Débat Harris-Trump : les moments forts - C à vous - 11/09/2024

qu'elle est en train de passer. Si les journalistes ont besoin d'informations précises pour rectifier des choses fausses dites sur le profil des accusés, ça peut servir, mais pas sous forme de listes. - A.-E.Lemoine: Merci beaucoup. Hier, à la télévision américaine, c'était coups de provoc et joutes verbales. K.Harris a affronté D.Trump sur ABC devant 50 millions de téléspectateurs américains. Une confrontation et des présentations. C'était la 1re fois que les prétendants à la Maison-Blanche se rencontraient. La candidate démocrate à l'offensive a fait les choses en bonne forme. Elle a déstabilisé d'emblée son adversaire. ... - A.-E.Lemoine: M.Bell, correspondante de CNN à Paris. Bonsoir. A vos côtés, C.Sellin, professeur agrégé d'histoire. Merci de votre présence. Avant de rentrer dans le fond des échanges, cette entrée en matière de K.Harris a donné le ton du débat. Elle s'est physiquement imposée, en allant... - M.Bell: Dès le départ, en lui serrant la main, et en le déstabilisant. Elle était très bien préparée. Les stratèges du camp démocrate l'avaient préparée. Sur le fond, elle a réussi à parler d'elle, de ses plans politiques. Elle a eu une stratégie gagnante, d'aller énerver D.Trump sur ce qu'on sait être des trucs qui l'énervent. Au moment de répondre sur la question migratoire, il a voulu revenir sur la question des tailles des foules qui assistent à ses rallyes. Elle a réussi à l'énerver... - A.-E.Lemoine: Jusqu'à la boulette. - M.Bell: De façon assez convaincante. - A.-E.Lemoine: Elle a occupé l'espace physiquement, même quand les micros étaient coupés. Elle réagissait, elle riait. - C.Sellin: Deux choses étaient frappantes. Elle a su faire ce qu'H.Clinton avait peiné à faire en 2016, donner l'image vis-à-vis d'un électorat masculin, majoritairement républicain, qui a toujours des réflexes sexistes. Elle a donné une image de force, de puissance. Elle est capable d'occuper son territoire et de tenir la dragée haute à D.Trump. Elle a renversé la moquerie, qui était l'arme préférée de Trump, d'ordinaire. Elle l'a utilisée en faisant sans arrêt des figures amusées. On l'a senti, D.Trump, complètement pris à son propre jeu et désarmé face à cela. - A.-E.Lemoine: Elle rit quand D.Trump la qualifie d'incompétente, de marxiste... D.Trump devient une caricature de lui-même, sur la question de l'immigration. ... - A.-E.Lemoine: Il reprend tranquillement une fake news diffusée par son colistier. Tout le monde sait que c'est faux, lui-même aussi. Il y va quand même. - C.Sellin: Durant tout le mois d'août, Springfield a été agitée par des campagnes anti-immigrants haïtiens. Ca a duré tout le mois d'août. Au cours de ce mois, ce sont des néonazis, en particulier, qui ont lancé cette rumeur d'immigrants sans papiers qui mangeraient des animaux de compagnie. J.D.Vance s'en est occupé pendant le week-end. Personne ne pensait qu'ils iraient jusque-là. A qui parle D.Trump? C'est là où il faut être très vigilant sur notre avis sur le débat. Parle-t-il à toute la population ou à son électorat qui, lui, a envie d'entendre ça? - A.-E.Lemoine: Ca continue ce matin. D.Trump martèle que le débat a été truqué, que K.Harris avait une oreillette... On continue dans le complot. - M.Bell: J.D.Vance revient. Cette information démentie, démantelée... On sait que c'est faux. C'était un post Facebook qui n'avait aucun sens. Il n'y a aucun fait avéré de migrants haïtiens qui mangent des chats ou des chiens domestiques. Quand la modératrice lui dit... J.D.Vance revient sur cette question ce matin parce que si D.Trump a un point sur lequel il a été consistant depuis 2015, c'est une déshumanisation des migrants. Les Mexicains étaient tous des violeurs... Sur ce point, il a une consistance remarquable. Ca, ça donne envie à son électorat de se déplacer. Ca continuera jusqu'à la fin. - A.-E.Lemoine: Trump remettait encore en cause sa défaite en 2020 face à J.Biden. ... - A.-E.Lemoine: Argument imparable de K.Harris. - C.Sellin: Argument imparable pour électeurs rationnels. Une fois de plus, quelque chose nous échappe parfois. Dans le camp de Trump, on est passés dans un registre qui est davantage celui de la croyance religieuse, encore plus depuis la tentative d'assassinat contre lui. Certains de ses partisans le voient comme un envoyé de Dieu, surtout dans les milieux nationalistes chrétiens. Cette ultradroite religieuse est très influente dans son camp. On est dans le registre de la croyance. Souvent, ces électeurs peuvent mal vivre les critiques faites à leurs croyances. On n'est plus du tout dans le registre rationnel, de la raison critique. Ils sont convaincus. Comme il leur dit et qu'il est leur "sauveur", ils continuent à le suivre. - A.-E.Lemoine: On a assisté à 2 monologues, chacun dans son couloir. - M.Bell: Les stratèges démocrates sont très conscients de ça. Un mémorandum a été publié ce matin en disant que... En raison du système de vote américain, les démocrates se trouvent dans une mauvaise position. Les démocrates en sont très conscients. Ils savent qu'ils sont en position de faiblesse. Structurellement, pour qu'un démocrate ait l'avantage, il lui faut 4 ou 5 points dans le vote populaire pour obtenir le vote électoral. Pour les républicains, c'est plus simple. Pour les démocrates, cette différence entre les 2 candidats, elle n'existe pas. C'est la 1re fois en 60 ans d'élections, à 2 mois de la date, il n'y a pas 4 ou 5 points qui démarquent un candidat de l'autre. Il n'y a jamais eu une course aussi proche. Les démocrates en sont très conscients. K.Harris a été relativement inaudible, comme vice-présidente. Elle est méconnue de beaucoup d'Américains. Autant ce débat les mettait l'un face à l'autre... Elle a gagné haut la main par tous les paramètres. Tous les sondages le montrent. Beaucoup d'Américains... On parle de 200 000 indécis dans ces Etats-clés, qui étaient en jeu. On ne peut pas savoir dans quel sens ils vont aller. Les partisans de D.Trump n'ont pas bougé. Ceux de K.Harris non plus. Elle a réénergisé sa base. - E.Tran Nguyen: Celle qui peut faire la différence, c'est peut-être T.Swift. Elle a choisi son camp. Elle soutient officiellement la démocrate. C'est ce qu'elle a écrit hier sur son compte Instagram. Ce message a rendu complètement fou D.Trump et plus largement le camp républicain. Ils en deviennent même violents. E.Musk parle de faire un enfant à T.Swift. Ils ont pété un câble. - C.Sellin: T.Swift s'est vraiment engagée sur le registre politique. Dans sa déclaration, elle reprend de volée un propos du colistier J.D.Vance, qui avait critiqué les femmes sans enfants, qui à force de mener leur carrière, finissent avec des chats pour les accompagner. C'est pour ça qu'elle a posé avec son chat. Elle a fait un message politique. E.Musk soutient à fond J.D.Vance. J.D.Vance doit sa place sur le ticket à E.Musk. Il reprend la théorie conservatrice. On a vraiment un débat sur les valeurs et sur le modèle de société, au-delà de l'anecdote. C'est intéressant de voir que T.Swift... C'est vraiment un message politique fort. - A.-E.Lemoine: Il a aussi été question de l'avortement, hier. K.Harris l'a défendu. - M.Bell: D.Trump, sur cette question, a été assez vague. On sait que J.D.Vance est pour interdire ce qu'on a dans une douzaine d'Etats. Il faudrait rendre l'avortement illégal à l'échelle nationale. Pour l'instant, D.Trump a des messages contradictoires. Il sait qu'il a besoin de récupérer le vote féminin sur cette question, tout en continuant à parler à son électorat, ravi de ce qui a été fait. K.Harris a été assez forte sur le fait de mettre face à ses contradictions D.Trump. Elle a rappelé ce qui est en jeu pour les Américaines. - P.Lescure: Les Américains, traditionnellement démocrates, sont clairs: elle a gagné. Ils sont rassurés après le naufrage de J.Biden. ... - P.Lescure: En même temps, il y a peu de trumpistes de base qui regardent les late shows. - C.Sellin: C'est un public extrêmement urbain, métropolitain, souvent très éduqué. La base fondamentale, le socle électoral de Trump, ce sont les Blancs ruraux qui se sentent blessés par ces shows qui moquent leurs croyances, leur socle de convictions. - A.-E.Lemoine: On parlait souvent de J.Biden, de son âge, du naufrage qu'a été le dernier débat. Là, ce n'est pas D.Trump qui a pris un coup de vieux face à K.Harris? - M.Bell: Ce qui est fascinant, c'est comment cette dynamique de course a été transformée. On était avec 2 vieillards, dans une course où de nombreux Américains ne se reconnaissaient pas. Elle est jeune, issue d'une minorité. C'est une femme. La dynamique a été totalement transformée. Ils sont conscients, dans le camp démocrate, que ce n'est pas parce qu'elle a gagné un débat qu'elle a gagné l'élection. - E.Tran Nguyen: Elle a gagné le débat? - M.Bell: Clairement. - A.-E.Lemoine: Sur le fond et sur la forme, ça ne fait pas débat. Est-ce que ça aura un impact sur l'élection? Caroline, vous avez envie de réagir. - C.Fourest: On trouve très exotique qu'un candidat puisse aller jusqu'à dire que les migrants mangent des chats.