BALANCE | LE FILM | MON TOUT PREMIER UTMB

Published: May 27, 2024 Duration: 00:24:45 Category: Sports

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Introduction Je suis originaire du sud de la France, plus précisément en province. C'est un endroit où j'adore retourner, car c'est mes racines et j'y trouve un certain réconfort en faisant des actions toutes simples comme marcher dans un champ d'oliviers, écouter le chant des cigales en été ou simplement sentir l'odeur du bois autour de ma petite maison. Montréal L'impermanence de la vie m'a finalement emmené ici, à Montréal où je vis depuis cinq ans et où la vie suit son cours. Montréal, c'est une ville qui m'a beaucoup changé. C'est une ville où je suis venu en quête de nouveaux défis personnels et professionnels. Puis, les étoiles se sont bien alignées, je pense, pour que je reste ici finalement. J'ai découvert un terrain de jeu en nature infini. Mais, surtout une communauté très particulière en termes de valeur. Une communauté d'humains qui s'aident et qui rêvent ici et qui croient aux rêves, ce qui permet de penser à des projets et les réaliser. Dans la ville, on a une vie qui est totalement effrénée, parfois un peu compétitive, qui, progressivement, va nous éloigner de nos racines. Ça va créer une sorte d'anxiété, de vide en soi et en se demandant qu'est-ce que je fais là, pourquoi je ne me sens pas bien alors que j'ai tout pour moi. Je suis ici dans le confort. Nous déconnecter du monde naturel a un impact fort sur ce questionnement parfois un peu négatif qu'on peut avoir. Dans les forêts, les montagnes, ce milieu naturel, je cours. Je cours beaucoup. Je pratique ce que certains appellent des ultras, des ultras distance, des ultras marathon. Alors, qu'est-ce que c'est ? Ça peut paraître fou ce mot ultra. Dans les définitions communes, c'est courir plus long que la distance d'un marathon, qui fait 42 km. Ça peut être 50 km, 100, 160, 200. Il n'y a pas vraiment de limite. Quand on part courir pour de nombreuses heures en nature, on se lance dans quelque chose qu'on ne contrôle pas. L'imprévisibilité, c'est de l'adaptation à avoir en permanence avec le milieu, par ce qu'il va nous offrir. Ça nous confronte aussi à nous-mêmes. Lorsqu'on part pour de très longues distances, on rentre dans une sorte de spiritualité qui nous confronte à nous-mêmes. J'ai vu cette course qui s'appelle l'UTMB, l'Ultra Trail du Mont-Blanc, qui m'a fait rêver. Je voyais cette course avec des milliers de personnes rassemblées pour célébrer quelque chose que je ne comprenais pas vraiment. Célébrer une sorte de rituel à Chamonix, dans une des vallées au milieu des Alpes. Leur défi était de courir tout autour du Mont-Blanc. Ce sommet mythique, qui est le toit de l'Europe, qui culmine à plus de 4 000 mètres. Courir tout autour pendant 170 km, deux nuits, deux jours, c'était quelque chose qui m'a fait rêver. C'est entré en moi, dans mon esprit, que j'allais faire ça un jour. L'UTMB, c'est aussi un grand rendez-vous avec ma famille. Le rdv familial Je vis au Canada, à Montréal, depuis maintenant cinq ans. Je suis loin de mes proches et ce n'est pas tous les jours facile. Ces événements-là vont nous rassembler puisqu'ils savent que ça va être un gros défi pour moi, physique et mental et que j'ai besoin de leur soutien. Je leur ai donné rendez-vous dans la vallée de Chamonix pour venir me soutenir. C'est un rendez-vous avec eux qui va certainement nous reconnecter et nous souder. - Tu ramènes combien de pieds, toi ? - Un. - Lequel ? […] ? - L'UTMB, c'est aussi un rendez-vous avec Lucas. Lucas, mon petit frère. Je me souviens, un soir, je rentrais du travail, ma mère m'appelle dans un état lamentable. Elle pleurait à chaude larme, je n'étais même plus capable de comprendre ce qu'elle disait. Entre ses mots, j'ai compris que Lucas venait de subir un très grave accident de la route et qu'il allait peut-être y rester à ce moment-là. La vie a finalement été plus offrante pour nous, puisqu'il est resté avec nous, mais il a subi un handicap et il a été amputé d'une de ses jambes. À l'âge de 15 ans, ça a été un choc pour nous, pour notre famille et bien évidemment pour lui. Je lui ai fait la promesse qu'il allait même courir avec moi, m'accompagner sur la fin de ma course à l'UTMB. Ça allait être un grand défi pour moi, mais pour lui aussi. En lui proposant ce projet, je me suis inconsciemment inspiré et je me suis fixé un nouveau défi à travers cette course. Alors, on est pas mal ? C'est bon. - Ciao, Mathieu. À jeudi. - À jeudi, ciao. - Tu montes jusqu'à quelle hauteur, Mathieu ? - Il y a des cols au-dessus de 2 000, 2 003, 2 005, je crois. C'est beau. - Vraiment rare. - Tu ne vas pas marcher, […] courir dans la neige. - Si, on a le droit. - […]. - D'accord. Cette vue ! - Magnifique ! Chamonix, c'est les grosses montagnes. Je m'étais dit : « Un jour, moi aussi, je ferai ça » et puis, voilà, j'y suis. Le Mont-Blanc, Chamonix, quatre jours. On va partir de là au bout. En ce sens. C'est malade. C'est complètement malade. Il paraît que ce n'est pas bon d'aller courir juste avant la course, mais à l'état ici, dans ces montagnes, on n'a pas le choix. J'ai un peu d'expérience sur tout un tas d'événements qui peuvent arriver sur un ultra trail, sur une aventure comme ça. Mes principales appréhensions, c'est la réaction que va avoir mon corps face au dénivelé et à l'altitude. Ce n'est pas facile. J'ai déjà un peu mal à la tête. On dirait que le corps et l'esprit te donnent toujours le goût de perdre confiance en toi. Il faut prendre ça comme des micro-défis en permanence. Il ne faut pas que je m'inquiète, même si je le suis un petit peu. C'est ce que je vais me dire durant la course pour passer à travers, c'est : « OK, là, c'est difficile, j'ai mal à la tête, je n'arrive plus à monter, j'ai mal aux jambes, mais c'est un micro-défi, puis une fois le col passé, tout va aller mieux en fin de compte. » Ça m'a ouvert l'appétit tout ça. Je vais vous expliquer le parcours. Comment ça fonctionne, le tour du truc. Ce que je sais à peu près, ce qui est accessible pour vous en voiture ou à pied et comment ça fonctionne autour du Mont-Blanc. Après, si vous avez des questions, ce serait bien de toutes les poser maintenant parce que demain, il faut que je sois là, que je me repose. Tu as le droit juste à un sac de 30 litres. C'est le seul au monde que je te remettrai, qui fait 30 litres pile. Si jamais, papa, ça arrive, elle se tord les chevilles ou il y a un truc, tu feras le backup. - […] sud-nord sur la carte. - Oui, c'est ça, sud-nord. - C'est une grosse organisation. Ça a l'air énorme. - Il est arrivé à Saint-Gervais entre 20:00 et 23:30. Toutes les 15 minutes, il y a un bus qui va là. - La gare de La Fouly, là. - D'accord. - Il est 8:50 du matin, 9:00, tu vois, 10:00. - OK. - Je peux arriver, je peux être tombé, je peux avoir le genou qui saigne. - Oui, il ne faut pas dire… - Je peux être fatigué, je peux pleurer, il faut vraiment toujours faire comme si j'étais parfait. - Je pense que si tu es au vert, il y a une équipe de secouristes qui te… - Il y aura des gens qui le feront, mais il faut toujours être super positif parce que ça va durer deux, trois minutes, peut-être un peu plus à la fin. Il se peut que si je n'en peux plus, je fasse une petite sieste 10 minutes, mais il faut que je reparte de là. Je me remplis d'une bonne énergie. Tu y vas, let's go. Ce que je pensais en plus, c'est que tu peux m'attendre à l'arrivée. Il faut que j'aille à l'arrivée. Tu sais, au début, mon arrivée, c'était l'arche, « Waouh, ça va être beau, ça va être le show et tout », mais là, j'ai en plus, Lucas qui m'attend, qui attend ça de courir avec moi. Dans mon aventure, dans mon mental, tu vas jouer un impact énorme. Tu vois, déjà, tu as inspiré une personne, moi. Voilà, l'aventure commence. Aujourd'hui, on est vendredi, à quelques heures de ce grand UTMB qui sera lancé à 18:00 si tout est bon. Cette course-là représente vraiment beaucoup de choses pour moi parce que c'est un projet qui me tient à cœur, dans lequel je me suis beaucoup investi pour plusieurs raisons. C'est pour ça aussi que j'aime beaucoup ce sport, l'ultra trail, qui peut avoir des dimensions parfois un petit peu extrêmes, vues de l'extérieur, mais c'est ça. Aujourd'hui, je vais courir à une distance que je n'ai jamais encore faite, un dénivelé que je n'ai jamais encore fait, dans un terrain que je ne connais pas beaucoup, et c'est ça que ça représente aujourd'hui, pour moi, cette course-là. Je suis quand même plus un poisson des océans qu'une chèvre de montagne parce que j'ai grandi, j'ai fait les premières années de ma vie dans une des îles des Caraïbes en Guadeloupe où mes parents avaient un club de plongée, donc c'est sûr que j'ai commencé à nager avant de crapahuter dans les montagnes. C'est vraiment un bon équilibre les deux entre la course à montagne et l'océan. La course à montagne, c'est ça, c'est… On est dans un mouvement rapide, c'est plus dans l'impact. Finalement, aujourd'hui, je me sers des deux éléments pour trouver l'équilibre. Je pense que c'est une force qui a fait qu'aujourd'hui, j'ai réussi à bien évoluer et à réussir de grandes courses dans ce monde-là par le fait que j'ai une connexion forte avec l'océan. Départ de course - Oui, Lucas. Ça y est, il est à Saint-Gervais et on est déjà là-haut, on attend qu'il arrive. On est en haut, ça y est, oui. Il est arrivé à Saint-Gervais, il est 27ᵉ. Voilà, c'est son petit frère qui veut prendre des nouvelles. - Merci. - Une minute. - Ça glisse mais ça gêne les os surtout. Allez, bye. Nous, les humains, nous sommes très forts pour défricher, détruire, construire finalement un monde urbain, fait de béton, d'asphalte, de mur et de plafond qui nous détachent complètement du monde naturel finalement. Peut-être qu'on a peur de la nature avec tous ces mythes, ces histoires de monstres et de tempêtes qui existent dans le monde naturel. Peut-être qu'on aime tout simplement notre confort. Pourquoi, en ayant tout ce confort, on est tout de même parfois un peu malheureux dans ce monde-là ? Nous, les humains, on aime se placer comme maîtres un petit peu au-dessus de la nature, mais on est surtout des êtres de rêve, des êtres d'imagination. Je pense que seul le territoire sauvage est à la dimension de répondre à ce rêve, à alimenter notre âme finalement. - Prochain ravitaillement de Mathieu. À quel endroit on va, maman ? - En Italie. - Italie. On va prendre le tunnel du Mont Blanc. - Allez. - Bravo. - Allez. - Allez, Benoît. - Il était fatigué. C'est le dénivelé, en fait. Il a mal aux jambes parce que le dénivelé est trop… Il n'est pas habitué au Canada, c'est plat. Il court sur le plat et là, il y a trop de dénivelé. Il n'arrive plus à monter. Il est presque à la moitié, donc, on n'a pas de souci à se faire. Ça va se faire, il est en avance aussi. Donc, il n'y a pas… On y croit. - C'est vrai, je l'avoue, c'est très douloureux, ce n'est pas toujours facile. Un ultra, c'est une vie en condensée. Un ultra, ce sont des hauts, ce sont des bas, c'est du froid, il fait chaud. Finalement, dans un ultra, le temps et l'espace sont complètement déformés. On peut avoir l'impression que 20 heures passent en deux minutes, comme deux minutes durent 20 heures dans la souffrance. - Il a une joie qu'il a envie de partager avec tout le monde. Il apporte vraiment une belle fraîcheur. C'est marrant parce qu'il vient justement de la plongée sous marine. C'est un parcours un peu atypique. Finalement, ça lui apporte certainement un souffle différent et une approche différente. Je trouve qu'il apporte vraiment une très belle image au sport. - Allez, oui ! - Super ! - J'ai vécu des moments très difficiles. J'ai beaucoup souffert pendant la course. Cet ultra, c'est condenser de beaucoup de sensations et j'ai souvent pensé à Lucas qui allait m'attendre à l'arrivée. - Bravo ! - Ryan. - Every one has dropped. - Kylian, I know, and Ryan… - Every one has dropped. Mimi, Caro, every one has dropped. - Mimi ? - Mimi drop at 30 K. - Caro ? - At col du ferret. You are the only one. - 20 fois, 6000m, ça fait 25 fois la tour Eiffel, déjà. - Il est courageux. - Alors, on est à Vallorcine, dernier ravitaillement de Mathieu. Après ce ravitaillement, il reste 18,5 km avant l'arrivée à Chamonix. - […] jusqu'au bout. - Allez. - Il va arriver dans le top 15, j'en suis sûr. - […]. L'arrivée - Ç'a été une énorme inspiration pour moi, Lucas, mon petit frère, par son handicap et par sa persévérance et son courage d'aller aussi vite et d'être prêt pour cet événement-là. Ça m'a donné un rendez-vous avec lui aussi. Je fais confiance à la vie, je fais confiance à ce sport et en ce que m'apporte la course en montagne. Je vais continuer à montrer que finalement, c'est à la portée de tout le monde. Chacun a son degré d'intensité, son degré d'ambition, mais on est capable de se fixer des objectifs dans la vie, d'aller les atteindre. Il faut simplement faire confiance à la vie, à la nature, puis avancer sans trop se poser de questions et tout va bien se passer. - Bravo. - Bravo. - Vite ! - Allez, les champions ! - Allez, on y va. Vamos a la playa. Chassé par un animal.

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