Médecins à Gaza : Témoignage de l'infirmière Imane MAARIF !

euh je suis donc infirmière euh urgence réanimation et anesthésie donc je reviens de il y a une semaine de Gaza donc à l'Européen avec mes collègues ici présents euh c'est très difficile encore euh donc je vais essayer de compléter mais et pourtant je suis très très interpellée parce qu'elle vient de dire mon collègue parce qu'on a pas beaucoup débrifé entre nous on n pas eu le temps on a retrouvé nos familles et je suis très d'accord avec ce que tu as dit alors pour un peu contrebalancé Chem c'était au bloc opératoire donc quand il dit qu'il a vu un autre flux moi j'ai vu une autre population c'est que j'étais aux urgences donc vous imaginez bien ce que signifie ce service c'est-à-dire c'est le premier service en lettre clignotante à l'entrée de l'hôpital c'est-à-dire que tout arrive et nous nous dispatchons donc autant vous dire que j'ai eu quotidiennement des patients arrivés déjà morts sur des civières ou porté par leur famille j'ai eu des patients arrivés sur des charrettes tirés à Dodane parce que il n'y a a plus d'essence pour amener les morts ou parce que les ambulanciers ne ont trop peur de se déplacer dans certaines zones euh j'ai déjà eu un Anne arrivé qui est mort devant les urgences parce qu' on lui a tiré dessus sur le trajet et donc les patients qui arrivent déjà morts on en a tous les jours c'està-dire que les les familles vous amènent leurs proches décédés je parle également d'enfants mais il n'y crois pas donc il vous l'amène quand même il est souvent décédé dans la nuit hein il nous l'amène pas dans la minute et euh il est déjà froid il c'est déjà un un cadavre hein pas d'autres termes il faut dire les choses comme je les ai ressentis et on vous regarde et comme vous êtes la seule étrangère du service on estime que vous avez peut-être des compétences à pouvoir réanimer meilleur que celle de leur médecins locaux euh et non vous annoncé queil est mort et qu'on va rien faire donc il repart avec en hurlant mais toujours en vous respectant donc ça c'est pour pour la partie très matinale parce queils ne se déplac pas la nuit ils ont très peur de se déplacer la nuit et ensuite la journée donc commenca à peu près au lever du soleil et elle s elle elle était très intense puisqu'on essayait de travailler avec en soignant les enfants beaucoup beaucoup beaucoup de plli de la face beaucoup de d'exorb d'exorbitation un deuil qui n'existe même plus de plli de la tête de la face de l'abdomen comme l'a dit Chems il SAV vous viser et puis des fratteries aussi j'ai déjà eu des fratteries aux urgences moi je sais que mon collègue ralette qui prendra la parole après est urgentiste et je l'ai vu pourtant il est médecin urgentiste alors moi on peut dire que je suis une femme ou une infirmière ou voilà mais mon collègue urgentiste je l'ai vu et j'ai vu même docteur pitit désemparé faceer la situation je les ai vu en leur disant on y va on y va et qui me disent mais est-ce que je peux avoir un brancar iman mais il y en a pas non mais là il faut qu'on la réine sur un brancard mais j'en ai pas j'en ai pas les gars tu te souviens donc les conditions sont chaotiques ça c'est pour vraiment ce que j'ai vécu au service des urgences moi je je faisais ma journée 80 % de ma journée aux urgences et ensuite j'allais en réanimation pour essayer de voir où en étaient les patients que j'avais intubé dans la journée j'ai fait beaucoup d'actes médicaux qui en France je n'aurais pas le droit de faire mais parce que aux urgences il y a beaucoup d'étudiants en médecine j'ai eu la chance de travailler avec des médecins et des anesthésistes qui ont toujours été très très encadrants et je les en remercie aujourd'hui parce que tout cela m'a servi à faire des suures de Play très complexes à intuber faire des d'acide faire des actes qui ne sont pas du tout des actes infirmiers quand j'allais en réanimation voir où on était le patient qu'on avait apporté dans la matinée qu'on avait apporté pardon qu'on avait transféré dans la matinée et 9 fois sur 10 il était déjà décédé ou décédé le lendemain effectivement le mortalité est fou on pourrait se demander pourquoi puisqu'on a réussi à le réanimer aux urgences mais les moyens ne suivent pas il est intubé il faut pouvoir c'est tout simple mais un patient qui est intubé on va utiliser des médicaments qui qui vont amener une production de mucus donc il faut aspirer ce mucus sinon le patient c'est toutou quand vous vous avez un souci vous toussez il y a du mucus voilà là il faut l'aspirer le système d'aspiration est HS ou trop faible ou je n'ai pas la S d'aspiration par exemple il non'ont pas de ses d'aspiration de bonne taille ils n'ont que des minuscules ses d'aspiration les conditions d'hygiène sont catastrophique mais vraiment ils font mais du mieux qu'ils peuvent c'estàd qu'ils n'ont que c'estd qu'une désinfection se fait en quatre temps ils n'ont que le 4ème temps ils n'ont pas le le premier le deuxè et le trème ils le font quand même ils essayent de le faire quand même alors ils font plusieurs fois sur des champs très larges ils essayent euh moi j'ai déjà été stoppé dans mon dans mon mouvement parce que attends d'abord on on nettoie eu voilà ils essaient de faire du mieux qu'ils peuvent ils ont une humanité et une dignité que je n'ai jamais rencontré auparavant et je veux les saluer pour ça voilà donc ça c'était un peu pour la partie médicale ensuite pour la partie plus humaine l'hôpital est un lieu de vie avec beaucoup beaucoup d'enfants qui n'ont plus de jeux du tout si c'était à refaire je n'emmèneraai pas de matériel médical puisque je n'ai été l'impact a été beaucoup trop faible dans mes petites valises j'amènerai du chocolat du café beaucoup plus de bonbons que les 4 kg que j'ai emmené et j'apporterai du sourire plus que du soin finalement en tant que tel puisque au final à quoi ça sert ils sont tous amputés ils finissent infectés ils Meur donc autant apporter un peu de bonheur parce que leur condition de vie sont déplorables depuis mon retour je vais vous le dire de la manière la plus triviale que je le vis depuis mon retour j'ai l'impression d'être dans un monde de fou de devoir expliquer qu'il y a des gens qui meurent en 2024 il y a des réseaux sociaux il y a des médias et de devoir dire qu'il y a des enfants oui man tu es sûr que tu as vu des enfants mourir oui j'ai moi-même aidé à extraire des balles de têtees d'enfant de visage d'enfant donc oui il y a des enfants qui meurent des femmes il y a les morts direct et il y a les morts indirectes je crois que notre étendard à nous tous sera abire 24 ans maman d'un enfant de 4 ans qui a perdu son bébé inuttero vous en avez peut-être tous entendu parler d'accord et qu'on a perdu 24 heures plus tard parce que j'en tremble parce que dans la cassette de gaz du sang pour faire les examens il nous restait 11 possibilités d'examen l'appareil vous dit combien combien de poité d'examen vous avez sur le reste de la cassette en resté 11 et je me revois poser la question Khalid tu étais là pourquoi est-ce qu'on peut pas faire une surveillance horaire la réponse est Imane on a 14 patients en réanimation si on utilise les 11 on n même pas sûr de la sauver déjà et ensuite comment on fait pour les autres pour les autres qui vont arriver et on sait pas si on va recevoir d'autres cassettes pour la petite histoire ils en ont reçu une trois ou quatre jours après ils ont passé plusieurs jours sans gaz du sang donc elle est décédée cette maman ce n'est pas une victime de tir c'est une victime de la guerre et elle n'est pas comptabilisée donc 20000 morts il y en a beaucoup plus il n'y a plus de dialyse enfin il y a un petit centre de dialyse je dois pas dire qu'il n'y a plus de dialyse ça sera un mensonge il y a un petit centre de dialyse mais qui dialyse très peu avec pas du tout la bonne fréquence la fréquence pour nous occidentaux est à peu près selon les cas trois séances par semaine 4 à 6h selon le patient là ce sont ils font des des petites séances intensives de 2 he pas trois fois par semaine parce qu'il faut surtout se déplacer nous l'oublions pas il faut beaucoup de matériel pour une dialyse et ils sélectionnent on est dans la sélection donc on a travaillé comme eux on a aussi sélectionné aux urgences on a sélectionné qui ont réanimé et qui ont laissé mourir sur un brancard ou ou par terre sur le côté donc il faut parler de ces victimes indirectes puisque ce monde de fou n'entend pas que les victimes directes soi des victimes il faut parler des victimes indirectes il faut parler du manque de moyens il faut parler des soignants aussi qui sont en deuil qui font ce qu'ils peuvent mais ils sont eux-mêmes en deuil ils ont tous perdu quelque chose au minimum au au minimum leur maison au minimum leur voiture leur maison leur train de vie leur argent tout ça et ensuite ils ont perdu des collègues c'estàd qu'en réanimation il y a les photos des collègues sur les murs ils ont perdu des proches ils ont perdu leur voisinage ils ont tout perdu et ils soignent quand même voilà donc il faut il faut parler de tout ça moi j'étais catégorique il était hors de question qu'on qu'on me voit qu'on m'entende je n'ai quasiment rien filmé il était hors de question je je me suis même pas dit qu'il était possible qu'on puisse nous interroger à notre retour et en fait c'est c'est à leur demande que je suis là c'est à leur demande c'est à la demande de soignant de civils de personnes qui quand je voyais d'autres collègues filmer et je voilà je tique un peu et je je leur demandais si ça les dérangeit pas ils m'ont dit non il faut filmer il faut montrer la réalité et je crois même qu'il y a une vidéo que monsieur porte a posté où on entend un de nos collègues sur place et comprenons un peu l'Arab il y en a un qui dis non laisse le filmer ça je l'ai vu plusieurs fois non il faut qu'on voit ce qui se passe et j'espère que ce monde de fou pardon pardon c'est c'est pas l'endroit approprié pour parler comme ça mais je crois vraiment que il faut le dire comme je le pense c'est pas possible il faut au minimum une trêve au minimum une trêve au mieux évidemment à cesser le feu et cette trêve doit arriver rapidement s'il vous plaît ils sont en bout de course sur le mental sur le physique là j'ai un de mes collègues avec qui je viens de je viens de recevoir son message qui me dit qu'il va monter dans le je lui réponds non c'est trop dangereux il me dit il il vient de me répondre j'envie les morts donc il monte parce que sa famille lui manque c'est trop dangereux j'ai peur pour lui parce qu'il a il est médecin il a 24 ans il est tout jeune enfin il est étudiant j'ai peur pour lui parce que il peut avoir un profil physiquement type euh voilà il se dit bah au pire je meurs c'est pas grave et puis au mieux je peux voir mes parents voilà merci de votre écoute