À Dignes-les-Bains, l'hôpital au bord de la rupture - Reportage #cdanslair du 09.09.2024

Published: Sep 09, 2024 Duration: 00:08:43 Category: Entertainment

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Une façon de réclamer à l'Etat des moyens supplémentaires. - Encerclé par les montagnes, Digne-les-Bains, chef-lieu du département. La tranquillité et la douceur de vivre, voilà ce qui a séduit Pascale et Georges il y a plus de 25 ans. Un cadre de vie idéal, ou presque. Il y a un an, un diagnostic bouleverse tout. Pascale a un cancer. Et ce n'est pas à Digne-les-Bains qu'elle pourra être soignée. - Ce qui m'a mise en colère, c'est de devoir presque mendier un rendez-vous, être face à une secrétaire médicale qui fait bien son job mais qui dit que ce ne sera pas avant 2 ou 3 mois. Mais c'est urgent pour moi, c'est une question vitale. L'émotion me venait... - Alors qu'on vient avec une ordonnance de l'oncologue où il y a marqué "très urgent". - Aujourd'hui, on arrive à une situation où c'est une chance d'être soigné, ce n'est plus un droit. - C'est à Marseille, à 150 km de chez elle, qu'elle est soignée. - Ca demande beaucoup d'énergie. Quand on rentre le soir, c'est beaucoup de fatigue, au bout de 4 heures de route. Mais on le fait, parce qu'il le faut, parce que j'ai envie de vivre. - L'histoire de Pascale et d'autant d'autres patients... A Digne, c'est tout le système de santé qui est à bout de souffle. Depuis mi-août, le personnel des urgences est en grève. La direction de l'hôpital n'a pas souhaité nous répondre. C'est sur ce parking que nous retrouvons les médecins, très en colère. - Il y a encore 10 ans, on gagnait 3 minutes pour aller en coronarographie pour un infarctus. Aujourd'hui, il nous faut 1 heure 30. On a une réelle dégradation de la capacité à prendre les gens en charge. On fait de la médecine de catastrophe mais à l'hôpital. La définition de la médecine de catastrophe, c'est quand il y a une inadéquation entre les besoins et les moyens à disposition. C'est ce face à quoi on se retrouve en médecine de guerre, ou pour un accident avec de multiples victimes. C'est notre quotidien aujourd'hui. - Cet été, 2 arrêts-maladies dans le service ont surchargé les médecins. - On rajoute des heures de travail, avec parfois 90 heures de travail par semaine. C'est épuisant. Ce n'est pas durable. On peut le faire ponctuellement, mais ce n'est pas sécurisant, ni pour les patients ni pour les médecins. On met les patients en danger. On en arrive à cette situation où, pour lever cette culpabilité, on travaille plus. Il y a des limites physiques. - A Digne, un autre médecin a décidé de faire de la santé son combat. Patricia est également maire de la commune depuis 10 ans. Elle a signé un arrêté. Elle met l'Etat en demeure. Elle demande le recrutement de 11 soignants pour le territoire. - J'accuse l'Etat de ne pas avoir pris le sujet de la santé dans sa globalité, à sa juste mesure. La force d'inertie de l'Etat face à cette problématique... Faire un Ségur de la santé, des conseils nationaux de la refondation pour faire remonter les idées, et maintenant, qu'est-ce qu'on met en pratique? Ce n'est pas qu'une question d'argent. C'est peut-être colossal mais, à un moment, l'Etat doit prendre ses responsabilités. Comment on organise la santé dans ce pays pour qu'elle tourne correctement? - Dans son combat, elle a déjà convaincu 38 autres maires du département de prendre, à leur tour, des arrêtés de mise en demeure. - C.Roux: Après ce reportage, question. - D.Seux: La solution la plus simple, c'est d'augmenter les impôts. Mais on a déjà un niveau de prélèvement obligatoire particulièrement élevé par rapport à d'autres pays. Pourquoi les finances publiques dérivent? Une des raisons essentielles, c'est le vieillissement de la population. On vient d'avoir un reportage sur le système de santé. La pression sur le système de santé, c'est notamment le vieillissement de la population. C'est une bonne nouvelle, quand même. Il faut accepter que les dépenses de santé augmentent, mais trouver le moyen pour qu'elles fonctionnent mieux. C'est compliqué en France, car nous avons des dépenses publiques extrêmement élevées et un mécontentement sur les services publics. Il y a des solutions, mais c'est dans l'organisation. Les rapports de la Cour des comptes, je vous fais une pile de 1,50 m! Il y a des bonnes idées à prendre. Ce ne sont pas des fous ultralibéraux qui veulent sabrer toutes les dépenses publiques. Il y a des bonnes idées, mais il faut aller les chercher. Il faut le courage de dire la vérité sur un certain nombre de choses. - C.Roux: M.Barnier est allé à l'hôpital Necker. Il n'a pas dit qu'on allait dépenser plus dans l'hôpital. - G.Daret: Il a dit qu'on allait rendre la dépense publique plus efficace. - D.Seux: Sur les dépenses d'Assurance maladie, par exemple, qui sont dans le rouge... C'était dans "Les Echos" ce matin. Vous avez le directeur de l'Assurance maladie qui met sur la table, et ce n'est pas totalement innocent, le fait de gagner un peu d'argent, de faire des économies en durcissant le système des arrêts de travail, en remettant un jour de carence... Il y a une partie de l'opinion qui est contre. Mais il y a toute une partie de l'opinion, plutôt à droite, qui dit qu'il y a des disparités entre la fonction publique et le privé, qu'il y en a qui en profitent. Ca va nourrir le discours sur l'assistanat porté par le RN. On voit qu'il y a des possibilités. En lisant cette interview ce matin, je me disais que là... C'était une piste sur la table. Certes, de Matignon, il est allé à l'hôpital Necker, qui est le fleuron des hôpitaux pour enfants et qui fait un travail formidable. Mais quand on voit le reportage qui vient d'être diffusé, les déserts médicaux, c'est une attente très forte. Le sentiment d'être oubliés participe au sentiment de déclassement des Français. C'était très fort dans les études, que ce soit dans les extrêmes à gauche ou à droite, de dire qu'on est oubliés. De dire qu'il n'y a plus de services publics, qu'il faut 3 mois pour avoir un rendez-vous chez un médecin... C'est une attente très forte des Français. M.Barnier a raison d'essayer d'y répondre. Avec quels moyens? Il y a eu un Ségur de la santé, des promesses de faites. - C.Roux: En tout cas, c'était un symbole fort, rapidement, le fait d'aller dans un hôpital? Une façon de dire qu'il est dans l'attente des Français sur les services publics? - J.Jaffré: Il faut arriver à concilier le message de M.Barnier... L'hôpital Necker n'est pas très loin de l'hôtel Matignon. On ne peut pas dire que ça ait été un déplacement considérable. Mais le lieu est important. C'est concilier les attentes des Français et les priorités. Le pays doit faire un effort pour plus de rigueur, mais la rigueur, c'est aussi mieux dépenser, mieux faire. Beaucoup de ses formules, ce sont des gifles au macronisme tel qu'il est depuis 7 ans. En fait, il ne veut pas d'esbroufe. Mais qui vise-t-il avec ce genre de propos? "Je ne vous promets pas de miracle", ça veut dire qu'on a fait à certains moments des promesses difficiles à tenir. Lui insiste là-dessus.

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