François Ruffin prend ses distances avec les Insoumis - C à Vous - 11/07/2024

Published: Jul 10, 2024 Duration: 00:21:58 Category: Entertainment

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- A.-E.Lemoine: Même si les Anglais y croient très fort. - B.Chameroy: La RATP a pensé à tout pour les JO. - A.-E.Lemoine: Ca fait peur. Voilà pour le programme. Tout de suite, retour sur une campagne éprouvante pour notre invité. - L.Sénéchal: Campagne qui a débuté avec la dissolution surprise. Dès le début, F.Ruffin, vous avez appelé à l'union de la gauche. - F.Ruffin: Il faut une gauche unie. J'en appelle à M.Tondelier, O.Faure, M.Bompard... Que l'on se range derrière une bannière commune. - La campagne démarre avec une certaine émulation et des militants qui imaginent déjà la victoire de leur champion dans la Somme. - Ca peut mettre un sursaut. Peut-être que l'urgence peut motiver. - Il est très apprécié dans sa circo. - Mais le RN vient de remporter les européennes. L'extrême droite est en position de force malgré des candidats hésitants. - Il y a une des mesures faites par le RN, la baisse de la TVA pour les produits de première nécessité. - F.Ruffin: Le programme n'est plus disponible sur le site. On peut demander la VAR? - Le RN est tout de même en tête dans la circonscription. F.Ruffin est distancé. - F.Ruffin: Il y a des électeurs de centre gauche modérés qui veulent mieux un visage humaniste qui est celui que je présente. - Un front républicain se met en place dans la Somme comme dans plus de 210 circonscriptions en France. La candidate du camp Macron se retire. A gauche, il y a des dissidents. Sur le terrain, J.-L.Mélenchon devient toxique. - Le torchon brûle et sur ses tracts, F.Ruffin acte son départ des insoumis. - F.Ruffin: On a vécu 3 semaines dures parce qu'on a un boulet, c'est Mélenchon. Dans les terres populaires de province, ça bloque. - L.Sénéchal: F.Ruffin fait du porte à porte afin de convaincre qu'il n'est plus du camp Mélenchon. - J.-L.Mélenchon: Il ne nous rend pas service en se comportant comme il le fait là. Quand le vent souffle fort, il emporte aussi les girouettes. - L.Sénéchal: Pas de majorité absolue. Sans alliance inédite à l'Assemblée, tout est à construire avec ou sans le centre ou avec ou sans les insoumis. - F.Ruffin: Liberté, égalité, fraternité et à la fin c'est nous qu'on a... - GAGNE. - A.-E.Lemoine: Il y a eu un avant et un après? - F.Ruffin: On peut considérer qu'on a obtenu un sursis, un répit. J'en parle avec gravité, c'est une dernière chance pour la France. - A.-E.Lemoine: C'est une victoire différée pour le RN? - F.Ruffin: La vague monte, comment on va l'endiguer? Il n'y a plus qu'une demi-marche à monter. Je veux que la question qui est posée ne soit pas celle d'une querelle personnelle avec J.-L.Mélenchon. C'est une question de ligne. Je l'ai répété: quelle est la ligne qu'on propose pour le pays? Parvient-on à avoir un discours qui parle à la France des tours et à celle des bourgs? - A.-E.Lemoine: Plus J.-L.Mélenchon parle et plus il pousse vos électeurs à voter RN? - F.Ruffin: Ca ne faisait pas venir les électeurs à nous. - A.-E.Lemoine: J.-L.Mélenchon faisait plus peur que J.Bardella? - F.Ruffin: LFI fait peur. Je n'ai pas de problème avec J.-L.Mélenchon, je veux bien discuter avec lui et parler de philosophie. Mais j'ai un désaccord sur comment on parle aux gens et de quoi on parle. On a une stratégie Terra Nova avec le ton du NPA. C'est quoi, une stratégie Terra Nova? La gauche socialiste de F.Hollande qui dit que l'on n'aura pas les ouvriers... A partir de ce moment, on se concentre sur les quartiers populaires et la jeunesse diplômée. LFI a décidé de faire la même chose. Tant mieux si on a la jeunesse diplômée et les quartiers populaires, mais perdre les ouvriers, c'est très grave pour nous. Ce n'est pas seulement perdre des électeurs, c'est perdre notre âme, à gauche. J'ai posé la question depuis 2 ans: va-t-on leur parler? Qu'est-ce qu'on a à leur dire? J'ai des réponses. Pendant 2 ans, on a fait le choix, délibéré, de ne pas parler dans les terres populaires, dans les terres ouvrières, même de tout faire pour leur faire peur avec un ton que j'ai mis en question. - N.Saint-Cricq: C'est quoi, ce ton? La brutalisation? - F.Ruffin: Une certaine brutalité qui fait que j'ai choisi il y a 2 ans, compte tenu des résultats du RN... Quand on a 89 députés du RN, quand, en Picardie, j'ai 8 députés du RN... Maintenant c'est 13. Je faisais 60-40. Maintenant, j'ai perdu 8 points. - A.-E.Lemoine: La gauche a aussi une responsabilité. - F.Ruffin: Je replace des responsabilités. Pendant 40 ans, on a un problème Du choix économique entre centre gauche et centre droit qui pratiquent une alternative sans alternative. Au fond, on laisse faire la mondialisation, c'est l'énorme facteur. Si on veut regagner les coeurs, c'est là-dessus qu'il va falloir travailler. Il y a le 2e problème, la responsabilité d'E.Macron. Il n'entend pas qu'il est en minorité à l'Assemblée et encore davantage en minorité dans le pays. A partir de ce moment, il doit gouverner en modestie. La 3e responsabilité, c'est que compte tenu de cette situation, la gauche doit proposer un débouché et elle ne le fait pas. On doit rassurer, on doit protéger des Français qui se sentent en crise. Je l'ai dit il y a 2 ans, j'ai fait le choix de passer du bruit et la fureur à la force tranquille. C'est un profil qu'il nous faut proposer pour embrasser le pays et ne pas chercher à séparer. Il faut réconcilier les quartiers populaires et les campagnes populaires. - A.-E.Lemoine: Pourtant, on a l'impression que vous vous êtes mis en retrait depuis que vous avez lancé l'idée du Nouveau Front populaire. Vous avez abandonné le champ médiatique à J.-L.Mélenchon. On a l'impression que vous n'avez pas participé, que vous ne participez pas à la recherche du Premier ministre. - F.Ruffin: Que les choses soient claires, ça se joue entre les partis. Il y a des négociations où je ne suis pas. - A.-E.Lemoine: Où vous ne voulez pas aller? - F.Ruffin: Je n'ai pas de parti puissant qui m'amène à la table des négociations. A l'inverse de J.-L.Mélenchon, j'avais une campagne dure. Nous n'avons gagné qu'à 2500 voix près à l'arrivée grâce à un déploiement d'énergie. Je viens demander à la gauche quelle est sa ligne politique. Est-ce que dans un an... On a disparu en Lorraine, les bassins miniers... Moi, je gagne par un déploiement d'énergie gigantesque avec des centaines de militants, du porte-à-porte tous azimuts. En face, la candidate ne bouge pas le petit doigt et fait 47 %. Il y a un problème de la montée du RN et de comment on y répond. Comment on parle aux gens des questions qui sont pour eux essentielles? - N.Saint-Cricq: Vous avez des gens qui sont proches de vous dans ceux qui négocient. Comment vous expliquez, vous qui vous êtes émancipé de la tutelle de J.-L.Mélenchon... Comment vous expliquez qu'ils se laissent dominer et que l'on n'avance pas à cause de ça depuis plusieurs jours? - A.-E.Lemoine: Notamment O.Faure, du Parti socialiste. - F.Ruffin: Sur les tractations... - N.Saint-Cricq: C'est plus que les tractations, c'est la possibilité ou non de gouverner. - F.Ruffin: J'ignore ce qu'il se passe. Une solution pour sortir un nom, c'est peut-être ce que font les députés du tiers état et de faire comme dans la Salle du Jeu de paume, on réunit tous les députés du Nouveau Front populaire et on ne sort de la salle que quand on s'est mis d'accord. Peut-être que c'est une solution. - A.-E.Lemoine: A priori, LFI n'est pas favorable au vote. - N.Saint-Cricq: Vous semblez pessimiste sur l'issue. - F.Ruffin: Je suis dans 2 enjeux pour reconquérir les coeurs: il nous faut aujourd'hui un gouvernement qui réponde aux urgences... J'ai posé plusieurs urgences, notamment réparer ce qui a été fait par E.Macron. La première crise provoquée par E.Macron, c'est une crise fiscale. La suppression de l'ISF, le moment où il supprime les emplois aidés, les APL pour les locataires... Il faut rétablir la justice fiscale. 2e temps de crise, c'est la crise des "gilets jaunes" ou la surprise de la demande de référendum d'initiative citoyenne. 3e crise, la crise covid. 4e crise, la crise sur les retraites. On impose cette réforme des retraites. Il faut abroger la retraite à 64 ans. On peut trouver des points qui font consensus dans la société. - A.-E.Lemoine: Qui pour mettre en oeuvre ce programme? Faut-il raisonner comme le fait R.Glucksmann? Il appelle à faire attention au déni de réalité car la gauche ne doit pas se comporter comme si elle avait une majorité absolue et un président issu de ses rangs. Il faut peut-être accepter de travailler avec quelques-uns de ses adversaires. - F.Ruffin: Je pense qu'il faut un gouvernement de gauche mais que derrière, il peut y avoir des majorités sur des projets. Au moment du Nouveau Front populaire, quand les congés payés sont proposés, on a tous les députés sauf un qui votent pour les congés. Les mesures dont je parle, je pense qu'il peut y avoir plein de députés d'autres groupes qui diront que c'est du bon sens. - N.Saint-Cricq: L'impression que j'ai en vous écoutant, c'est que vous avez acté le fait que J.-L.Mélenchon souhaite faire capoter l'opération. - F.Ruffin: Aujourd'hui, je ne dénonce pas J.-L.Mélenchon. - N.Saint-Cricq: Je ne veux pas vous faire dénoncer. - F.Ruffin: Mon désaccord est sur la ligne dans la durée. - A.-E.Lemoine: Mais ça bloque dans la constitution du gouvernement. - F.Ruffin: Je ne sais pas. Je ne suis pas dans les discussions. Je propose qu'on en mette davantage sur la place publique, qu'il y ait un échange entre les députés. Ce serait trop simple de dire "J.-L.Mélenchon" à chaque fois que se pose un problème. J'ai un problème de ligne politique. - E.Tran Nguyen: Il y a des figures de la gauche qui se demandent pourquoi vous les lâchez à ce moment. Ils construisent quelque chose et vous n'y êtes pas. - F.Ruffin: De la même manière que j'ai dit Nouveau Front populaire, il faut que l'on soit unis. Le lendemain, c'est reparti dans la main des partis. - N.Saint-Cricq: Alors que c'est votre idée, le slogan. - F.Ruffin: On ne doit pas faire comme si on avait la majorité. E.Macron a fait comme s'il avait la majorité, or il était en minorité dans le pays. Ca a blessé, ça a brutalisé. Nous ne devons pas faire la même chose. Nous devons gouverner avec prudence, avec mesure et nous devons gouverner avec tendresse. Je pense que la priorité aujourd'hui, c'est de prendre soin des gens pour prendre soin de la République. - N.Saint-Cricq: Il y a 2 rêveurs, R.Glucksmann et vous. Vous êtes plein d'analyses plus ou moins justes. Mais vous attendez que les gens qui gèrent les partis vous verrouillent... - F.Ruffin: Je suis tout sauf rêveur. Il n'y a malheureusement pas beaucoup de monde qui a autant les pieds sur terre et qui est ramené à une dure réalité que je peux vous raconter. Je peux vous parler des éboueurs d'Abbeville. Quand ils me parlent de leur existence, ils sont à découvert le 6 du mois et ils ont un message du Crédit agricole. Ils font l'aumône auprès de leur famille pour leurs 2 enfants. Voilà la situation dans laquelle les gens se retrouvent sous l'eau. Il faut comprendre ce que ça signifie d'humiliation. Il y a des conséquences matérielles... Comment peut-on payer des activités à ses enfants? Mais ça a également des conséquences spirituelles. Je travaille, je me lève tôt le matin, je vais au boulot, j'ai mal au dos, je rends service à la société et à la fin je n'ai pas de quoi vivre. Je sais pourquoi je suis là. Quel que soit le Premier ministre, quelle que soit la majorité qui se dessine, quel que soit le gouvernement, s'il y a un projet qui est bon pour les Français et qui permet que tous les habitants de notre pays vivent un peu mieux, que les gens puissent vivre de leur travail, bien en vivre et ne pas survivre, je voterai tous les projets de loi, qu'importe la personne. Depuis 7 ans je fais ça. Quand, sur les auxiliaires de vie, on gagne 50 euros, je le prends. Aujourd'hui, il faut débloquer. Les gens sont sous l'eau. Ce n'est pas seulement un déblocage institutionnel. Derrière, il faut se dire que notre objectif est de faire pour que les gens puissent respirer. - E.Tran Nguyen: Ces gens qui ne respirent pas, certains ont voté pour le RN. - F.Ruffin: Beaucoup... - E.Tran Nguyen: Lundi matin, beaucoup se sentaient abandonnés. - Je me doutais qu'il y aurait un renversement. - On verra en 2027. - Je suis très déçue. Le RN est en 3e position, ce n'est pas logique. Ils se sont regroupés. - On ne sait pas où on va aller. C'est quoi leur programme? Le social, l'immigration? - E.Tran Nguyen: Vous accusez la gauche, vous l'avez fait sur ce plateau, de laisser des zones géographiques entières au RN. J.-L.Mélenchon répond que ces terres n'ont jamais accepté la démocratie et la République. C'est une stratégie assumée de sa part? - F.Ruffin: Cette phrase m'a stupéfait au lendemain des élections législatives de 2022. 89 députés entrent à l'assemblée, Jean-Luc nous dit que ce sont des terres qui n'ont jamais accepté la démocratie et la République. On parle du Pas-de-Calais, de la Picardie, des régions qui ont envoyé des députés socialistes et communistes pendant un siècle par paquets les yeux fermés. Oui, il y a un choix... Qui est de dire que l'on abandonne ça. Les nouveaux textes publiés sur son blog qui parlent de la nouvelle France... Pour partie, j'habite dans la vieille France. Mais je veux faire cohabiter toutes les France. Je veux la France des bourgs et la France des tours. Je veux regarder ce qu'il y a en commun. Survivre de son salaire, élever ses enfants, avoir une école qui soit un pilier de la République, un hôpital qui soit un pilier de la France sociale... - E.Tran Nguyen: Il a dit qu'il voulait parler aux fâchés pas fachos. - F.Ruffin: Je parle à tout le monde. Il faut convaincre tout le monde. - N.Saint-Cricq: Vous considérez qu'il y a des sujets qui n'ont pas été abordés? Quand vous faites votre campagne, certains vous parlent d'assistanat. Vous considérez que ça se traite? Ca s'explique? Il n'y a pas que M.Le Pen et l'extrême droite qui disent ça. - F.Ruffin: Je suis dans une petite commune de chez moi, dans un club de personnes âgées qui déjeunent le midi. Une mamie me dit qu'elle n'a été remboursée que de 9 centimes sur ses lunettes alors que les immigrés ont ce qu'ils veulent. Je lui dis que ce n'est pas en cherchant plus malheureux que nous que l'on va s'en sortir. - N.Saint-Cricq: Ce n'est pas ma question. Vous dites qu'il ne faut pas faire le tri entre les gens. Est-ce que ce terme d'assistanat n'impose pas une plus grande justice? Que ceux qui ne font rien ou peu doivent être moins bien traités que ceux qui se fatiguent? - F.Ruffin: Les gens qui sont au RSA vivent très mal. Je le redis, je suis pour que tous les habitants de notre pays vivent de leur travail, qu'ils en vivent bien et non pas qu'ils en survivent. Au lieu de donner des petits bouts de boulot aux agents d'entretien, il faut des temps pleins. Je suis pour l'extension de généralités du territoire zéro chômeurs longue durée. Je suis pour des droits universels. Je pense que la gauche s'est toujours grandie quand elle construisait des droits universels. L'école, on n'a pas dit que les enfants de B.Arnault payeraient l'école... On l'a fait pour tout le monde. Je suis pour que l'on ait des droits universels qui ne soient soumis à des conditions. Je ne veux pas une France du milieu qui se dise qu'elle n'a droit à rien. Je ne veux pas qu'elle s'oppose à un Etat protecteur et de l'autre côté, qu'il y ait des allocations qui soient données de manière injuste pour cette France du milieu. Ca fait partie des 3 trous que je pointais. Il y a un trou géographique, un trou social et un trou démographique. - N.Saint-Cricq: Il ne faut pas traiter les gens de fachos, les gens du RN? - F.Ruffin: Le racisme doit être affronté. Quand j'ai affaire à du racisme,

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