After Sport, épisode 1 avec Marie-Amélie Le Fur : "L’athlétisme a forgé mon caractère"

bonjour à toutes et à tous je suis Fabien brokaret rédactrice en chef du magazine rebondir bienvenue dans le premier épisode d'AF sport le podcast dédié à la reconversion des sportifs j'ai découvert une société qui parce que j'étais en situation de handicap allait dicter mes envies mes rêves mon champ des poss possible et vous comprendrez avec mon caractère que j'ai pas eu envie de ça et le sport en fait m'a dit mais tu as raison tu as raison en fait d'être dans cette voielà tu as raison de continuer à avoir des rêves à avoir de l'ambition enfant marieamélie lefur était passionné d'athlétisme et voulait devenir sapeur pompier en 2004 à la suite d'un accident de scooter elle est amputée de la jambe gauche en dessous du genou 4 mois plus tard elle recommence déjà à courir à son palmarès plusieurs records du monde et pas moins de neuf médailles olympiques des Jeux de Pékin à ceux de Tokyo élu en décembre 2018 présidente du Comité paralympique et sportif français elle a également travaillé chez EDF écrit un livre qui s'appelle fait de ta vie un rêve et été consultante sur France Télévision pour le premier épisode d'after sport cette fervante ambassadrice des jeux de Paris nous raconte son parcours et notamment son après-carrière [Musique] sportive bonjour marieamélie bonjour Si vous deviez résumer votre carrière sportive en un mot ce serait lequel un seul partage ouais vraiment le partage parce que c'est ce que j'ai j'ai souhaité mettre au cœur de de ma carrière sportive déjà parce que le sport de haut niveau est un spectacle un spectacle qu'on partage avec ses coachs qui nous ont aidé à construire cette performance avec ses proches et ils ont été très présents dans mon parcours de vie et dans cette réussite de de haut niveau puis qu'on partage avec le grand public en fait on fait rêver on embarque les gens et on ouvre le champ des possibles et c'est pour ça que moi j'adore le sport de de haut niveau c'est un beau mot pour lancer cette interview merci vous avez dit dans une interview à la Nouvelle République que ce qui est beau dans un palmarès et ce qu'il raconte qu'est-ce que votre palmarès qui est assez impressionnant raconte et notamment de vous que tout n'est pas facile que tout est à faire de choix de rencontrre euh de décision collégial d'un entourage hors père qui va toujours être là pour nous accompagner pour nous guider parfois nous remettre sur le le droit chemin euh voilà et c'est vrai que la médaille à l'escaler et parfois quand on regarde le parcours et et tout ce qui a été accompli et ben une médaille de bronze elle peut avoir autant de ur qu'une médaille d'argent qu'une médaille d'or parce qu'elle peut avoir été gagnée avec énormément de difficultés parce que le jour J cette médaille de bronze elle peut révéler l'entièreté de votre potentiel aussi et et moi j'ai des médailles d'argent comme ça dans ma carrière où le jour J j'étais pas capable d'aller plus loin j'ai j'étais au SOMUM de ma forme physique de du geste technique que j'étais capable de produire donc dans ces moments-là il y a aucune amertume aucun regret de la médaille simplement du bonheur et l'envie de le savourer avec les gens qui nous aident à devenir qui nous sommes parce que ça on l'oublie souvent mais le sportif de haut niveau il est jamais seul c'est moi je faisais un sport individuel certes sur la piste le jour J mais par contre c'est vraiment toute une équipe qui nous aide à construire cette réussite les coachs la famille les partenaires chez nous les ingénieurs la prothésiste voilà et c'est aussi cette capacité finalement à embarquer tout le monde dans cet objectif et des dans ces moments de vie extraordinaires vous parliez des médailles si vous aviez un souvenir en tête une fierté particulière dans votre palmarès ce serait lequel alors dans mon maris je pense que je choisirai Londres parce que déjàune les Jeux de Londres ont été marquants pour le Mouvement paralympique ça a été un moment de de liè populaire absolument extraordinaire et j'espère sincèrement qu'on offrira une fête aussi belle aux sportifs qui viendront du monde entier cet été parce que le plus beau cadeau que nous ont fait les Anglais c'est d'avoir des stades pleins avec des gens qui étaient heureux d'être là qui avaient envie de voir de la performance et qui nous ont véritablement soutenu quand bien même on venait pas forcément d'Angleterre voilà moi je me suis sorti soutenu et por par ce public et j'étais fier de célébrer mes titres paralympiques à leur côté donc il y a déjà voilà cet engouement extraordinaire qui avait sucré les les Anglais et puis après parce que un premier titre paralympique ça marque une carrière c'est on a eu du mal à le gagner il a été gagné sur le fil du rasoir avec beaucoup d'incertitude donc ça rajoute aussi un peu de de la magie à la à la à la façon dont il a été gagné et puis tout de suite l'explosion de joie que je suis capable de partager avec le clan français et c'était la deuxème médaille d'or de la soirée donc là ça met vraiment toute l'équipe de France dans une liesse extraordinaire ça donne un élan pour toutes les les autres athlètes qui vont nous suivre qui est très positive donc moi je me souviens aussi de cette soirée pour pour ça et puis derrière le fait de pouvoir le célébrer avec Cyril mon coach avec mon mari bien évidemment avec mes parents avec ma sœur voilà et toutes les personnes qui étaient présentes parce que et je le disais tout à l'heure le sport c'est avant tout un outil de partage et de rencontre et moi quand je vois des photos ils ont des étoiles dans les yeux je me dis eh là j'ai fait mon job qu'est-ce que la pratique de l'athlétisme vous a apporté alors que ce soit avant ou après votre accident alors c'est bien effectivement de scinder les deux parce que il y a pas eu les mêmes apprentissages quand j'étais valide que que lorsque je suis devenue en situation de de handicap quand j'étais valide je pense que après déjà expliquer peut-être que moi j'ai toujours aimé la compétition c'était mon choix je dis pas que c'est le choix qu'il faut faire en tout cas moi je suis animée par les défis par le dépasse par la compétition vis-à-vis de moi-même et c'est comme ça que je je fonctionne et et le sport en fait a eu cette vertu de travailler chez moi des valeurs comme le dépassement de soi comme la persévérance comme l'apprentissage de l'échec parce qu'on apprend pas que dans la dou douceur on apprend pas que dans la réussite même quand on a un palmarès comme le mien il y a aussi énormément d'échecs qui ont jonché mon parcours sportif donc je pense que ça a forgé voilà mon mon caractère mes valeurs tout ça dans une éducation très bienveillante voilà O mes parents ont su m'accompagner ils ont su m'aider en fait à accepter que l'échec fait partie de l'équation sportive et finalement l'échec fait partie de l'équation de la vie à un moment donné faut faut pas chercher à s'y opposer faut chercher à composer avec on va dans la mesure du possible essayer de l'éviter mais s'il arrive et bien on en tire les apprentissages pour après être meilleur et faire mieux la la fois prochaine et après le sport a pris une place totalement différente encore plus importante après l'accident en fait pour si je dois sytiser un seul concept c'est vraiment celui de d'arriver grâce au sport à m'affranchir des limites que me posait la société en fait du jour au lendemain moi j'ai découvert la situation de handicap j'ai découvert le monde du handicap et j'ai découvert une société qui parce que j'étais en situation de handicap aller dicter mes envies mes rêves mon champ des possible et vous comprendrez avec mon caractère que j'ai pas eu envie de ça et le sport en fait m'a dit mais tu as raison tu as raison en fait d'être dans cette voie-là tu as raison de continuer à avoir des rêves à avoir de l'ambition et de chercher à les réaliser donc voilà il m'a vraiment conforté dans la personne que j'étais dans mes traits de caractère il m'a fait comprendre que oui j'étais différente que oui mon corps il fonctionnait différemment mais que c'était pas pour autant que j'étais moins compétente ou moins capable que d'autres personnes comment est-ce qu'on se forge un mental de championne ça vient avec le temps et et surtout ce qui ce qui est important de dire c'est qu'un mental de championne c'est pas un mental sans faille en tout cas moi le mien il était loin d'être parfait ça veut pas dire que je n'avais que des forces j'avais aussi des faiblesses mais je pense qu'un mental de de champion de championne c'est quelqu'un qui a accepté justement de composer avec ses forces et ses faiblesses de tirer pleine partie de de tout ce que sont nos atouts nos nos forces de caractère mais aussi d'apprendre finalement à manager ses faitblesses peut-être à les outiller et moi j'ai vraiment cherché à les outiller par de l'apport externe par des gens qui m'ont déresponsabilisé de certaines choses que je ne savais pas faire qui m'ont accompagné dans les moments où il y a eu des doutes où il y a eu des inquiétudes parce que j'étais une sportive qui était comme ça qui était ultra perfectionniste et qui avait tendance à souvent à l'approche des grandes échance à tout remettre en cause en question et plutôt que de chercher à gommer ce trait de caractère qui qui fait partie de moi et bien avec mes coachs on a chercher à en tirer profit et faire en sorte que finalement cette réinterrogation permanente elle nous permett et d'entretenir la motivation dans la durée mais aussi qu'elle nous permett chaque année après chaque grande compétition de référence de franchir un nouveau cap voilà donc c'est vraiment composé avec ses forces ses faiblesses et savoir s'entourer des bonnes personnes pour grandir et il est jamais trop tard pour apprendre vous avez commencé à avoir des activités professionnelles notamment un poste chez EDF et des engagements dans les instances sportives françaises pendant votre carrière au plus haut niveau comment arriviez-vous à tout cumuler effectivement moi je suis un peu une athlète atypique et et les choix que j'ai fait parce que c'était véritablement des choix aller un peu à contrecourant de là où on attendrait une sportive de haut niveau donc moi j'ai eu la chance en tout cas ça a été une expérience de vie pour les jeux de l d'être détaché à 100 % donc j'étais déjà salarié du du de l'entreprise EDF mais mise à disposition à 100 % pour préparer mon mon année sportive et notamment les les Jeux de Londres sauf que ça correspondait pas à mon mode de fonctionnement moi depuis des années j'avais l'habitude de manager et mon sport et mes études et finalement j'avais une identité sociale autre que simplement l'athlète de haut niveau et ça me rassurait ça me réconfortait ça me donnait un exutoire mental et la année des jeux je l'ai perdu cet exutoire là et alors ça a pas été contre-productif pour ma performance puisque les jeux de Londes ont été très bien réussis mais j'ai senti que ça ça le collerait pas dans la durée que j'avais besoin de de mieux gérer la pression et donc c'est pour ça que en première étape j'ai fait le choix de travailler en parallèle du sport alors bien évidemment avec un métier adapté avec un emploi du temps à 50 % qui me permettait de de continuer mes entraînements sans du tout impacter sur la charge de travail on on jouait plus un petit peu sur les curseurs de récupération mais derrière en fait c'était plus de fatigue physique mais une telle sérénité mentale sur l'avenir une telle sérénité a existé pour autre chose que le sport que moi ça m'a conforté et ça m'a permis d'être droite dans dans mes baskets et puis après il y a eu 2018 cette proposition qui m'est arrivée de de la précédente présidente de prendre finalement sa succession en tout cas de proposer ma candidature à sa succession c'était pas pour moi une évidence à cette moment-là parce que à ce moment là je voulais devenir maman je voulais faire les les Jeux de Tokyo je me disais bon peut-être que je vais reprendre une année de détachement pour pouvoir manager et ma maternité et le sport de haut niveau et puis il y a eu cette opportunité extraordinaire finalement d'agir encore plus pour la structuration du du parasport du sport pour toutes les personnes en situation de de handicap et donc j'ai saisi cette opportunité très belle très complexe à organiser on va pas le cacher avec le sport de haut niveau parce que quand bien même chez EDF j'avais vraiment trouvé un équilibre où j'arrivais et à remplir mes objectifs professionnels et à ne surtout pas atteindre la qualité de mes entraînements quand je suis devenue présidente c'était beaucoup plus complexe parce que les moments venaient un petit peu s'enchevêtrer les uns sur les autres il y avait beaucoup plus de fatigue une mauvaise alimentation qui était lié en fait au déplacement et puis des entraînements qui étaient forcément très tôt le matin avant de commencer la journée mais je l'ai assumé c'est un choix que j'ai fait euh j'ai réussi à à trouver cet équilibre ça a pas donné le résultat escompté à la fin mais en tout cas ça a été une expérience de vie extraordinaire comment s'est passé pour vous la fin de carrière et la transition est-ce que ça a été justement une transition en douceur parce que vous aviez déjà d'autres activités alors encore une fois je chendrai en en deux choses il y a la fin de la carrière sportive et la question de de la transition la transition en fait elle était totalement acquise et assumée voilà moi je savais quand je suis partie au Jeux de Tokyo que ce serait ma dernière paralympiade et que derrière c'était l'occasion bah de continuer à œuvrer pour les autres continuer à vibrer par le prisme des autres et moi je encore une fois je suis totalement alignée avec mes valeurs quand je vous dis ça parce que alors oui je vais pas dire qu'il y a pas eu des petites pointes de de regret quand j'ai vu les médailles enfin les médailles de cet été elles sont juste magnifiques et on se dit ah peut-être que mais non en fait je suis je suis vraiment droit dans mes baskets dans le choix que que j'ai fait et et je l'assume parce que je sais très bien que cet été je vais vibrer je vais rêver et que ce collectif France il va me transporter et ce dans toutes les arènes sportives du concept des Jeux paralympiques parce que c'est ça la promesse des jeux paralympique c'est d'être au côté de champions qui vont vous transporter qui vont vous offrir le les plus belles émotions du du sport avec le supplément d'âme de la situation de handicap et en plus nous on a la chance de connaître beaucoup de sportifs personnellement donc on connaît leur parcours de vie on connaît ce qu'ils ont traversé dans leur chemin d'entraînement les sacrifices qu'ils ont fait donc voilà donc moi je suis totalement aligné avec ça et et et je ne regrette pas après la fin de carrière elle a été dure parce que les Jeux de Tokyo ont été dur parce que quand vous concevez pendant des années une N nvelle bulle de préparation mentale qui passe par la présence de l'autre qui passe par la présence du public qui passe par la présence de votre coach qui passe par la présence de vos proches et que le jour J et ben il y a personne covid oblige Rapp covid oblige et ben en fait c'est difficile et et c'est vrai que ma principale adversaire elle elle s'est pas laissé atteindre par tout ça elle est arrivée elle était sereine mentalement et elle a pris l'ascendant psychologique dès le premier saut alors que c'était moi l'ancienne c'était moi qui était censé qui avait l'expérience sauf que le jour J elle a mon montrer un niveau de maturité que moi je n'ai pas été capable d'atteindre si ce n'est sur le dernier saut où là je sauve mon honneur je sauve mon concours et je réalise une très belle performance donc il y a pas d'amertume il y a une petite pointe de déception parce que je pense qu'on était à armégal ce jour-là mais elle a clairement pris l'ascendant psychologique dès le premier saut vous le disiez vous êtes présidente du Comité paralympique et sportif français qu'est-ce qui vous épanouit le plus aujourd'hui dans votre job alors là je viens de vous parler des Jeux paralympiques des émotions de la haute performance et oui ça va me transporter cette du 28 8 août au 8 septembre par contre ce qui m'anime le plus c'est le regard des enfants c'est le sourire des enfants quand on les voit pratiquer du sport et qu'on les voit finalement s'affranchir de leur situation de handicap qu'on les voit vivre simplement ce moment de bonheur et en plus quand ils peuvent le vivre au contact des autres d'autres enfants qui ne sont pas porteurs de handicap quand ils peuvent le vivre au côté d'un éducateur qui est passionné de de ce qui leur transmet et ben finalement on se souvient pour qui on se bat chaque jour et le le le le choix du de la sémantique se battre est une réalité parce qu'on a encore du mal à engager tout le monde dans dans finalement cette feuille de route et pourtant si vraiment tout le monde prenait conscience du rôle qu'il a à jouer pour défendre cette place des personnes en situation de handicap dans le sport mais plus largement dans la société on avancerait mieux on avancerait de façon plus cohérente et surtout on avancerait beaucoup plus vite vous avez dû vous réinventer à plusieurs moment de votre vie et que ce soit après votre accident ou à la fin de votre carrière on en parlait qu'est-ce qui a été déterminant selon vous pour pour réussir ces transitions ces changements dans vos vies de pas en avoir peur ne pas avoir peur du changement faire preuve d'agilité alors ça veut pas dire que l'inconnu ne m'inquiète pas ça veut pas dire que avant de faire un choix je me pose pas 3 milliards de questions mais c'est ça de de se poser ses questions là de les partager de prendre aussi des avis extérieurs puis un jour de se lancer mais on sait pas vers où on sait pas exactement vers quoi on sait pas ce qu'on va trouver et c'est cette richesse là que moi j'adore c'est qu'en fait oui j'ai eu des bifurcations de vie que je n'aurais jamais attendu mais elles ne m'ont pas toutes mené à des réussites en terme de résultats par contre elles m'ont toujours mené à des rencontres et à des apprentissages parfois un peu dans la douleur hein on va pas le se le cacher mais en tout cas j'ai grandi toutes ces expériences là et je pense que je fonctionne comme ça voilà tout au long de la carrière sportive on a aussi fait preuve d'agilité on a aussi on s'est imposé finalement les changements qui étaient nécessairire pour rester au plus haut niveau international et je pense que voilà on a fait les bons choix et M mtenant le tout c'est de se l'appliquer dans la vie professionnelle mais aussi dans la vie personnelle pour terminer quel serait votre conseil pour les personnes qui ont elles aussi envie de changer de vie de pas avoir peur de l'inconnu enfin franchement c'est encore une fois c'est faut pas se focaliser sur le résultat sur ce qu'on souhaite atteindre et de se poser la bonne question c'est pourquoi j'ai envie de faire ça voilà la première question c'est pas comment je mène un nouveau projet pas comment je mène une nouvelle carrière c'est pas comment je réussis c'est pourquoi pourquoi j'ai envie de mener ce projet pourquoi c'est important pour moi au plus plus profond de moi-même de de réussir et dès l'instant que vous êtes guidé par le pourquoi bah déjà vous vous trouverez plus facilement votre comment et surtout vous serez capable d'embarquer beaucoup plus autour de vous parce que porter le sens c'est aussi ce qui va amener d'autres personnes à vous accompagner dans ce nouveau défi merci beaucoup Marie Amélie merci merci à tous à très bientôt bel été [Musique]