Frankfurterbuchmesse 2022 // Dialogue avec Leila Slimani, Olivier Guez et Florian Illies
Published: Oct 26, 2022
Duration: 00:52:06
Category: Education
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[Musique] il y a trois ans que le salon de livre le foie de livre que nous avons connu il y a quelques années ici on a toujours l'impression d'être dans une zone parce que le bois était frais à l'époque et toujours je dois dire l'architecture j'adore donc soyez les bienvenus c'est une discussion assez intéressante et je dois dire seulement 50 minutes pour nous pour parler de l'histoire et de l'identité avec trois protagonistes et Florian Ilies soyez les bienvenus ici à Francfort nous avons aussi les gens qui nous aident qui nous aident pour que les mots se transporter vers le monde nous avons une interprète merci [Applaudissements] pour la préparation c'était pas facile nous avons trois êtres humains qui ont beaucoup fait qui ont beaucoup vécu qui ont écrit des livres assez intenses des livres géniaux et parler de l'histoire et de l'identité bon il faut vraiment réfléchir qu'est-ce que je vais leur parler qu'est-ce que je vais leur demander il faut toujours réfléchir ce qu'on fait ce qu'on parle dans les deux tombes dans la trilogie le pays des autres l'élan Slimani parle de l'histoire de sa famille c'est une inspiration pour raconter l'histoire du Maroc et sa connexion avec la France Florian il y a un roman où l'on parle de la situation de l'échange intellectuelle à travers les frontières Durand un temps difficile dans son livre 100913 et l'amour dans un temps de laine et il m'a raconté tu parles et est-ce que je peux raconter ce que tu en ce moment l'intérieur de normalement je sais pas ce que ça faisait être mais on va voir dans son livre ce sera notre sujet aujourd'hui aussi Olivier culturelle européenne ça se reflète aussi dans les catastrophes au monde de des derniers décennies la Deuxième Guerre mondiale il y a donc des questions sur l'identité et à quel point est-ce que l'identité nous marque il y a toujours des gens qui ont vraiment eu des prix littéraires j'aimerais bien parler commencer entamer notre histoire notre discussion on se tutoie nous nous connaissons nous nous sommes déjà rencontrés Leila sont les aspects lesquels sont les choses qui sont importantes pour toi pour ta biographie pour ta vie qu'est-ce qui t'a marqué qu'est-ce qui est marqué ton identité Leila bonjour à tous je crois que ce qui a le plus marqué mon identité c'est ce que j'ai lu ce que j'ai lu les films que j'ai vu ce sont ces grandes émotions là qui m'ont le plus marqué quand j'étais petite assez jeune j'ai commencé à lire de la littérature russe vers l'âge de de 11 ou 12 ans et pendant plusieurs années j'ai été vraiment persuadée que j'étais russe je vivais au Maroc à Rabat et j'avais décidé de m'habiller à la russe de manger des cornichons et des oignons crus parce que dans les romans de dossoïevski ils passent leur temps à manger des oignons et je voulais absolument vivre comme ça j'avais un grand manteau que ma mère m'avait acheté et même quand il faisait très chaud au Maroc je voulais le porter parce que je portais cette espèce d'âme russe et puis plus tard il y a eu les lectures du sud des États-Unis il y a eu faux Nord Carson McCullers flânerie O'Connor il y a eu l'Amérique latine donc ce sont ses lectures qui m'ont beaucoup donné mon identité ou qui m'ont permis de m'inventer tel que je voulais être mes parents vraiment pas donné une éducation identitaire ou nationaliste ne m'ont jamais transmis n'appartenance particulière à un pays ils m'ont donné la liberté de devenir qui je voulais être et c'est dans les livres que je les trouvais je m'imagine Leila je m'imagine Leila dans son manteau russe dans ses avis russes qui se promènent ça a l'air un peu exotique mais rétrospectivement je dois dire très souvent on ne peut filtrer quelque chose trouver un petit détail qui est vraiment fille rouge des influences qu'on a qu'on a trouvé tout le monde qui est ici a subi des influences nous sommes grandis dans la grande liberté on a vu toutes ces choses en alu Olivier tu parles en allemand génial mais aujourd'hui tu nous parles en français Olivier qu'est-ce que tu dirais lesquelles sont les aspects lesquels sont les aspects très importantes identitaire pour ton identité je pourrais faire un petit peu comme Leila mais alors moi c'était pas la littérature russe moi j'avais décidé assez jeune d'être austro hongrois j'avais une passion pour pour la monarchie Danube pour les Habsbourg je les ai lu très tôt en fait c'est ma mère m'a fait lire bien davantage que les classiques français très jeunes et les classiques de la monarchie des Habsbourg ce soit Joseph Road Stéphane Musil je mentirais je l'ai lu plus tard je l'ai pas lu à 12 ans et surtout moi je dirais que c'est la géographie en fait puisque moi j'ai eu la chance de grandir à Strasbourg donc qui est une ville de frontières donc j'ai baigné naturellement dans dans trois cultures la culture française la culture allemande la culture alsacienne aussi qui est un mélange des deux et encore autre chose par ailleurs moi mon père vient d'Afrique du Nord il est né en Tunisie il a émigré en France dans les années 60 donc j'avais cette dimension méditerranéenne c'est une famille juive aussi dans les origines de ma mère enfin la famille les parents grands-parents de ma mère venaient soit de renanie soit justement de l'Empire austro-hongrois donc cette étrange géographie c'était étrange mélange on constitué l'homme ou l'écrivain que je suis devenu par la suite avec aussi oui donc une forte influence de la littérature moi après le l'Autriche-Hongrie c'est c'est l'Amérique latine j'ai passé beaucoup de temps donc un mélange vraiment l'idée du cosmopolitisme je pense que je suis né avec tu viens de dire méditerranéen mais pas maghrébin l'africanité c'est important pour toi plus que l'africanité est-ce que il faudrait qu'on en parle en fait très longuement mais c'est vrai que moi j'ai quand j'étais journaliste j'ai travaillé dans tout le monde arabe sauf en Tunisie je ne suis jamais enfin j'y suis juste allé six ans j'irai plutôt le côté méditerranéen la Tunisie à l'époque française et jusqu'aux années 60 comme mon père était vraiment un mélange donc il y avait évidemment des Tunisiens des Arabes il y avait des Juifs il y avait des maltés il y avait des Français il y avait des Italiens et c'est le sans doute le pays le plus méditerranéen de l'Afrique du Nord et je pense que ça a beaucoup plus joué que que l'Afrique qualité que je cherche encore et Leila tu vas en parler dans un instant d'abord je voudrais bien demander Florian Ilyes allemande l'intérieur de l'âme allemande on parle de méditerranéen et maintenant on parle de l'âme allemande lesquels sont les choses qui tombent marquées qui ont créé ton identité avec tout ce que tu fais et toi tu fais beaucoup tu es très actif que j'ai pas lu assez tôt à ces jeunes et le Club Méditerranée les expériences littéraires aujourd'hui nous sommes à Francfort et moi j'ai identité de la région de la S nous sommes dans la région de l'AS tout le monde qui qui ne vit pas dans la S essaye de trouver l'identité de la haie de la région de la S autour de Francfort pour moi c'est me promener dans les forêts être comme j'ai fait d'hier les grands forêts et l'odeur des pommes qui se trouvent dans l'herbe mouillée comme j'ai vu hier pour moi je suis très enracinée ici autour de Francfort où j'ai je me suis attarée au football des cartes de football que j'ai échangé avec les copains des choses comme ça vont intéresser à Jonage et la littérature mais plus tard c'était l'art d'abord l'histoire de l'art l'art pour moi c'était toujours une identité européenne des mes premières moments parce que très très tôt j'ai vu que la peinture du 19e siècle qui m'a toujours fasciné ou bien le début du 20e siècle et je dois dire les trois peintres les plus grands que l'Europe est connue sont effet pour moi Kuru Manet Mathis ce sont les trois plus grands les plus excellents et un jour je pense que j'ai presque perdu mon identité de la haie si l'on cherche un peu des critères de qualité on voit qu'il faut chercher ailleurs et faut chercher plus grand il y a quelque chose de cosmopolite d'humanitaire d'universel dans l'histoire dans l'art qui nous réunissent tout ce qui est très important pour moi si on devient plus vieux on trouve d'autres racines dans son identité à soi-même par exemple les dernières années j'ai travaillé intensément avec le fait que mon père en 1940 il a combattu contre les Français et mon père en 44 à Montecassino et il a battu plusieurs nations il y avait une des plus compatailles de la Seconde Guerre mondiale à l'époque il y a cette identité et j'ai appris beaucoup de choses de la gratitude qu'on peut grandir en Europe de la manière comme on a pu grandir et je vois qu'on a la responsabilité pour notre environnement pour les pour les générations à venir pour les rappeler du fait que l'histoire ça existe et l'histoire c'est un pouvoir central pour notre situation au présent merci mais c'est un appel c'est quelque chose que tu as pris dans l'histoire de ton famille si l'on parle de famille Leila je voudrais bien te demander une chose la famille que l'on a et l'autre chose ce qu'on fait de sa famille laquelle lequel est le rôle de de ton histoire de famille dans ton travail d'écrivaine de l'autrix tu as cette trilogie qui est très très marquée par ta propre famille par ton propre histoire de famille la deuxième le deuxième tome est paru en Allemagne l'humanité ça m'intéresse beaucoup dans ce contexte l'africanité lequel est le rôle de l'africanité pour toi mais aussi pour ta famille je trouve ça très intéressant ce que vient de dire Florian il parle de la bataille de Monte-Cassino la bataille de Monte-Cassino mon grand-père y était mon grand-père marocain qui était dans l'armée coloniale et en fait il y avait beaucoup beaucoup de Maghrébins beaucoup de soldats de l'armée coloniale qui ont été envoyés en premier à monter casino pour la partie la plus difficile de la bataille et ils sont ils sont morts très très nombreux et on l'a utilisé à cette époque des montagnards marocains qui avaient l'habitude de la montagne qui avait l'habitude de la guérilla et donc mon grand-père a fait aussi partie de cette bataille je dis ça pour dire que j'ai toujours eu du mal à comprendre pourquoi nous venant du Maghreb nous venons d'Afrique on était toujours perçus par les Européens comme une civilisation autre comme si nous étions étrangers au destin de l'Europe or depuis très très longtemps notre destin est lié à celui de l'Europe moi j'habite aujourd'hui au Portugal à lis Lisbonne est une ville qui est en partie une ville arabe dans sa topographie dans ces paysages dans la façon dont on décore les murs dans la langue dans la nourriture si vous allez aujourd'hui à Malte si vous allez en Sicile si vous allez même à venir la civilisation arabe et venant bien sûr à Grenade en Espagne venant en tout cas d'Afrique du Nord et très présente et donc moi je suis finalement issue de cette histoire mes parents et ma famille m'a toujours donné ce sentiment que ces deux continents étaient liés à l'époque ils l'ont fait avec un certain optimisme mon père en 1980 a participé à l'époque à une grande réunion qui a eu lieu avec l'Union européenne à l'époque où on pensait construire un tunnel entre le Maroc et l'Espagne un peu sur le modèle du tunnel sous la Manche entre la France et l'Angleterre à cette époque on pensait qu'il serait possible de construire quelque chose comme une sorte de monde voilà méditerranéen unie quand on regarde où les choses aujourd'hui elles sont voilà bien différentes la Méditerranée est redevenu une une frontière donc l'histoire de ma famille elle est un peu à contre-courant à contre-temps et c'est l'histoire d'une famille qui pense fondamentalement qui vit fondamentalement le fait qu'il n'y a pas de différence essentielle entre ce monde là du sud de la Méditerranée et le monde européen parce que leurs histoires ont été liées parce qu'ils se sont connus ils se sont aimés ils ont fait des enfants ensemble ils ont étudié d'un côté ou de ou de l'autre et je crois que c'est surtout ça que j'essaye de montrer à travers à travers mon livre et j'espère que les lecteurs ils seront sensibles c'est que nous ne sommes pas des étrangers irréductibles nous faisons partie de l'histoire de l'Europe depuis longtemps et l'Europe fait partie de notre histoire depuis longtemps et si chacun en prenait un peu plus conscience je crois qu'on pourrait bâtir des choses et des ponts extrêmement intéressants entre nos deux entre nos deux histoires c'est une belle vision quelle belle vision je trouve vraiment génial que tu le vois ainsi quelle jolie et belle vision et ça m'appelait beaucoup que tu le vois comme ça que tout le soutiens et en même temps l'histoire d'une histoire qui est très marquée par le colonialiste et je pense aussi que l'histoire comme l'histoire de ta famille à cette friction entre soi tu sens cette friction c'est vraiment cette violente friction est-ce qu'il y a des moments où il y a une fracture les gens des choses qui font mal des Playes il y a-t-il quelque chose bien sûr il y en a beaucoup tous les personnages dans mon livre sont déjà fracturés intimement à l'intérieur de même il y a une fêlure une fracture et je crois que tous les gens qui sont un peu dans la situation des membres de cette famille dans ma situation sont face à une grande problématique c'est celle de la loyauté à qui est-ce que je suis loyal quel camp est-ce que j'appartiens à partir de quel moment j'ai l'impression de trahir une de mes identités vous donnez une métaphore très simple une comparaison très simple tu parlais de foot tout à l'heure moi j'ai toujours beaucoup aimé le foot mon père a travaillé pendant longtemps dans le milieu du foot et la grande terreur dans ma famille c'était les matchs entre la France et le Maroc parce que ça provoqué des dissensions et des disputes et en même temps personne n'osait être pour l'instant c'est compliqué pour l'autre donc bien sûr ils sont tous très heurtés ils sont pleins de chagrins quand vous êtes en France vous avez le sentiment qu'on vous ramène tout le temps à votre identité marocaine c'est c'est souvent mon cas quand je suis au Maroc les gens me disent tout le temps que je suis trop européenne et puis ils vont dire du mal des Français ou des Européens et ça va me heurter et donc c'est pour ça que j'ai fait le choix de ne vivre dans aucun de ces deux pays mais de vivre dans un pays qui est pile entre les deux qui est le Portugal où je suis une étrangère et je dois dire que j'ai la chance de pouvoir être heureuse comme étrangère ça n'est pas donné à tout le monde mais moi j'aime la vie d'étrangère j'aime ne pas appartenir j'aime même parfois ne pas comprendre la langue dans l'endroit où je suis parce que ça me permet d'être dans mon espèce de solitude dans ma bulle et ça me convient très bien ton club de football préférée ou le pays préférait lorsque tu regardes un peu de football lorsqu'on parle d'identité le football c'est important non j'adore le football mais en fait je suis un là aussi un grand cosmopolite du football j'aime le football pour le football alors j'avoue être insupportunteur du Racing Club de Strasbourg ce qui n'est pas très glorieux c'est ces jours-ci mais bon je j'y suis né donc une espèce de patriotisme de clocher mais sinon par exemple lorsqu'il y a un match français - Allemagne ou France-Italie puisque moi aussi j'ai décidé de m'expatrier et de vivre dans un autre pays encore qui est l'Italie à Rome j'avoue vraiment le résultat m'importe assez peu dire si le match c'est bon je suis content et si le meilleur l'emport je suis content aussi donc vraiment je suis pas un grand patriote au football non plus j'aime le football pour pour le football pour le spectacle tout ce que c'est véhicule et tout ce que ça peut raconter tout ce que ça a pu raconter de l'histoire des villes des pays où aujourd'hui de la mondialisation en fait donc je n'ai pas ces problèmes là sauf pour l'Argentine ça c'est encore une autre histoire et l'Uruguay mais bon on va pas c'est peut-être pas le sujet du jour de parler du football argentin du football Uruguay aujourd'hui mais j'adore ton attitude relaxée on parle un peu de ton histoire de la famille qu'est-ce qui est intéressant à quel moment est-ce que c'est intéressant pour toi qu'est-ce qui t'a marqué les grands catastrophes on en a parlé les catastrophes du 20e siècle Florian Ilias nous dit il se rappelle toujours de tout cela lorsqu'il regarde l'histoire de son famille je pense pour toi tu viens d'une famille juive à ce qui nage chez Fardi je suis un peu mixte quand même la chevalolocaus peut-être pour ta famille jouannote rôle pour le CFA par rapport aux ashkénazes qui viennent de l'Europe de l'Est est-ce que tu peux nous parler un petit peu y a-t-il des moments où ça bien pour toi comme moteur intéressant que les deux côtés de ma famille sont passés entre les gouttes de l'histoire sont des petites gens qui m'ont réussi à se cacher ou à quitter la Tunisie quand il le fallait dans les années 60 ça devenait compliqué pour les Juifs de Tunisie et qui en fait se sont faufilés alors ces histoires là j'ai rien que la chose qui m'a par rapport à tout ce que j'ai pu faire c'est le moi j'ai passé mon enfance chez mes grands-parents maternels et donc eux ce sont cachés pendant la guerre c'est une famille qui a été relativement ou même très épargné par par l'holocause par la Shoah ils sont cachés en France et après ils sont partis dans un camp de réfugiés en Suisse mais ce qui m'a beaucoup marqué chez eux c'était d'abord c'était les silences mais comme beaucoup dans ces familles à ce moment là c'était une peur c'était des gens incroyablement anxieux en fait on cachait beaucoup de choses en disait pas grand chose il fallait gratter et l'autre chose qui m'a beaucoup frappé dans j'ai pris conscience avec le temps c'est combien mes grands-parents maternelles avec qui j'ai vraiment passé toute mon enfance une grande partie de ma jeunesse c'est combien en fait il refoulait leur culture allemande mon grand-père par exemple était gaulliste mais mon grand-père est né en 1905 dans le sud de l'Allemagne et sa langue maternelle c'était évidemment l'allemand puisque c'est deux parents étaient des germanophones de l'Empire austro-hongrois ma grand-mère est née dans une famille Franco franco-allemande mais elle est née en 1917 en Lorraine donc encore ce qui est appartenait encore au Reichs allemands mais il cachait ça il cachait ça ils étaient gaullistes mais par exemple alors quand je fais détourner en Allemagne ça énerve tout le monde je veux toujours manger allemand personne ne veut manger allemand et on me propose toujours de manger italien international chinois et moi je déteste j'adore la cuisine allemande j'adore la cuisine je suis le seul Français aimer la cuisine allemande et donc partout je vais la cuisine française c'est là-dessus que j'ai découvert exactement combien ils étaient ils étaient imprégnés par cette culture allemande et même d'autres choses donc je vais parler encore à la suite encore pire que la cuisine allemande mais par exemple j'étais à colonne à la quelques jours j'ai mangé un rose brastten j'ai fait tout le tour de Cologne pour retrouver exactement la recette de ma grand-mère mais c'était absolument extraordinaire donc en fait c'est notamment par la cuisine et je me suis rendu compte aussi j'étais très intrigué quand j'étais enfant il regardait les variétés allemandes les schlagers incroyable je vais mec deux grands-parents les deux gaullistes qui étaient là devant la télé allemande et notamment les variétés bavaroises et regardez ça tous les samedis soirs au lieu de regarder Champs-Élysées grande émission des années 80 en France et regardez ces choses là donc cette espèce de mélange et c'est secret ou ses silences m'ont beaucoup marqué et je pense que si je me suis beaucoup tourné mais pas seulement puisque aujourd'hui je vis en Méditerranée quand même mais si je bosse je me suis beaucoup tourné vers l'espace germanique donc pas seulement l'Allemagne vraiment ce grand espace qui va de l'Alsace à Lemberg en Ukraine à vif aujourd'hui et du de la Scandinavie au nord de l'Italie c'est parce que quelque part j'ai été imprégné sans qu'on sans qu'on veuille le faire d'une certaine manière personne ne m'a demandé ça mais j'ai deux soeurs qui ne connaissent absolument rien ce monde et qui ne veulent rien savoir de ce monde-là mais c'est parce que moi j'ai une enfance différente de dès lors en fait je voudrais bien raconter un peu de moi-même c'est pas mon rôle parler de moi-même en étant que quelqu'un qui qui est né à Tel Aviv moi j'ai des grands-parents qui viennent de Berlin et viennent et le contexte que nous a raconté il y a des grands-parents qui sont venus en Palestine qui ont réfugiés quand ils réfugiés de Berlin et la langue allemande ils ont gardé comme un bulle et ils l'ont transporté vers la Palestine vers l'Israël chaque vendredi ils ont pris un café café et gâteaux on a entendu des leaders de Schubert le rosent et ils ont brûlé pour ça la seule chose qui pouvait les toucher c'était la littérature germanophone la musique classique venant de l'Allemagne de la région germanophone et pour eux c'était quand même bulle de savon qu'ils ont gardé jusqu'à la fin de leur vie ils avaient les difficultés de parler de l'hébreu livré et même s'ils ont fait avec un fort accent allemand moi je suis arrivé à Tel-Aviv et je me voyais transférer au la ville de Berlin des années 20 qui se trouvait dans un bulle chimique grand-parents un palais en Palestine Israël plus tard ils ont gardé ça jusqu'à leur mort dans les années 90 ils ont tout conservé comme dans un bulle cher Florian maintenant je parle en étant que modératrice la deuxième guerre mondiale et la Première Guerre mondiale comme tu viens de le dire et nous savons parce que tu écris là-dessus c'est très important ce sont des vies très importantes dans ta vie est-ce que c'est une possibilité que ce que tu veux dire est-ce que c'est une possibilité de se rappeler de discuter là-dessus d'apprécier qu'aujourd'hui dans ce pays nous vivons toujours dans un autre monde qu'est-ce que tu penses est-ce que tout cela cette histoire spécifiquement allemand est-ce que cela a marqué ton regard sur les choses que tu fais c'est toujours comme ça ou est-ce que cette conscience cette ouverte un jour j'ai beaucoup lu j'ai beaucoup regardé un jour se réveiller cette conscience j'ai réalisé un jour que tout le monde pense que c'est normal que l'Europe entre 10 000 1910 et très était une Europe spirituelle l'Europe de Stephen SVA et que le monde de hier comme il a écrit c'était un monde spirituel et culturel unique je pense un espace cosmoPod cosmopolite européenne culturelle qu'on a perdu et cette perte on n'apprécie pas cette perte on pense quelqu'un que quelqu'un comme Rania Maria il vit à Berlin il vit à Paris il vit à 13 à Vienne c'était normal real que travaille avec rondin et c'est une normale tout à fait normale et la seule chose qu'il est connecté c'était la culture la chose la plus jolie la plus belle mais la plus difficile et les frontières nationales ne portaient plus parce que la culture c'était la chose qu'il est connecté c'était le temps d'or pour notre culture en Europe je pense personnellement et la vie moderne était possible mal élevage du genre qui fait son premier redimètre peint tout en noir et tout cela est possible en même temps bien qu'il y a l'empereur en Autriche depuis 48 ans je pense c'est un moment unique où on a quelque chose qui se passe en même temps et qui ne se passe en même temps il y a beaucoup de textes de ce temps là on dit génial il n'y aura jamais plus de guerre la culture il y a autant de connexion et interconnectivités le monde économique global et si bien connecté et d'un jour à l'autre en 1940 en 1914 il y a la Première Guerre mondiale qui s'éclate et on peut pas on peut pas le croire que ça se répète 20 ans plus tard dans les années 20 ou dans les années 30 on était à nouveau dans cette situation on parle de l'Allemagne et de la France tout rolls qui Valter Benyamine Berlin Paris c'était un compte axe Berlin Paris et encore une fois c'était normal que l'on était ensemble tout le monde avait le désir d'être à Paris pour les Français c'est moi désirant d'être à Berlin mais quand même Paris c'est la ville que l'on désire d'être et les choses se passent et on dit bon voilà il y a les petits ruptures les fractures mon livre l'amour entend de haine et on attend dans leur livre dans leur journal Sartre et choqué il y a partout les des croisés et on dit ils vont en sans souci ils adorent un peu la bonne cuisine allemande à et puis ils sont de retour à Paris mais je vois pas les cette capacité qui ne voyait pas au moment où ils sont dans un autre pays on les transfère dans un autre pays il perdent leur sensibilité pour pour tout ce qui se passe dans la politique d'un autre pays et c'est un peu irritant de notre point de vue d'aujourd'hui c'est important d'en parler il faut toujours le voir il faut voir ce qui se passe il faut voir que tout est très fragile tout ce que nous avons c'est fragile encore une fois c'est un point très important pour moi l'Ukraine et moi je m'ajoute aussi avant février de cette année personne en Allemagne il ne savait exactement où se trouve la frontière de l'Ukraine on ne savait pas combien de gens vivent on Ukraine et l'Ukraine en étant que pays européen en Europe en Europe on aurait pas vraiment dit en Allemagne l'Ukraine c'est un pays européen et voir ce contexte européen l'Ukraine dans son identité européenne de croire que l'Ukraine est un pays européen c'est une force une force tragique au moment où [Musique] ce pays a ton problème est agressé est en danger mais l'histoire européenne pour nous c'est vraiment un sujet qui on s'occupe pas assez de la stabilité le pacte de stabilité qui est-ce qui fait quoi à Bruxelles qui est toujours la table de discussion qui parle des critères de stabilité en Europe les critères de stabilité dans notre culture il faudrait en parler il faut les regarder de plus près voir ce qui se passe au 20e siècle et on veut créer un avenir là-dessus Olivier ou Leila parlait justement de conflit d'entités entre ce qu'il faudrait être ici ou il faudrait ça ou plus ou moins quand on est justement le fruit de différents buzzles et Floriane et moi avons évoqué la question qu'on soit pas libre je pense que l'immense chance de cette aventure européenne au-delà même de l'Union européenne l'idée d'Europe en fait c'est que cette imaginons que l'Europe soit une grande armoire et en fait dans cette grande armoire on peut tout ranger on peut mettre un peu de tout on peut mettre un peu de Maroc un peu d'Alsace un peu de France un peu de Portugal un peu d'Allemagne un peu de un peu de tout ce qu'on veut et les choses ne se combattent pas dans cette grande armoire elle s'ordonne et un moment un tiroir est plus important que l'autre et à la rigueur peu importe et au fond de plus en plus nous sommes tous faits comme comme les grandes armoires avec tous ces différentes tiroirs et tous ces différents rayons et c'est la chance immense qu'on a c'est permet d'une certaine façon ça permet d'aller au-delà de ces clivages qui sont tout à fait artificiels et l'époque voudrait qu'on nous devrait choisir un tiroir Leila devrait être françaises devrait être marocaine moi je devrais être je ne sais pas quoi Florian peut-être un petit peu moins mais tous les gens qui sont justement issus de de mélange très différents aujourd'hui il faudrait simplement avoir une seule identité ce qui est vraiment à mon avis l'un des grands drames de notre époque alors qu'on est dans une époque totalement cosmopolite totalement mondialisée il faudrait faire le contraire de de là où nous portent l'histoire et l'Europe est cette chance immense en fait qui ne veulent pas de ce qu'on ne parle vous parler de ça comme une chose qui est normale je viens de lire Robert Ménas qui a parlé de cette dialectique qui nous parle de tout cela dans l'extension l'extension qui est précisement décrit il y a des pays comme l'Hongrie la Pologne l'Italie malheureusement et d'autres pays il y a les mouvements très massifs qui sont anti-européennes une politique contre l'Europe bien qu'il soit des pays de l'Union européenne il y a d'autres pays comme l'Albanie qui désire de devenir membre de l'Union européenne qui ferait tout tout et c'est leur grand désir leur seul désir ils attendent et ils adorent l'idée européenne Leila la question dans nos histoires dans ce qu'on discute tous les jours est-ce qu'il faut plus plutôt penser à l'idée fondateur de l'Europe une idée très paisible et les catastrophes du 20e siècle qui était la conséquence une conséquence positive on fera le 10 on le fera différemment est-ce qu'il faut raconter cet esprit fondateur de l'Europe cet esprit paisible et peut-être tu veux commenter sur Floriano Olivier merci je dirais pas paisible c'est pas vraiment ça qui m'intéresse je crois pas tellement à ça une Europe paisible parce que le conflit fait partie de l'histoire et fait partie de notre histoire et mais les conflits peuvent se résoudre et c'est ce qui a prouver l'Union européenne c'est que le pire des conflits le plus atroce le plus horrible a pu donner lieu à une réconciliation et à une entente assez extraordinaire par exemple entre la France et l'Allemagne moi ce qui m'intéresse c'est plutôt si on revient par exemple au texte de quand qu'est-ce que les Lumières à cette Europe des lumières moi je crois que cette Europe là elle nous dit quelque chose d'aujourd'hui cette Europe ou un homme comme Montesquieu va penser l'Europe en se mettant dans la peau d'un Persan cette Europe ou Voltaire se met dans la peau d'un ingénu pour regarder l'Europe de loin je crois que ce qui définit pour moi une forme d'âme européenne c'est précisément une sorte de dissidence à soi à soi-même c'est-à-dire pouvoir se regarder aussi de l'extérieur c'est en réalité répugné à sa centralité je crois pas du tout à une Europe qui qui s'enlise dans la fierté d'elle-même dans des fiertés nationales je pense que ça c'est ce sera toujours ça mènera toujours à l'échec en revanche une une Europe qui produit de l'universel qui produit du cosmopolitisme qui est capable de s'interroger sur elle-même sur son passé sur ses erreurs sur justement ces conflits qui l'ont déchiré là pour moi elle se rapproche de ce qui fait ce qui fait d'elle ou ce qui peut faire d'elle une sorte de phare auquel tout le monde peut s'identifier j'ajouterai que en fait la rencontre qu'on a aujourd'hui elle-même elle a une histoire parce que un jour Olivier m'a envoyé le livre de Florian en me disant Leila je viens de lire ce livre qui est absolument génial et je pense que tu vas l'adorer j'ai lu ce livre que j'ai adoré et Voilà il se trouve qu'on se trouve aujourd'hui sur cette sur cette même scène et ce livre je l'ai adoré pourquoi parce que il raconte l'histoire c'était quel livre avec des scènes des idées qu'est-ce qui se passait à l'époque dans cette année en Europe et on pourrait penser en voilà on apparence que quelqu'un comme moi avec le voilà le pays d'où je viens la culture que j'ai dans un peu rien à faire de l'Europe de 1913 mais pas du tout en fait cette époque-là de l'Europe mais je m'y identifie totalement cette époque de justement la mitole Europa de Stéphane speck cette vision du monde cosmopolite cette idée qu'on peut construire le monde dans des cafés qu'on se rencontre qu'on débat ensemble qu'on s'en fiche de savoir exactement d'où tu viens à qui tu es mais qu'est-ce que tu veux faire à quoi tu penses qu'est-ce que tu crées comment tu rêves et c'est une toute petite parenthèse dont on peut aujourd'hui être un peu nostalgique mais moi c'est cette Europe là et cette Europe des lumières qui me qui me touche beaucoup et c'est pour ça que je suis tout à fait d'accord avec le fait que on doit recommencer à prendre l'histoire le malheur de notre monde c'est que il y a beaucoup de passé dans notre monde mais très peu de mémoire des gens comme Poutine des gens comme Orban des gens comme bolsonaro des gens même comme Trump ils nous parlent tout le temps du passé et nous dit tout le temps que c'est merveilleux le passé qu'il faut retourner dans le passé mais en fait ils n'ont pas de mémoire ils ont du passé mais pour nous faire oublier et c'est un passé finalement qui est devenu totalement fantasmé et puis pour moi qui est quelque chose qui ne peut pas me faire rêver je vous dis les choses très honnêtement pour moi la nostalgie c'est un luxe d'homme blanc à part les hommes blancs je ne vois pas qui peut être nostalgique du passé quand on est une femme quand on est une Africaine quand on est une arabe le passé est forcément moins bien que ce à quoi on pourrait accéder demain donc vraiment je crois que voilà il faut moins de passer et plus de mémoire parce que faut se méfier du passé le passé ça ment tout le temps ça ment beaucoup plus que le futur le futur on a une prise sur lui mais le passé nous ment beaucoup et les gens font mentir le passé donc il faut de méfier de ces falsificateurs de mémoire [Applaudissements] un passé sans mémoire un passé sans même moi c'est une phrase forte Floriane qu'est-ce que ça veut dire pour tes histoires les gens qui sont là aujourd'hui les gens qui se réunissent aujourd'hui ils adorent l'Europe de lumière l'Europe cosmopolite mais il y en a qui ne veulent pas qui ont peur de l'Europe de lumière cosmopolite il est difficile de comprendre ce qui se passe dans les têtes des gens qui n'aiment pas ce type de robe que nous aimons tous ici dans la salle [Musique] un jour un conflit un conflit une nouvelle guerre lesquels sont les narrations qui peuvent enthousiasmer les gens qui n'adorent pas l'Europe comme le faisons-nous d'abord premièrement c'est un condorer un grand plaisir que les la et Olivier a donc mon livre 1913 merci beaucoup deuxièmement cette idée de la mémoire l'idée de la mémoire nous tous qui nous sommes ici dans l'école on a toujours appris les faits de l'histoire du 20e siècle en blond et noir on a vu les photographies en blanc et noir on nous a pris des choses mais un jour on se rend compte est-ce que ça fait partie de notre pensée on n'a pas d'émotion physique sur ce qui se passait dans dans le 20e siècle on n'a pas de d'émotion physique là-dessus et je pense être un tâche importante Olivier par les du silence dont sa famille en Allemagne et nous sommes nous sommes les experts pour le silence qu'est-ce qui se passait après l'année 45 le silence on ne voulait plus en parler se taire sur les choses qui se sont passées auparavant parce que sinon ce serait trop compliqué le pont challenge le condéfit pour nous et pour la mémoire c'est apprendre à nous souvenir de quelque chose un enfant apprend à nager à écrire et lire mais chaque génération toi aussi apprendre à se souvenir et la chose est compliquée ça devient maintenant très complexe si l'on se souvient de l'histoire de l'Allemagne et de l'Ukraine on pense mais qui dans l'année 17 ou 43 qui est-ce qui a bombardé Kiev qui est-ce qui a occupé qui accepté les Allemands à l'époque c'est pas bien ça fait pas plaisir de s'en rappeler c'est pas très clair pas très précis mais ça fait partie de la mémoire parce que là on est jeté un peu dans ce passé qui très complexe on a besoin de beaucoup de courage de dire oui on en parle on parle des années 30 en Allemagne c'est pas seulement quelque chose dans le livre d'histoire les stations horribles de l'air du régime de terreur des nazis non il y a des gens qui vivaient nos grands-parents nos parents ils ont vécu dans ce temps-là ils ont essayé tous de survivre d'une manière ou d'une autre et ça ça fait partie de la mémoire pour moi il faut se sortir de cette idée magnifique de blanc et noir écrit il y a c'est un gris il y a toujours le moment où il ne sait pas ce qui se passe si je parle de l'histoire de la mémoire c'est jamais certain et ça ce que fait urban ce que fait Poutine il veulent blanc et noir ils ne veulent pas quelque chose de différencié ils disent c'est pourquoi ils disent les Ukrainiens se sont des naz ils ne veulent pas d'images différenciées nous les gens de culture ça c'est le grand cadeau de la peinture de la littérature de la culture de l'art c'est pas blanc et noir c'est un continent c'est un univers entre blond et noir il y a beaucoup beaucoup de choses entre le blanc et le noir il faut le montrer dans la littérature on a Hongrie par exemple ce régime en Hongrie et en même temps européens qui viennent de l'idée hongrois qui parle de l'identité tradition européenne et on dit que c'est bien d'avoir les deux aspects c'est pas seulement politique en Europe mais il y a aussi des artistes comme ça une identité culturelle dans chaque pays maintenant la mémoire la culture de mémoire allemande après guerre la pensée en blanc et noir cette idée se souvenir cette mémoire officielle mais j'ai l'impression on a plus cette mémoire et ça ça crée des choses bizarres il y a des gens qui essayent par exemple de se souvenir bien sûr mais ce qui manque c'est un type de mémoire Olivier je t'aimerai bien te demander tu es quelqu'un qui a ce luxe il y en a parmi nous il y a cette distance c'est un luxe d'avoir une distance avec son propre identité qu'est-ce que tu en penses en l'évier si tu es en Allemagne si tu regardes ce qui se passe en Allemagne en ce moment cette mémoire cette culture de mémoire allemande qu'est-ce qu'on a raté de regarder toutes les évolutions entre les silences jusqu'aux années 70 et puis après la repentance la vie d'un goutte Macron qui avait commencé plus tôt mais qui a vraiment pris de l'ampleur à partir des années 70 des années 80 elle est fascinante enfin cette culture de la mémoire a permis à l'Allemagne de devenir une démocratie et on voit bien que sans culture de la mémoire sans recherche et bien l'expérience démocratique est impossible la Russie après la chute de l'URSS n'a jamais fait de travail de mémoire ce qui permet à Poutine aujourd'hui de raconter absolument tout et n'importe quoi de déformer l'histoire comme tous les dictateurs mais simplement il y a eu des associations comme mémorial mais c'était extrêmement marginal et très rapidement leur ami des bâtons dans les roues ce qui fait que les Russes n'ont jamais pu véritablement travailler le passé soviétique ce qui s'était passé les massacres etc la Chine c'est exactement la même chose lorsque vous tapez lorsque vous êtes à Pékin ou en Chine ou tapeziane elle-même 89 ça n'existe pas sur Internet on ne peut pas parler de la Révolution culturelle elle aussi a disparu donc l'Allemagne a fait ce travail extrêmement intéressant extrêmement courageux en tout cas au niveau étatique je sais que dans les familles ça n'a pas toujours été simple il était plus aisé de parler de l'État et de responsabilité assez abstraite et évidemment beaucoup moins de la responsabilité du père et du grand-père ça c'est une chose ça c'est jusqu'aux années je dirais jusqu'aux années 2000 2010 aujourd'hui et pour beaucoup tourner en Allemagne puisque je ces derniers mois j'ai présenté cette cette ontologie littérature européenne qui s'appelle le grand tour justement sur l'absence de culture européenne ce dont on parlait c'est-à-dire que cette culture existe cette culture cosmopolite existe mais il n'y a aucun lieu il n'y a pas moyen quelque part de la diffuser c'est un autre problème mais aujourd'hui je vois aussi cette cette culture de la mémoire allemande comme un obstacle d'une certaine manière parce qu'aujourd'hui c'est vrai que lorsqu'on évoque les liens de l'Allemagne avec l'Ukraine les liens d'Allemagne avec la Russie si on regarde le 20e siècle c'est catastrophique c'est affreux donc on peut avoir tendance naturellement à se dire non moi je ne me mêle pas de ça on a fait trop de mal on a fait de trop grosses catastrophes mais aujourd'hui on attend peut-être que c'est un Français qui parle à ce niveau là mais on attend aussi que cette mémoire de de cette culture de la même moi permettent une montée en puissance de l'Europe c'est à dire qu'on l'attend c'est-à-dire que la guerre et les souvenirs de la guerre et cette culture de la mémoire ne doivent pas empêcher à mon avis l'Allemagne de se projeter dans le 21e siècle c'est-à-dire il s'agirait pas pour l'Allemagne de refaire quelque part la même erreur qu'au 20e siècle c'est-à-dire que le 20e siècle tendait les bras l'Allemagne au début elle avait tout l'industrie la puissance économique une culture incroyable elle est où l'espace la première partie du 20e siècle a été catastrophique et l'Allemagne a détruit l'Europe à ce niveau là aujourd'hui l'Allemagne à cause des souvenirs de cette période terrible ne peut pas non plus remettre en danger quelque part l'Europe on attend quelque chose de l'Allemagne vis-à-vis et aussi se basant sur cette mémoire de la culture vis-à-vis des dangers qui guettent l'Europe donc c'est très compliqué à manipuler cette culture de la mémoire elle a été remarquable mais aujourd'hui à mon avis elle n'est pas facilement manœuvre en effet c'est une culture de mémoire massive qui fait face à une transformation énorme vers la fin une société post-coloniale il faut parler bien sûr de l'héritage colonial en ce moment du passé colonial ça se passe très tard mais pas pour pas en France on en parle mais aussi en Allemagne vous ou est-ce que nous sommes en ce moment qu'est-ce que tu penses à quel point est-ce qu'on est constructif dans ce débat dans cette discussion lesquelles sont les développements qu'est-ce qui te fait souci ou est-ce que tu vois un potentiel Leila moi ce qui m'intéresse en réalité c'est moi la conversation que les anciens pays coloniaux ont avec eux-mêmes c'est-à-dire comment la France gère son passé colonial ou l'Allemagne ou l'Angleterre que comment les anciens pays colonisés gèrent ce passé parce que souvent on pense que la colonisation est un tabou dans les pays colonisés mais on oublie qu'elle est aussi beaucoup un tabou chez nous au Maroc on ne parle pas de la colonisation en Algérie les gens n'ont pas envie d'en parler à part pour raconter des choses qui sont des sortes de mythes qui ont été ensuite reconstruits par le pouvoir simplement pour mettre en valeur les héros de la guerre contre de la guerre d'indépendance c'est un sujet extrêmement tabou et il faut aussi prendre conscience du fait que après les colonisations dans la plupart des pays la colonisation n'a pas le donner lieu à des démocraties mais la plupart des pays notamment en Afrique sont devenus des dictatures qui ont gardé des relations assez fortes en général avec l'ancienne puissance coloniale ce que je montre par exemple dans mon dans mon livre dans regarder nos danser c'est que à l'époque à la fin des années 60 au Maroc tout le monde parle de ce qu'on va appeler le néocolonialisme c'est-à-dire que la bourgeoisie marocaine elle-même va reprendre exactement les mêmes codes que les codes des colons français ils sont à la tête de très grandes exploitations il parle français ils font faire leurs études à leurs enfants à l'étranger ils exploitent en grande partie le peuple ils vont reprendre exactement les mêmes codes et installer une forme de néolibéralisme dans leur pays en lien avec les anciennes puissances ensuite il y a par exemple pour le cas du Maroc le règne du roi Hassan II qui est un règne extrêmement répressif dictatoriale mais tout ça est lié ce règne n'aurait pas eu lieu s'il y avait pas eu juste avant la colonisation donc moi ce que j'attends c'est pas j'attends pas des excuses de la France ou je pense pas que aucun peuple issu de pays colonisés attendent ça à la repentance mais que ça ouvre en réalité aussi au cœur de toute la voilà de tout travail artistique évidemment la colonisation si c'est juste pour dire pour écrire des romans pour dire les colons étaient méchants et les coloniser étaient gentils ça n'a aucun intérêt aujourd'hui parler de la colonisation faut en parler de manière ambiguë parce que c'était une époque ambiguë où il y a des gens des deux côtés qui ont tiré parti et il y a des gens qui ont souffert des deux côtés c'est je sais que il y a beaucoup de gens qui n'ont pas envie de l'entendre mais à mon sens c'est la vérité donc sur la colonisation aussi faut commencer à avoir un discours un peu plus adulte et un peu moins manichéen je vous remercie tous je vous remercie tous pour réfléchir sur l'identité la mémoire et les choses qu'on est oubliées c'est un plaidoyer pour beaucoup de gris avec des gens de la Slimani merci beaucoup merci à vous pour venir pour rester avec nous pour être intéressé c'est une journée pleine de gens ici au salon de livre mais nous savons au revoir [Applaudissements] [Musique]