Nicolas Bedos : un homme bourré d'inquiétudes

il a réussi à se faire un prénom d'abord avec des pièces au théâtre puis avec des chroniques à la télé désormais avec des films au cinéma ce soir le prochain OSS 117 une comédie à la parole libre l'humour corrosif et l'impertinence joyeuse une saga légendaire avec un acteur oscarisé son ami Jean Dujardin alors heureux ça a commencé par beaucoup de d'inquiétudes parce que totalement nié je savais tous les coups que j'allais que j'avais apprendre et que j'ai apprendre et après la le défi formel le défi des filles aussi amicales faut dire après le dessus sur sur les appréhensions Jean Dujardin c'est votre héros américain c'est à dire oui c'est mon genre c'est un peu mon carré grant la première fois que je l'ai vu débarquer il avait une sorte de de virilité j'ai découvert ensuite ça féminité c'est complexe sa timidité mais il avait quelque chose d'aussi rayonnant que que oui que la grande époque des carrés grandes et de il avait quelque chose de de pas français si j'ose dire en tout cas de pas français maintenant Jean Dujardin c'est aussi l'un de vos meilleurs amis c'est pas si simple de travailler avec quelqu'un dont on est très proche en fait sur le plateau ça peut créer parfois même des tensions parce que les deux sont dans l'appréhension de décevoir sont dans la trouille on fait presque plus attention à ce qu'on dit avec quelqu'un qu'on aime parce qu'on a très très peur de le perdre est-ce que vous êtes inquiet pour la sortie de ce film après une année blanche pour le cinéma français ok oui et en même temps extrêmement excité parce que et puis plutôt content parce que c'est un film qui représente et qui contient exactement tout ce dont on nous a privés pendant des mois et des mois et des mois à savoir l'exotisme le voyage le film pullule de dîner de boîte de nuit de danse de tout ça c'est un film qui qui est une sorte de comment dire de bulles de plaisir et de liberté c'est l'anticoïde ce film si je devais être le Jacques Séguéla du cinéma OSS 117 donc de retour alerte rouge en Afrique noire l'anti James Bond français Pieds Nickelés misogyne et raciste doit se rendre dans un pays d'Afrique pour une nouvelle mission périlleuse infiltrer la rébellion qui menace le président dictateur soutenu par la France [Musique] les Africains sont joyeux sympathiques ils dansent bien très bonne analyse super je compte sur vous quand même malentendu nos amis voient du racisme partout les présidents vous recevrez à 16h parfaits colonial blanc clair dans quelques jours je donne un bal présidentiel au palais pour fêter l'indépendance l'indépendance on m'a dit ça ce nouveau volet de ss17 ose le deuxième dans le troisième degré dans une époque très premier degré où tout est sujet à polémique vous ne craignez pas dans déclencher de nouvelles à partir du moment où on sait que comment dire la critique ne viendra que de la mauvaise foi ou de l'incompréhension c'est plus notre histoire on peut pas faire je fais pas des films pour Twitter je fais des films pour les spectateurs si on commence à travailler pour comment dire les entrepreneurs identitaires les racialistes et pour des gens dont la démarche consiste à aller inventer une offense là où elle n'a pas lieu si on travaille pour ces gens-là c'est prendre le risque de mettre un mouchoir définitif sur la satire sur sur la catharsis nécessaire que représente ces films là est-ce que quelque chose vous a paru comment dire complaisant à l'égard de la xénophobie ou de la misogynie ou du machisme non c'est un crétin c'est un crétin qui est chargé de tous les défauts pendant deux heures qui s'en prend plein la gueule et dont on se moque évidemment réalisateur de SS 117 après Monsieur et Madame Adelmann et la belle époque on va en parler est-ce que le fait d'être aujourd'hui considéré par le métier vous rend enfin un peu plus serein pas vraiment l'impression que ça m'est rendu plus serein en tout cas c'est pas ce que disent mes intimes et c'est pas à mon avis l'image que je renvoie je ne le serai jamais ça c'est une nature je suis quelqu'un anxieux disons que j'ai pour la première fois de ma vie aujourd'hui l'impression que je pourrais peut-être vivre durablement de mon métier et de faire des films les je ne suis plus dans ce dans cette sensation de sursis dans laquelle je je boue je brûle depuis des années voilà la grave dépression à l'âge de 20 ans qui vous a envahi pendant plus de deux ans c'était l'angoisse de ne pas y arriver justement c'était plein de choses c'était les espoirs qui avaient été mis en moi et que voilà je crois que j'avais peur de de les décevoir c'était peut-être aussi l'investissement de mes parents de mon père qui de ma marraine j'avais des fées qui étaient un tout petit peu encombrantes si vous voulez ils avaient décidé que voilà qu'il fallait que ça aille très loin et très haut et je crois que avec l'aide de quelques substances avec l'aide de quelques chagrins d'amour le tout mélangé j'ai implosé littéralement implosé à l'âge de 20 ans 21 ans 22 ans j'étais même pas capable de de sortir de chez moi et je regardais la télévision en bouffant des pâtes 24 heures sur 24 je me je me bouffais les ongles et je ne pensais qu'à une chose c'était à me balancer par la fenêtre alors il y a plus de 15 ans vous écriviez des pièces de théâtre remarqué et puis vous avez cherché à épater la galerie à la télé c'est bravade humoristique médiatique vous ont valu une image clivante vous le comprenez ça j'en ai assez mais je le comprends et bah voilà c'est mon petit problème à moi il faut à chaque fois que que je voilà mais même quand je rencontre parfois des gens je passe mon temps à entendre vous êtes moins désagréable que vous êtes moins arrogant vous êtes moins bon c'est comme ça ça fait partie de je pense que je pense que la première impression qu'on donne aux gens quand on arrive comme ça dans un paysage médiatique on se la traîne définitivement moi j'ai pas une gueule très qui respire comment dire l'humilité c'est comme ça j'ai un délit de de de de d'antipathie des lits de gueule antibiatique c'est comme ça c'est lié à ma nervosité c'est lié à ce sourire un peu carnassier voilà je me connais et je sais que je sais que si vraiment je voulais me faire apprécier il faudrait presque que que je me cache donc la télé a donné ça et puis j'y suis allé à fond parce que j'avais envie de mentir j'avais envie de mettre un prénom sur mes écrits tout était bon pour faire de l'effet y compris de massacrer durablement mon image et puis il y a eu un moment clé dans votre vie elle le succède de votre film La Belle Époque trois Césars une standing ovation de près de 10 minutes à Cannes ça change un homme forcément c'est magnifique c'est magnifique je suis comme un gosse pour le coup oui qui vit qui vit qui vit un rêve éveiller je me souviens que dans la voiture j'étais Guillaume Canet à un moment donné et je l'ai regardé il m'a dit tu avais tu avais tu avais tu avais tu avais des yeux on avait l'impression que tu venais d'avoir un orgasme tellement tu planais c'était joyeux c'était c'était vertigineux votre père a eu le temps de voir ça pas vraiment pas vraiment voilà pas vraiment cette cette barbares maladie qui s'éteint un peu foutu le bordel dans dans sa mémoire et dans et dans son esprit est arrivé bon il y a eu quand même voilà j'ai réussi à voler autant quelques moments de lucidité formidable il a vu la belle époque ça va pas durer longtemps cette comment dire j'ai eu des j'ai eu des quand même des petits un peu de rab j'ai eu du rab à certains moments d'ailleurs je me jetais dessus en général le jeu d'être dessus pour pour profiter de son avis ce qu'il en avait dit puis son sourire ils étaient pas il a jamais eu honte de son fils il m'est arrivé d'avoir honte de moi lui pas du tout au contraire c'est quelqu'un qui a passé son temps à me dire de te faire du mal tu les emmerdes alors je disais oui mais non je peux je peux pas faire abstraction quand même de l'adversité parfois que je provoque peut-être que on l'a peut-être des défauts mon vieux non pas du tout pas du tout c'est les autres qui ont tort il y avait un petit côté comme ça chez lui quel père était-il merveilleux et d'une seconde sur l'autre extrêmement brutal et des obligeant nous avons il m'a filé un peu en héritage une forme de susceptibilité qui est capable de modifier notre comportement il y avait il avait des il avait des humeurs et en même temps on lui pardonnait tout parce que on voyait dans le fond de son œil même quand il était très en colère et très blessant on voyait dans le fond de cet œil la tendresse d'un petit garçon blessée c'était un petit garçon blessé mais c'est par sa mère et c'est partout jusqu'au bout ça a été un petit garçon blessé donc il pouvait me traiter de de connard ou d'enculer ou de couillon que je ne pouvais pas ne pas lui pardonner un an après sa disparition vous racontez dans un texte poignant publié dans l'Obs la fin de vie compliquée de votre père atteint d'Alzheimer en quoi les dernières semaines ont-elles été si difficile à vivre il devient un moment exactement ce que pendant des décennies il nous a fait promettre de ne pas le laisser devenir c'est à dire que j'ai cet homme que j'aime et j'ai sa voix venir de son discours de son propos de son regard qui est au-dessus de mon épaule et qui semble me comment dire me pousser à la une sorte d'injonction de de contrition et qui me dit laisse-moi laisse-moi et ça c'est assez insupportable je n'ai livré cette cette intimité que dans le seul but de comment dire de de participer à la dénonciation du flou d'interprétation que la loi inflige aux soignants dont du coup la main tremble au bout de la seringue voilà il y a un flou d'interprétation la personne qui a fini par laissez pas faire s'envoler à parler pendant de très très très très long moment et je sentais bien qu'il était dans un dialogue avec lui-même ce médecin et à aucun moment donné je ne l'ai jugeais néanmoins il serait bien que que les gens puissent avoir comment dire un départ qui ressemble un tout petit peu à tous ceux qui les ont aimé à tout ce qu'ils ont aimé alors exigence à l'exigence dont ils ont fait preuve tout au long de leur vie

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