-Depuis la première loi
sur le handicap, votée en 1975, la condition de vie des personnes
handicapées en France s'est améliorée,
heureusement. Mais on est très loin
du compte. Nous restons
la minorité la plus discriminée
dans notre pays selon le rapporteur
des droits depuis 3 ans
maintenant. Discrimination pour
l'accès à la santé, pour l'accès
au logement, pour l'accès
à l'emploi, à la culture, au sport,
à la sexualité. Aujourd'hui,
il y a un vrai sujet, une accélération
en tout cas, une volonté des
personnes concernées que les lois soient
mieux appliquées, notamment
la loi de 2005, et qu'on trouve
collectivement des solutions
pour permettre à plus de 12 millions de personnes
handicapées, puisque c'est le
chiffre aujourd'hui, et tout autant
d'aidants, d'avoir
tout simplement accès à la citoyenneté
pleine et entière. C'est pas le cas. Nous avons
les mêmes devoirs, mais pas
les mêmes droits. Et cette discrimination
est intolérable. Aujourd'hui, un enjeu
majeur pour nous, c'est notre capacité
à se fédérer. De nombreuses
associations représentent les
personnes handicapées, mais on parle
de handicap moteur, de handicap mental,
de handicap psychique. Notre capacité
à nous fédérer nous permettra,
on l'espère, un jour, d'avoir
les mêmes droits et d'avoir une vie
sociale épanouie, libre,
comme tout un chacun. Pour faire avancer le
débat sur le handicap, il y a un certain
nombre de solutions. La première, c'est de s'assurer
que tout enfant puisse accéder à l'école
de la République, quels que soient
sa condition, son genre,
ses origines. C'est le cas souvent,
pas tout le temps. Beaucoup
d'enfants handicapés n'ont pas accès
à l'école, qui plus est
en milieu ordinaire. L'éducation est un
chantier prioritaire. Ensuite, il faut construire
une minorité visible, pas uniquement parce que 80 % de
personnes handicapées ont un handicap
invisible, ce n'est pas
la seule raison à notre invisibilité, mais parce que
les médias en parlent trop peu
et souvent mal. Il y a un travail
à faire à ce niveau-là et aussi un travail
d'accessibilité de la société, rendre la société
accessible à tous. C'est pas uniquement
des rampes ou des plans inclinés pour les fauteuils
roulants, mais pour toute
personne ayant un handicap,
une particularité, une différence. Ça servira
tout le monde. Par exemple, des transports en
commun accessibles pour les personnes
en fauteuil roulant seront accessibles
pour les poussettes, pour les personnes
âgées, et aussi accessibles
pour les personnes qui ont eu un accident,
même temporaire, une entorse
de la cheville, une opération du genou, des choses qui ne sont
pas définitives. La question de l'accessibilité
universelle permettra d'évoluer librement
dans la société, qu'on soit visibles, et que ce ne soit plus
jamais un sujet que des personnes
handicapées évoluent aux côtés des autres et que la question
de la discrimination soit de moins en moins
présente parce que moins
d'ignorance, parce qu'on réussira
enfin à vivre ensemble. Aujourd'hui, les personnes
handicapées, en France, sont des citoyens
de seconde classe, parce que discriminées
en droit, discriminées dans tout ce que la société
a à offrir. Oui, mêmes devoirs,
mais pas mêmes droits. Aujourd'hui,
le combat pour le droit des personnes
handicapées est un combat
fondamental, le droit de se déplacer
librement, le droit de se loger,
le droit de travailler, le droit d'accéder
à la culture, au sport, le droit d'avoir
une vie intime, une vie sexuelle
épanouie. Tout autant de sujets
sur lesquels se mobilisent
chaque citoyen, concerné directement
ou pas, et les associations. Aujourd'hui, c'est
un travail collectif où il faut continuer
encore et toujours à mettre la pression
au législateur, mais je pense
que chacun doit prendre sa part
de responsabilité pour ne pas accepter qu'une personne
soit discriminée pour sa couleur
de peau, ses origines, sa condition,
son genre.