, je suis assez confiant. Et parce qu'encore une fois, si je me plante, c'est pas très grave. Tu vois, je ferai autre chose. J'essaierai de comprendre pourquoi. Et puis j'irai faire un câlin à mon gamin en me disant de toute façon, ça c'est rien à côté de ça. C'est aussi simple que ça. On s'est dit qu'on allait faire des films et des séries, des fictions, des documentaires, qu'aller traiter en tout cas de minorités dont on parle pas assez souvent et souvent mal. Profitez, soyez curieux. Et puis surtout quand c'est terminé, on reste avec vous. Vous allez voir parce que là on va le regarder ensemble le film, les réactions des gens, ce que les gens veulent partager, leurs commentaires, leurs critiques, les débats que ça pose. Ce soir, je vais bien dormir, je vais avoir une putain de banane ! Du travail accompli, d'avoir fait des choses intéressantes et utiles et c'est déjà pas mal. Bonne projection à toutes et à tous. À tout à l'heure. C'est juste d'apprendre à un moment à prendre un peu de recul. La vie est belle après. On la refait. On la refait mais propre d'accord. Le mec qui vient qui est prêt. Ah une porte. Hahaha.