Le Livre sur la Place 2022 : Grégoire Bouillier & Antoine Wauters

Published: Oct 12, 2022 Duration: 01:09:14 Category: Entertainment

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avant qu'on démarre est-ce que ça ennui quelqu'un si de temps en temps le précédent ne va pas vraiment personne c'est gentil comme ça merci bon il est en retard il est en retard alors je vous propose pour le faire venir cette place vide l'attend qu'on commence bienvenue à tous d'abord bonjour et bienvenue à cette à cette rencontre autour de du thème porter la voix des autres les deux auteurs que nous avons aujourd'hui incarne ce thème là à le voilà un quart de ce thème là et on va parler de ces deux livres tout à fait différent bienvenue je vous en prie bonjour de ces deux livres tout à fait différents Antoine Wauters le musée des contradictions aux éditions du sous-sol et Grégoire Bouillet le coeur ne sait pas chez Flammarion on a aussi la chance aujourd'hui d'avoir avec nous un comédien qui va lire des extraits de ces deux ouvrages et qui ce qui vous permettra aussi de vous de vous mettre dans l'ambiance et petite surprise donc je vous propose que nous commençons avec la lecture d'un extrait du livre de Grégoire Bouillet c'est l'histoire d'un d'un fait divers à l'été 85 et voilà ce qui se passe au début de ce livre alors on a la chance d'avoir avec nous Benoît fourchard qui est comédien metteur en scène animateur du festival 12000 signes consacrés à la nouvelle festival qui se tiendra à Nancy au mois de novembre voilà de quoi nous plonger dans l'ambiance de du livre de Grégoire Bouillet c'est une émission de radio que j'ai entendu dans les années 80 mais impossible de me rappeler de quelle émission il s'agissait je ne me souviens même pas sur quelle onde elle fut diffusée France Inter France Culture une radio commerciale ce n'était d'ailleurs peut-être pas dans les années 80 mais dans les années 90 je ne sais plus ce dont je me souviens c'est qu'un écrivain parlait d'un livre qu'il venait de publier livre dont le sujet était une femme comment dire elle avait été mannequin vedette chez un grand couturier Jean Patou elle avait eu son heure de gloire dans les années 50 70 60 elle avait été admirée courtisée choyé envier entouré aimé une belle vie en apparence pourtant on avait retrouvé son cadavre momifié dans son petit appartement à Paris ailleurs c'est l'odeur qui avait alerté les voisins elle était morte depuis 10 mois quelque chose comme ça elle était morte depuis 10 mois sans que personne s'en aperçoive pendant 10 mois nul ne s'était inquiété de ne plus avoir de ses nouvelles ni par an ni amis ni voisin personne n'avait été là pour elle elle n'avait manqué à personne comme si elle avait fait le vide autour d'elle ou que cela faisait longtemps qu'elle l'avait tiré sa révérence et qu'elle soit là ou pas ne faisait plus aucune différence tout comme moi ou n'importe qui pas la peine de nous raconter l'histoire dis-moi dis-moi des mots d'amour à côté de son corps décomposé momifié sur le lit loc affreuse charnier et obscène on avait trouvé un cahier des colliers cahier dans lequel expliquait l'écrivain à la radio cette femme racontait cette laisser mourir de faim cahier dans lequel au jour le jour elle avait consigné sa lente agonie notant de façon clinique et lapidaire sans la moindre émotion qui ne soit justement cette absence d'émotion la détériorité les détériorations de son corps les effets de la privation de nourriture l'horreur que c'est de mourir de faim à petit feu pendant des jours et des semaines pendant un temps abominable à l'antenne un passage du cahier avait été élu mardi la langue des gorge comme un escargot c'était peut-être pas mardi mais 33 ans plus tard je me rappelais encore cette phrase je me la rappelais comme si c'était hier en moi elle s'était gravée ces mots je l'avais vu les écrire dans son cahier j'avais vu l'escargot j'avais vu sa langue dégorger dans sa bouche et je l'avais senti enflé et boursouflé et déglutir dans ma propre bouche et cette sensation m'avait poursuivi cette vision m'avait glacée comme une énigme sans fin une tentation entendant à la radio l'histoire de cette femme en tendance à solitude et sa volonté terrifiante d'en finir en tendant ses mots et sa folie de les mettre par écrit dans un cahier d'écolier je ne l'avais plus jamais oublié je n'avais plus cesser de penser à elle son souvenir m'accompagnant de loin en loin comme un light motif insistant une compassion revêche une question faramineuse qui était cette femme comment en était-elle arriver là comme avait-elle pu comment pouvait-on décider de se laisser mourir de faim toute seule dans son coin dans le plus parfait silence de s'infliger froidement et résolument un aussi long supplice défié à ce point la vie même un chien ne se laisse pas mourir de faim même les grévistes de la fin se battent pour une cause et trouve en elle la force d'aller jusqu'au bout si leur revendication n'est pas exaucée rien de tel ici pas de cause ici pas d'autorité qu'il s'agirait de faire plier pas de martyr aucune gloire nul et héroïsme du moins déclaré juste l'anonymat juste la cruauté d'un calvaire solitaire et interminable le mot inhumain le mot folie quel mot en fait j'ajoute qu'on gardera un temps pour vos questions aussi aux auteurs à la fin de cette rencontre c'est chouette on est dans l'ambiance tout de suite là bonne humeur bon c'est ça qui vous a donné au départ Grégoire Bouillet d'écrire là-dessus cette histoire incroyable de cette femme qui rédige parle de son agonie dans ce journal alors en fait j'ai pas eu envie c'est-à-dire que les choses se sont pas du tout comme comme dans l'extrême on vient de l'entendre en fait c'est une émission que j'ai entendu avec une phrase enfin il y avait la situation une femme c'était mourir de faim en écrivant son agonie dans un journal et c'était la phrase que j'ai retenue et c'est celle là que j'ai conservé comme ça par mois et en fait c'est plutôt ce fait divers qui s'est imposé à moi il se trouve que 35 ans plus tard j'étais un dîner et assez régulièrement je parlais de ce fait divers comme ça comme dans la conversation etc tu as vu il s'est passé un truc encore des flics ou encore tuer des gens tout ça voilà et moi j'avais ce petit fait divers et voilà régulièrement j'en parlais de façon un peu anodine voilà et je veux me retrouver avec quelqu'un qui travaille à Lina et qui me dit mais si tu veux moi je préfère une recherche puisque c'était une émission de radio et en fait il fait à la recherche il retrouve les missions de radio et c'est comme ça que j'ai découvert qui était cette femme qu'elle était son nom où elle était morte et là l'histoire à partir de là je me suis voilà mais c'est plutôt c'est plutôt ce fait divers qui m'a choisi plutôt que moi qui ai choisi ce fait divers et après ce et cette solitude choisie point d'interrogation par cette femme cette c'est vraiment le le oui la notion de solitude mourir comme ça seul dans son appartement dis-moi avant que on s'en rende compte ça c'est quelque chose qui vous intrigue immédiatement ou pas plus que ça vous vous avancez j'allais dire pas à pas dans cette histoire alors moi c'est pas tant la solitude parce que je suis un peu le sentiment qu'on est tous plutôt seul même si on est entouré on est quand même tous assez seul lorsqu'il m'a en fait pour moi ce qui m'a intrigué les deux questions que je me posais c'est un qui se suicide en y mettant en fou parce que son jeu n'a quand même curé 45 jours donc pour se tuer un petit feu comme ça c'est quelque chose qui dépasse mon entendement et qui se suicident en y mettant un temps fou écrit en plus en agonie dans un cahier et pour moi ça interrogé à la littérature évidemment c'est à dire que c'est quoi écrire au moment de mourir écrire est-ce que c'est la vie qui a écrit est-ce que c'est la mort qui déjà commence à écrire il y avait plein de questions et ça interrogé vraiment le statut de la littérature et avec cette phrase qui me restait en mémoire qui était la langue comme un escargot qui était qui est comme une flèche surréaliste enfin voilà il y avait quelque chose de qualité littéraire en tous les cas moi je prêtais une qualité littéraire c'est le journal et donc à partir de là c'était quelle a été la vie de cette femme pour en arriver à ce point-là en 1984 de se laisser mourir de fin est-ce qu'on pouvait retracer sa biographie comprendre quelque chose et l'autre enquête qui s'était retrouvé le journal pour pouvoir le lire et et en fait donc j'avais l'intention même de le faire publier voilà mais je pensais pas du tout que ça m'entraînerait dans une enquête au long cours avec du coup des choses que je n'avais pas le droit de faire ni de dire et il a fallu que je verse dans la fiction avec deux détectives enfin un détectives et son assistante monter une agence de détective et tout ça enfin après le truc en fait ce qu'il faut bien comprendre c'est que on a un peu il y a une sorte de malentendu où on dit que en fait c'est pas le sujet qui fait le livre c'est le livre qui fait le sujet c'est même pas le sujet c'est même pas l'auteur qui fait le livre on va dire que c'est l'auteur qui fait le livre et tout ça mais en fait c'est toujours le livre qui va faire et l'auteur et le sujet donc là le fait divers à mon dernier j'écris ça aussi en fait je serais très curieux de savoir quel autre livre pourrait être écrit par un autre écrivain sur cette histoire-là ça donnera un autre livre et ce serait très intéressant mais parce que c'est vraiment le livre qui va faire le fait divers et ça donne un livre de 800 pages passionnant 800 pages 850 non 800 un peu à la fin encore qu'on regarde la dernière page ah oui quand même mais oui ce que vous dites il y a ce fait divers mais effectivement on voyage avec ce détective et son assistante et bien sûr il y a aussi tout la côté comme vous dites c'est pas le fait divers en lui-même c'est tout ce que vous racontez autour sur le monde de la pré guerre la littérature l'histoire et tout ça est aussi savoureux même davantage que que l'histoire en elle-même comment vous avez procédé donc le narrateur est avec son assistante Miss Penny leur relation est très très drôle aussi d'ailleurs il y a beaucoup d'autodérision beaucoup d'humour entre eux madame enfin voilà il y a pas mal de choses aussi du vocabulaire du du détective comment vous vous avez travaillé quand ces portes s'ouvrent d'ailleurs elles ne souffre pas toujours vous parfois vous vous mettez un temps fou à aller chercher l'information que vous voulez mais qu'est-ce qui a été le plus compliqué dans dans cette quête pour vous parce que bien sûr ça passe par le travail sur les archives par retrouver les lieux qu'elle a fréquenté remonter sur son histoire à quatre générations voilà qu'est-ce qui a été le plus le plus difficile comment vous avez affronté cette enquête là j'ai envie de dire que rien n'a été difficile parce que en fait j'ai découvert que vous êtes devant votre ordinateur vous tapez sur le site les Archives de Paris et vous avez accès à tous les actes de naissance de décès de mariage que vous voulez c'est disponible en libre accès et donc c'est fabuleux moi je me suis plongé là-dedans donc cette femme s'appelait Marcel Pichon elle est née en 1921 donc ça voulait dire dans le 15e arrondissement tout à côté de là où j'habite c'est une espèce de coïncidence assez heureuse donc ça voulait dire quoi avoir pas avoir passé son enfance dans le 15e arrondissement dans les années 20 et 30 les archives ont donné ses parents et puis ses grands-parents et ses arrière-grands-parents et donc elle vient d'une famille du Berry au XIXe siècle très précisément dans le petit village de pommiers des vacances assez pourries je dois le dire j'ai mes grands-parents qui étaient dans le Berry et c'était vraiment l'ennui le plus accablant qu'on puisse avoir quand on avait 12 13 14 ans enfin c'était effrayant quoi et bon voilà non et puis effectivement pour finir cette introduction sur votre livre ce qui est aussi surprenant dans cette enquête c'est que vous ne vous interdisez rien vous allez en particulier pour en savoir plus sur cette femme voir un magnétiseur voire quelqu'un qui va analyser une photo d'elle qui va analyser son écriture pour le coup tout est bon à prendre moi je considère que la littérature c'est quand même un espace de liberté donc et j'avais un problème c'est à dire que sur Marcel Pichon il n'y a rien dire que ça me spectaculaire la presse en a parlé une journée et puis après elle a disparu évidemment donc en fait c'est une mort spectaculaire mais c'est une vie minuscule pour reprendre la fameuse expression de de Pierre Michon et en fait il y a rien moi j'ai plein de collègues et notamment Gianadda et tout ça qui font des livres absolument fascinants et passionnants où ils enquêtes etc mais ils ont une matière extrêmement riche ils ont des rapports de police ils ont des procès ils ont des livres ils ont plein il y a énormément et sur martial Pichon il y avait rien et par exemple pour retrouver donc avec Penny et bimor le détective il faut bien qu'il trouve quand même des choses enfin c'est c'est quand même ils sont payés par Grégoire Bouillet pour ramener de la matière quoi donc et par exemple la randonnée dans un trou vraiment rien bimor a l'idée de consulter un radiesthésiste pour voir si on peut pas retrouver le journal et d'agonie bon je veux pas raconter la scène parce que c'est assez rigolo mais après il y avait des trucs plus intéressants il y a une page du journal d'agonie de Marseille qui a été publié dans Paris Match et donc j'avais des des traces de son écriture donc je suis allé voir agrafologue pour qu'il analyse pour qu'on essaye de cerner un petit peu l'intériorité de Marcel Pichon plutôt que juste ces éléments biographiques ou sociologiques donc ça c'était très intéressant mais après Penny qui qui elle est un peu verrue comme ça de spiritisme alors que bimor pas du tout il trouve ça absolument lamentable de faire appel à l'astrologue enfin réputé qui plaisait une voyante et tout ça mais ce qui était une morpho-psychologue aussi pour dire à partir du visage de Marcel qu'est-ce qu'on peut dire d'elle et on peut dire des choses d'elle en fait c'est cela qui était fascinant et à la fin ça compose à la fin on en sait plus sur Marcel et en même temps évidemment le secret de Marcel Pichon ne sera jamais inventé mais comme mon ou votre secret ne sera jamais inventé parce que on n'est pas réductible à des éléments qu'il faut biographiques ou psychologie ou sociologiques etc mais en même temps il y a quand même une espèce de portrait un peu cubiste j'ai envie de dire enfin qui fait que on a plein de de sentiments de sensations de sa personnalité qui par ailleurs s'avère finalement pas si sympathique que ça et puis ces aspects les passages astrologues etc on adhère aussi complètement à ça alors peut-être pour finir cette première introduction c'est vrai que vous le disiez tout à l'heure vous êtes aussi partout dans ce livre et c'est assez drôle puisque se détective et son et son assistante régulièrement mentionne votre nom en disant ah on a trouvé ça alors là Grégoire Bouillet va être très content ou alors là on piétine il faut vraiment qu'on accélère là dessus bon ça c'est aussi assez fascinant et ce qui est joli peut-être vous pouvez dire aussi un mot là-dessus c'est comment vous à partir de cette histoire par exemple sur la fin sur la façon dont cette femme c'est c'est laisser mourir de faim là encore vous explorez ce concept là jusqu'à aller thèse de doctorat sur les écritures de la fin ou le nom d'ailleurs de Marcel Pichon n'est pas mentionné à votre grande surprise voilà ce livre c'est sa foisonne de tout ce que vous avez découvert univers et le squelette mais bien sûr ça n'est qu'une faible partie de votre ouvrage quoi c'est le livre qui fait l'histoire mais effectivement moi j'ai découvert plein de choses sur sur la fin et dire qu'il y avait un c'est pénible à un moment donné qui intervient en disant mais quand même c'est alors bon il faudrait aussi dire que il y a une histoire de la fin dans le destin de cette femme c'est à dire que donc c'est ancêtres sont quand même journalier et Crevet la dalle assez régulièrement vu et d'ailleurs je parle des des modes de la fin dans le bison c'est elle va elle a 20 ans en 40 et elle se marie en 40 donc déjà ce Maria 40 faut imaginer les noces quoi c'est à dire que c'est des toasts aux orties enfin il y a rien à manger c'est donc elle va vivre quand même sa jeunesse et les premières vers la 19 20 21 22 ans sous l'Occupation et tout le monde sait bien que on crevait quand même la population et notamment à Paris crevait largement la dalle donc il y a quand même comme ça toute une histoire de la fin qui traverse sa vie est pénible va chercher et elle est un peu scandalisée que quelqu'un se laisse mourir de faim alors qu'il y a des gens qui n'ont rien demandé qui aimeraient manger et qui meurent de faim donc elle va enquêter aussi sur les écritures de la fin donc il y a Kafka par exemple quand même le champion de jeûne c'est pas rien et Kafka traversent en fait avec cette thématique de la culpabilité enfin c'est une figure on peut dire que ça pigeon est une figure Kaf Cayenne mais il y a aussi le siège de lapin en 1590 quand Henri IV et là il y a des témoignages absolument que moi je moi j'ai appris énormément de choses en fait en faisant ce déjà pris sur l'occupation sur la Tunisie parce que c'est marié avec un deuxième un deuxième mari pas avoir divorcé avec un Tunisien j'ai appris des trucs sur le Berry sur les é la peinture enfin voilà c'était donc c'est un livre comme ça où on voyage mais à chaque fois avec un fil assez tenu qui ramène sans cesse à qu'est-ce que l'on pourrait dire d'un individu d'une vie minuscule comme nous avons tous une vie minuscule mais en fait qui est incroyablement riche d'événements de passage de de voilà merci beaucoup aux éditions du sous-sol vous avez reçu le le concours de la nouvelle pour ce livre c'est un recueil de 12 textes de 12 discours finalement et tous les personnages ont pour points communs de de crier leur colère peut-être parmi vous certains l'ont déjà lu dans la salle ils ont tous cette caractéristique d'avoir cette rage en eux cette colère et on traverse avec vous plusieurs univers l'univers des EHPAD avec des personnes âgées qui en ont assez de leur flan à la vanille et qui vont vouloir s'enfuir de l'établissement de maman qui regrettent d'avoir mis leurs enfants au monde voyant il leur est réservé vous avez choisi de sélectionner ces histoires il y en a vraiment certaines qui sont inattendues vous avez peut-être un micro sur votre siège je ne sais pas oui il y en a quand même qui qui sont tout à fait étonnantes de toute façon elles sont toutes uniques y compris dans des univers comme celui de de l'EHPAD qui est un univers qu'on a bien appris à connaître en particulier ces dernières années avec le confinement comment vous avez organisé cet ouvrage et bonjour d'abord oui je vais vous dire quelque chose d'entrée de jeu c'est que j'ai pu faire des des dizaines voir des centaines de rencontres depuis quelques années celle-ci et il sera la plus difficile pour moi contenu de ce que je viens d'entendre qui me touche au plus haut point donc c'est très difficile de parler après ce que je viens d'entendre je savais et je connaissais le fond du livre de Grégoire et je savais que c'était un livre qu'il fallait peut-être pas que j'approche de trop près puisque si vous avez lu des livres précédents que j'ai pu écrire il y en a un qui s'appelle Silvia et qui raconte précisément le décès de mon grand-père qui s'est laissé mourir de faim donc voilà ça fait partie des synchronicités tu parlais de de toutes les synchronicités de tous les signes que tu as pu collecter recueillir tout au long de cette enquête et c'est vrai quand on suit ces filles là on se rend compte très vite qu'il y a des il y a des éléments parlants des éléments de sens et écrire c'est précisément et c'est de faire sortir tout ça mais c'est évident pour moi qui est vu ça sans avoir d'ailleurs pu mettre de mots sans avoir jamais pu comprendre ce qui pousse quelqu'un un jour d'été après avoir été planté ces dernières pommes de terre à s'allonger dans un lit et ne plus le quitter jusqu'à la fin je crois que vous comprenez que c'est difficile pour moi ceci étant dit dans le dans le livre dans le musée des contradictions ces éléments là ne sont pas présents mais porter la voix des autres c'est aussi porter la voix des morts avec toute la question qui peut se poser est-ce qu'on a le droit de porter cette voie dans quelle mesure est-ce qu'on n'est pas en enquêtant comme on le fait tous voyeur est-ce qu'on n'est pas en train de réécrire l'histoire d'un silence qui aurait dû ou pu le rester et dans ces 12 nouvelles c'est c'est cette voix la voix de personnes qui ont compté à mes yeux notamment la voix de mes grands-parents et de ce grand-père dont je vous parle et les présente c'est notamment lui dont il est question dans la deuxième ou troisième nouvelle avec ces personnes âgées qui quittent leur EHPAD on en pouvant plus de d'être gavé de flancs à la vanille voilà et comment est-ce que c'est ces voix me sont venues je pense simplement en étant très attentif à ce qui se passe autour de moi autour de nous en écoutant en essayant de rester un maximum poreux et empathique et puis je pense que Grégoire connaît comprend et ressent ça aussi c'est son la voix des autres mais c'est aussi notre propre voie je pense que quand le livre s'écrit il est toujours question d'une rencontre entre effectivement des témoignages des choses qui nous touchent dans des oralités dans des histoires qu'on entend mais sont des histoires qui viennent nous rencontrer un endroit qui est très vif qui est très inné qui est très voilà qui est disposé à recevoir tout ça donc c'est un mélange de ma voix de mes convictions politiques notamment de mes envies que que certaines choses changent et tout ça est mixé mélangé avec des des ressentis d'autres personnes alors c'est ces gens s'adressent tout ça à quelqu'un dans ses nouvelles soient à Dieu à un juge un président il fallait aussi pour avoir cette force de discours j'allais dire ne pas parler dans le vide [Musique] avoir quelqu'un en ligne de mire c'est important ça pour porter une colère ou absolument il faut une cible il faut une cible parce que la colère qui ne trouve pas son son canevas qui ne trouve pas son canal c'est une colère qui se retourne contre nous et on en fait tous les frais quotidiennement je pense qu'on le sait on le voit quand on quand on entend l'actualité quand on regarde le monde autour de nous et ses injustices nombreuses on se rend compte que si la colère n'est pas exprimée et puis si exprimer elle n'est pas éventuellement diluée et transformée en quelque chose d'autre éventuellement un élément de sens ou en germe de transformation c'est comme l'écriture qui ne trouve pas son canal ça finit par se retourner contre nous et on en devient malade fou profondément malheureux donc cette idée que ce soit des discours pour moi nécessité effectivement qui est une adresse et cette adresse c'est souvent des personnages qui sont oui puissants qui détiennent une partie du pouvoir donc effectivement il y a du personnel médical mais plutôt des médecins il y a Dieu lui-même qui est interpellé et puis il y a tous les personnages entre les deux donc notamment des des hommes politiques j'avais extrêmement besoin à cette période là il faut dire que c'était le moment où on sortait des confinements j'avais besoin de de sortir ces choses-là de moi ayant passé de nombreux mois à fulminer je suis quelqu'un qui ne décolère pas malgré le temps qui passe et malgré mon envie de m'apaiser et je pense que c'est très sain il y a de scènes colères et ça permet de rester vivant aussi c'est aussi ce qu'on se dit ces gens qui sont parfois vraiment désespérés mais on se dit que voilà il y a un mélange de désespoir et en même temps d'énormes vigueur et grâce à cette rage on reste vivant aussi complètement et puis c'est aussi se réapproprié le langage c'est à dire que quand on quand on écoute même les actualités les informations on reçoit tout ça dans un langage qui qui moi m'est devenu assez largement insupportable sont des mots qui sont vidés de leur substance et on le sent en nous qui a quelque chose qui est dissonant et donc on assiste au déroulement des choses au déroulement de de l'histoire de façon très impuissante quoi et l'idée de créer des discours avec une langue qui pourrait être parfois un peu bon virulente c'est sûr mais je crois qu'elle peut être drôle par moment mais en tout cas c'est une langue très personnelle c'est à dire que toutes ces personnes qui parlent elle s'exprime avec leur vérité personnelle et leur vérité qui s'exprime au travers d'une langue autre une langue différente et je crois que c'est un contrepoids très précieux il y a quelque chose de poétique dans l'écriture et quelque chose de musical et d'une certaine façon ce sont des antidotes ou des contrepoids à ce flux de parole auquel on est exposé en s'entend comme je vous le disais la dissonance que ça crée en nous pour moi écrire des discours mais écrire tout court c'est inventer une langue nouvelle qui nous permettra de recycler de transformer c'est c'est toutes ces raisons qu'on a des trains insatisfaits aujourd'hui en quelque chose de de plus fort de plus intense et qui nous permettent de nous tenir debout dans la bataille une des nouvelles est adressée d'ailleurs je crois que c'est la dernière au président alors on se demande qui est ce président est-ce que c'est le président de la République est-ce que c'est le président d'un parti politique est-ce que c'est voilà ça peut ça s'entend comme on veut c'est tous à la fois notre cher Premier ministre mais ils t'ont emmené à voyager dans différents endroits c'est aussi éventuellement monsieur Macron c'est prédécesseur mais bon je tiens à dire que je ne suis absolument pas complotiste on a aujourd'hui on fait rapidement des raccourcis et le fait d'avoir un regard un peu critique ou amusé en fait par rapport à au déroulement toutes ces choses et d'interpeller un président pour lui dire voilà on aurait éventuellement quelque chose à vous dire c'est pas considéré que son travail est massivement nul ou inutile je mesure toute la complexité de la de l'exercice et c'est bien pour ça que le livre s'appelle le musée des contradictions c'est à dire que je crois qu'il y a pas de vérité le l'idée du livre c'est de tenir des discours qui sont pétris de croyances de de vérité mais qui sont toujours relatives puisque à un moment de chaque discours il y a toujours un point de bascule ou par exemple il y a des personnes très écolos dans le dans le dans le livre qui revendique ça qui disent non mais un monde sans écologie c'est impossible etc et qui disant ça balance leur mégot de cigarette dans la rue quoi et on vit tous de cette façon se levance disant aujourd'hui je vais être quelqu'un de très responsable de très calme par exemple et 10 minutes plus tard on s'emporte voilà c'est notre réalité d'aujourd'hui c'est la réalité de notre monde et j'ai essayé de le mettre en musique ou en peinture je vois que si j'avais pu peindre mieux j'aurais fait des je restaisis tout ça sur le vif et on sur factuellement de douceur et que vous essayez vraiment de mettre ça à chaque à chaque phrase quand même la notion de douceur il y a un passage très beau si je lis juste deux trois phrases avant que l'extrait ensuite soit lu par le comédien mais il y a une nouvelle où vous êtes dans laquelle vous écrivez ferment les yeux nous rêvons de ce jour où il y aura à la place du pullulent infini des ministres des chemins de montagne des ministres des jolies rues et à enjoliver des ministres de la planche à roulette du tas de bois du tas de foin des ministres de la sieste pour tous des ministres du pardon et de la chaussure de trail des ministres du souvenir de la vieillesse et du temps qui passe des ministres chiens et des ministres coléoptères des ministres à l'écoute des sols des eaux du vent des faibles et des fragilisés des ministres de l'importance du Songe de la musique et des mots et ayant dit cela nous vivons oui la douceur oui ben la douceur parce que je suis moi-même un être très contradictoire et très partagée je crois que si je cherche la douceur mais c'est comme les gens qui sont obsédés par le par le par la paix par le par le bonheur par je suis obsédé par tout ça parce que j'ai évidemment moi le l'exact opposé et tous les matins je me réveille et j'ai je suis partagé entre l'envie de d'être très violent et très doux ou très doux et c'est vrai quand j'entends des choses ou quand je vois des choses qui se passent aujourd'hui ça m'arrive de plus en plus souvent il y a une nouvelle où il y a un personnage qui cherche un fusil un petit fusil à plomb pour circuler dans les rues et se dire tiens ça cette esplanade nouvellement construite en béton alors qu'il y avait là des frênes majestueux qui est responsable de ça comment est-ce que je peux réussir à vivre en voyant que toutes les petites choses qui sont belles et qui nous tiennent en vie on les on les on les détruit moi ça me fait vraiment très très mal et je crois que tout ça des moments on se dit mais pourquoi ça encore ça en plus et ça change je n'ai pas envie de finir en prison je voilà je j'écris et j'essaye de de transformer tout ça en élément de sens et puis en me disant aussi qu'on est très nombreux à ressentir tout ça et à être tiraillé oui en des envies de lutte de rage et puis des envies de de nous dire allez pardonnons avant son et essayer de comme il est dit là-bas de poursuivre je précise que ton n'est pas du tout à la plainte il y a quand même à chaque fois une lumière dans chacune de ces de ces nouvelles qui qui fait que il y a ce souffle là et ce rythme là alors je vous propose peut-être que Benoît fourchard nous lisent un extrait de ce livre le musée des contradictions peut-être vous pouvez contextualiser celle la nouvelle que vous avez choisie alors j'ai choisi discours d'un pays rétréci je n'irai pas toute la nouvelle parce que ça sera un petit peu long mais vous aurez l'occasion de la lire dans le livre directement on est venu ronger par le remord mamie n'arrivant plus à boire notre journée on était censé en faire quelque chose mais comme toutes les autres elle n'a pas commencé le jour J l'andouille ennui parler nous insupporte mais pas autant que nous taire et pas un jour ne passe sans compense à la chance que vous avez eu de ne pas voir tout ça toute cette bêtise censée être la clé la clé de quoi m'a mis on te le demande notre déclin voilà ce qui nous reste l'avenir est dans le regret s'aimer bouger pleurer être libre tout ça affiche le camp puisqu'ils ont fermé le monde puisqu'ils en ont jeté la clé d'autant que pour notre cher président rivé au plus haut de branche de cet arbre mort qu'il s'obscine à nommer pouvoir tout va systématiquement pour le mieux dans le meilleur des mondes de quoi se plaint-on qu'il dit hier on se sentait tellement paumé qu'on a passé la matinée à faire du sport en short dans notre appartement de misère rue des cris continu des kilomètres de bécane électrique dans des cols sans relief pas envie de sortir pas prêt glandouille ennuis juste besoin de suer mamie manger des barres protéinées bander nos muscles être seul mais parce qu'il faut se montrer un peu quand même vers midi on a sauté dans nos fringues et fixer notre protège nez bien comme il faut comme il convient de le faire et on est sorti on s'est acheté du tabac en fiol dans le bar à tabac en fiole on a bu une bière en contemplant les péniches il faisait doux on écoutait le vent parler il parlait mamie et c'était bon on se sentait bien et fort de cela nous avons tous sauté un peu une petite tour rien de grave mais aussitôt surgit de va savoir où un type de la police des polices du protège-né nous est tombé dessus il nous a filé une amende parce qu'on avait toussé malgré notre protection et que la loi l'interdit 50 balles bien sûr on n'avait pas cette somme et on le lui a dit mais lui qui par ailleurs ne portait pas de protection c'est contenter de dire aboule et nous nous n'avons pas nous n'avons pas cette somme alors il a posé sa peinture nous nous a saisi par le haut de la capuche et comme dans ces régions reculées de Chine où l'une de ces démocraties de demain il a redit à boule plus fort tout en nous étirant tel des lombrics en désignant le panneau interdisant de tousser on a signé l'ordre de virement puis ce revenu mamie l'ennui et le découragement sans nous en rendre compte on s'est mis à tourner en rond rue des violettes le long des cinémas fermés et des bars à chatons dont on couvrait les murs du pauvre sang de nos points rendus fou de rage c'était hier et tous les autres jours car telle est la respiration présente dedans on étouffe dehors on étouffe encore de sorte qu'on en est réduit à varier les modes d'agonie ou si tu préfères les poisons est absolu des agonisants qui sachant que tout est fichu ne peuvent s'empêcher d'espérer quand même vous pour l'espoir d'un monde meilleur il y avait la messe le curé que j'insère avec ses oreilles pleines de poils nous aussi on a nos musées de la joie nos paradis à nous pour cela deux options le musée du regret où le musée du rien un grand musée où on se virtualise deux options où on rêve du temps ou boire un verre entre amis était possible et doux ou on poste des photos de nos torse toujours plus épilées et d'infini message et d'insécent coup de gueule avec quoi on est plus d'accord ne pas être d'accord suffit mamie tout est dans tout ce qui est bon ce qui est vrai ce qui est faux ce qui est sincère et ce qui ne l'est pas un livre une pub promesse trahison on finit par ne plus savoir sur qui frapper et on frappe malgré tout à suivre [Applaudissements] est-ce qu'il y a des questions dans la salle je suis il y a un engagement politique à faire de la nouvelle comme il y a un engagement politique à faire nos 100 pages série de sortir du format c'est le formatage donc qui a dit que un livre devait faire 250 300 pages qui a dit qu'un film devait faire une heure et demie et donc à partir du moment où on prend on fait un pas de côté on est déjà dans un engagement politique maintenant sur la colère moi j'ai mis très longtemps le livre est traversé par toutes les injustices qui sont toujours les mêmes il y a toujours d'efforts et des dominants et des dominés qui trinquent et qui continuent à être tranquille c'est juste une constante on est allé l'homme est allé sur la Lune il a traversé les océans il est capable de modifier l'ADN mais sur les inégalités sociales que dalle c'est incroyable quand même en 20 siècles d'humanité le nombre de progrès sauf dans les inégalistes et sociales mais au-delà de ça je me suis rendu compte que le fond le fin fond de ma colère c'est en fait ce que j'appelle l'oiseau bleu qui est quelque chose qui n'a pas le droit de vivre c'est au-delà des problèmes d'argent des difficultés des rapports de domination c'est il y a une espèce de liberté intime intérieure que j'appelle une joie de vivre qui dans ce monde n'a aucune place vous ne pouvez pas être dès que vous êtes heureux vous devenez suspecte en fait mais heureux de façon intérieure c'est pas le ravi de la crèche ou le bon vivant qui rote et qui pète c'est juste une espèce de joie intérieure qui fait que c'est quand même incroyable d'être vivant c'est juste incroyable et tout est fait pour saloper cette vie que l'on a en soi voilà j'avais envie de dire ça et l'autre chose que j'ai envie de dire parce que je suis un peu sensible quand même un truc de colère c'est que à la fin de mon livre je me suis rendu compte que en fait on vit dans un monde foncièrement obscène et on ne demande d'être vertueux dans un monde foncièrement obscène et la contradiction elle est d'abord là moi je veux bien être vertueux dans un monde vertueux je vois bien la cohérence du truc mais qu'on me demande à moi d'être vertueux dans un monde de bout en bout obscène bah j'ai du mal quoi vous êtes d'accord avec ça vous l'ajoutez quelque chose là-dessus non est-ce qu'il y a des questions est-ce que vous avez des questions n'hésitez pas nous avons du temps c'est bien de passer à la deuxième parce que la première question est toujours compliquée alors passons à la deuxième ce sera plus simple non mais après par exemple a fait l'objet de d'articles de presse il y a une obscénité de la presse par exemple il y a une obstennité des micro-trottoirs tu vas faire ça pourrait être une dans le livre je lance une pétition contre l'abandon du micro-trottoir dans les genres de télévision parce que quand même quel tour de force elle est demandée à des gens qui ne savent pas ce qu'ils pensent de telles choses plutôt que de demander à des gens qui savent ce qu'ils pourraient dire de tel ou telle chose ça c'est de l'obsédé pour moi les JT c'est un condensé du dégoûtant voilà mais après il y a des gens c'est à dire que le livre a traversé aussi par un personnage qui est en anorak vert et que j'ai croisé un jour fait partie de ces vie antérieure mais c'est un SDF on va disons que c'est un vous savez ces acronymes aussi ça c'est obscène les acronymes quand même pour voilà FDS c'est comme EDF une grande entreprise quoi et le type PAF comme ça moi j'attendais dans une un point relais pour aller chercher un livre désolé pour mais je commande des livres aussi bon et il passe et ils disent je vais tous vous tuer et il parle tout seul mais avoir assez haute pour que nous qui ont tous là je vais tous vous tuer et là c'est une obscénité aussi c'est à dire que la difficulté c'est comment résister à un monde comme j'ai dit que je trouve profondément obscène profondément violent profondément injuste mais sans perdre la relation à l'autre sans que sans écraser son propre oiseau bleu qui fait que je peux vous parler je peux être encore joyeux j'ai pas encore aimé j'ai pas encore mangé j'ai pas encore lire et sans être complètement ravagé par le désespoir et donc c'est ça qu'il faut sauver enfin voilà je suis trop long pardon 900 pages comment être court par des livres quand même qui faisaient 100 pages c'est vrai et j'arrive même plus un de 40 pages ça me donne juste l'occasion de la deux ouvrages évidemment très différents et là je parle juste de la longueur très long et très court et ça me ça me m'entraîne à vous poser cette question est-ce que pour vous les écritures le fait d'écrire et quelque chose de difficile ou est-ce que ça coule ça coule de source est-ce que vous pouvez dire juste un mot là-dessus ça dépend vraiment de ça dépend des projets ça dépend des projets mais je crois qu'en tout cas quand c'est trop laborieux c'est jamais bon signe moi je pense à cette phrase de Amos Oz qui disait il envoyait une lettre à son éditrice une lettre assez longue et il lui disait pardonnez-moi de vous écrire cette lettre aussi longue mais je n'ai pas eu le temps de faire court et c'est vrai que ça n'a valide en rien et moi j'aime aussi les gros livres je vais pas le prendre pour moi c'est intéressant de voir que on est capable parfois d'écrire très long parfois très court et qu'en fait tout dépend de l'intensité qu'on y met tout dépend du sentiment d'urgence et de nécessité je crois qu'un livre de 900 pages on peut pas le tenir si on n'y croit pas sur toutes ces longueurs donc ça demande vraiment c'est un marathon et des textes gourdes des nouvelles ici 12 nouvelles bah ça nécessite qu'elle soit ramassées condensée forte et puis qu'elle soit à la hauteur de ce de ce que je vous disais tout à l'heure sur l'envie de créer un point de bascule et de et de transformation en nous c'est à dire que de l'impuissance on se dit tiens il est possible de faire quelque chose il est possible de dire il est possible de s'exprimer et ayant lu ayant écrit d'avoir un regard un peu renouvelé sur les choses si je pousse la porte et je rentre dans un temps un espace qui est d'une intensité qui n'a rien à voir avec le temps commun c'est à dire que mais bon je deviens un peu hystérique on va dire pour diviser un mot débile mais quand même je suis dans l'état de fébrilité je me sens habité je me lave avec je peux bosser 15 heures par jour enfin j'ai des problèmes de pied tellement j'ai pas arrêté de marcher donc il a fallu que je me rééduque donc mais c'est un temps tellement intense d'écrire que il y a pas de il y a une dilatation une compression du temps il y a une intensité il y a une vous êtes libre vous pouvez aller où vous voulez vous c'est incroyable enfin le sentiment d'écriture c'est un espace incroyable et un temps incroyable et la difficulté c'est une fois que c'est terminé nous retomber dans le temps présent avec les contingences bon voilà c'est dur mais vous tout ça là c'est j'allais dire voilà c'est l'eau qui coule vous partez sur quelque chose hop vous allez sur autre chose ça parce que je pense que le fond de la question c'est vaincre la mort c'est-à-dire que je pense que tant que j'écris je ne peux pas mourir parce que j'écris et d'ailleurs ça c'est vérifié jusqu'à présent je dois le dire je tiens le feu Didier mais je pense qu'il y en a vraiment un combat comme ça contre la mort il fait pas juste la mort biologique c'est aussi le temps mort c'est aussi les relations mortes ou trop sociales ou trop etc enfin qui fait que à un moment donné et c'est vraiment le sentiment de liberté et c'est de joie de la liberté que que qui fait que moi je pensais avoir fait 500 pages quoi je me disais c'est bien 500 pages c'est bien elle va être et en fait ils l'ont couler dans la maquette ça faisait 900 bon bah c'est vrai que c'est pas pour vous flatter mais ça se lit étonnamment bien enfin moi je me suis dit ouh là c'est quand même très gros et et c'est vrai que c'est c'est vraiment fascinant est-ce que vous avez d'autres questions madame oui moi je voulais demander à Monsieur Bouillet du coup si euh beaucoup Monsieur vraiment donné il vous a fallu ou est-ce que vous avez eu l'envie de remonter du coup auprès des comment de la famille donc de cette femme est-ce qu'il vous a enfin ou même carrément pour la publication est-ce qu'il a été nécessaire ou est-ce que vous avez eu l'envie d'aller jusqu'à jusqu'à aller rencontrer carrément sa famille donc vous n'avez pas lu le livre non pas vous dire la première l'incipi si vous voulez bien savoir répondre je pense assez vite monsieur Bouillet avoir accepté de vous rencontrer était une erreur quelques jours au passé depuis notre rencontre et je vous informe que je me pose fermement à votre projet de livre sur ma grand-mère vous m'avez fait part de votre inexplicable passion pour l'histoire de ma grand-mère cela vous regarde moi ce que je n'explique pas c'est votre insistance et le recherche extrêmement intrusives que vous avez mené sur ma grand-mère dans l'optique de votre livre je les trouve déplacés et choquante je vous dis donc me refus le plus ferme à ce que vous écriviez un livre concernant ma grand-mère ou qui a le creux n'importe quel autre monde de ma famille je suis certaine que vous respecterez ma décision je ne doute pas que vous trouverez ailleurs matière à exercer vos talents littéraires et à investir vos inexplicables passion avec mes salutations c'est le début du livre et évidemment évidemment on va transgresser la chose on découvre aussi enfin moi j'ai découvert par exemple que la protection de la vie privée s'éteignait à la mort de la personne ça fait partie des petites pépites comme il y en a 1000 dans ce livre on se dit mais je en fait ah oui ça je m'en doute j'imaginais pas les mariages en 40 avec ce qui était très intéressant sur cette histoire de évidemment quand j'ai reçu ça le livre était déjà bien avancé donc évidemment pour dans l'espoir de retrouver le journal qu'il fallait que je retrouve les enfants et les petits enfants donc les enfants de Marcel pigeon sont morts j'ai retrouvé les petits enfants ils sont bon bref et le petit-fils lui a été enchanté que quelqu'un s'intéresse à sa grand-mère et la petite fille elle pas du tout comme vous pouvez le juger et j'ai trouvé que c'était qui avait une vraie pertinence de commencer le livre avec cette interdit un interdit dont je ne me moque pas c'est à dire je comprends que quelqu'un le passé ce que je raconte aussi si quelqu'un un écrivain vient me voir la gueule en farinée en me disant tiens je vais écrire sur ton père et la seule chose que je trouve à dire c'est un c'est assumer cette parodie de la littérature qui fait qu'on implique d'autres gens qui existent et l'autre chose c'est que ça m'obliger à ruser c'est à dire ce que je n'avais pas le droit de dire j'ai pas le droit de citer les échanges j'ai pas le droit de parler de cette personne sinon elle peut faire un procès et ben du coup la fiction et c'est pour ça que c'est la première fois de ma vie parce que moi je fais le réel que je trouve fascinant c'est c'est la vraie vie les vrais gens c'est ça qui me bouleverse enfin je trouve que la réalité a beaucoup plus d'imagination que n'importe quel écrivain et je trouve même que les romanciers faite socialiste complètement l'imagination qui est vraiment tellement incroyable enfin bref et donc cette introduction de la fiction qui m'a permis de parler d'un certain nombre de choses dont n'avait pas le droit de que je n'avais pas le droit de mentionner ça c'était vraiment un travail dans l'écriture qui m'a passionné c'était génial et l'autre chose que j'ai découvert ce que vous viviez c'est que en fait tous les livres que vous lisez vous pouvez avoir le sentiment que quand même quelle liberté l'auteur et tout ça en fait non il s'inscrivent tous dans une marge de manœuvre juridique absolument tous il y a des choses que vous n'avez pas le droit de décrire dans un livre et de plus en plus aujourd'hui puisque dans les maisons littéraires les services juridiques vu la passion pour l'égocentrisme et l'autre neocentrisme de chacun qui préserve son petit mois etc vous n'avez plus le droit de parler donc ça ça m'a ébloui aussi d'une certaine façon en disant en fait tous les livres que je lis s'inscrivent dans une marge de manœuvre juridique pas dans une mare de manœuvre artistique dans une marque de Manuel juridique moi je connais des gens ou pas voilà un auteur je citerai pas le nom mais qui m'a dit mais moi c'est le service juridique mon livre avant mon éditrice ok sympa voilà d'où la pertinence de dire ok il y a un problème parce que je pense que c'est pareil dans tes nouvelles c'est je pense que le vrai sujet c'est toujours la littérature dans un livre le sujet la littérature quand Cézanne peint des pommes tout le monde sait bien que c'est pas les pommes qui parlent ce qu'il passe la peinture c'est l'évolution de la peinture c'est la recherche de picturale c'est emmener la peinture dans un autre rapport au monde dans un autre rapport à elle-même la littérature c'est pareil sauf que bon on a du mal à parler de ça et on préfère parler au sujet ou de l'auteur mais moi je plaide vraiment pour que ouais le sujet c'est quand même la littérature quoi qu'est-ce qu'on peut faire en littérature aujourd'hui en 2021 qu'est-ce qu'il est possible de faire qu'est-ce qu'il est possible de dire avec quelles armes quel procéder moi ça me passionne ça me fait jubiler en fait ça bref vous aussi c'est vraiment aussi la littérature vrai hommage aussi dans votre dans votre livre c'est facile aussi est-ce qu'il y a d'autres questions des choses c'est une des surprises du livre le journal ou pas ça je ne vais pas vous le dire parce que c'est quand même le but de l'enquête donc vous me permettrez de garder un peu mes effets quand même si je vous le dis bah quoi bondir parce que oui mais alors c'est ce qui était troublant c'est quand vous lisez donc il y a une page je connais une page de son journal puisqu'elle est parue dans la presse et en fait évidemment parce que ça mais quand vous lisez c'est la pire mort qui soit les urines sont rouges sont j'ai très mal aux reins là vous commencez à vous dire ouais enfin je cherche peut-être pas quand même à vivre ou quoi c'est à vouloir mourir qui est absolument au-delà de l'entendement il y a vraiment à vouloir mourir donc alors qu'elle a voulu un journal post mortem ça ça semble évident pas on a retrouvé le journal à côté de son cadavre voilà donc par contre le geste même d'écrire je préfère modifier le livre et puis on en reparlera si vous voulez bien le cœur ne cède pas c'est une phrase de du journal de Marcel Pichon le titre du livre et quand elle l'écrit c'est sous-entendu hélas je suis au 40e jour de jeûne et le cœur ne fait toujours pas donc il y a une fascination complètement morbide sur sa propre destruction organique de son corps enfin qui est peut-être qu'on en parlera tout à l'heure pas de ton grand-père qu'est-ce que c'est que cette histoire voilà c'est je sais pas comment t'en as parlé et si tu en as parlé et tout ça mais c'est un truc est-ce qu'il a écrit non mais c'est un chef du coup cette démarche dont tu parles et et moi me pose question et je peux pas la juger parce qu'effectivement la littérature permet et et autorise je crois à descendre dans ces endroits qui sont qui sont compliqués parce que parce que même si elle allaitait un témoignage c'est quand même descendre dans un endroit en fait très silencieux et de d'immense souffrance quoi et donc le geste de transformer ça en livre est un geste extrêmement fort violent extrêmement violent aussi enfin ça je l'applique à l'histoire qui est qui est la mine et celle de mon grand-père quoi c'est quand on voit quelqu'un qui qui finit sa vie comme ça même si cette personne laisse quelques mots à son chevet c'est quand même une traversée extrêmement pénible extrêmement douloureuse et mettre des mots là-dessus c'est ultra compliqué c'est ultra compliqué et donc ici je pense que ce qui est possible c'est que c'est que c'était quelqu'un que tu ne connaissais pas évidemment mais quand enfin moi j'ai les images j'ai les images sous les yeux j'ai mais je ne me suis jamais expliqué pourquoi mon grand-père ou pourquoi cette dame l'image que j'ai c'est celle d'un sablier d'un sablier qui contient toute toute la vie tout un passé condensé et qui à un moment donné en s'allongeant en disant je vais je vais en terminer le retourne et là et la fonte la perte de poids sont les grains de sable qui descendent petit à petit jusqu'à les recouvrir le fond et voilà mais cette descente des grains de sable donc des kilos mais des grammes parce qu'on perd pas un kilo à la fois ça se fait très lentement c'est je pense que c'est une des morts les plus les plus brutales et ma lecture de la mort de mon grand-père c'était plutôt dans quelle mesure est-ce que c'est pas quelque chose qui est de l'ordre de l'expiation d'une volonté de racheter des moments des éléments de sa vie qui qui n'a pas pu assumer une volonté muette de demander pardon à sa famille quoi c'est c'est voilà moi il y a beaucoup à dire alors il y a ça mais c'est aussi il y a une tradition chez les Latins et les Grecs de se laisser mourir de faim comme une mort douce où on part où on se laisse mourir doucement Émile con par exemple se met dans sa baignoire et c'est de s'alimenter et puis on lui verse il s'en va doucement donc c'est aussi un principe de fin de vie il y a de la violence humaine sociale il y a de la douleur pas j'entends ce que tu dis mais est-ce qu'on peut embrasser cette histoire de non pas celle de ton grand-père je me mais en tous les cas dans le cas de Marcel Pichon est-ce qu'on pouvait est-ce qu'on pouvait en dire quelque chose ou est-ce que en fait le la question que tu poses c'est on en parle ou on en parle pas et si on en parle pas ça produit quoi moi je trouve je trouve extrêmement important d'en parler alors en parler c'est pas le bon mot mais de chercher à comprendre et l'écriture ne vis que ça donc moi je mais j'imagine que toi et que parfois on parle beaucoup de la question de la légitimité aujourd'hui porter la voix des autres et ce qu'on en a le droit mon livre précédent était un livre qui parlait de la Syrie Mahmoud ou la montée des eaux et dans la presse c'est sorti très régulièrement est-ce qu'un auteur blanc de 40 ans a le droit de porter la parole d'un vieillard syrien etc ok j'entends mais pour moi la littérature c'est avoir le droit de passer d'un état à un autre d'une identité à une autre d'une peau à une autre et de pouvoir le faire ici c'est encore différent parce que c'est c'est la voix des autres mais la voix de personne qui ne sont plus là et et il y a une question effectivement à cet endroit de légitimité et en même temps je pense qu'il faut répondre oui on doit pouvoir le faire parce que parce que c'est chercher c'est chercher à comprendre ce que c'est cette chose étrange et qu'on ne comprendra jamais qui est de vivre et à un moment donné de d'abdiquer et on doit chercher je reprends sur ce que vous viviez madame la question que vous me posiez en fait il y a tout un passage du livre ou quand je découvre le les petits enfants que j'arrive à les contacter c'est là où je mesure le gouffre de l'obscénité qui a été la mienne en écrivant sur Marcel Pichon et j'utilise vraiment le mot obscénité c'est-à-dire qu'il y a quelque chose qui moi était de l'ordre de ma propre obsession donc de ma propre émotion envers cette femme et d'un seul coup j'allais me rends trouver confronté à des gens dans cet état la grand-mère qu'il avait peut-être aimé connu et voilà et là il faut pas l'esquiver le cette difficulté là cette face à face là donc dans un cas ça s'est bien passé dans l'autre ça c'est très mal passé et ça me semble parfait comme ça et évidemment ça fait partie du livre de raconter ça aussi c'est à dire qu'il y a pas d'impunité je c'est vraiment une tarte à la crème de dire que vraiment la littérature pourrait elle aurait tous les droits il commençait à la tous les doigts elle a tous les droits si elle assume ses responsabilités si elle dit bah là c'est quand même ok c'est normal qu'il y ait des gens qui le prennent mal bah oui c'est normal c'est normal ils ont bien raison mais est-ce que le livre ne doit pas exister à cause de ça et évidemment non donc il faut tout assumer il faut tout assumer vous pouvez pas juste dire bah je vais prendre le bien et puis voilà et sur ce truc aussi qui arrive là voilà un Blanc n'a pas le droit de parler d'un noir une femme peut pas parler d'un homme ou un homme peut pas parler d'une femme et tout ça enfin s'il y a quand même une expérience que l'on peut avoir pour comprendre autrui c'est de se mettre une seconde à sa place mais une seconde moi je peux récuser la petite fille de Marcel Pichon mais si je me mets une seconde à plat je la comprends je vois d'où elle parle donc il fait incroyable comme aujourd'hui le sentiment qu'on a c'est que plus personne ne veut niorer le droit de se mettre à la place de l'autre alors que ce lien d'empathie c'est quand même le plus le plus fort social que l'on puisse tisser avec autrui quoi il y a pas mieux moi en tant qu'homme blanc 49 enfin 60 ans tout faux quoi aujourd'hui et je pourrais me crisper quand même par rapport à certains de discours mais si je me mets une seconde à la place des femmes mais mais évidemment elles ont raison il y a pas photo et ce saut là se mettre maintenant j'aimerais bien que de temps en temps une femme se mette à la place à ma place aussi parfois ça me ferait plaisir mais on en est pas là mais ça viendra mais mais évidemment donc il faut il faut maintenir absolument vivant ce sentiment de un moment donné on est capable de se mettre et ça vous prend quoi une minute quoi c'est une minute de votre temps quoi et vous changez votre regard si vous faites ça changer votre regard vous changez votre regard sur les migrants changer de regard sur les pauvres changer votre regard sur les riches aussi surtout mettez-vous une seconde à la place de quelle d'autrui quoi bref on doit conclure cette rencontre à moins qu'il y ait une question vraiment que vous vouliez poser peut-être monsieur rapidement oui allez-y mais alors là vous lirez peut-être mais les raisons où elle habitait moi j'explique assez bien je sais pas je sais pas où vous habitez mais moi j'habite à Paris dans un immeuble je connais pas mes voisins je les croise on peut se dire bonjour mais il y en a un que je vois pas pendant trois mois je vais pas m'inquiéter donc il y a un peu un côté comment ça c'est scandaleux et après ce qui était rigolo c'est que la presse au moment où le fait divers est sorti toute la presse dans son ensemble n'a pas du tout parlé de Martel Pichon elle a juste parlé du fait qu'on avait découvert son cadavre dis-moi plus tard et que ça c'était scandaleux c'était vraiment la solitude dans les grandes villes c'était atroce et tout ça parce que pour moi dépossédé le Marcel Pichon de sa propre mort et du scandale de sa mort c'est à dire que d'un seul coup ça devient un problème social je pense que là il y a une difficulté à restituer aux gens ce que leurs actes enfin voilà il faut il faut lui rendre le droit sa propre mort à son choix voilà et donc le problème social existe évidemment mais moi je suis allé sur les lieux je suis allé dans son immeuble je suis même allé dans son appartement j'ai sonné il y a quelqu'un qui habite là où elle s'est suicidé et vous comprenez des choses il faut toujours aller voir sur place quoi il faut il faut sentir les choses il faut aller voir les gens il faut sinon sinon on va globaliser et puis on va faire des raccourcis parce que en fait devant un drame comme ça tout le monde a envie de s'en débarrasser il y a une espèce de réflexe psychique inconscient qui est fait tellement atroce de faire ça quoi de se faire ça de simplifier ça que on a envie de se protéger donc à dire bah ok non mais le scandale il est social etc et ce livre c'était essayer de dépasser justement ce réflexe pour aller parce que kiné cette histoire là quoi vous pourrez découvrir ça dans le détail merci à tous les deux je précise vous êtes en dédicace là sur vos stands juste après et toute la journée et demain aussi non juste aujourd'hui voilà et ben tout de suite pour pour ceux qui veulent merci en tout cas merci à tous les deux merci aux questions [Applaudissements]

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