Organisation et régulation du monde du travail - vu par Thierry Beaudet (CESE)

Thierry Beaudet, président du CESE. Il y a une envie, un besoin de parler du travail parce qu'il est au cœur de nombreux changements. Et parler du travail, c'est en parler très concrètement à la première personne. Ce qui se passe au cours d'une journée, à partir du moment où on quitte son domicile jusqu’au retour le soir. Mais c'est aussi en parler à l'échelle de toute une vie, de l'entrée dans la vie active jusqu'au moment de la retraite. Les Français veulent en parler parce que le travail, il est traversé par de très nombreuses interrogations. Je peux citer les interrogations sur le sens du travail, sur la nécessité d'intégrer la question environnementale dans le travail, les questions d'irruption de l'intelligence artificielle dans le travail, avec toutes les évolutions que cela suppose. L'intensification du travail, le fait que la population active vieillit. Donc beaucoup de questions sur le travail en lui-même. Et puis beaucoup de questions sur les conditions de vie de nos concitoyens qui indirectement traversent la question du travail. La question du logement. On a de très nombreux Français qui vivent très loin de leur lieu de travail. La question des temps de transport, la question des familles monoparentales ou des actifs qui sont en situation d'aidant. Voyez, il y a énormément de questions qui traversent le travail et c'est donc un formidable sujet de prospective. Aujourd'hui, l'activité de prospective, elle se développe dans un contexte qui est fait d'incertitudes. Nous sommes dans un monde où les mutations s'accélèrent, où les ruptures se succèdent les unes aux autres de plus en plus rapidement. Et donc, pour faire utile en matière de prospective, il faut faire collectif. Et on l'a vu, en matière de travail, l'Etat, les partenaires sociaux ont un rôle considérable à jouer en matière de prospective. Et ce rôle, ils le jouent déjà. Mais on doit aussi observer que la question du travail, elle ne peut pas être enfermée dans les seuls murs de l'entreprise. C'est une question qui concerne la société tout entière. Cela signifie que dans ce collectif nécessaire aux travaux de prospective, il faut hybrider les regards. Et si l'Etat, si les partenaires sociaux ont un rôle majeur à jouer, il faut aussi élargir le regard à d'autres acteurs de la société française.