Bienvenue dans l’Essentiel du Dessous des cartes
On commence avec le visage de celui Qui incarne la percée historique
des extrêmes en Allemagne, Dans le contexte d’élections régionales :
Voici Bjorn Hocke, tête de liste de l’AFD, en Thuringe,
Son parti vient d’obtenir presque 33% des voix ! C’est la première fois depuis l’époque nazie,
que l’extrême droite est en tête d’un scrutin, Hocke qui qualifie le Mémorial
de l’Holocauste à Berlin De « monument de la honte » et a repris
le slogan nazi « Tout pour l’Allemagne ». L’AFD remporte également un succès électoral
dans l’autre région qui votait dimanche, la Saxe, En deuxième position mais juste
derrière les conservateurs de la CDU. Autre fait majeur: la percée du nouveau
parti populiste de cette femme : Sahra Wagenknecht, pro russe et anti immigrés.
Un scrutin qui pose plusieurs questions : - Que sait-on de la sociologie électorale de ces régions, Thuringe et Saxe ?
- Quels sont les évènements récents dans l’histoire allemande qui peuvent expliquer
cette bascule politique vers les extrêmes ? Sortons nos cartes ! Voici la Thuringe, au cœur de
l’Allemagne. Un Land peu peuplé, 2,2 millions d’habitants, et en
grande partie couvert de forêts. Ses principales villes sont
Erfurt, Gera, Iéna et Weimar. C’est en Thuringe, en 1929, que les Nazis
enregistrent leurs premiers succès électoraux. Et voici la Saxe, à peine plus étendue
mais beaucoup plus peuplée, 4,1 millions d’habitants. Avec de grandes villes comme
Zwickau, Chemnitz, Leipzig et surtout Dresde, en grande partie détruite par les alliés
lors du bombardement de février 1945. La Saxe par ailleurs une région
industrielle historique de l’Allemagne. La Saxe et la Thuringe faisaient jusqu’en
1990 partie de la RDA. Et comme le reste de l’ancienne Allemagne communiste, les deux
Landers font partie des plus pauvres du pays. L’ex Allemagne de l’Est est aujourd’hui
particulièrement sensible à deux arguments électoraux des extrêmes : le rejet des étrangers
et la peur d'une guerre avec la Russie. Le rejet des étrangers tout d’abord : Le sujet s’est imposé au cœur de la campagne, particulièrement après l’attaque au
couteau, en août dernier, commis ici, à Solingen, à l’ouest de l’Allemagne :
bilan 3 morts et beaucoup de polémiques autour du présumé coupable : un jeune syrien
vraisemblablement en lien avec l’Etat islamique. De quoi relancer le débat autour
de la politique migratoire menée par l’ancienne chancelière Angela Merkel, soit
l’accueil de près de 1,6 million de demandeurs d’asile, essentiellement venus de Syrie,
d’Afghanistan, d’Iran, d’Irak et d’Erythrée. Autre peur exploitée en Thuringe comme en Saxe
: la peur de la guerre qui se traduit par la remise en cause du soutien aux Ukrainiens,
particulièrement depuis l’invasion russe de février 2022 : culturellement, les habitants
de cette ancienne Allemagne communiste, sont souvent restés hostiles
aux Etats-Unis, donc à l’OTAN, hostiles à la remilitarisation du pays,
hostiles à la rupture du lien avec Moscou. Dénoncés par les extrêmes : la fin des
approvisionnements en pétrole et en gaz russes, responsables de l’augmentation
du coût de l’énergie et de la fragilisation de l’économie allemande.
Voilà l’Essentiel du Dessous Des Cartes, c’est fini pour aujourd’hui.
À bientôt.