Michel Barnier : avec qui peut-il gouverner ? - C l’hebdo - 07/09/2024

Published: Sep 06, 2024 Duration: 00:10:09 Category: Entertainment

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- Il me fait de la peine. Viens, beau gosse! Ca, c'est l'amour. - A.Casse: Les présidents, les Premiers ministres passent, mais lui est toujours là. A.Duhamel a pourtant annoncé que ce serait sa dernière saison à la télévision. On va en parler dans un instant. Il est notre premier invité. Bonsoir, Alain! Je vous embrasse. On est contents de vous recevoir. Vous êtes le premier invité de la saison. On prépare déjà avec toute l'équipe une mobilisation, une pétition On est contre! Vous avez annoncé que ce serait votre dernière saison à la télévision après 60 ans de carrière. - A.Duhamel: Ca fera 60 ans à ce moment-là. - A.Casse: On a une belle surprise tout à l'heure à vous montrer. Priorité à l'actualité. On a vécu une folle semaine. On a parfois cru que l'on était dans une farce. Si c'était une pièce, ce serait quoi? - A.Duhamel: Si c'était une pièce, ce serait "L'Invitation au château" de J.Anouilh. C'est-à-dire une série de personnages étranges qui croient A chaque fois, ils sont les dindons de la farce. - A.Casse: On a vécu une semaine assez longue avec, toutes les 2 heures, un nouveau nom de futur Premier ministre. C'était presque une téléréalité. On vous refait le film de la semaine. Voici les différents noms, jusqu'à M.Barnier. Voici ses premiers mots à Matignon. - M.Barnier: Il y aura dans cette nouvelle page des changements et des ruptures. Il faudra enfin beaucoup d'écoute, beaucoup de respect. D'abord, du respect entre le gouvernement et le Parlement. Du respect à l'égard de toutes les forces politiques. - A.Casse: C'est clairement au RN qu'il s'adresse dans cette partie de discours. Vous avez dû voir la une de "Libération" ce vendredi: "Approuvé par M.Le Pen." - A.Duhamel: Je ne pense pas que ce soit l'essentiel. M.Barnier, je le connais depuis longtemps, depuis le milieu des années 70. Ca n'est ni un orateur, ni un débateur, ni un leader charismatique. Mais dans cette phase qui est quand même incroyablement surréaliste d'un point de vue politique, il a un profil assez adapté. qui cherche des compromis. - A.Casse: Négociateur? - A.Duhamel: Et il y arrive! Ce n'est pas éblouissant, on ne tombe pas amoureux, mais au bout du compte, il atteint assez souvent les buts qu'il s'est fixés. Dans sa vie politique, ça n'a pas toujours été idéal. Il y a eu des mauvaises phases. - A.Casse: A quoi pensez-vous? - A.Duhamel: Le moment où il a été candidat à être désigné comme nouveau président des Républicains. Mais dans l'ensemble, ses objectifs ont été estimables. L'Elysée a bien failli changer d'avis jeudi, en entendant sur France Inter le député J.-P.Tanguy traiter M.Barnier de "fossile". Il a aussi dit que c'était un des hommes politiques les plus stupides de la Ve République, ne comprenant rien en dehors d'une fiche. E.Macron aurait appelé M.Le Pen. Quand on connaît la suite, on devine ce qu'il lui a dit. Est-ce que ça veut dire qu'il va échapper à une motion de censure? - A.Duhamel: Je ne suis pas dans la tête de M.Le Pen, je n'ai pas envie d'y être. Si elle décide qu'il y a une motion de censure, le gouvernement est balayé. - N.Polony: Alain, est-ce que vous pensez que dans la stratégie du RN, il faut intégrer le fait qu'à la fin du mois, le procès de M.Le Pen débute? Ca peut inciter le RN à éviter trop de chambardements. - A.Duhamel: C'est un des facteurs qui ne m'a pas échappé, effectivement. Mais Tanguy, s'il s'agit de mesurer la stupidité, il est assez bien placé. Je n'ai jamais entendu quelqu'un s'exprimer comme ça. Même au temps où les communistes étaient terribles... Ils disaient des horreurs. Mais une bêtise de ce genre, ça mérite d'être couronné! - A.Casse: Ca raconte l'état du débat public aujourd'hui. On a vu les consultations s'enchaîner. Il a notamment reçu G.Larcher, L.Wauquiez, B.Retailleau. La droite est de retour. On parle pourtant du Ve groupe à l'Assemblée nationale. Ca peut surprendre. - A.Duhamel: Je pense que Macron a eu complètement tort sur un point. Il aurait dû commencer par faire voter L.Castets. - A.Casse: La candidate du NFP? Ils sont arrivés en tête. Ca ne veut pas dire qu'ils ont des chances d'avoir la majorité... - A.Casse: Il fallait l'attester par principe? - A.Duhamel: Par tradition et par instinct politique. Elle se serait présentée, elle aurait présenté son programme. Elle aurait été censurée, au bout d'une semaine ou deux semaines. Mais inévitablement, puisque son programme est aux antipodes... - A.Casse: Ca aurait aidé E.Macron à mieux négocier après? - A.Duhamel: Il aurait été pris plus au sérieux pour discuter. Ca ne s'est pas fait, c'est une erreur. Mais le profil de M.Barnier est adapté à une situation où, s'il n'y a pas de compromis, on va faire un blocage. A ce moment-là, on est dans une crise politique, et ça peut engendrer une crise de régime. Ce n'est pas souhaitable. - A.Casse: Comment ça peut tenir? Quelle rupture avec E.Macron? - M.Barnier: Qu'est-ce qui me sépare de monsieur Macron, que je veux remplacer? Du respect, de la considération. Vous ne m'entendrez jamais dire qu'il y a des hommes et des femmes, des citoyens, des gens qui ne sont rien. Je sais ce qu'est une cordée. C'est chacun pour tous. - A.Casse: Pour que ça tienne, il faut qu'il y ait une rupture. - A.Duhamel: Rupture, je ne sais pas s'il y aura une rupture de politique économique, par exemple. Beaucoup de gens le souhaiteraient. Pas forcément à juste titre. Mais la majorité le souhaiterait quand même. En même temps, il ne sera pas dans la main d'E.Macron. Là-dessus, les choses seront assez visibles. On aura déjà un critère, qui est le choix des ministres. On verra si le choix des ministres est du Barnier ou du Macron. C'est toujours intéressant pour les journalistes, et peut-être catastrophique pour le pays. - A.Casse: Même pour vous, c'est du jamais-vu? - A.Duhamel: Oui, absolument. Au fond, on a affaire à une cohabitation multiple. Je pense qu'il y aura une cohabitation entre M.Barnier et E.Macron. - A.Casse: Il parlait de coexistence exigeante. - A.Duhamel: Oui, mais ce n'est pas ce que je pense. M.Barnier défendra ses prérogatives. Cohabitation avec E.Macron, ce qui est toujours difficile. Cohabitation avec la gauche, qui ne veut pas de M.Barnier. qui donne le sentiment de le ménager pour l'instant, mais dont on ne sait absolument pas comment ils réagiront après le discours de politique générale. Et même, ce qui est nouveau, est un peu inattendu, cohabitation avec le bloc central. Les députés élus dans le sillage d'E.Macron sont loin d'être enchantés par la situation qui se pose. Ils sont attachés à un certain nombre de choses qui ne sont pas forcément les mêmes que M.Barnier. Il a 5 adversaires. Ce n'est pas mal, pour une personne! - A.Casse: Un commentaire sur ce qu'il s'est passé mercredi, que l'ancien Premier ministre, E.Philippe, était candidat à la présidentielle. Il a pris de court certains de ses proches, qui lui en veulent encore. Il anticipe une présidentielle anticipée. Ce n'est pas sans rappeler Pompidou en 1969. - A.Duhamel: Evidemment, c'est à ça que ça ressemble. Pour la même raison, qui est que si G.Pompidou a laissé entendre au moins directement... - A.Casse: "Ce n'est un mystère pour personne que je serai candidat à la présidence de la République, quand il y en aura une." se sont déterminées, 3 ans avant, l'échéance théorique. Ils ont été persuadés l'un comme l'autre que l'échéance serait dans l'année. - A.Casse: A juste titre? - A.Duhamel: Oui, il y a une échéance. - A.Casse: Laquelle? - A.Duhamel: Si, par exemple, il y avait une motion de censure contre M.Barnier au bout de 15 jours, il y aura sûrement une 2e tentative avec un autre Premier ministre. Si, à son tour, il y avait une motion de censure...

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