"Le mal joli" - Emma BECKER

Published: Jun 09, 2024 Duration: 00:12:21 Category: Entertainment

Trending searches: emma becker
[Musique] Emma Becker le maljolie est votre 6e roman et il décrit de façon la plus vraie la plus fidèle possible les mécanismes de la passion qui s'installent dans le cerveau d'une femme empêché moi en lisant ce roman je me suis dit c'est vraiment l'anatomie d'une passion oui en fait c'était le le projet de base en sentant cette histoire qui commençait à m'échapper enfin voyons les circonstances c'està- direire que je j'étais mariée j'avais je suis toujours j'ai deux enfants en basâge et quand j'ai senti cette histoire commencer à m'échapper je me suis dit qu'une façon de reprendre le contrôle sur elle était de la décrire la façon la plus articulée possible la plus précise possible dans une espèce ESP de tentative de de de reprendre le le le contrôle sur elle et puis je voulais faire quelque chose de très court je voulais faire quelque chose de fulgurant j'avais la sensation que cette histoire allait se terminer qu'il n'allait rien me rester après mais qu'au moins il me resterait ce livre et que ce serait qu'au moins j'aurais fait quelque chose de beau de cette histoire personne ne veut lire dans un livre les mêmes mièvreries que tous les amoureux s'envoi on attend d'un écrivain une histoire et un recul au-delà de l'amour je trouve que ce roman dit aussi beaucoup de l'écrivain que que vous êtes euh ce d'autant plus qu' a un effet miroir puisque l'aimer antonin est écrivain lui aussi il dit beaucoup de vous hein ce roman de l'écrivaine que vous êtes euh bah et sans doute il dit aussi beaucoup de de de de la femme que je suis c'est-à-dire qu'il a beaucoup de mal à considérer que qu'une histoire est la fin de et la fin de toutes les autres en ce qui concerne l'aimer qui est effectivement écrivain eu je crois que l'amour est d'une façon générale toujours une question de trouver quelqu'un qui partage le même langage il s'avère que j'ai vécu longtemps à Berlin donc entouré d'homme qui ne parlaaient pas ma langue et avec laquelle il fallait que j'en invente une nouvelle et le fait de me retrouver face à un écrivain parlant français parlant ma langue était effectivement quelque chose d'énorme pour moi mais plus encore c'était ce langage que partagent entre eux les gens qui immédiatement se plaisent et pour qui ce langage devient devient la clé de devient la clé de tout un monde la passion dont il est question ici se développe sur trois saisons comme le disait Anana Pavlovic tout à l'heure ça écrit quasiment en temps réel printemps été automne l'été alors j'ai adoré cette période de l'été parce que c'est évidemment la période des vacances des vacances en famille une famille un peu élargie avec des membres de la familles qui sont pas toujours faciles à vivre et je je trouve que vous avez une charge mentale énorme il faut composer avec les enfants avec le mari avec la belle famille et avec un livre à écrire ça fait beaucoup oui de toute façon oui ma vie n'est que charge mentale alors j'essaie de m'en dépétrer d'une façon ou d'une autre c'est l'été a été compliqué à vivre mais m'apparaissait déjà pendant que je le vivais tellement drôle à écrire par la suite que je prenais ça avec une certaine bonne humeur le processus d'écriture est en effet un peu inédit pour moi parce que j'ai je voulais saisir cet amour sur le moment donc ça a été un livre que j'ai écrit en même temps que je le vivais ce qui a rendu effectivement le le l'écriture compliquée parce que j'étais comme vous le disiez tiraillé par des des idées de mais je ne peux pas écrire en tant que femme amoureuse parce qu'on sait très bien ce qu'il advient de la passion on sait très bien que la passion est en quelque sorte le pays imaginaire de l'amour c'est-à-dire il y a plus de fin il y a pas de il y a l'éternité toute entière on n'est pas soumis au même aux mêmes obligations que les gens qui vivent dans un dans un monde normal en revanche ce que les autres ressentent de cet amour pendant qu'on le vit euh puisqu'ils en sont sortis ou peut-être que eux ne l'ont jamais connu c'est c'est la sensation que Oh tout ça est quand même très joli c'est quand même alors oui c'est plein d'embêtements mais enfin c'est quand même c'est quand même une grande chance et c'est comme ça que m'est venue l'idée du du du titre du maljoli qui est à la base voilà un terme qu'utilisent les obstétriciens pour décrire les souffrances terribles de de de de l'accouchement qu'on oublie aussitôt qu'on a l'enfant sur soi alors j'ai fait une espèce de métaphore pour dire que cet amour naissant avec tout ce que ça tout ce que ça suppose de compromis et de renon ement est effectivement une douleur intolérable qui s'arrête aussitôt qu'on est en présence de l'amant et qui nous qu'on oublie au point de recommencer toujours donc c'était voilà c'était le le maljoli métaphore de l'amour mais métaphore de l'écriture aussi euh on souffre un peu en écrivant ou beaucoup en écrivant le roman et puis malgré tout on recommence alors en l'occurrence là c'était pas une souffrance d'écrire parce que écrire c'était la seule façon que j'avais d'être avec cet homme euh avec lequel je je ne passais que que des petits moments par-ci par là et dont cet été où on a été séparé et où l'écriture était pour moi la seule manière de le de le retrouver de vivre constamment dans ce monde où il n'y avait que lui et moi euh à côté d'une réalité qui était pleine d'empêchement qui était pleine de de de tout de toutes ces obligations que constituent les petits- enfants les apparences à maintenir la belle famille a flatté dans le enfin a caressé dans le sens du poil ça a été effectivement une année très intense qu'il a fallu que j'enferme dans un livre tant bien que mal une des grandes questions du livre c'est comment expliquer les mensonges et les arrangements pour vivre sa passion au détriment de ses propres enfants qui sont pourtant la prunelle de vos yeux c'est j'irais pas jusqu'à schizophrénique mais c'est c'est une vraie dualité maisi je crois que toutes les mères comprennent comprennent ce que je veux dire c'estàdire est évident que les les enfants sont ce que nous avons de plus précieux mais mais nous savons bien aussi ce à quoi nous renonçons en faisant des enfants évidemment ça a été un livre qui a été compliqué à écrire aussi parce qu'il fallait que je songe aux gens autour de moi qui allaient probablement lire le livre alors mes enfants sont petits ça leur arrivera un jour mais il y a un moment où je me suis dit quitte à tout décrire d'une passion il faut que je décrive aussi l'indignité il faut que je décrive les moments d'infamie les moments effectivement où on est obligé de de mentir où on se sent soi-même mourir un peu dans ces mensonges qu'on oppose à l'autre alors au père de ses enfants à qui on ne veut vraiment pas de mal mais qui se trouve comme ça finalement dans dans le chemin d'un accomplissement de soi et voilà je je me suis dit bah c'est sans doute un livre à bien des égards moralement détestable enfin qu'on pourrait qu'on pourrait me reprocher mais je crois que que que c'est c'est important de décrire les grands conflit d'une vie de la manière la plus précise possible et si tout si mes enfants me détestent au moins peut-être aurais-je trouveré des lecteurs qui se seront sentis compris en traversant la même chose je parlais tout à l'heure de la charge mentale qui a été la vôre durant l'été vous vous parlez de la charge mentale que c'est d'être amoureuse oui euh oui je crois que effectivement l'amour et l'attente de l'autre ça n'est pas ça n'est pas que du plaisir ça n'est pas que de la rêverie il y a euh effectivement un un mal-être terrible dans cette attente et puis il y a encore une fois dans cette volonté de maintenir les apparences pour ne faire souffrir personne il y a aussi la volonté de faire semblant en face de la manque tout tout va bien qu'on n pas qu'on n'est pas épuisé par ses mensonges qu'on n pas épuisé par ses déplacements en train pour retrouver l'autre qu'on n'est pas amenuisé par la sensation d'appartenir à son mari à ses enfants à son amant et plus du tout à soi il y a un moment dans l'amour je crois où on se demande soi-même où on est passé et le livre est aussi une manière enfin c'était aussi mon enclos à moi c'était le moment où je me remettais à vivre pour moi-même sans aucune autre mécanique que la mienne propre c'est-à-dire sans sans l'amant sans les enfants sans le mari Antonin l'homme aimé est écrivain je l'ai dit tout à l'heure mais c'est un aristocrate un aristocrate de droite et il y a dans ce roman également toute toute une réflexion sur la condition sociale oui c'est vrai que quand quand quand cette histoire a commencé alors en plus du mari et des enfants qui constituaiit quand même une une bonne raison de ne pas faire ce que j'ai fait euh un des éléments essentiels me par ess effectivement nos extractions complètement différentes j'étais face à un homme qui qui venait d'un tout d'un monde tout à fait différent du mien qui était qui avait également une compagne qui venait d'un monde complètement différent du mien et quand on a écrit les livres que j'écris quand on a vécu la vie que j'ai mené bien sûr que on peut se considérer comme écrivain mais il y a quand même le regard des autres qui fait qu'on est constamment en train de se dire mais qu'est-ce que je suis moi finalement à part une écrivaine qui qui parle qui parle de qui parle de sexe qui évoque qui qui parle de trucs un peu sulfureux passer cet attrait là finalement qu'est-ce qui reste est-ce que socialement bien sûr j'ai ces problématiques là euh de de de classe parce qu'il me semble que c'est plus facile de se détacher de de ces problématiques là quand on quand on vient de la bonne classe et euh oui je crois que ce livre dit beaucoup de l'écrivain que je suis mais dit aussi beaucoup de la femme que je suis qui manque d'une certaine confiance en elle qui a constamment besoin de validation j'ai pas du tout la prétention d'être une femme libre héroïque je suis au contraire entravée par tout un tas comme ça de de de de de de petites de petites interrogations est-ce que je suis assez est-ce que je suis assez bonne est-ce que je suis assez élégante est-ce que je suis assez est-ce que j'écris des choses suffisamment bonnes et je crois que je dois pas être la seule à partager ces ces questionnements vous aviez dit à propos de l'inconduite votre roman précédent que c'était ce que vous aviez écrit plus proche du compte de fait j'ai l'impression qu'avec avec le maljoli on s'est encore un peu approché du compte de fait malgré le revers de la médaille bah c'est-à-dire c'est un compte de fait il a il a il y a quelque chose là-dedans qui effectivement est de l'ordre qui il y a quelque chose de très romantique après le le versant de le c'està dire le revers de la médaille sont effectivement tous les compromis qui qui qu'il faut faire quand on vit comme ça une histoire d'amour flamboyante ce qui est évidemment une grande chance mais pour que cette chance puisse avoir pour que cette chance puisse juste justement représenter un un un grand bonheur une grande joie il y a tout un tas de de petites choses un peu un peu mesquine un peu déshonorante qu'on est obligé de de de mettre en place et ça et il fallait que je décrive les deux on peut pas décrire la lumière sans décrire l'ombre parce que sinon effectivement on tombe dans la mivrerie et et c'est vraiment ce qui me fait le plus peur quand j'écris c'est le mrerie pour terminer à Emma Becker c'est évidemment un livre où comme vous savez si bien le faire vous décrivez le plus intime de l'intime mais j'ai envie de dire que c'est un livre terriblement romantique mais oui mais d'ailleurs le le le romantisme n'est pas c'est pas parce qu'on est romantique qu'on ne peut pas qu'on ne peut pas décrire des choses des choses factuelles des choses pragmatiques il me semblait important aussi dans dans ce livrel d'expliquer ce que c'est qu'une femme qui attend son amant et qui n'est pas dans cette posture qu'on imagine toujours de la Belle au bois d'or qui attend comme ça que la M passe la porte d'hôtel il y a tout un tas je le dis à un moment dans le bouquin la femme c'est pas ce que les hommes voient c'est précisément ce qu'on est quand il ne nous voit pas et je pense qu'il est important justement d'expliquer ce que c'est qu'une femme qui se prépare à recevoir à recevoir son amant et puis une femme qui qui rentre chez elle et qui doit comme ça se créer des petits sasses de décompression pour essayer de retrouver non pas ce qu'elle est parce que quand on est amoureux c'est impossible ça c'est perdu mais en tout cas l'apparence de ce qu'elle était avant le maljoli c'est le titre de votre formidable roman Emma bcker merci beaucoup merci beaucoup [Musique]

Share your thoughts