Bertrand Pancher, président du groupe LIOT | Politiques, à table !

Published: Mar 08, 2024 Duration: 00:53:48 Category: News & Politics

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Générique ... -Bonjour à tous, et bienvenue dans "Politiques, à table !" sur LCP. Nous sommes ensemble une heure pour parler alimentation, cuisine, écologie et aussi un peu politique. Cette semaine, nous recevons Bertrand Pancher. -Bonjour. -Merci d'avoir accepté notre invitation. -Merci. -Avec moi, Jean-Pierre Montanay. Bonjour. -Bonjour, Brigitte et Bertrand Pancher. -Bonjour, Jean-Pierre. -Vous êtes président du groupe LIOT : Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires à l'Assemblée. Vous avez un parcours d'élu local : conseiller, président du Conseil général de la Meuse. Vous avez été président de la communauté d'agglomération et maire de Bar-le-Duc, avant d'être député en 2007, sous Nicolas Sarkozy. Vous êtes étiqueté UMP. Vous faites partie des anciens : 16 ans et 8 mois à traverser la salle des Quatre-Colonnes, fouler celle des Pas-Perdus et répondre aux micros tendus de LCP. Trublion de la vie parlementaire avec votre groupe de 22 députés, vous jetez des pavés dans la mare, avec la proposition visant à abroger la réforme des retraites. Un coup d'épée dans l'eau, pas votre dernier mot, vous, le sportif amateur de course à pied longue distance et des sucres lents. -Au menu, du LIOT, non, de l'iode, avec des spaghettis aux fruits de mer. En dessert, un vacherin aux framboises. -Dans Le dessous des plats, comment trouver le juste prix plancher ? Nous sommes allés à la rencontre d'éleveurs laitiers aux coûts de production très disparates. -Les Français sont généreux malgré l'inflation, la preuve avec cette collecte des Restos du Coeur : les dons ont dépassé les espérances. Chapeau ! -On passe à table. Tout de suite, Cuisine et confidences. -Bertrand Pancher, LIOT : Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires. LIOT un jour, LIOT toujours, y compris à table. Vous allez comprendre. Chez le député de la Meuse, on sentait l'esprit cocardier pour votre territoire, avec une spécialité locale : un brochet farci. Brigitte en salivait. Ou une bonne vieille quiche lorraine ? Mais non, Bertrand Pancher, vous prenez des libertés. Voilà que vous nous annoncez, comme tout naturel, des pâtes aux fruits de mer. On s'est précipités sur un atlas pour vérifier que Bar-le-Duc n'est pas un port de pêche. Je confirme. On a compris que c'était une histoire de territoire. Pas le vôtre, celui de votre grand-père, Louis, Rebuzzi, natif de San Benedetto Po, en Lombardie, Brigitte, située à 100 km du littoral, alors, certes, pas outre-mer. L'Adriatique. On retombe sur nos pattes, ou plutôt sur nos spaghettis : ce plat rend hommage à un territoire étranger, d'où est originaire votre nono, ce qui a dû compter quand vous avez demandé le retrait de la loi immigration et quand vous nous avez proposé ce plat. A table, il y a de la politique. Notre émission n'a jamais aussi bien porté son nom avec vous. Non ? -Vous êtes très bien renseigné. -On bosse ! -Merci beaucoup. J'avais beaucoup de... de plats à proposer, parce que j'aime faire la cuisine. Je la fais malheureusement de moins en moins, car j'ai beaucoup de travail. Mon épouse cuisine très bien. Je fais mes courses le plus souvent avec elle. Mais... j'ai l'habitude de faire la cuisine chaque fois que je pars en vacances, et notamment à l'étranger. Plusieurs années, je suis parti en vacances en Tunisie. C'est un plat que j'ai découvert en Tunisie, les spaghettis aux fruits de mer. Les spaghettis, c'est les pâtes, c'est... mon grand-père maternel, italien, italien d'origine. A la différence de ce plat, les spaghettis tels que je les prépare, de ce plat... tunisien, c'est des spaghettis avec de la sauce tomate, c'est-à-dire qu'on fait revenir la sauce tomate dans l'huile, on remet de l'eau, on met des feuilles de laurier, de... -Je vous arrête. C'est pas les alle vongole qu'on s'attendait à manger. -Oui, c'est différent, mais elles sont aux fruits de mer. Ces spaghettis-là, je vais les goûter... Les bons spaghettis... -Goûtez-les ! -On va les goûter. Les bons spaghettis aux fruits de mer, je pense que ça doit être le cas, ils sont cuits dans de l'eau, avec de l'eau des moules, c'est pour ça qu'on les sert toujours... -Ca donne du goût à la pâte. -Ils sont crémés. C'est pas votre recette, tunisienne ou italienne. -Non. -Rien à voir avec la recette tunisienne ni même, je pense, italienne. Pas sûre qu'il y ait de la crème dans les pâtes alle vongole. -Non. Moi, les miennes, c'est avec de la sauce tomate. Pourquoi ? Parce que ma grand-mère paternelle faisait très, très bien ma cuisine. On se régalait de la voir tout préparer avec des bases de sauce tomate, notamment cuit sur des cuisinières au feu de bois et c'est vraiment des excellentes recettes. C'est assez facile. C'est... la sauce de base de tout. La sauce tomate, il faut la délayer, lui mettre de l'eau et ensuite... -De l'eau des pâtes, toujours, comme ça, il y a un peu d'amidon. -Oui, voilà. -Dites-nous le secret de votre recette des pâtes à la tunisienne, al dente. Quelles pâtes vous choisissez ? -Il faut des pâtes al dente, des pâtes un peu de cette... de cette... -Des spaghettis un peu larges ? -Des spaghettis pas trop larges, un peu comme celles-ci, et... Ce qui est vraiment bien, c'est de faire cuire un moment les... les fruits de mer dans la sauce tomate. Vous préparez avec la sauce tomate. Quand vous les faites revenir dans l'huile, vous mettez de l'eau, pour augmenter... le volume et ensuite, vos fruits de mer, vous les faites cuire dans la sauce, et par ailleurs, vous faites cuire après les spaghettis dans de l'eau bouillante, et l'eau bouillante mélangée avec de l'eau que vous avez récupérée des... des moules. Ne pas la jeter. Gardez-la. -Ca parfume. -C'est votre secret. -Ca parfume. Les pâtes sont parfumées. Ensuite, vous recouvrez dessus, à la place là de la sauce, j'imagine qu'il y a de... C'est de la... De la sauce qui a été faite à partir, me semble-t-il, de... -De lait, de crème ? -...de beurre et de crème. -Il y a un peu de pesto et un peu de crème. -Voilà, du pesto. -La recette originale de Chez Françoise. -Ah oui. -C'est leur recette, à eux. Vous faites cuire les pâtes à l'italienne ? Vous les égouttez, vous repassez dans la poêle ? -Non. Il faudrait que je le fasse, tiens. -Ca peut être une idée. Je vous dis ça comme ça. Je vous dis ça... -Les Italiens le font. Ils les font cuire al dente et les remettent vite à la poêle. -La cuisine, c'est la découverte, c'est la culture. Je suis allé en Corse, je faisais de la cuisine corse, avec le... le saucisson, enfin, le saucisson... -La charcuterie. Racontez-nous. Dans un pays, vous vous mettez à ses couleurs pour la cuisine ? -J'achète des livres de recettes. J'en ai 3 ou 4 corses. Je suis parti plusieurs années en Corse. Le veau aux olives, c'est très facile. Le fiadone. -Le gâteau corse. -Voilà, le gâteau corse, je n'avais pas prévu d'en parler, mais c'est assez facile à préparer. J'ai des livres. -Vous vous adaptez. -Je fais de la cuisine antillaise avec du sucré-salé. -Ah oui, vous avez une palette. -J'ai plein de livres. -Restons sur les spaghettis. Après, on parle d'autre chose. -Trois choses sur les spaghettis. -On a du pesto ici, de la tomate là. Ils se mangent en Italie, les spaghettis. Deux provinces se disputent la paternité de cette recette : la Campanie, où il y a la ville de Naples, et la Sicile. Les pâtes les plus courantes, ce sont les spaghettis, mais il ne faut pas négliger les linguines, spaghettis plats, et les bucatinis, des pâtes longues, qui sont creuses. Ca, c'est sympa. Parfois, la sauce peut se loger dans le creux. Pour les fruits de mer, on a le choix. On n'est pas obligés de tout mettre : les crevettes, les gambas, les langoustines, les langoustes, le crabe, les palourdes, les coques, les moules, le poulpe, les pétoncles. Attention, monsieur Pancher, pas de pâtes aux fruits de mer sans ail, tomate, vin blanc pour la sauce et ce qui fait vraiment débat, c'est la touche finale. Est-ce qu'on met du parmesan ? Aujourd'hui, c'est à la mode. Vous en mettez ? -Non. C'est une question de goût. -Moi non plus. -Aujourd'hui, c'est tendance. Beaucoup de restaurateurs font des risottos au poisson et mettent du parmesan. Le fromage se marierait bien avec les fruits de mer. -Quels fruits de mer vous mettez ? -Des grosses crevettes. -Uniquement des crevettes ? -Oui, des chevrettes, fraîches, évidemment, qu'on va acheter en Tunisie... -En Tunisie. Des chevrettes fraîches en France, ça n'existe pas. -Ca coûte presque rien, les fruits de mer là-bas. Elles changent très rapidement de couleur quand on les cuit, et des moules. Vous pouvez faire ça avec les petits coquillages... -Des coques ? -Des coques. Avec des coques. -Vous avez une sensibilité particulière avec la cuisine tunisienne ? -Non. J'y suis allé plusieurs années. -Super cuisine, la Tunisie. -J'ai des plats. Je fais mes courses sur le marché. Ca permet de discuter avec tout le monde. -Vous dénichez des épices ? -Au bout de quelques semaines, bronzé, on me parle en arabe. Je n'ai rien à voir ! Mais comme je le faisais quand j'étais en Corse, j'ai cuisiné pendant au moins une bonne demi-douzaine d'années des plats corses, qui sont merveilleux. -En plat totem de la Tunisie, il y a la brick. Vous savez faire ? -Oui. La brick, oui. La difficulté que j'avais pour la brick, c'est qu'il faut des bricks assez molles, et là, quand je les achetais au marché, c'était sec. J'avais du mal à enrouler. Vous mettez vos oeufs à l'intérieur, et si l'oeuf dégouline... -Bien fait, c'est bon. Quand c'est bien préparé. C'est un peu de la street food. -J'ai de bons restes ! Je ne m'attendais pas à la question. -Vous êtes plutôt le cuisinier du dimanche ou de tous les jours ? -Non, malheureusement, j'ai pas le temps de faire la cuisine. C'est dommage. J'adore ça. Je fais parfois, quand mes enfants sont là, des plats un peu traditionnels, chez moi. Je pense au hachis parmentier, le vrai. C'est quand même très, très bon. Avec de la vraie purée, au beurre. -C'est ça, le vrai. De la vraie purée. -C'est de la vraie purée. Je crois... Boeuf haché et moitié de chair à saucisse. Il ne faut pas se tromper. -Vous mettez de la sauce tomate ? -Non. Simplement, il faut bien faire revenir la viande... -La chair à saucisse, vous avez raison. -Avec du persil. -Vous faites gratiner ? -Un peu. Là, on fait gratiner. Je vous confirme. -Il y a d'autres spécialités de chez vous ? Jean-Pierre parlait de la quiche. -Oui, la quiche lorraine, c'est assez facile. C'est assez facile à préparer. Le pot-au-feu, c'est... Qu'est-ce que c'est bon ! Je suis pas loin de l'Alsace. Une très bonne choucroute... -Vous êtes amateur, on m'a dit. C'est vrai ? -La choucroute, c'est très convivial. Vous en mangez pendant deux ou trois jours. C'est assez facile. -C'est facile... Le chou, vous savez le faire ? -Non, quand même pas. -Le chou fermenté. -Arrêtez, non. -C'est pas compliqué. On préfère l'acheter. J'ai exhumé vos racines italiennes. Vous parlez de la Corse, de la Tunisie et pas de l'Italie. Vous n'avez rien de l'Italie ? -Je rappelle que la Tunisie, c'est d'abord un pays méditerranéen. Et la Tunisie, la Tunisie, mon grand-père... Comment... J'ai... Dans mes grands-parents paternels, maternels, mon grand-père est en France. Ses frères étaient nés en Italie. C'était des... des Italiens savoyards qui étaient venus à la fin du 19e siècle, pour travailler, qui ont immédiatement combattu aux côtés de l'armée française, qui étaient plus français que français. Et mes... mes grands-parents, mon grand-père, ne parlait pas... On ne les autorisait pas à parler italien, et donc, je ne parle pas l'italien. -Vous avez nié au fil du temps un peu ces racines italiennes ? -Oui, mais bon... notre histoire revient vraiment au galop. La façon dont les Italiens ont été intégrés, à l'origine, très mal intégrés, on les... On les traitait de sales ritals. -De macaronis. -On les caillassait. Un rapport du préfet, retrouvé d'avant la 1re Guerre au ministère de l'Intérieur, explique que les Italiens étaient inassimilables, qu'ils sentaient mauvais, ne parlaient pas le français. Ils étaient uniquement entre eux. On voit qu'ils se sont, par la suite, très bien intégrés. -Nous adorons la cuisine italienne. On trouve des pizzerias, des trattorias à tous les coins de rue ici. -C'est la première cuisine du monde par son influence. -On le dit souvent, c'est une cuisine du produit. Ca, vous y êtes attaché ? Aux bons produits ? Vous avez dit que vous alliez sur le marché. -Je fais souvent mes courses avec ma femme sur le marché à Bar-le-Duc. Il y a un beau marché avec des producteurs locaux. Maire de Bar-le-Duc, j'ai construit ce marché. C'est aussi très drôle, parce que j'ai fait deux mandats de maire, à 20 ans d'intervalle. Au 1er mandat, on me dit : "Vous savez, "les marchés, c'est pas la peine." -Là où sont élus les maires. -"Ca fonctionnera pas. "Personne ne va au marché." 20 ans après, je reprends ce mandat de maire, c'était au début de mon 2e mandat de député, 2e mandat de député, et puis, je refais une étude, et notre consultant dit : "Il y a à nouveau un intérêt pour le marché." Le marché est presque sous-dimensionné. Tout le monde y va. On partage. J'ai de la chance, j'ai un ami qui est autoentrepreneur, qui fait du vin et puis, les commerçants, en fin de marché, prennent un verre. C'est d'une convivialité dingue. C'est très drôle. Je discutais avec mes commerçants sur le marché. Un est très âgé. Je le vois, je dis : "Encore là ?" "Je suis là pour donner un coup de main à mon successeur." Parce que c'est tellement convivial de prendre un verre avec les commerçants, avec les... -On a besoin de cette solidarité ? -On trouve une solidarité. Qu'est-ce que c'est important ! -Qu'est-ce qu'on trouve sur le marché ? Vous nous faites saliver. On a envie d'aller à Bar-le-Duc. -90 % du brie de Meaux est fabriqué dans le département de la Meuse. On trouve du très bon... Evidemment, tous les bries de Meaux. Il y a des... des maraîchers. Sur les côtes de Meuse, le vin des côtes de Meuse, dont on parlera, on a réintroduit... On produit de la mirabelle. On produit de la pomme. On produit de la pêche. -Il y a de la groseille ? -Il y avait de la groseille. Malheureusement, la spécialité de Bar-le-Duc, c'est la groseille épépinée à la plume d'oie. -On va en parler. -Ca a un coût très élevé. Il y a encore un producteur... -On en trouve de moins en moins ? -De moins en moins. -Vous êtes attaché à cette agriculture locale, à ces ventes directes ? -En fait, à vrai dire, on a besoin de deux agricultures et aussi d'une agriculture qui exporte : on ne peut pas avoir que de l'agriculture, des marchés courts. Il en faut. Cette agriculture est importante, parce que c'est vraiment la grande qualité, qui tire tout vers le haut. Il faut aussi de la grande culture, mais les producteurs locaux, chez moi, j'accompagnais un de mes amis, monsieur Montand, qui fabrique des yaourts, un agriculteur. Il y a 15 ans, il s'est mis à fabriquer des yaourts. Il a réduit la taille de son exploitation. Il a 10 salariés. Au salon de l'agriculture, on l'a présenté à des crémiers parisiens. Les yaourts sont vraiment top, top niveau. -Il cherche des distributeurs ? C'est ça ? Il cherche des distributeurs ? -Après, il faut aussi qu'il produise en volume, et puis, qu'il aille... Un agriculteur seul qui crée ses yaourts, il a 10... Ils sont une dizaine chez lui. -C'est peut-être ça, la clé : la diversification. Faire du lait et le transformer, avec une plus-value, et il fait plus de marge sur ses yaourts. -Beaucoup plus de marge. Ca n'a rien à voir. -Avec ces spaghettis aux fruits de mer, vous nous avez apporté un vin qui vient de chez vous : un vin de la région de Lorraine, un vin blanc pétillant, qui est bio. 70 % chardonnay, 30 % auxerrois. On retrouve dans le chardonnay longueur et élégance, et la fraîcheur et le fruité de l'auxerrois. C'est le domaine de Muzy. Racontez. -Il y a quatre producteurs : la famille Liénard, ce domaine de Muzy, Antoine, Blanpied et Pierson. Ils sont sur 45 ha. -C'est une grosse exploitation. -Les vins des côtes de Meuse, c'est une histoire comme j'aime les raconter. La Meuse est un grand département viticole avant le phylloxéra, la Première Guerre mondiale. 14 000 ha de vignes. Le vin de Bar-le-Duc était très, très connu. Et puis, le phylloxéra arrive. La Première Guerre mondiale décime les campagnes. Verdun est tout près. Et puis, avec la locomotive, le chemin de fer, en fait, on importe du vin italien et tout s'écroule. Y a plus rien. Le phylloxéra, on connaît pas les variétés qui résistent. On prend des variétés hybrides. Franchement, c'était presque des usines à méthanol, tellement ça faisait mal à la tête. Et quasiment tout disparaît, sauf une petite tradition. Le parc naturel de Lorraine s'installe, en 1970. Il faut soutenir des productions locales. Il y a les nouveaux... cépages, qui sont résistants, qui arrivent. Et j'ai cinq familles qui se disent : "On a un peu de vin. On va en replanter." Alors, ils expérimentent. Au début, il fallait un peu s'accrocher. Au fur et à mesure, c'est devenu de la qualité. Les enfants font de belles études en Bourgogne et on trouve un vin d'une élégance... -Le chardonnay est arrivé en force. -En vins pétillants. Comment... Le chardonnay, qui est un des cépages, on fait un très bon pinot noir. On croque dans la groseille, quand on boit le pinot noir. Ils en vivent très bien. Il y a une grande crise de la viticulture en France. Les viticulteurs qui se spécialisent trouvent leur... leur marché, et là, on est à côté des côtes de Toul, très bon vin, les côtes de Toul. Ils ont pas voulu prendre une appellation d'origine contrôlée. Celui-là, il faut être sympa avec le producteur : il en vend au compte-gouttes. -Il y aura bientôt une AOP ? -Il y a une AOP qui est en cours sur le vin pétillant. Je sais pas comment ils vont l'appeler. C'est du vin pétillant de Lorraine. Mais il y a des... des très bons vins pétillants. Regardez le vin d'Alsace, le pétillant. Le champagne, il faut qu'il fasse gaffe de pas augmenter ses prix. -Le crémant d'Alsace est une référence. -Il est excellent. -Il y a de la bière aussi. -Comme souvent, il y a de la bière. On fait beaucoup, beaucoup de bières. Beaucoup de personnes se sont mises à faire de la bière. -Les vins pétillants, on les boit souvent à l'apéritif. C'est commun de prendre un vin pétillant pour déguster un plat comme des spaghettis aux fruits de mer ? -On le boit plus tôt, effectivement, à l'apéritif ou en dessert, plus rarement tout au long du repas. C'est aussi une histoire de coût. La référence, c'est le champagne. Le champagne est beaucoup plus cher que ce domaine. -Oui, là, c'est 8 euros, celui-là. J'ai des pinots noirs, un que je bois, que j'aurais pu vous offrir, il est à 6 euros. On étonne les gens avec ce pinot noir. On croque dans la framboise. -Avec modération. -C'est possible. D'accord. -En respectant le code des couleurs, Jean-Pierre. -Blanc-blanc. Avec la crème, on peut pas se tromper. -On va voir maintenant si vous êtes incollable, Bertrand Pancher. C'est le Quiz. -Bon, on l'a vu, vous connaissez forcément cette confiture de groseille épépinée à la plume d'oie. Sauriez-vous nous dire... Attention, vous devez faire 4/4, en tant qu'ex-maire de Bar-le-Duc, si ces affirmations sont vraies. Jean-Pierre Montanay lit la première affirmation. ... -Oui, alors, c'est possible. C'est possible. Je sais que ça remonte... Dans le courant du Moyen Age, à la fin du Moyen Age. Je dirais plutôt... Sur la précision de la date, je sais pas où vous l'avez trouvée. -Il y a un doute sur la précision de la date. -C'est faux. C'est 1344. J'ai joué sur les 1433 et 1344. C'est le piège. -J'avais 13e, 14e siècle. -Il faut être précis. Jean-Pierre Montanay lit la 2e affirmation. -Oui, alors... Moi, j'ai déjà épépiné... J'ai déjà épépiné... -Cette toute petite groseille, là ? -Avec une plume d'oie ! -C'est mieux, les grosses groseilles. Plus les groseilles sont grosses, plus les pépins sont gros. -En moyenne. -13, je dirais possible, je dis oui. -Possible mais faux. -Mais non ! Rires -Sept. Sept pépins, en moyenne ! Attention, en goûtant cette confiture, Catherine de Médicis a dit : "C'est un rayon de soleil dans un pot." Est-ce Catherine de Médicis qui s'est extasiée devant cette confiture de groseilles ? -Je sais qu'Hitchcock en consommait le matin au petit-déjeuner. Je sais que quand il y avait le Paris-Strasbourg à l'époque, au 19e siècle, le... La... La famille impériale de Russie s'arrêtait dans la gare de Bar-le-Duc et achetait... -Et Catherine de Médicis ? -Catherine de Médicis, je pense qu'elle avait bon goût. Elle a dû le dire. -Elle aurait pu le dire mais elle ne l'a pas dit ! -Vous me piégez en permanence. -C'est Marie Stuart ! Cette fois, c'est la plus facile. Le prix de cette confiture est 50 fois plus cher que la confiture Bonne Maman. Pour ne pas la citer. -Je fais mes courses régulièrement. -50 fois plus cher ! -J'achète peu de confiture. J'ai ma belle-mère et ma mère qui en fabriquent. "Belle Maman", c'est autour de 4-5 euros. -Bonne Maman. -Bonne Maman. Donc... 50 fois... Vous dites... -50 fois 5 euros, ça fait 250 euros... -Non, le petit pot est moins cher. -Le kilo. -Le kilo ? Oui ! Oui, oui. -Vrai ! -Enfin, c'est bien ! 50 fois plus cher ! -Dites donc ! -Vous allez vous rattraper. On dit que vous êtes la bête noire des macronistes. -Oui. -Noir, c'est noir. Sauriez-vous dire si ces affirmations sont vraies ou fausses ? Le citron noir d'Iran est un citron fumé dont le zeste sert à parfumer les plats. -Je ne sais pas du tout. Je vous avoue que c'est une colle. Je vais dire que oui, c'est possible. -C'est faux, faux, faux ! Le citron subit un processus de séchage qui altère la couleur de la peau et de la pulpe, lui conférant son goût intense. Le porc noir de Bigorre vit en plein air, ce qui donne une viande rouge très irisée et persillée. -Oui, très persillée. -Bravo ! -Je le sais, ça. -La Bretonne pie noire, c'est une vache, est présentée comme la plus petite race bovine française. -Je sais pas. La Bretagne, c'est loin. Il faut que je demande à mon ami Paul Molac. Euh... J'ai pas vu de petites vaches noires en Bretagne, je suis allé visiter une ferme chez lui, il y a peu. -Elle est blanche et noire. C'est vrai. -Zut ! -117 centimètres, c'est pas très haut. -117 centimètres... -Une petite vache à ramener dans la Meuse. -C'est ça. Comme animal de compagnie. -Question pour vos racines. Le riz noir italien vénéré doit sa couleur à une phase de fermentation avant le séchage. -Oh là là... Franchement, c'est des trucs incollables. Je dirais plutôt non. -C'est faux, bravo ! C'est un riz complet qui contient une enveloppe. -C'est ce que je pensais. -Autrement, il aurait été vénère. -Jeu de mots ! Humour. Vous le savez, c'est souvent autour de la table que se racontent les meilleurs histoires, et que se fait l'histoire. C'est la brève de comptoir. On vous a demandé de réfléchir à une anecdote politique autour d'un repas. Vous avez un souvenir à raconter ? -Oui. J'en ai plusieurs. Il y en a un qui m'a marqué. Qui m'a beaucoup marqué. Euh... Je me suis toujours occupé d'environnement. J'ai été invité à la conférence sur le réchauffement climatique quand elle s'est déroulée en France et à Paris. Et notamment à l'Assemblée nationale, où j'avais en charge de m'occuper d'une délégation de parlementaires, car il y a une union des parlementaires engagés dans les questions climatiques qui se réunit souvent en marge de la conférence. Et là, j'avais avec moi des parlementaires d'Afrique. Francophones. Et on déjeune donc dans... A l'Assemblée nationale. Entre l'hôtel de Lassay et le palais Bourbon, une grande salle. A l'issue de ce déjeuner, j'invite mes collèges, qui ne connaissaient pas l'Assemblée nationale, à faire un petit tour. J'arrive à la salle des pas perdus de l'Assemblée, que vous connaissez bien, et j'ai plusieurs parlementaires qui tombent en extase devant le buste de Lamartine. Je peux vous dire que je passe souvent devant ces bustes, j'avais vaguement remarqué que c'était Lamartine. Ils me disent : "Bertrand, "t'as un buste de Lamartine !" "Oui, pourquoi ?" Et il y a deux parlementaires de République démocratique du Congo qui prennent le buste par le bras, et qui déclinent des vers de Lamartine pendant 10 minutes. 10 minutes ! Ca n'arrêtait pas ! Ils me demandent si je connais. Je dis : "Oui, je connais..." Il me dit : "La France, vous défendez pas assez le français, "c'est un amour !" Et euh... Ils étaient en extase devant Lamartine. Ca m'a beaucoup troublé car il y a un amour de la francophonie, dans le monde... Chaque fois que je vais dans des pays, notamment francophones, et notamment africains, on me dit : "Pourquoi vous défendez pas "plus la francophonie, "qui est vraiment notre identité ?" C'est une très belle anecdote. -Vous avez relu Lamartine ? -Voilà ! J'apprendrai Lamartine ! -On poursuite l'émission, on va parler du lait. Plus d'un enfant sur trois et un adulte sur quatre en consomment quotidiennement mais combien coûte-t-il à produire ? -Alors, Brigitte... Alors que le géant du lait, Lactalis, vient de signer un accord plus favorable aux producteurs, nous nous sommes intéressés aux différences de coûts de production d'un litre de lait selon les lieux d'élevage et les usages du lait. Un chiffre clé pour fixer les prix planchers. Explications de Clément Perrouault. -Combien coûte, pour un agriculteur, la production d'un litre de lait ? Alors que l'idée d'un prix plancher est évoquée, nous avons posé la question à trois éleveurs présents au Salon de l'agriculture. -Bonjour, je suis Aline, éleveuse laitière, sur la commune de Goux-les-Usiers dans le département du Doubs. Avec mon mari, on a 180 animaux pour 70 vaches laitières. Mon coût de production est d'environ 55 centimes. -C'est un prix élevé. Il s'explique par le cahier des charges exigeant que doit remplir Aline. Le lait de l'exploitation sert à produire du comté, encadré par une AOP. -On veut faire des produits de qualité. Il y a des choses qu'on n'a pas le droit de donner à nos animaux. Tout ce qu'on peut donner est souvent plus cher. -Je m'appelle François, je suis éleveur en Basse-Normandie, dans la commune de Briouze, du département de l'Orne, en production laitière. Nous avons un coût de production qui est autour de 35-40 centimes. -Le prix est moins élevé pour François, qui compte dans son troupeau Oreillette, la vache star, égérie du dernier salon. Son exploitation importante l'aide à optimiser les coûts. Sa situation dans le bocage normand est aussi un plus. -On a une région aussi qui est quand même assez arrosée. Avec un climat, quand même, un peu plus tempéré. Ce qui nous donne l'opportunité d'avoir des bonnes productions d'herbe. Elles vont chercher l'herbe à la voiture. Elles se débrouillent. On n'a pas besoin de distribuer. Ca a un coût de production qui est quand même moins élevé. -Bonjour, Lionel Vaxelaire, agriculteur et éleveur à Saulxures-sur-Moselotte, dans les Vosges. On élève un troupeau de 25 vaches de race vosgienne, et notre coût de production est autour de 50 centimes le litre. -25 vaches, c'est un petit troupeau. Difficile pour Lionel de maintenir des coûts de production bas. -On achète du petit volume, des petits tonnages, et du coup, le coût est plus... Plus important car il y a aussi les coûts de transport déconcentrés. Le coût est plus élevé, forcément, ouais. -Entre la taille de l'élevage, sa situation géographique, la race des bêtes, des nombreux paramètres entrent en compte dans le prix du lait. Calculer un prix plancher unique serait une équation très compliquée, voire insoluble... -Belles images du salon, signées Yvana Navion. Bertrand Pancher, on a beaucoup parlé de ce prix plancher qui a été éventé par Emmanuel Macron. On vient de voir trois producteurs de lait et trois prix de lait ! C'est quoi, le prix plancher ? -Bah, le prix plancher, il est en fonction du coût de production. -Il y en a trois ! On a fait que trois éleveurs ! On aurait pu en faire 10 ! -Vous avez bien fait de faire cette émission. Ca démontre l'impossibilité de résonner en termes de prix plancher. -C'est une fausse bonne idée ? -C'est encore une idée de technocrate, soufflée à l'oreille du président. C'est pas possible. On parle pas... -Il faut bien qu'il y ait un prix minimum. Il faut que les éleveurs vivent de leur travail ! C'est ça, le problème ! -Evidemment mais ça dépend des négociations entre les producteurs et les acheteurs. Il faut que ça se fasse sur la base d'un coût de production négocié, mais ces coûts évoluent ! J'ai passé trois jours au Salon de l'agriculture. J'ai vu tout le monde. -On peut en trois jours ? -Toutes les organisations. Par exemple, je suis allé sur le stand de Lidl. Ils font de la contractualisation. Pourquoi je suis allé sur ce stand ? C'est un des seuls de la grande distribution qui est présent. Il est presque tenu par les agriculteurs. Ils discutent avec les agriculteurs. On se dit qu'on peut se méfier mais les agriculteurs se disent bien respectés : "On discute de nos coûts de production "très régulièrement avec Lidl." Donc, les coûts... Les coûts évoluent. Notamment le poulet. Je crois que McDo fait pareil. Les coûts... Comment... Les coûts évoluent. Moi, j'ai, par exemple... -C'est grâce à la loi Egalim ? -Non. Les producteurs de brie, chez moi, le lait diminue. On en produit moins, c'est un métier difficile. Ils discutent avec des producteurs et fixent le prix du lait pour avoir des producteurs et du lait qui soit à des prix compétitifs. -A vous écouter, tout va bien, alors que les gens... -Je dis pas ça. Il y a un problème... Il y a un problème de prix, de transparence, dans les... Dans les marges. Le problème avec les acheteurs mais avec la grande distribution et le fait que les centrales d'achat, maintenant, s'installent en dehors de la France pour ne plus rentrer dans ces processus de négociations et les traitent mal. Le problème, il est dans la grande complexité. Les gens en ont marre. Je suis allé en Bretagne avec Paul Molac et David Taupiac. Deux députés. Je discute avec un agriculteur. Il me dit : "Il y a une prime pour les jeunes "agriculteurs, c'est 25 000 euros, "qui n'a pas bougé depuis 20-30 ans ! "Et maintenant, de la prime, "il faut un prévisionnel sur l'activité pendant cinq ans, "et dès qu'on rachète "un tracteur, ou un hectare, "il faut un nouveau prévisionnel. "Ca va nous coûter plus cher que ce que ça rapporte." -Donc les normes empoisonnent la vie des agriculteurs ? -L'Etat passe son temps à vouloir tout contrôler. S'il y a des aides, qu'on les donne aux chambres d'agriculture ! -Il faut que ce soit contrôlé. -Mais qu'on fasse confiance aux territoires pour contrôler. -Au préfet, c'est ça ? Il faut décentraliser ? -A condition qu'ils aient des moyens. Chez moi, il va ouvrir la porte de la préfecture lui-même tant il n'y a pas de moyens. Il y a les chambres d'agriculture, les collectivités, les organisations environnementales. J'ai visité un chantier d'insertion, chez moi, qui est dirigé par quelqu'un qui est engagé dans l'environnement. Ils élaguent. Il me dit : "Pendant quatre mois, "on ne peut plus élaguer "car il y a des crues partout, "et à partir du 15 mars, "on peut plus élaguer "car il y a la nidification. "Il y a les nids. "Nous, on est engagés "dans l'environnement, "vous ne pensez pas qu'on pourrait nous laisser... "Nous faire confiance ?" On peut faire confiance. Qu'est-ce que c'est que ce rêve de contrôler tout le monde ? -Faire confiance et décentraliser. -Il y a des problèmes de prix, de complexités administratives et de soutien, aussi, à la profession. C'est des investissements qui sont lourds. -Un choc de simplification a été annoncé. Il y a des fonds pour le bio, la viticulture... -Oui. -Il y a beaucoup d'argent mis... -Oui mais vous savez, ça fait quatre mandats de parlementaire. Je sais comment ça fonctionne. Ca change tout le temps. Euh... Des annonces à la réalité, il y a loin de la coupe aux lèvres. Donnons ces moyens aux territoires pour soutenir... C'est souvent des outils industriels. Je parlais avec un producteur de lait chez moi, il a 130 vaches. Son fils s'installe. "Les enfants, ils ne veulent plus bosser "comme des cinglés sept sur sept. "Il faut des moyens et des aides." -Le prix plancher. Vous avez parlé d'un prix venu d'un technocrate, Gabriel Attal a un peu nuancé : "Sur le prix plancher, c'est l'application "de la loi Egalim." C'est pas ça qu'il faut faire avant tout ? -Evidemment ! -L'appliquer de façon drastique ? -Voilà. On aurait mieux fait de tourner sa langue sept fois dans la bouche avant de parler. -On revient avec la loi Egalim sur les coûts de production. -Je discute avec les dirigeants agricoles pendant trois jours au Salon de l'agriculture. On me dit : "Comme d'habitude, "vous votez une loi, la loi Egalim, "vous voulez l'appliquer "mais sans les moyens "à mettre en oeuvre." A peine mise en place, Bruno Le Maire, qui a été ministre de l'Agriculture, qui est ministre depuis je sais pas combien d'années, explique à la grande distribution qu'il faut lever le pied sur la loi Egalim parce qu'il faut diminuer les prix dans les grandes surfaces... -Ca se répercute sur les prix. -Oui ! Il faut appliquer la loi avant de changer la loi. Appliquons la loi ! -La loi disait qu'il fallait que les agriculteurs se regroupent pour peser face aux industriels. Ils y arrivent pas nécessairement. -Ils y arrivent ! Ca fait... On a à peine voté une loi qu'on veut la remettre en cause. Il y a trop de lois ! On met en place une loi, on réfléchit sur les moyens. Ils sont importants. Et puis tirons le bilan avec les organisations... -Ca mache pas ! Les agriculteurs... -Parce que la loi n'est pas appliquée. Qu'est-ce que me dit le patron... -Plus de contrôles ? -Le patron de... De la Coopération en France, Dominique Chargé, que je rencontre au Salon de l'agriculture, qui connaît la crise agricole, il me dit... On se tutoie : "Ecoute, Bertrand..." Il commercialise 50 % de la production agricole française. Il me dit : "La loi n'est pas appliquée ! "Ce qu'on veut, c'est appliquer "la loi !" -Des amendes ? Des contrôles ? -Des amendes ! Qu'on nomme ceux qui vont pas ! -Bruno Le Maire l'a annoncé. -Intermarché prend les agriculteurs pour des imbéciles ! On m'a cité Carrefour aussi. On me dit qu'il y en a des très bons, Système U ! Bah voilà ! -Donc vous, vous êtes pour le "name and shame" ? On dénonce. On dénonce. -Les bons élèves et les mauvais ! -Et on met des amendes. Qui soient significatives. -Oui. -Le prix plancher, on oublie ? -Je discute avec les producteurs... -Ils en veulent pas, eux... -Les producteurs de fruits et légumes, je vous le dis, quand les tomates, elles poussent, quand les pêches, elles poussent, on met tout ça sur le marché, on a intérêt à écouler et baisser les prix. Vous mettez des prix planchers, tout va pourrir dans les cageots ! Ils sont un peu fous de... -On parlait de simplification. Peut-on parler de transposition des normes ? Des annonces ont été faites en ce sens. On va toujours trop loin, en France ? On veut montrer l'exemple par rapport à l'Europe, et ça pénalise nos agriculteurs ? -Il me semble qu'il y a des problèmes de... De... C'est... Pas tant de transposition de normes que de... Comment... Que de réglementations qui s'ajoutent à la réglementation européenne. Battons-nous pour faire en sorte d'avoir de la bonne réglementation européenne. Il est évident que tout ça se situe dans un cadre européen. C'est pareil. On en rajoute en permanence. -On appelle ça le mille-feuille. -Oui, le... Le... Le mille-feuille, par exemple, on m'a dit : "Vous mettez en place une disposition "pour que, maintenant, "dans les restaurants, "en France, le label 'Fabrication maison'." C'est fou. Comment faire une fabrication maison ? Les plats qu'on sert, c'est assemblé en permanence ! -Il y en a... Je suis pas d'accord. C'est un label qui peut rassurer les consommateurs. C'est peut-être compliqué... -Discutez avec... Moi, je... Avec les restaurateurs qui en peuvent plus. Ils trouvent pas de personnel. -Certains restaurateurs achètent tout ça chez Metro... -D'accord, mais c'est des bonnes intentions mais il n'y a que ça, quoi ! Il n'y a que ça ! On en rajoute. -Vous dites : "Arrêtez d'emmerder les Français" ? -Regardez l'abattage des animaux. C'est vrai que, bon... Il faut qu'ils soient élevés et abattus dans de bonnes conditions. Et que s'est-il passé ? On importe la moitié des poulets en France. On est exportateurs nets et on en importe la moitié. Le poulet à l'étranger est pas élevé en batterie ? On lui donne pas n'importe quoi à manger ? Il arrive n'importe comment et on le mange en France ! -C'est pour des raisons d'abattage qu'il y a pas assez de poulets en France ? -Des problèmes d'élevage, d'abattage, et le problème de la qualité de l'alimentation. -Tout ça. -Y a tout ça. On fait pas attention au poulet du supermarché qui vient de l'importation, élevé n'importe comment. Ca pose de problème à personne. -Il y a aussi une histoire de prix. On importe des poulets qui sont moins chers. On va parler de la pauvreté. Il y a des plus en plus de pauvres en France. Il n'y en a jamais eu autant depuis 1996 selon l'Insee. On en parle. Les pieds dans le plat. -Ah, très bien ! -Les Restos du coeur font le plein lors de leur collecte qui a eu lieu le premier week-end de mars. Les dons ont dépassé les espérances, en dépit de l'inflation. Son président a tiré la sonnette d'alarme pour éviter de mettre la clé sous la porte. Reportage. -Une collecte pour les Restos du coeur, si vous voulez. On recherche des conserves, du riz, des pâtes... -D'accord, pas de soucis. -Bonne journée ! -Objectif : récolter 9000 tonnes de dons alimentaires et de produits d'hygiène auprès des particuliers. -Des biscuits... Des produits... Des chamallows. Du café pour les parents. Les Restos du coeur et autres manquent beaucoup de produits donc si on peut aider, on le fait. -Merci ! -Pour les gens qui n'ont rien, ou moins que moi, dans tous les cas, voilà. Ca me fait plaisir de donner. -Merci beaucoup, madame. -Ce que l'on redoute, c'est l'inflation qui, déjà, fait que les produits alimentaires sont de plus en plus chers. J'espère que ça impactera pas la générosité de nos donateurs. -Dans ce supermarché parisien, deux tonnes de produits recueillies, notamment grâce à ces kits solidaires, spécialement préparés. -J'ai pris deux kits. La sélection doit être bien faite, pour les Restos du coeur. Ca correspond aux besoins mieux que ce que je fais spontanément. -C'est une bonne idée. Mais les paquets constitués, quelque fois, on sait pas ce qui est vraiment utile. -12 % des dons que les Restos du coeur reçoivent proviennent de cette collecte annuelle. D'autant plus vitale, cette année. Pour la première fois, les Restos ont appelé à l'aide pour éviter de mettre la clé sous la porte. -Nous avons restreint l'accès à l'aide alimentaire. C'est contre-nature pour les bénévoles. On a réduit la dotation que l'on donnait aux personnes. Avant, on donnait six repas, par personne et par semaine, on est passé à quatre. Des mesures de restriction extrêmement difficiles et on n'est pas sortis des difficultés. Nous sommes structurellement déficitaires, si le nombre de pauvres dans ce pays continue à augmenter. C'est ce qui se passe depuis des années. -Les besoins sont en effet considérables. Les Restos du coeur ont accueilli 200 000 bénéficiaires supplémentaires en 2023. -Les Restos du coeur déficitaires, les bénéficiaires augmentent... 14,5 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, en France. Comment en est-on arrivés là ? -C'est inquiétant. Il y a une montée de la pauvreté. Il y a une montée des écarts de richesse entre nos concitoyens. Jamais les plus riches ont été aussi riches et jamais les pauvres sont restés comme ils sont. Et ça continue. Notamment tout ce qui est accompagnement, aides, y compris l'allocation-chômage, on tape sur... Ce public. C'est scandaleux. Je voulais vraiment rendre hommage aux bénévoles du Secours catholique. -La solidarité existe toujours. -Les Restos du coeur, heureusement qu'ils sont là... -Vous leur donnez ? -Je donne... Je donne à des associations caritatives, oui. Je donne à des associations caritatives et j'aide directement des... Des... Des personnes qui sont en difficulté, oui. -Vous disiez qu'il y a un écart qui se creuse. Il faut aller chercher l'argent chez les plus riches ? -Bah, d'abord, il y a ce type de mobilisation qui est importante. Le Secours populaire, chez moi, c'est... C'est énorme. Ils font des... Ils vont récupérer tout ce qu'ils peuvent récupérer chez les gens. Ils vendent. Il y a des possibilités d'aider. Il faut aider ces organisations à travers les dons, notamment alimentaires. Et être, euh... Réellement à leurs... A leurs côtés. Ils font un travail exceptionnel de suivi des gens. C'est-à-dire qu'ils distribuent à ceux qui en ont besoin et ils demandent aux gens de s'engager. Le Secours populaire, c'est ça. Si vous avez une aide, d'accord, mais rien n'est gratuit, quoi. Ca crée un lien social. Un lien social qui est important. On a intérêt à travailler avec ces organisations. -L'Etat doit donner à ces associations ? Ils ont tiré la sonnette d'alarme à l'automne : "Il nous manque 35 millions, "sinon, on va fermer." L'Etat donne, et beaucoup d'entreprises... -C'est l'Etat et surtout le travail des collectivités territoriales. C'est-à-dire à travers l'action sociale des départements et des communes, à condition que ces territoires aient les moyens. Comme on prive les territoires de ces moyens, les collectivités, chez nous, disposent de moins de moyens pour les aider. Il faut que tout le monde s'y mette pour aider ces organisations, et puis, il faut surtout vaincre la grande pauvreté. Donc accompagner les gens, pour travailler, la généralisation du dispositif Zéro chômeur. Pourquoi on récupère pas tout l'argent que ces personnes vont nous coûter ? Tellement elles sont éloignées de l'emploi, on va jamais réussir à les mettre au travail, sauf si on donne des moyens importants à des associations d'insertion. Quand c'est comme ça, en fonction des difficultés, des handicaps, des difficultés de transport, tout le monde a la possibilité de retravailler. -C'est ce que disent les macronistes, vous êtes d'accord. -Les macronistes, pardonnez-moi l'expression, disent qu'il faut réduire le chômage, en réduisant les aides et les indemnités. -On réduit pas les aides, mais la durée d'indemnité. -C'est pareil ! Il faut arrêter. -Vous trouvez qu'on tire trop sur les chômeurs ? -On augmente l'âge de départ en retraite. Très bien, mais il y a... 50-60 % des personnes qui partent en retraite sont déjà au chômage. Les seniors... L'emploi des seniors. On va augmenter... -Négociations en cours. On parle d'un CDI... -J'espère qu'on va faire confiance aux partenaires sociaux qui travaillent dessus. C'est ces moyens, pas "marche ou crève". -C'est à l'Etat de récupérer l'assurance-chômage ? De la gérer ? -Certainement pas ! Plus l'Etat en fait, moins bien l'Etat le fait. Que l'Etat s'occupe du régalien, ses missions essentielles... -Les partenaires sociaux ? -Si on fait pas ça, le pays marchera jamais. Vous aurez beau mettre un bac + 10, un cerveau "plus, plus", ou n'importe quel casseur d'assiettes au pouvoir, avec des idées, le pays fonctionnera toujours aussi mal s'il y a pas des chocs de décentralisation et si on ne donne pas la main à celles et ceux sur le terrain. -On s'acharne sur les chômeurs et les seniors ? Il y a un acharnement ? -Il y a des acharnements auprès de tout le monde. Tout est décidé au plan national. La généralisation du dispositif Zéro chômeur, dans mon département, pas de métro. La Meuse, peu de transports en commun. On va dire : "Toi, on réduit tes aides pour retrouver du boulot !" Mais j'ai pas de moyen de locomotion. Je vais aller bosser à pied ? Qu'est-ce que c'est... C'est complètement idiot ! Donnons des moyens aux territoires, pour accompagner les gens dans les mobilités et faire en sorte qu'ils travaillent en fonction de leur handicap et de leurs difficultés. Il faut... Il faut... Et... Et... On se contente de donner des aides à vie ! Reprenons ces moyens... -Vous dites qu'il faut pas donner trop d'aides mais vous avez une idée, abandonnée par le gouvernement : le chèque alimentaire. -Oui, voilà. -Alors, on aide ? -Oui ! Le chèque alimentaire, sur le Salon de l'agriculture, mes amis de la Fédération des producteurs de fruits et légumes, le président me dit : "Je vous remercie, "et je remercie le groupe LIOT, "car c'est une très, très bonne idée." L'idée est que l'on distribue des chèques alimentaires aux personnes qui disposent de peu de moyens. Ceux qui sont aux Restos du coeur. Et on leur dit : "En contrepartie, achetez des produits locaux, "fabriqués en France, les fruits et légumes..." -Il faut bien contrôler. -On n'a qu'à demander aux associations de contrôler ! On relance la filière de production de fruits... De fruits et légumes. On améliore l'alimentation. C'est bien... -Le bio, aussi ? Vous le fléchez vers le bio ? -On flèche du bio et de la production locale. Et euh... On règle aussi des... Des... Des sujets de sous-alimentation de nos concitoyens. Sans compter toute la prévention. C'est meilleur pour la santé. On s'est jamais demandé pourquoi... Qui... Qui... Qui vit le moins longtemps ? Ceux qui sont moins bien nourris. Quelle inégalité ! -C'est un autre sujet, mais une étude est sortie sur l'obésité en France, qui augmente. C'est lié à la précarité alimentaire. -On va passer au dessert, puisqu'on a fini. Le péché mignon. -Avec un vacherin. Pas un fromage mais un dessert. Un entremets d'origine française, composé d'une enveloppe de meringue, avec fouet de crème glacée, ou de sorbet. Là, on le voit avec le sorbet framboise. Des fruits confits et des fruits frais, comme les framboises. Et un nappage de crème chantilly. Cet entremets date du 19e siècle, une recette qui aurait été créée par Antonin Carême. La version glacée apparaît à Lyon. Sans doute, son nom... Par sa forme et sa couleur, il évoque le fromage vacherin. -Ah oui. -On lui donne ce nom pour ça. C'est votre dessert préféré ? -Ah bah, oui. Je suis très heureux d'en manger. Dès que je choisis le dessert, à la maison, personne ne veut de vacherin. Je suis gourmand. Y a que moi qui en mange. J'espère que c'est avec de la vraie chantilly. Je vais vous le dire dans quelques instants. -Ayez confiance ! -C'est de la vraie chantilly. -C'est bon ? -Ah oui. -Vous supportez pas la chantilly en spray ? -Non. On voit la différence. Vous faites peut-être de la chantilly. -Pas dur à faire. -Non mais il faut que ça tienne. La chantilly, c'est avec de la crème fraîche... -Fleurette, un peu liquide. -De la crème fraîche fleurette. Pas de la crème allégée, hein ! Avec ça, vous n'en faites pas. -Ca monte pas, sinon. Exactement. -De la vanille. Et du sucre glace. -Ah oui. -Vous le préparez ? Vous savez faire les meringues ? -Oui, je fais des meringues. Je parlais de la crème fraîche. La chantilly... Vous m'aviez pas donné la liste des plats. Il rit. Donc voilà... La vraie chantilly, c'est... C'est très bon, quoi. -Il y a des variantes, maintenant. On en trouve avec d'autres fruits. Qu'en pensez-vous ? -J'aime le traditionnel. J'ai un grand jardin. 300 mètres carrés. J'avais des groseilliers mais à force de... J'ai pas le temps de les cueillir. Et puis la confiture, j'ai plein de pots, j'en donne. J'ai des framboisiers. Un peu. -Vous récoltez, comme ça, l'été ? -J'ai un mirabellier. C'est la région, chez moi. C'est bon. Des compotes excellentes. -Vous nous parliez de Tunisie. Vous en connaissez les desserts ? -Il y a peu de desserts. -Les gâteaux. -Oui... -Sucrés. Miel, dattes... A manger, à déguster ! -Il y en a des très bons. -Vous aimez ça ? -Oui. Faut faire de la course à pied. C'est calorique. -Bah, le vacherin... Rires -Vous êtes un grand sportif. C'est pour tous les desserts que vous mangez. -Le fiadone ! Vous aimez les desserts corses ? -C'est le dessert typique... C'est des desserts corses. -Le brocciu. -Avec le brocciu. -On en a mangé une fois ici. -Très bon et facile à préparer. Je sais plus quel alcool corse on met dedans. -Il y a un peu de zeste de citron normalement. -Il y a évidemment ça, mais c'est arrosé avec... Euh... Un... Un alcool... -Corse. -Oui, corse, extrait... De cueillette de baies, dont le nom va me revenir. -De myrte. -Voilà. L'alcool de myrte. J'en ai à la maison. Bravo. -On finit toujours cette émission en musique, vous avez choisi celle-là. "Ana El Owerka", Lili Boniche ... -Ana el warka el meskina Ali saqtat man El aarf awssalt yabssa Yabssa wa hzina -Lili Boniche. Lili Boniche, alors, il n'est pas tunisien, lui. -Non, c'est un... -Il est algérien. -C'est un Juif algérien qui, euh... Est revenu en France, dans les années 50. C'est vraiment un grand artiste dans la tradition judéo-arabe, de musique judéo-arabe. C'est un artiste... La musique est très belle. C'est sur un tango. C'est un artiste qui a mélangé des formes musicales. J'adore danser. Notamment le tango. -Vous êtes un danseur de tango. -Oui, c'est une danse magnifique. Et chez moi... Quand on faisait de la politique, il fallait aller dans des bals. J'aime le tango, le cha-cha-cha, la rumba, la salsa. Le tango, c'est magnifique. Lili Boniche, c'est vraiment ce mélange de musiques. C'est un grand artisan de paix. Il est arrivé en France dans les années 50. Il est né vers les années 1920. Sa femme lui dit : "Change de travail, arrête avec ta musique." Il s'exécute. Il fait pas trop d'affaires. Et puis, un peu comme Compay Segundo, dans le... Dans le... Le... A Cuba... Avec... Le Buena Vista Social Club, il est découvert très tardivement, vers les années 80. On va le chercher, il était un peu perdu. -Merci de nous avoir fait découvrir Lili Boniche. Merci à vous d'avoir accepté notre invitation. Merci à vous tous. Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau numéro. SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA ...

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