Rio est connu pour
son brillant parcours, de footballeur professionnel. Une carrière hors norme, tout comme sa vie
jalonnée d'épreuves. La vie de Rio a basculé
lorsqu'il est devenu orphelin, à l'âge de 13 ans. Mais à sa naissance déjà,
le contexte est chaotique. Ses parents fuient alors
leur pays, l'Angola, en proie à une guerre civile, pour offrir à leurs enfants
une autre vie. Une histoire que le
footballeur a voulu raconter, dans un livre autobiographique
intitulé : "Capitaine de ma vie". C'est sur le bateau de fortune, fuyant le danger
et la violence de son pays, Et les conduisant
vers la France, que Rio est né avec
un statut d'apatride. Ni angolais, ni français. "Et peut-être
le 3ᵉ but zaïrois... Oui ! 3ᵉ but zaïrois !" En grandissant, Rio s'est
passionné pour le football, un sport très ancré
dans la famille, car son père est un ancien
grand joueur zaïrois, qui a remporté la Coupe
d'Afrique des nations. "... Mavuba... Tir de Mavuba
et peut-être..." But du Zaïre ! - Moi, je ne l'ai pas vu jouer. Je ne vais pas dire
la légende dit mais... Tout le monde me parle de lui
comme un magicien. On l'appelait le sorcier, parce qu'il mettait des corners
directs à la dernière minute, ou dès qu'il y avait un penalty
c'était pour lui. Et quand je croise des
gens qui l'ont connu, ils me parlent toujours : Tu ne peux pas savoir comment
j'ai envie de remercier ton père, pour tout ce qu'il a fait
pour nous, pour notre famille. C'est juste exceptionnel. J'étais peut-être un petit filou,
mais il était très dur avec moi. Mais très aimant, tu vois ? Vraiment, on sentait que... Il était amoureux
de tous ces enfants, ils nous voulaient
que du bien. Il a toujours œuvré pour qu'on manque
de moins de choses possibles. Rio a grandi à Mérignac, dans ce qui était à l'époque
un quartier populaire. Au premier étage de
l'immeuble. La famille Mavuba vivait
à 14 dans un petit appartement. À l'époque, personne n'imaginait
que le jeune exilé, deviendrait un jour
une star du ballon rond. - Financièrement, ma mère
faisait un peu des ménages, et on avait beaucoup d'aides.
Les allocations... C'est pour ça qu'il faut,
comme j'ai toujours dit, tout au long de ma vie,
remercier aussi la France, pour l'accueil
qui nous a été offert, et cette 2ᵉ chance. À deux ans, il perd
sa mère tragiquement, et quelques années plus tard, son père est condamné
par la maladie de Charcot. Rio n'a que 13 ans
lorsqu'il devient orphelin, de mère et de père. C'est par sa belle-mère,
Suzanne, que Rio est élevé
à ses 13 ans. Forgé par les coups durs,
il s'entraîne d'arrache-pied, jusqu'à ce que le centre de
formation des Girondins de Bordeaux, lui propose d'accéder
aux sélections régionales, et par la suite à l'équipe
de France Espoirs. Mais une nouvelle fois,
la vie bascule. Né sur une pirogue en
plein milieu de l'océan, Rio n'a jamais eu de
papiers d'identité, et ne peut donc pas évoluer
comme footballeur professionnel. - 35 ans après, tu me copies
toujours. Tu n'en as pas marre ? À l'époque,
son ami d'enfance, Dary, a toujours été là
pour le soutenir. - Ça m'est arrivé justement
après les sélections régionales. J'ai intégré les sélections, jusqu'à 14 ou 15 ans. 15 ans où tu commences
à avoir sélections jeunes, pour aller derrière
en équipe de France. Les 1ᵉʳˢ, ça a été,
les 2ᵉ, on m'a dit : " Non, tu n'as pas de carte
d'identité, tu n'es pas français." Et c'est là où tout
te revient à la gueule. Parce que j'avais grandi un peu
comme tout le monde, comme tous les enfants, j'allais
à l'école, je faisais mon sport. Et là, tu découvres
un peu tout ça. Et c'était un moment
qui m'a marqué aussi, moi, dans ma vie, mon
centre de formation. Je me rends compte que je n'ai pas
la vie des autres gamins, avec qui j'ai grandi,
avec qui j'ai joué. Donc les footballeurs qui
allaient en sélection avec moi, mes copains des Girondins, je me dis que je suis différent. - Vous vous dites : "Mais finalement,
j'ai grandi dans ce pays, et je ne suis pas Français,
c'est ça ? - Oui, c'est ça, clairement. Je me sens
un petit peu exclu. - Vous avez eu peur ? - Oui, peur parce que tu
sais pas ce qui va se passer. Est-ce que je vais
continuer aux Girondins ? Ils ont dit : Ça ne sert à rien
qu'on le garde, puisqu'il ne va pas pouvoir
aller au tournoi. Du coup, j'ai fait les premières
sélections et puis stop. - Ça, ça a 15 ans,
ça a dû être compliqué. - Oui, parce qu'on me prive
d'aller en sélection, d'aller avec mes copains... - Et vous vous sentez français,
je suppose ? - Voilà, donc c'est là où le
sentiment d'injustice se crée, d'incompréhension aussi. Mais j'avais mon quotidien
aux Girondins, qui m'aide à passer
à autre chose. Mais pas facile
à 14 - 15 ans, quand tu vois un peu tous
les meilleurs joueurs partir, et que toi,
tu ne peux pas y aller. Ce n'est pas facile. Entravé dans sa carrière
à cause de son statut d'exilé, Rio va devoir
se battre à 15 ans, pour obtenir
la nationalité française. Une nouvelle épreuve qu'il
va réussir à surmonter, grâce au soutien de son
centre de formation. Car dans la difficulté, je constate que c'est souvent
la main tendue au bon moment, qui permet aussi
de remonter la pente.