Alors la rencontre avec Boucheron, là aussi, c'est
c'est intéressant, parce qu'une fois que j'ai été élu à l'Académie, on se dit ... c'est une corvée, il
va falloir maintenant faire un costume et une épée ! Quel ennui ! Et puis j'ai finalement c'est devenu
passionnant, parce que j'ai été mis en contact avec Balenciaga pour le costume, et Boucheron
pour l'épée, et chez, Boucheron, ils étaient très partants pour faire cette épée. Ils avaient déjà fait
des épées d'académiciens, mais il y a longtemps. La dessinatrice de Boucheron s'appelle Claire Choisne,
et c'est avec elle que je me suis entendu. ils étaient partant pour la faire, donc on on
a discuté. Ça a été fait d'abord avec une imprimante 3D.
C'est un objet pur et simple, mais fait avec une technique de pointe. Donc ça aussi, c'était
très amusant de travailler avec eux pour arriver à cet objet, et ils en sont très
contents, ils sont très contents de ce qu'ils ont fait, ils en étaient très fiers. Au début on ne savait
pas si on pouvait faire une épée en verre, comme ça, évidemment elle est fragile, il ne faut pas que je la
laisse tomber. Mais je la laisserai pas tomber ! Je crois qu'elle est parfaitement réussie.
Dans cette épure d'épée, on voit bien la phrase de Proust qui est prise dans le manuscrit.
C'est l'écriture, c'est la calligraphie de Proust, et le petit hérisson qui est aussi
incrusté dans l'épée. Voilà, donc je suis content, je suis content de cette épée, je crois que
c'est un très bel objet, c'est parfaitement réussi. Toutes ces épées sont très
personnelles, c'est un choix important, intime. Alors moi j'ai choisi d'abord la
forme de l'épée, qui est personnelle parce je voulais une épée très simple. Et en fait,
le modèle, c'est une épée de polytechnicien. Je suis passé par l'école polytechnique,
donc c'est l'épée qu'on portait en uniforme de polytechnicien. C'est une épée de polytechnicien,
mais en verre, transparente. Donc la forme est très personnelle, elle fait allusion, pour chacun, à son histoire. Ensuite je voulais quelque chose de
très simple, parce que je suis plutôt minimaliste comme genre, donc le verre c'était déjà très
pur (je voulais le verre parce que c'était pur), et je voulais un seul symbole et une seule devise,
comme dans les emblèmes de la Renaissance, parce que j'ai beaucoup travaillé sur la Renaissance.
À la Renaissance on a une image, et quelques mots de devise, donc je voulais me contenter de
ça, et donc j'ai choisi une image. L'image, c'est un hérisson qui est coulé dans l'épée,
et un hérisson qui est dans un dessin de la Renaissance Allemande : Hans Hofmann qui se
trouve au Métropolitan Muséum à New York. C'est ce que j'ai donné à Boucheron, c'est cette
reproduction du hérisson, que j'avais vu avec ma compagne il y a un certain nombre d'années. On
l'avait beaucoup aimé, au moment où il avait été acheté par le Metropolitan, donc oui, le hérisson,
c'est quelque chose qui me rattachait à ma compagne. Et la devise, là aussi, je voulais une
devise extrêmement simple, donc j'ai choisi une citation de Proust qui est bien connue de ceux qui
ont lu "Du côté de chez Swann" : c'est "Zut, zut, zut, zut." Évidemment c'est un peu provoquant
d'avoir comme devise ces mots-là. Donc la devise est personnelle parce que c'est un moment dans "À la
recherche du temps perdu" à la fin de "Du côté de chez Swann", lorsque le héros a une sorte de première
extase, ce qui était beau, mais il voit un rayon de soleil sur un toit qui se reflète, et il sait pas quoi en faire,
mais il crie "Zut, zut, zut, zut", et il agite son parapluie, en criant "Zut, zut, zut, zut". La devise renvoyait donc à
Proust, sur lequel j'ai beaucoup travaillé, le hérisson, alors faut-il que je vous explique pourquoi le
hérisson ? Alors, le hérisson fait référence à un un article très célèbre de Sir Isaiah Berlin,
qui est un philosophe anglais, un article de 1953, qui s'appelle "The Hedgehog and the Fox"
("Le hérisson et le renard"), et qui fait allusion à un très ancien vers grec d'Archiloque.
On n'a que ce vers, mais ce vers dit "Le renard a beaucoup d'idées, mais
le hérisson a une seule grande idée" donc c'est l'idée qu'il y a deux types d'hommes, ou de femmes, ou d'humains.
Depuis les Grecs, il y a les renards et les hérissons. Les renards qui courent
partout, qui se débrouillent, qui on plein d'idées tout le temps, et puis il y a les hérissons,
qui ont une seule idée, qu'ils poursuivent toute leur vie, de leur naissance jusqu'à leur mort.
Isaiah Berlin disait que Proust était un hérisson, mais que Montaigne était un renard.
Alors l'idée du vers grec d'Achiloque, c'est que le renard court partout, mais que finalement, c'est
le hérisson qui l'emporte, parce qu'il a une seule idée, et qu'il la poursuit jusqu'au bout. On peut
appliquer ça aux artistes, moi je l'avais appliqué dans un livre à Cézanne et Picasso.
Picasso, tous les ans, faisait une révolution esthétique, il changeait de style, il inventait tout
le temps. Cézanne, à sa mort, améliorait encore, cherchait encore à améliorer. Donc Cézanne
était un hérisson, Picasso était un renard. Alors moi j'ai mis un hérisson.
Quand il dit que Proust est un hérisson, non je crois pas que Proust est un hérisson.
Je crois que c'est un renard qui nous fait croire qu'il est un hérisson, et c'est comme ça
qu'il réussi son coup de "À la recherche du temps perdu".
[musique] le fait d'aller sur la dimension du pastiche de l'humour c'est lié à deux influences principales la première influence effectivement ce sont tous les médias parodiques alors le graphie en france aussi diane aux états-unis qui est juste génial moi je trouve ça toujours hyper drôle et puis aussi... Read more