« Le Vertige MeToo », un plaidoyer pour la nuance - C à vous - 11/09/2024

on fait ça avec des saint-pierre. - A.Voisenet: Un saint-pierre sélectionné par un ami qui s'approvisionne au port d'Erquy. Ce sont des saint-pierre de grande qualité au quotidien. - A.-E.Lemoine: Merci. Tout de suite, l'édito de P.Cohen. "Le Vertige MeToo", c'est le titre de l'essai de C.Fourest. Est-ce que vous partagez ces vertiges? - P.Cohen: Pour ceux qui seraient tentés de se méprendre sur le contenu de votre livre et qui voudraient vous faire un procès en indulgence ou en complaisance, vous dites que ce vertige est nécessaire car ce n'était pas mieux avant. La société patriarcale... Vous préférez vivre dans ce nouveau monde. Tout votre parcours, vos combats, vos écrits, vos enquêtes, votre conscience féministe vous conduisent à défendre cette révolution MeToo et à vouloir la protéger de ses excès. En matière d'excès, parmi les affaires que vous revisitez en essayant de faire la part des choses, il y en a une qui laisse le lecteur bouche bée, dont vous avez été le témoin direct dans le cinéma au sein du Collectif 50/50 qui lutte contre la parité et les violences sexuelles, l'histoire d'une pseudo-agression entre 2 femmes lors d'une soirée du collectif où vous êtes. Ce récit illustre un double glissement. Tout se mélange et est mis sur le même plan, viol, inceste, harcèlement, réflexions déplacées. Vous écrivez que tous les MeToo ne se valent pas. Quelques-uns des défenseurs du "on vous croit" ne vous croyaient pas quand vous dénonciez T.Ramadan il y a 20 ans. Vous réclamez justice. La société de la pureté est-elle possible ou même souhaitable? Est-ce que après des décennies, des siècles d'aveuglement, de surdité et d'impunité, il n'est pas légitime d'envoyer très fortement et même trop fortement le balancier dans l'autre sens ou bien faut-il que le féminisme reste un contre-pouvoir sans jamais verser dans l'abus de pouvoir? Doit-on nommer à la moindre accusation?