Après plus de 30 ans
auprès de son mari, elle a découvert
qu'il avait une double vie, depuis plusieurs années. Je lui ai dit : "Mais
Qu'est-ce qui se passe ?" Il a commencé à me dire : "Tu sais, j'ai eu une aventure
avec une collègue." Je me dis :
"Mais elle a un enfant..." Et je lui dis :
"Cet enfant, il est de toi ?" Et là, il s'est gratté
la tête et il m'a dit : "Effectivement, il y a
une petite fille." Alors là, c'est le ciel
qui vous tombe sur la tête. Complètement. Vous apprenez que cet homme, avec qui vous vouliez
un enfant, c'était mon rêve, vous dit, comme ça,
de but en blanc : "Oui, cette petite
est ma fille." Là, c'est non... Je me suis dit :
"Non mais alors là... Tu rêves, il faut te pincer,
il faut faire quelque chose." Si Patricia vit comme une
double trahison cette infidélité, c'est parce que depuis toujours, son mari refuse
d'avoir un enfant. Amoureuse, elle a fait une
croix sur la maternité, qui était pourtant pour elle
un désir très fort. - 30 années... Je me pose des questions. - Vous aviez confiance en lui. - Pour moi, c'est
la base du mariage. C'est la base du couple. Si on n'a pas de confiance,
s'il n'y a pas de sincérité, Il n'y a pas de mariage,
il n'y a pas de couple. Donc moi ce sont mes valeurs, et c'est quelque chose
auquel je croyais fortement. Et je découvre que j'étais
abusée par rapport à ça. - Quel était l'état
de vos relations ? - J'ai toujours été
quelqu'un, qui a pris soin
de son mari. Je faisais tout ce
que je pouvais à la maison, pour lui éviter des
contraintes. D'ailleurs, il me disait :
"Je ne veux pas de contraintes." Ça, c'était quelque chose
qui ressortait dans ses paroles. - Il vous le disait ? C'était une manière
de vous dire : "Fais tout ce
qu'il faut à la maison, pour que ça soit parfait."
C'était quoi : "Je ne veux pas
de contraintes." ? - Il ne fallait pas que je l'embête
avec une ampoule à changer. À partir du moment
où il rentrait du travail, il ne fallait pas l'embêter
avec quoi que ce soit. Pas de cris d'enfants,
il ne fallait pas d'enfant... Et puis c'était
suivant son envie. Par exemple, sortir un verre, ranger la vaisselle
du lave-vaisselle, il ne savait pas ce que
c'était, il ne l'a jamais fait. Mettre dans le lave-vaisselle, il le faisait de temps
en temps, par obligation, mais autrement, jamais. Faire une lessive
alors là par contre, je pense qu'il n'en est
même pas capable. Toutes ces petites choses
de la vie courante, qu'on doit normalement
partager dans un couple. Moi, je travaillais
également. - Vous l'avez rencontré
à 17 ans ? - Oui, on avait 17 ans. C'est lui qui a demandé
à ce qu'on se fiance. Donc à l'époque, on s'est
fiancés quelques années après, et puis on a attendu
dix ans pour se marier. Mais par contre, j'ai commencé à avoir
ce désir d'enfant très fort, à partir de 30 ans. Il m'explique que cette
femme n'a pas cessé, de mettre en avant
mes défauts à moi, en disant qu'on n'avait rien
à faire ensemble, qu'on n'avait pas
de points communs, que je n'étais pas sportive. Il m'explique en me disant :
"Je suis tombé dans le panneau." - Il vous explique que
ça n'est pas sa faute. - Exactement. - C'est au cours
de cette période, de cette période
où vous vous retrouvez, que vous tombez enceinte. - Exactement. - Ce qui tombe
plutôt bien, non ? - Pour moi, oui.
- Pour vous, oui. - Justement, c'est
une page qui se tourne, c'est un renouveau, c'est... Pour moi ça a plein de
signification ce bébé qui arrive. - Vous lui annoncez,
comment réagit-il ? - Disons qu'il ne réagit pas. Je dirais carrément. Parce que pour lui,
il n'y a pas de doute. C'est clair qu'il n'envisage
pas du tout d'avoir d'enfant. Il me dit qu'il n'est pas prêt, qu'il ne s'imagine pas
du tout avec un enfant. Après, je ne m'en plains pas, c'est aussi moi qui accepte
de vivre comme ça. - Est-ce que votre belle
mère joue un rôle particulier, lorsque vous tombez enceinte ? - Elle me dit de bien
réfléchir, parce que son fils
ne veut pas d'enfant, donc... Elle m'explique que si
jamais je garde cet enfant, que lui ne restera pas
avec moi. Et encore une fois,
c'est sa volonté, qui va passer
avant la vôtre. - Exactement. Mais sa volonté passe
avant la mienne. Parce que je pense
que psychologiquement, je n'ai pas été
suffisamment forte. Je m'en veux terriblement, parce que j'aurais dû
à ce moment-là, peut-être partir. Et ne pas me laisser
influencer par l'entourage, qui était nocif. La grossesse de Patricia
n'ira pas jusqu'à son terme. Quelques semaines plus tard,
elle fait une fausse couche, et découvre en même temps
qu'elle attendait des jumeaux.