Vincent JEANBRUN sur LCI

euh et nous accueillons maintenant notre invité Vincent jeanbrin maire de laïeros soyez le bienvenu Monsieur le Maire vous êtes maire de cette ville du Val de Marne euh presque tout le monde a pu vous voir au moment des émeutes du mois de juillet extrêmement marqué et on comprend parce qu'il est arrivé à votre famille personnellement puisque les émeutiers une parti des émetiers du mois de juillet après la mort de naë ont essayé de défoncer votre maison dire autrement avec une voiture bélier vous écrivez dans votre livre dont on va parler dans un instant chez Albin Michel les deux Frances en une nuit notre vie a changé rien ne sera plus avant euh plus jamais pardon comme avant on va en parler avec vous et Paola juste vous préciser que et vous y êtes sensible la cause agricole évidemment mobilise au sommet de l'État et que on attend la prise de parole de la porte-parole du gouvernement priscat evno sur le Conseil des ministres qui vient de se tenir et qui est en grand grande partie consacré à la crise agricole donc on attend cela mais évidemment c'est de votre livre d'abord qu'on parle Vincent jambrin soyez le bienvenu merci beaucoup merci de votre invitation alors cette nuit où tout a basculé cette nuit du 1er juillet au 2 juillet cette nuit où à l'intérieur de votre domicile il y a votre femme il y a vos deux enfants vous n'êtes pas là on va revoir les images sa femme et ses deux enfants sont à l'intérieur il fuit sous les tirs de mortier l'épouse du maire avait été blessée provoquant une émotion considérable c'est monstrueux ce qui s'est passé trou ça vraiment monstrueux pour amère une enquête est ouverte pour tentative d'assassinat tentative d'assassinat est-ce que vous avez l'impression que cette nuit on a essayé de vous tuer moi j'ai j'ai la sensation qu'effectivement il y avait un désir de détruire et probablement de tuer on l'a vu d'ailleurs pendant toutes les émeutes cette envie de de détruire moi je je pense à des policiers municipaux qui ont été aspergés d'essence avec l'envie de les transformer en torches humaine des pompiers poursuivi avec des haches et des piolets pendant toutes ces émeutes il y a eu des envies de meurtre très clairement euh et effectivement concernant mon domicile si le procureur retient une tentative d'assassinat c'est que non seulement il y a cette volonté d'incendier la maison euh mais les hurlements les cris les tir de mortier ne s'arrêtent pas pour autant quand les lumières s'allument par exemple donc il y a il y a cette il y a finalement il y a un signalement que quelqu'un est à l'intérieur et ça ne ça ne ralentit pas l'agression dont on est victime c'est sûr que ça fait toujours quelque chose de revoir ces ces images euh mais maintenant de ce drame il faut qu'on y trouve du sens en fait et c'est pour ça aussi que bah il y a ce livre et cette envie d'être là pour dire maintenant ça suffit ça ne peut plus recommencer ce livre que vous dédiez à votre épouse que vous dédiez à vos enfants est-ce qu'on peut vous demander comment est-ce qu'ils vont aujourd'hui parce qu'on imagine que l'épisode a été largement traumatisant merci de poser la question c'est comme vous l'avez très justement dit on n plus pareil après ça euh mais après on est on est là on est à nouveau debout et et on avance euh voilà c'est c'est des moments de vie il y a pire il y a bien pire que ça euh d'autres arrivent à se reconstruire avec des choses bien plus terribles donc voilà on est on a la chance d'être très bien entouré et d'avoir été tellement largement soutenu tous ces témoignages de soutien nous ont donné beaucoup de force occasion à chaque fois pour moi de de remercier toutes celles et ceux qui ont pris la plume le temps d'écrire un message un mail c'est très précieux puis il y a une reconnaissance hein très collective on vous a surnommé le maire courage ce sont des choses qui aideent aussi à à remonter la pente oui même si c'est c'est surtout Mélanie ma femme qui ouais peut-être la plus courageuse de nous deux mais une femme qui a été blessée d'ailleurs absolument et le le courage il est je crois dans dans la capacité à dire on les laissera pas gagner et c'est les mots de Mélanie c'est c'est ce soir-là elle je je s en douter ce moment-là mon monde s'effondre je je lui dis qu'on je suis prêt à tout arrêter elle me me dit mais si on arrête parce qu'on a eu peur parce qu'on a été attaqué alors c'est c'est eux ce que j'appelle la France du chaos dans le livre c'est eux qui gagnent et ça c'est pas acceptable vous dit je vais rendre mon mandat de M quelques instants ça vous a traversé l'esprit non bien sûr c'est trop dur quand je la retrouve il est je sais pas 3 4h du matin à l'hôpital oui évidemment à ce moment-là la seule chose qui compte c'est elle c'est les enfants donc bien entendu et d'ailleurs vous savez il y a tellement de collègues ma mais d'ailleurs comme il y a tellement d'agriculteurs comme il y a tellement de médecins comme il y a tellement de professeurs comme il y a tellement de policiers qui en fait arrivve au point de craquage parce qu'en fait ils se disent mais au fond on est les derniers à résister on est ce que j'appelle la France du sursaut ceux qui ont encore envie de se battre ce qui tiennent encore à à ce que ce pays a de beau à offrir avec en plus vous savez ce qui est le plus dur c'est que moi j'ai cette conviction c'est qu'on va gagner c'estàd que si les Français se mobilisent on gagne face à cette ultra minorité de casseurs de Cait de gang de séparatistes tous ceux que j'appelle la France du chaos ils ils nous font très mal mais ils sont pas si nombreux et le problème c'est que la France du sursaut elle est aussi elle est pas immense aujourd'hui elle a besoin d'être renforcée par celles et ceux qui aujourd'hui peut-être sont un peu neutres regardent les trains passés la France silencieuse qui aujourd'hui a besoin de reprendre la parole h et alors on voit sur ces images ces images de de de ces émeutes de cette France qui était en feu est-ce que vous avez l'impression que les choses ont changé depuis le mois de juillet est-ce qu'il y a eu des décisions qui ont été prises non il faut être très clair il y a eu des mots il y a eu beaucoup de mots on a parlé d'ailleurs de sursaut le Premier ministre grielal parle de sursaut maintenant concrètement dans les faits tous mes collègues maire de manière objective vous diront rien n'a changé et évidemment c'est c'est c'est une peur et une angoisse c'est de se dire qu'au fond ça peut recommencer demain matin et on sera pas plus près qu'hier il faut bien l'entendre concrètement rien n'a changé h nos policiers municipaux n'ont pas plus de pouvoir nos policiers nationaux n'ont pas plus de moyens euh les les villes les maires sont pas plus or il faut il faut l'entendre c'est-à-dire que moi ma grande crainte c'est qu'on arrive à un an de l'événement et qu'au fond concrètement dans la vie des gens rien n'est changer et c'est pas vous aviez été reçu par Emmanuel Macron à l'époque juste après oui les mes avaient été reçu ça a été l'occasion pour les maires de dire leurs souffran leur mal-être euh on a caricaturé cette cette rencontre comme une sorte de grande thérapie de groupe mais c'est vrai que c'était c'était ce temps-là c'était ce moment-là c'était ce ce trauma qu'il fallait évacuer ensuite il y a eu des temps de travail plus importants moi j'ai eu l'occasion de rencontrer le ministre de l'Intérieur de rencontrer Elisabeth borne à l'époque autour de ce qu' ils appelaient le le CNR le Conseil national de la refondation et il y a eu des débats on a eu temps d'avoir des des temps d'échange et même eu je crois des prises de conscience par exemple je je je prenais un un choc de confiance pour nos policiers nationaux et municipaux il y a eu des annonces en ce sens mais on voit bien que pour le moment on a toujours au stade de l'annonce et concrètement rien n'a été mis en place et et quand vous avez entendu Emmanuel Macron parler dans sa conférence de presse de loisifeté qui avait déclenché ses émeut qu'est-ce que ça vous a fait moi je je veux être constructif c'estàdire que je suis pas là pour dire du mal des uns et des autres je voudrais juste que ça avance euh loisiveté c'est un sujet ça arrive effectivement euh la le décrochage scolaire en est un bien plus important la question de de de la capacité de nos forces de police à faire respecter le droit dans ces quartiers 1000 fois plus importante tout ça pour vous dire que ce qui est évoqué ça mérite d'être regardé mais c'est pas ce qu'on attend aujourd'hui comme choc pour retrouver l'ordre républicain dans ces quartiers où objectivement la République a reculé l'ordre républicain à reculer et je veux dire une chose quand la République recule c'est la violence qui avance et quand la violence est présente c'est toujours les plus fa qui en paye le prix on a dans ces quartiers populaires 5 à 6 millions de Français qui sont prisonniers qui sont pris en otage par des terroristes armé de kalashnikov qui sont au pied des tours ne pensez pas que c'est une caricature c'est vrai aujourd'hui on est plus libre dans ces quartiers d'aller venir comme on le veut alors que l'on veut ce n'est plus vrai et donc c'est pour ces françaisl qui méritent que la République se penche sur sur leur vie sur leur quotidien que que j'ai envie de lancer un cri d'alarme et que je suis pour qu'on ait un grand plan de refondation il y a énormément de Ch c'est kalashnikov qui habite dans vos cité la la première des choses pour combattre la France du chaos c'est de combattre la France du chaos qui est celle qui menace physiquement l'ordre républicain c'est-à-dire les caïdes les gangs les mafieux ça passe par évidemment un choc d'autorité un choc de confiance pour nos policiers qui aujourd'hui se retrouvent être honnête démunis ils font leur maximum avec très peu de moyens très peu de moyens matériels évidemment très peu de moyens humains mais aussi très peu de moyens juridiques je je prenais cet exemple un policier municipal en France on lui fait confiance pour être armé dans la rue mais pas pour ouvrir un coffre pas pour avoir accès à tous les fichiers pas pour pouvoir faire un contrôle d'identité ça paraît quand même assez absurde vous êtes pas d'accord ça coûte pas 1 € ça il faut changer la réglementation dans dans le cas qui est qui est le mien mais celui de tant d'autres citoyens et tant d'autres élus après les émeutes la police nous dit nous on a fait le maximum de l'enquête dans le cadre du droit dans d'autres pays qui sont des démocraties avec des affaires aussi graves les juges auraient pu autoriser d'aller euh activer des des ce qu'on appelle des des des des bac d'or dans les logiciels de messagerie crypté pour pouvoir mener des enquête beaucoup plus approfondie aujourd'hui notre droit doit évoluer à ce niveau-là donc ça c'est le choc de confiance et après si on veut résoudre à plus long terme il y a évidemment l'école qui est fondamentale on est très très loin du compte dans ces quartiers mais j'ai envie de dire partout en France et évidemment le logement et je fais des propositions sur la question de la transformation de ces quartiers avec je crois objectif très fort qui doit être celui d'arrêter le logement social à vie euh j'ai fait encore une visite avec la préfè du valde mararne que je salue et remercie avec des bailleur sociaux hier dans les quartiers difficiles de la ville euh on on voit bien que les baayur sociaux ont des familles qui causent énormément de problèmes encore une fois quelques-unes sur un grand ensemble et ils n'ont pas la capacité à les mettre dehors c'est là aussi l'aspect judiciaire est beaucoup trop long et beaucoup trop compliqué on doit pouvoir euh donner la liberté au bailleurs comme dans le privé tous les 3 6 9 ans de mettre fin à un contrat de manière unilatérale sans passer par le juge ça changerait beaucoup de choses favoriser un parcours résidentiel et aussi favoriser un parcours de la résidence c'estàd transformer physiquement les quartiers ces quartiers que vous connaissez très bien puisque vous êtes originaire de laerose vous avez grandi dans cette cité qu'on appelle les tours marrons alors qu'est-ce qui a changé depuis les années 80 comment est-ce que vous avez vu évoluer cette jeunesse comparée à aujourd'hui énormément de choses qui qui ont changé mais celle qui me touche le plus et celle qui pour moi est le le plus grand frein c'est qu'en fait il y a plus d'espoir quand j'étais gamin dans ces cités là d'où qu'on viennent quel que soit notre origine on avait une une rage de vaincre on avait envie de s'en sortir on était convaincu qu'on allait s'en sortir on nous le disait à l'école nos parents on étaient convaincus et cetera aujourd'hui mère de ces quartiers là je retourne dans ces quartiers et et les gamins me disent mais finalement quoi qu'on fasse on s'en sortira pas ce fatalisme détruit à petit feu toutes les populations dans ces quartiers et ça ça passe aussi par l'école et la capacité de s'en sortir Vincent j quand je lui lit le titre de votre livre et quand je lis votre livre moi ça fait écho ça me rappelle les propos de Gérard Colomb octobre 2018 je l' recite il faut une vision d'ensemble car on vit côte à côte et moi je crains que demain on le vit face à face octobre 2018 on est 5 ans après on y est on y est on y est nous y sommes on nous y sommes mais est-ce qu'on est même pas au-delà et on pourrait se dire bah c'est foutu non moi j'accepte pas que ce soit foutu moi je vous le dis avec beaucoup de détermination je suis convaincu qu'on va la gagner cette partie mais oui on est face à face il y a la France du chaos une minorité mais qui est très forte et qui nous fait très mal et il y a encore la France du sursaut qui a besoin d'être renforcé par toutes celles et ceux qui veulent encore que ce pays se redresse et aille de l'avant et moi j'ai j'ai besoin que ça ait du sens qui nous est arrivé j'ai besoin qu'on gagne la partie et je mettrai toutes mes forces dans la bataille pour qu'on gagne il y a pas de petit geste quand on est 67 millions à les faire si vous n'aimez pas le système politique changez-le engagez-vous si vous n'aimez pas l'école d'aujourd'hui engagez-vous devenez parents d'élèves devez professeurs on en manque si vous n'aimez pas notre système de santé pareil franchement allez-y soyez acteur les responsables politiques ont un rôle majeur mais ils ne peuvent pas tout ils ne résoudront pas tout ce n'est pas possible donc c'est aux Français de faire vivre ce sursaut en France dans dans votre livre vous consacrez aussi un chapitre à ce que vous appelez la bureaucratie dans toute sa splendeur hein cette France où dites-vous prospère une implacable bureaucratie qui tue toute initiative et rend inextricable le plus modeste projet on pense évidemment aux agriculteurs en ce moment et aux normes qu'il qu'il dénonce c'est quoi selon vous c'est c'est l'Europe qui est en cause comme il le dis pour beaucoup ou alors on n pas besoin d'Europe en France on est déjà champion du monde de d'établissement d'nmes en tant que maire je constate tous les jours qu'on a des normes en fait des normes ça serait pas grave si elles étaient pas contradictoires entre elles la vraie difficulté elle est là je je vois dans les quartiers populaires on nous dit justement il faut détruire des logements mais on vous demande d'en construire il faut construire plus mais moins parce que il y a a il y a la transition écologique à opéré c'est la contradiction desnmes qui rend fou et qui rend inefficace moi je crois pas qu'on arrive au bout du modèle démocratique moi je crois en la démocratie mais ce qui renverse un régime que ce soit à l'époque les monarchies ou peut-être aujourd'hui les démocraties c'est quand elles deviennent inefficaces et quand elles sont effectivement étouffées par une suradministration elles sont inefficaces et il y a un danger et évidemment quand je pense à la situation des agriculteurs et et au-delà du drame terrible insoutenable qu'on a connu hier bencentin pardon vous interrompe pardon vincentin le gouvernement qui se dit à pied d'œuvre donc pour répondre à C C nation agricole est-ce que ça ça va suffire Vincent jambrin est-ce qu'il faudrait aller encore plus loin pour répondre à leurs attentes difficile de vous répondre on connait pas les annonces à ce stade mais c'est dommage qu'on soit obligé de de bloquer le pays et d'avoir des drames effroyables comme ce qu'on a connu hier pour que on se mette vraiment à à être au côté des des agriculteurs en l'occurrence ça fait longtemps qu'ils sont défendus avec beaucoup d'énergie par d'autres forces politiques je pense notamment aux républicains notamment au niveau européen mais ce qui est très important de se dire c'est que on on a tous été marqués par le décès de de cette jeune agricultrice et sa fille hier et j'ai envie de dire le meilleur moyen de le rendre hommage c'est effectivement d'aller très très loin pour faire en sorte que demain être agriculteur ce soit un métier dont on est fier dont on vit dignement et je crois que c'est c'est ça le meilleur moyen de de ne pas oublier cette mort injuste une question sur la gestion de la crise Gabriel Atal le Premier ministre vous le trouvez comment aujourd'hui la bonne personne au bon endroit mtenant c'est je crois que c'est au français de savoir si le premier ministre la bonne personne au bon endroit maintenant la question c'est ce que vous me posiez à l'instant c'est comment on fait en sorte de répondre aux attentes des agriculteurs parce que répondre aux agriculteurs c'est répondre aussi à tous les Français qui ont besoin de bien manger et de soutenir celles et ceux qui défendent le paysage et le terroir français vous êtes très attaché avec votre famille politique ce qu'on peut dire c'est ce qui est assez fraant vous faites pas de procès d'intention alors que vous regrettez qu'il n'y ait pas eu de moyen à la hauteur qui é été mis depuis le mois de juillet vous ne politisez pas votre discours vous n'instrumentalisez pas votre discours c'est votre façon de faire de la politique vous vous adressez plus aux Français que aux adversaires politiques en réalité je le disais tout à l'heure je crois que j'ai été changé par ce qui nous est arrivé et que pour que ça ne soit pas arrivé pour rien j'ai besoin que ça fasse S c'est pour que ça fasse s j'ai besoin que les choses changent que notre société retrouve un souffle et peut-être un sursaut euh je crois que les Français ils en ont marre de nous voir nous écharper sur les plateaux télé et qu'on a besoin de travailler ensemble dans un même intérêt ça veut pas dire se dissoudre ça veut même pas dire faire du en même temps ça veut dire être capable de penser à l'intérêt général avant l'intérêt des étiquettes politiques moi je suis maire je travaille pour tous les habitants de ma commune qu's aient voté ou pas pour moi et qu'il soient engagés politiquement ou pas avec des collègues maires de d'autres tendances politiques autour de nous on travaille dans plein de projets intercommunaux et on sait le faire dans l'intérêt de nos concitoyens ris répond question c'est ce qu' on doit faire ensemble