Published: Feb 06, 2024
Duration: 00:57:32
Category: People & Blogs
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bienvenue dans plus 22 le podcast comment ça va je vais très bien merci beaucoup de m'avoir invité c'est un plaisir c'est un plaisir déjà petite question tout bête on dit ou mais tu sais que cause de la prononciation en au début je disais je disais ta ça vraiment je disais Taya et je sais pas pour quelle raison j'ai toujours euh pensé que tu étais né et que tu avais grandi en France et que c'est en fait tes parents qui étaient d'origine marocaine maisant en fait tu es bien tu es bien né et tu as grandi au Maroc c'est ça non seulement je suis né j'ai grandi au Maroc mais je suis W salam de la ville de sa donc marocain comme moi je crois que ça n'existe pas je suis profondémentocain et su en 1973 et et tout ce que je suis je crois vient de du quartier de Salam à Salé ouais je sais je sais pas je sais franchement je je saurais pas expliqué pourquoi j'avais j'avais l'image Abdullah tu as tu as pris le parti de faire des œuvres autobiographiques et personnellement je trouve ça vraiment très intéressant mais euh pourquoi ce choix pourquoi euh pas des romans et des films de fiction par exemple pourquoi tu préfères parler de toi parler de ta vie et au grand public tout d'abord c'est pas un un choix comment dire décidé dès le départ c'est c'est quelque chose qui est arrivé avec le temps et parce qu'il Fall bien maîtriser la langue aussi bien la langue arabe que la langue française que que voilà un jour j'ai décidé de me mettre à écrire tout n'importe quoi céit pas d'ailleurs pas du tout dans le but de devenir un écrivain parce que pour moi au départ l'idée même de l'écriture l'idée de devenir écrivain c'est quelque chose de très bourgeois très loin la famille pauvre et le quartier pauvre dans lequel je vivais je survivais parmi d'autres gens qui survivaientx aussi le but au départ c'était juste de maîtriser euh vraiment la langue aussi bien la langue arabe que la langue française et ce c'est cet exercice je je dis bien exercice exercice il chaque jour j'avais un un cahierard et j'essayais d'écrire tout et n'importe quoi donc pour moi écriture tout court a commencé là dans ces exercices infatigables jour après jour année après année et le résultat de tout cela c'est que plus j'écrivais plus je me rendais compte par exemple que personne ne parlait de ces gens extraordinairement transgressifs autour de moi qui vivait à Salem personne neit des sacrifices de ma mère dès que j'allais à Raba j'avais l'impression que les gens de Raba me regardaient comme à regarder le pauvre de salé qui a trouvé l'argent des bus arrivriver jusqu'à Raba donc il y avait une forme comme ça de de quelque chose d'injuste qui était opéré dans la société marocaine et injuste vis-à-vis de moi puisque moi moiême je suis homosexuel et que personne ne parle des homosexuels mais je dois je dois préciser que dès le départ c'était le résultat de C exercice de ces exercices d'écriture de maîtrise de la langue l'arabe et le français et aussi voilà tout ce monde vous savez le le je sais pas dans n'importe quelle famille marocaine il se passe des des histoires assez extraordinaire mais malheureusement il y a toujours quelqu'un autour de soi qui va essayer de nous empêcher soit de raconter soit d'approfondir ses histoires et encore moins de les écrire il se trouve très vite que moi je n'ai pas honte de de ma famille je n'ai pas honte de moi-même en tant qu'homosexuel je n'ai pas honte de ma mère qui se sacrifie pour me trouver l'argent pour payer le bus et tout ça donc voilà ça vient vraiment de de de de là c'est pas par désir de dire au monde regardez je suis mieux que vous ou bien je maîtrise la langue mieux que vous je pense pas d'ailleurs que je maîtrise la langue mieux que que d'autres personnes alors petite parenthèse littéraire est-ce qu'il y a pas un risque avec l'exercice de l'autobiographie d'arriver au bout de d'avoir tout raconté d'avoir tout partagé non c'est l'inverse les familles marocaines il y a tout le temps des choses qui arrivent et puis nousmême notre rapport dans la vie euh notre rapport à la vie ne cesse de s'approfondir on ne comprend pas d'ailleurs la crriture nous apprend cette choses c'est que en fait on croit qu'on qu'on comprend ce qui arrive dans nos vies tous les jours au jour le jour mais en fait on est comme comme aveugle h euh on ne voit pas réellement tellement on est dans les pressions tellement on est dans un système qui nous empêche d'avoir accès aux autres avoir accès à soi-même l'écriture euh autobiographique ou pas d'ailleurs permet justement de voir qu'est-ce qui se passe qu'est-ce qui se passe entre Etman qui sont en train de parler en ce moment qui c'est quoi rapport entre ma mère et moi qu'est-ce qui m'est arrivé qu'est-ce qui est arrivé à ma mère pourquoi ma mère ne m'a pas raconté par exemple que son premier mari a été envoyé par les français pour pendant la colonisation à faire la guerre en Indochine que son mari est mort là-bas qu'il est enterré en Indochine pourquoi ma mère n'a jamais parler de ça par exemple et ça c'est le sujet de mon dernier roman vivre à ta lumière je pense que l'écriture non non c'est l'inverse il n'y a pas il n'y a pas de bout de à l'écriture il n'y a pas de fond plus on écrit plus il y a d'autres choses à écrire rien de mieux que de parler de soi non encore une fois comme je l'ai dit tout à l'heure ce n'est pas comme moi je l'ai dit dès que je me suis à écrire dans c'est ma position d'accord à moi mais dans le monde et dès que je me mets à écrire j'apporte avec moi le monde d'accord j'ai écrit des les deux premièr les trois premières ures peut-être étaient autobiographiqu c'estàd le jeu qui disait jeu dans le rouge du tarbouche l'armie du SAL Arab c'était le jeu mais à partir de de mes livres le le jour du roi euh infidèle un pays pour mourir celui qui trimé et cetera c'est on est passé à autre chose c'est d'autres jeux d'autres personnages qui ont pris le l'espace mais en même temps j'ai envie de de de de te dire que même si l'écriture est complètement autobiographique même complètement narcissique ce qui n'est pas le cas chez moi je le précise si c écr ériture narcissique est extraordinaire et apporte des phrases incroyables et une poésie incroyable pourquoi pas h je voudrais aussi préciser une chose c'est que au Maroc les gens sont obsédés par par eux-mêmes il par leurs problèmes les gens passent leur temps à PLRE je ve dire du jour toute la journée et même toutes les nuits et dès que quelqu'un autour d'eux passe à écriture à vouloir fixer ce qui se passe dans nos vies dans l'écriture tout de suite une censure sociale politique arrive et cette est incarnée par ton grand frère ton père ta mère elle te dit il y a tout tout le monde est obsédé par se paraître le paraître social la société et tout ça alors que eux-mêmes tous les jours tous les jour je ve dire ils ne sont jamais fatigués m qui d'ailleurs même qui c'est c'est un c'est un genre littéraire au Maroc voilà c'est en so dès que tu rencontres quelqu'un dans un quelqu'un que tu n'as pas vu peut-être depuis 10 ans tu lui as à peine dit bonjour salam alkoum au bout de 10 secondes il va ouvrir la bouche des problèmes il va avoir aucune honte que pendant par exemple 1 heure tu vas entrer avec lui dans les moindres détails d'un problème précis qui a eu lieu peut-être il y a 20 ans donc pourquoi on a on est si doué pour cette écriturequ la journée mais dès qu'on veut l'écrire et qu'on veut la fixer par l'écriture dans un livre par exemple la censure t il se trouve que heureusement je suis gay et que j'ai appris très très très très tôt à ne pas me soucier de ce que disent les autres et de et pu il y aura toujours quelqu'un qui va me dire qu'il comprend mieux que moi ce que moi je veux faire voilà ouais non je comprends et d'ailleurs regarde parmi les offres autobiographiques tu as cité on retrouve ton film que tu as cité l'armie du Salut du salut pardon qui est sorti en sal en 2014 je l'ai vu récemment ok je l'ai revu récemment et je l'ai vécu comme un documentaire justement parce que on a ce point de vue di Abdallah le petit enfin voilà comme un documentaire est-ce que tu peux parler de l'histoire et nous décrire par la même occasion du coup à quoi ressemblait ton enfance à Salé dans les années 70 80 salam mon enfance ressemble mon enfance et mon adolescence ressemble ble exactement à ce que j'ai mis dans le film et même la mise en scène du film elle ne vient pas de hitcock ou bien de François truffo ou bien de Steven Spielberg le style comment j'ai mis la caméra où est-ce qu'il fallait la mettre elle vient de cette mise en scène de la vie à la marocaine chez les gens simples chez les pauvres comment il s'assoient comment il Mang comment il se regardent comment il crie comment comment il parle comment il ne parle pas donc voilà je tenais à ce que que même si peut-être pour certain le sujet est scandaleux parce que le héros le petit héros est homosexuel mais je tenais à ce que la description de la vie autour de lui la vie marocaine soit juste que les gens comment ils soit s'assoit comment ils se parlent euh comment il jouent donc les comédiens s'inspirent mais c'est même pas s'inspire que ça vienne directement de ce que moi je sais ça c'est la vie marocaine alors il y a évid qui vont dire non ça c'est pas le Maroc ça c'est leur problème mais moi en tant que com rapport sincère à la vie à à l'art si tu veux au cinéma il fallait que voilà que que je je traduise la réalité marocaine sans essayer de la faire entrer dans des références occidentales ou bien dans des références françaises ou que sais-je il fallait que ça ça viennent d'une production d'images que les Marocains eux-mêmes produisent tous les jours comme ils passent leur vie raconter leurs problèmes les uns aux autres tous les jours par WhatsApp ou par je ne sais quoi d'autre ils produisent aussi des images ils sont aussi dans une mise en scène une mise en scène de cinéma il fallait juste que moi je sache précisément ce que je veux prendre et ce que je ne veux pas prendre et comment diriger et au milieu de cette réalité extrêmement marocaine mettre un héros inédit si tu veux dans l'histoire du cinéma marocain et ce héros il est homosexuel mais ce héros pendant tout le film à aucun moment il dit que lui il veut être comme un petit New York gay ou bien unel un petit parisien gay jamais il est dans une logique marocain dans il résiste comme n'importe quel autre marocain résiste voilà quoi comme on dit voilà qui il se débrouille comme plein de Marocains comme ils peuvent il se trouve qu'il est gay mais ce ce ce côté gay non ne lui enlève en rien sa qualité marocaine populaire et ça c'est pour moi c'était très important de ne pas faire un film avec un héros qui va dire au Marocain et au public marocain et ben moi je ne suis pas comme vous je suis un hérro gay qui va aller vivre à Paris qui va trouver la liberté à Paris et cetera j'ai fait la démarche inverse et en fait passé quand j'étais petit garçon et adolescent moi je vivais dans un monde extrêmement pauvre Paris Londres New York tout ça ça na'a c'est peut-être pour les gens de de de berkassem ou bien ou bien de Californie à à Casablanca mais moi c'était très loin d'ailleurs je connaissais même pas berqassam ou bien Californie c'était des des noms qui ne disaient rien aux pauvres comme moi donc la la la façon pour vivre et pour s'accrocher à la vie trouver des solutions ne pas mourir ne pas ne pas les laisser me violer tous les jours ettaela c'était m'accrocher à ce monde à ces gens h et c'est laie que j'ai essayé d'appliquer dans le film et même dans mes livres mais justement dans un dans un de tes témoignages interview tu disais que ce quartier salam où tu avais grandi était tout ce que tu connaissais du monde en fait une petite maison tr pièces 11 personnes parce que grande fraterie et puis c'est tout et c'est quelque chose qu'on ressent vraiment dans le film avec W Leon vraiment certes c'était ta vie c'était la réalité mais avait on ressentait vraiment le ton grave le film et je sais que c'est c'est fait volontairement mais la partie la plus marquante du film selon moi et tu l'as mentionné ce sont ces scènes où on voit le personnage principal du coup toi vivre ses violes quasi au quotidien et tu disais que tout le monde était au courant même ta famille mais que personne ne pouvait parler ne pouvait te protéger est-ce que toi en étant enfant tu comprenais ce comportement de ta famille et du voisinage comment tu percevais de la situation bah c'est une tragédie c'est une tragédie marocaine que ce soit moi ou d'autres gens il y a pas que moi euh d'autres gens violés se sont fait maltraiter et continuent d'être d'être violés tous les jours au Maroc il n parlant même pas des femmes de ce qui leur arrive parce que les femmes on les met dans les cuisines on les Marie on leur dit fait des enfants et après et après c'est comme si la vie des femmes allit et en plus on on leur dit soyez heureuse fi d'être des femmes marocaines elles doivent le dire devant les invités et malheureusement comme j'ai dit tout à l'heure les Marocains passent leur temps à à à à se plaindre mais dès que on commence à parler de ces de ces plaintes personnelles d'une manière sérieuse essayer de discuter Dee manière rationnelle le débat s'arrête au Maroc c'est incroybl terrifiant que au Maroc que cette chose dès qu'on veut dè qu'on veut essayer de parler et de discuter et d'arriver à une solution sérieuse ça s'arrête le débat s'arrête et que les G ah tu te souviens encore ah bien ils vont te dire pourquoi tu parles comme ça comme tu as changé c'estàdire que le le le le le mépris euh le mépris que que les je sais pas installé entre nous je ne sais pas par qui entre nous malgré nous à un moment donné sort entre nous il devient des condamnations terrifiantes des gens qui une fille qui vient te direie ou bien mon oncleou bien mon cousin me viole depuis c'est des choses qui arrivent tous les jours au Maroc euh la mère ou bien l' qui va lui dire euh non non non tout ça c'est il y a quelque chose de l'ordre de de de de de de jeis on te pousse à te au suicide au fond d'accord on ne meurt pas ou on ne se tue pas mais il y a quelque chose de nous qui meurt sans cesse et malheureusement on le voit aussi dans les réactions dans en ce moment dans les les les social medéia quand on voit les réactions de une partie de la société marocaine on certaines filles des ver et certains situation de viol des gens condamnés pour viol et on voit comment les Mar la société d'e manière générale hein Contin à défendre les violeurs il empêche même la parole vraie de sortir c'est quelque chose de tragique parce que et moi je peux le dire maintenant à l'âge que j'ai maintenant j'ai quand même 50 ans donc je peux dire que je vois que les choses dont j'ai souffert moi ce que je su que j'ai subi en tant que petit enfant 7 ans 8 ans avant et à la fois il subit les viols tout le monde le sait et tout le monde lui dit que c'est ta faute c'est comment on peut demander ça à un enfant marocain qu'est-ce qui fait que toute la société s'organise à à sacrifié ses enfants et quand les ses enfants osent dire mais regardez ce qu'il me fait telle ou telle personne et l'enfant lui dit et toi qui les attirre les violleurs c'estàdire c'est c'est c'estàdire on on on on on on il y a quelque chose de terrifiant tout d'un coup de de c'est plus que terrifiant c'est la mort pour tout le monde qui s'installe et et je le vois comme je dis à mon âge maintenant je vois ce même système qui qui se répète il y a des petites des petites choses qui bougent mais profondément ce système euh qui qui qui qui sacrifie les enfants euh surtout quand ils sont gay ou lesbien ou un petit peu différence il n'y a pas encore des gens autour d'eux euh qui pour pour pour les soutenir et pour euh pour tout simplement les défendre moi très sincèrement je ne sais pas d'où mais venu euh cette force euh pour un enfant violé par tout le quartier euh le quartier qui sait la famille qui sait et puis un un gamin en tant qu' qui j'étais devenu cette chose euh n'importe qui qui voulait avoir un assouvir une petite libido sa sexualité il disait Abdallah Majou ilétait devenu c'est ça je pense que les gens n'entendent je l'ai dit je l'ai redit depuis 2006 mais les gens n'entendent pas ce que je ce que j'ai dit n'entendent pas ils ne veulent pas entendre tu te rend compes un enfant de 10 ans qui ils lui ont fait construire une ils ont construit autour de lui une légende sexuelle un enfant de 8 ans 10 ans quand tu arrives au collège tu trouves que la réputation qu'il m'ont faite elle est déjà là h et d' que je ne connaissais même pas et tout d'un coup ils viennent me prendre par la main ils me violent c'estàd qu'il y avait tout d'un un système de viol de beaucoup plus grand que moi et moi très sincèrement je ne sais pas donc où j'ai trouvé la la puissance la force l'énergie pour ne pas mourir complètement pour ne pas et que d'accord je sais que je me suis accroché aux études je me suis accroché au film égyptien je me suis accroché au à Samira Saï que j'adore et je vénère jusqu'à aujourd'hui mais quand même je dis mais ça ne suffit pas c'est comm j'étais un gamin j'étais un gamin un petit enfant et jusqu'à aujourd'hui et ça ça c'est un point très important jusqu'à aujourd'hui j'ai j'ai 50 ans personne ne m'a dit par rapport à tout ce que j'ai dit m'a appelé au téléphone pour me dire je suis désolé je savais et je m'excuse je ne t'ai pas défendu personne m'a appelé pour me dire juste de discuter avec moi ce qui m'est arrivé juste une discussion tu vois comme les gens que tu croises pas par comme j'ai tout à l'heure c'est effrayant ça te dit la solitude et la mort qu'on installe dans chez les gens et que quand ils arrivent un certain âge 50 ans moi on attend de qu'ils ai oublié c'est terrifiant euh on fait juste un un saut dans le temps là on est dans les années 80 en 98 tu obtiens une bourse pour aller à Genève malgré tout ce que tu as c'est ça que je veux dire en fait malgré tout ce que tu as vécu et de la force que tu as eu en toi en 98 tu arrives à obtenir une bourse pour aller à Genève puis tu vas à Paris une année plus tard c'est ça oui c'est c'est exactement ça mais cette bourse en fait c'est je sais pas comment dire c'est le destin qui me l'a donné parce que moi je l'avais même pas demandé il se trouve que quand je me suis mis à étudier la langue littérature française à l'université Mohamed 5 à Raba je ne sais par quel miracle euh alors qu'il y avait avec moi des étudiants qui venaient de la Mission française de descart lycée descart de Araba je suis devenu majur de promotion qui je ne sais pas franchement je ne sais pas parce que a priori quelqu'un comme qui VI priori mon français ne devrait même pas être mais comment tu as pris le français comment tu as appris le français justement justement c'est c'est le cahier dont je t'ai parlé au départ je suis arrivé au je me rappelle très bien à l'université cétait septembre 1992 donc je VO bien qu'il y avait des riches y avait des gens qui tu vois à l'université il y avait ENF je savais que Raba fait AR les riches mais là j'étais sûr qu'il y avait que c'était ça mon sur sur je veux dire que la c'est la ville qui opprime salé mais que salé résiste à Raba bien sûr je pense qu'il y a quelque chose de cet ordre je me disais que ma mère tu vois elle se sacrifiait juste pour me trouver juste pour payer le bus pour traverser l'oued d'aller de salaller àaba et aller faire peut-être que je me disais je n'ai pas droit de de de la décevoir et qu'il fallait faire quelque chose donc mon intuition c'est même pas de l'intelligence m'a fait acheter ces cahers et c'est ce cahier où je me suis mis ce que je t'ai raconté tout à l'heure à écrire et à écrire tout et n'importe quoi en français il m'est arrivé de prendre même je sais pas moi si tu vois chez con shampo tout ce qui est écrit en français sur le le le AC le carton le shampoing je le je l'écrivais je le réécrivais je le copiais et le recopiais et essayais de comprendre c'est quoi ces choses qu'est-ce que ça signifie ces mots la seule courage que je je me reconnais c'est que je n'ai pas arrêté pas fatigué je ne suis je me suis pas après 2 mois je me suis dit ça y est j'ai le cahier m'a révélé dans tous les sens du terme que tu tu veux et à améliorer ma mon niveau mon niveau en langue française et au bout de l'année j'étais le premier et 2è année premierre 3è année 4e année et à un moment donné une bourse de l'Université de Genève est apparu de si je peux dire à l'université mais moi je ne le savais même pas c'est eux qui m'ont dit voilà il y a cette bourse alors peut-être que parce comme j'étais le premier et tout ça je ne sais pas com dit ce sont eux qui m'ont dit il y a cette Bour on te la donne et c'est comme ça que je suis allé à Genève et et après à Paris mais sans cette bourse je serais resté au Maroc et je ne sais pas ce qui serait arrivé parce que comme je l'ai dit j'ai pu sauver mon corps en tant qu'enfant par je ne sais quel miracle mais je ne sais pas si l'adulte que je serais devenu aurait pu supporter les pressions qui existent dans la société marocaine h h je comprends et du coup voilà on va à Genève on va à Paris euh comment tu t'es senti une fois installé ailleurs ailleurs quand j'ai d'ailleurs c'est loin de l'environnement salam comment tu t'es senti est-ce que c'était à la hauteur des désespéran est-ce que tu avais des attentes particulières non en fait dès que tu arrives à en Occident d'une manière générale hein donc la la Genève la Suisse la Paris c'est l'Occident tu comprends tout de suite ils te font comprendre que tu n'es pas comme eux que physiquement que tu es un arabe pour aller vite et ça je parle de 1998 tu le vois tout de suite et même quand tu commences à parler leur langue et leur culture et que tu es capable d'avoir les mêmes discussions sur les mêmes références occidentales culturelles historique il y a toujours quelque chose qui qui qui va pas pour selon eux qui manque il doit toi très vite tu comprends qu'il y a là un un racisme léger fort selon les moments mais que là tu ne peux même si tu avais des idées euh positives sur l'Occident tu comprends tout de suite qu'il y a un forme de colonialisme ou de post-colonialisme ou de vision colonialiste de au minimum de l'orientalisme qui continue exercer sur des individus comme moi arabes africains musulmans ce que tu veux et comme on a tous une une un com on dit gram la dignité com on dit la dignité quand même et ben moi je ne vais pas accepter que quelqu'un euh me fasse comprendre qu'il est mieux que moi et qu'il connaît mieux que moi la culture le cinéma occidental alors que moi je ne suis pas né dans sa langue je ne suis pas né dans sa culture moi je je je maîtrise déjà la langue et la culture arabe la culture marocaine la culture berbire et en plus de tout cela je maîtrise ta ta culture à toi je parle ta langue à toi je suis entré avec toi dans les moindres détails et malgré cela tu te permets d'exercer sur moi ton ton ta supériorité supposée et et et et et à partir de là ton racisme donc peut-être au départ tu je j'ai développé la stratégie de ne pas le dire tout de suite mais au fond de moi le mécanisme de défense et je dirais même à le mécanisme d'amour de soi de moi-même voilà peut-être que les gens ne m'ont pas ne m'ont pas aider au Maroc à reconnaître ma propre valeur avec moi-même j'étais beau ou bien que j'avais de belles mains ou bien je sais pas moi des choses comme ça je sais pas moi au Maroc on me disait rien franchement donc j'ai pas grandi avec des gens qui qui je sais pas je leur paraissais et donc il fallait toujours pour moi au Maroc développer cette idée que je sais pas euh écouter les autres j'étais celui qui écoutait qui posait les questions je leur faisais je leur faisais je leur donnais beaucoup d'amour et d'écoute ce qui n'est pas rien h je pense une stratégie de survie pour ne pas être rejeté complètement par les autres et par la société en tant que gay mais quand tu arrives en Occident qui est supposé euh avoir les droits de l'homme ne pas avoir de racisme tu te rends compte en fait que l'Occident n'est pas encore sorti du colonialisme d'accord il y a eu les indépendance mais eux les occidentaux on l'URA pas appris ce que la France la Suisse l'Allemagne a fait pendant le colonialisme guerre mondiale et ces visions colonialistes et racistes continuent d'être exercé appliqué et aujourd'hui encore plus d'ailleurs qu'ailleurs mais dès que je suis arrivé en tout cas en 98 franchement crois-le ou pas j'ai compris ma valeur j'ai compris euh qu'il fallait que je me réconcilie avec moi-même il fallait que je que que que que que les ambitions que j'avais depuis que je suis adolescent parce que depuis je leur disais je veux être réalisateur et eux il rient de moi j'ai compris que l'ambition face à l'hostilité donc au Maroc comme en Occident il fallait qu'elle soit maintenant déclaré il fallait que je pr par ce que je dois faire non seulement faire des études avoir des déplomes et tout ça mais commencer à à à commencer à planifier structurer qu'est-ce que je veux faire et donc du coup l'Occident Genève dans un premier temps est paru dans après me sont à Paris ils me sont apparus comme un territoire à envahir tu vois c'est fou moi j'avais peur des riches de Rabat mais je n'ai jamais eu peur peur des occidentaux ou les intellectuels de Paris ou là les écrivains de Paris mais je c'est fau mais je n'avais pas peur de ces gens tu sais il y a dans une interview tu disais justement pour vevenir sur ce point tu disais que tu as l'impression que les gens en France en fait ont tendance à oublier tous lese forort qui t'a fallu pour apprendre le français connaître leur culture de bien parler la langue et de devenir écrivain dans leur propre langue qui n'est pas ta langue natal comme tu as dit et qui te réduisait au final l'exemple m'a fait bêtement sourire il réd dis au final à celui qu'on appelle Abdel à place de abdella à celui qu' à qui on dit ah toi au moins tu parles bien français donc ma question c'est est-ce que tu as l'impression que tu as donné plus que tu n'as reçu de la culture française non en fait moi je me je je je ne calcule pas si tu veux la la chose de bien sûr le ressenti que à partir du moment je suis arrivé en Occident et j'ai compris le système politique autour de moi donc comment je vais euh faire quelque chose pour réaliser mes désirs profonds mes ambitions c'est-à-dire l'écriture et réaliser un film un jour tu vois clair pour moi d'arriver à il fa arriver à cela il a fallit beaucoup d'années de sacrifice et tout ça après ce que eux ils vont ils ont commencé à dire sur mes livres certains dire sur mes livres je sais pas comment dire j'ai un côté un petit côté professeur donc ça pas en tout cas d'expliquer et d'essayer de clarifier les choses et aussi de pointer le les problèmes je pense tu disais tout à l'heure que mes livres sont autobiographiques mais ils sont autobiographiques dans le sens où ils ont conscience des enjeux qui se passent dans le monde ils sont pas là juste pour dire parler de moi moi moi moi moi mes livres ne sont pas égocentrique il parle d'un monde il parle deam il parle de de de cela et par rapport à Rabat une vision du monde une vision politique des choses et une capacité à critiquer tout cela à travers des des des des des des histoires très précises un peu comme le livre que les Marocains connaissent le plus de moi le rouge perbouche c'est des petites histoires mais chacune de ces histoires dit quelque chose de politique et de de humain si on réfléchit bien à tout cela ben c'est la même procédé que qui qui se passe en en pour moi en la même stratégie si tu veux qui se passe pour moi en France et à un moment donné je pense même que je sais pas comment dire qu'il ne faut pas que je m'explique trop à tout le monde tout le temps il faut que je réserve mon énergie à ce que je veux euh à ce que je veux écrire dans les livres parce que plus important livre et le film et le signe c'est ça ce qui doit après comment homain ils le reçoivent euh je peut analyser ça cette réception mais à un moment donné il faut pas il faut ouais oua ouais faut s'en ficher quoi concentrer sur sur sur moi mais à part ça je sais que je suis un héros un Batal ça c'est sûr bat ok mais ma question naturelle après ce que tu nous as raconté ta disons ton expérience au Maroc et à l'étranger ma question naturelle c'est finalement où est-ce que tu te sens chez toi ah ça c'est une question très importante pour aujourd'hui parce que je n'ai pas de réponse je suis en ce moment dans un flottement total euh c'estàd que je sais pas comment dire mais ça c'est l'âge parce que l'âge que j'ai maintenant 50 ans c'estàd que tu as j'ai l'impression d'avoir passé ma vie à trouver des solutions pour survivre au Maroc et aussi à survivre en tant qu'émigré en France et que ce chemin finalement a été très euh je parle de de moi en tant que Abdallah l'être humain a été très solitaire je n'ai je n'ai pas jamais été dans en couple ou avec quelqu'un qui m'aide avec qui je parle qui fait que il y a comment dire un soutien moral humain à côté de moi en permanence jour et nuit ou là dans mon lit ou ce genre de chose donc du coup tout ce dont on a parlé tout à l'heure les viols les les j'insiste les viols marocain s'il vous plaît entendez et comprenez un enfant de 7 ans 8 ans le quartier qui le viole et qu' le après le le leul collège et le lycée et même quand tu vas à l'université Mohamed tu ne sais pas pourquoi la réputation qu'il t'ont constru salé elle prend le bus pour aller jusqu'à Raba et tu la trouves qui s'applique sur toi s'il vous plaît comprenez ce que ça veut dire aussi bien pour moi et pour des gens autour de vous et même vous certainement certains d'entre vous qui m'entendent c'est le viol et on ne peut pas laisser les VI leur sans qu'il soit au moins un petit un petit un petit peu puni il faut c'est c'est on ne peut pas vivre en laissant les les les criminels et les violurs autour de nous se transformer en soit-disant des bons pères ou la c'est le même père qui a violé je ne sais qui qui continue de violer et c'est lui qui empêche les autres d'arriver à la justice et d'arriver juste simplement à briser les tabou à parler à parler parce que c'est ça au f le fond du système c'est que ce sont les même qui violent qui après deviennent les parents continue par ailleurs de violer tout en étant et que dès quelqu'un essaie de faire évoluer et de parler et de ce qui s'est passé c'estàdire faire exister entre nous un espace de vérité c'est le même qui a violé violé qui ça qui com il se met debout et il te dit non tu n'as pas le droit non c'est comme ça not tradition c'est le viol not tradition c'est de briser nos enfants not tradition c'est c'est de d'empêcher que les gens arrivent au bonheur réel qui soi connectés avec eux-mêmes et avec leur pays not tradition c'est de les maintenir dans des prisons morales et dans la solitude asphixiante et terrifiante notre tradition c'est c'est c'est de c'est dans c'est de tuer les homosexuels et les bien et les transges c'est ça not tradition malheureusement il y a encore beaucoup de figures au Maroc et même ailleurs qu' Maroc même en France même en Occident on se rend compte que ce système il a d'autres visages ça continue il y a toujours une autorité qui se lève comme on dit qui se met debout et qui te dit non tu ne peux pas parler ça non ça c'est pas c'est c'est pas c'est c'est c'est pas ça ouais donc et donc à l'âge maintenant à 50 ans je pense ce qui m'est arrivé donc tout ce chemin seul alors les gens vont dire mais tu as écrit des livres peut-être ça t'a guéri mais pas du tout l'écriture est une une un travail un travail je construis quelque chose je ne le construis pas pour pour pour je sais pas comment dire pour mutocaresser ou là pour comment dire non pas du tout c'est une construction les traumatism je pense qu'il faut un minimum un minimum de de de d' d'abord de reconnaissance des autres de ce qu'ils t'ont fait et de demande de pardon les gensib ne demandent pas pardon c'est terrifiant c'est incroyable les gens ne demande pas par exemple quand il y a un problème il y a juste des gens ils amènent avec eux quelqu'un de plus âgé il viennent te dire mais mais juste tu lui pardonn mais pardonner quoi c'est pas l'histoire de pardonner c'estàd que quelqu'un réfléchisse à ce qu'il a fait et qu'il viennent qu'on discute de ce qui s'est passé et sur quelle base on va donner ce pardon ils ont un malheureusement un éego surdimensionné dès qu'il s'agit de parler de manière sérieuse des problèmes il qu'on les blâ il n'aime pas qu'on leur dise tu savais tu n'as pas dit à un moment donné quand il voit que le problème devient sérieux et rien n'est réglé or je pense que les adultes on ne peut pas devenir adulte euh qu'on soit au Maroc à New York Londres si il n'y a pas des confrontations plus que nécessaire avec les gens autour de nous et même peut-être que moi-même j'ai fait du mal à quelqu'un il faut que moi-même à partir de ce que je veux que les gens me fassent que j'arrive à la même conclusion c'est quoi don c'est quoi l'injustice que j'ai moi aussi infliger aux autres c'est il me semble que ça c'est ça me paraît le minimum et pourant ce minimum n'arrive pas encore au Maroc dès qu'il on se met à parler sérieusement avec certains marocains et le terrifiant la la terrifiante condamnation finale quand il voit que tu veux insister et approfondir le la la la la conversation voilà la conclusion facile abdah tu t'es toujours positionné ouvertement en tant que marocain écrivain réalisateur et gay c'est d'ailleurs t bio sur Instagram autant pour les trois premières descriptions c'est assez commun autant pour la dernière c'est quelque chose d'inédit en tant que positionnement artistique on va dire et au Maroc surtout alors ma question c'est pourquoi euh ce choix de se présenter au grand public de cette manière volontairement quand d'autres penseraient que c'est de l'ordre de l'intime c'est pas de l'ordre de l'intime nous vivons dans un monde hétérosexuel hétéronormal natif qui ne sait de nous envahir jour et nuit même quand on est en train de dormir par par leurs histoires leurs problèm leur vie intime leurs histoires d'amour leurs histoires de divorce leurs anniversaires leurs beaux parents les les parents de leurs beau-parents tout ça c'est hétérosexuel un monde hétérosexuel des histoires hétérosexuelles très intimes et très impudiques qui sont livrés dans le monde et imposés au monde le problème des hétérosexuels il ne veulent même pas réfléchir sur leur position de domination dans le monde dans lequel et dès qu'un petit gay ose leur dire mais moi aussi j'ai besoin comme vous que mes histoires soient écoutées et entendues moi aussi il faut que je parle dès qu'il essaie de parler on lui dit ah ben non c'est ta vie privée pourquoi tu ne parles de ça mais vous les hétérosexuels is depuis des siècles vous ne faites que cela et vous ils sont tellement habitués à ce qu'on les écoute à ce qu'il n'y ait que eux les rois et les reines du monde que un petit mais c'est mais un petit c'est une petite histoire un petit être humain qui ose leur dire ils te disent ah non pour moi c'est un écrivain je ne le je ne le je ne le réduis pas à sexualité ah bah je suis désolé moi je veux que tu penses d'abord à moi en tant que gay tu ne vas pas me respecter parce que je suis écrivain je n'ai pas besoin de ce respect je sais ma valeur en tant qu'écrivain je n'ai pas besoin de toi que tu me dises ce que je dois que j'ai de la ure en tant qu'écrivain en revanche dans dans le dans la dans dans le PACT humain entre nous d'être humain être humain comme moi je te reconnais comme hétérosexuel tu dois me reconnaître en tant qu'homosexuel le problème c'est que les hétérosexuels n'arrivent même pas ne veulent même pas réfléchir sur ce que je suis en train de te dire donc quand quand je dis abdah marocainam écrivain et gay pour moi c'est une nécessité c'est une c'est une revendication c'est c'est le moindre des c'est la moindre des choses que je puisse faire pour guérir d'c le petit garçon qui est encore au moi qui a été tellement violenté par le monde et quand je dis le monde c'est salam bat Tobis tout le monde ils l'ont tué ha la société a tué le petit enfant au moi et com moi l'adulte comme j'ai survécu et que je parle de lui ça les dérange au fond c'est ça le problème h ils ne veulent pas qu'on leur rappelle ce qu'ils nous ont fait mais comme j'ai dit tout à l'heure être adulte c'est confronter le monde tu ne peux pas grandir sans ça avoir les conversations les plus dures et que si la guerre commence sur ce terrain-là et ben cette guerre elle est la bienvenue parce que c'est une guerre et une confrontation pour que au moi que je sache qui je suis dans cette vie je ne vais quand même pas aller à la tombe sans savoir qui je suis or il y a toujours quelqu'un dans la société qui ne veulent me pousser qui dit à la petite fille ah tu veux devenir une chanteuse ah tu veux devenir une [ __ ] ah tu veux devenir sans essayer de comprendre sans aider cette petite fille à à devenir ce qu'elle est ou alors par exemple une lesbienne elle lui dit ah non mais voilà tu tu tu vas tu veux ah tu ne veux pas travailler dans la cuisine donc il y a tout un tas de choses voilà qui viennent là mais des choses que je trouve trouve absurde euh des arguments absurdes des arguments assassins qui empêchent les êtres humains de se connaître eux-même donc euh quand j'écris gay et que je le dis je le redis euh c'est pour que les gens réfléchissent et qu'ils me reconnaissent en tant que gay et non pas qu'ils viennent me dire mais pour moi tu as plus de valeur tu es écrivain je nai pas besoin de cette valeur alors juste pour ce pour ceux qui ne sauraient pas il faut préciser que l'homosexualité est criminalisée au Maroc et encore très très tabou ce qui donne des situations comme tu les as décrit tout à l'heure Abdullah et même quand tu décris dans tes œuvres où un homosexuel était et est toujours une victime désignée destinée à être utilisée avec la bénédiction de tous comme des objets sexuels pour des hommes frustrés et j'ai une question abdah aujourd'hui comme tu dis avec l'âge et avec du recul quelles sont disons les conséquences sur toi et surtout rapport à ton pays le Maroc alors mon mon mon pays le Maroc tu vois c'est c'est un le Maroc ça aurait pu être la Tunisie hein si j'étais né il se trouve que je suis né dans ce pays je suis extrêmement attaché dans mon imaginaire dans ma façon de vivre à à ce monde qui s'appelle salé et en face rabat pour moi c'est ça le monde parce que rabat avec le pouvoir et les riches qui nous écrasent et qui veulent faire croire que les gens de Salé sont les oubliés et qu' ne sont pas capables de résister or salé et je me suis c'est ça l'imaginaire que j'ai dans ma tête c'est toujours euh voilà il y a toujours un esprit on va pas on va pas accepter ce pouvoir de Rabat sur nous donc il y a une forme de comment dire j'ai grandi avec l'idée de la résistance nécessaire c'est c'est c'est comme par exemple le mot Dafin le les les fonctionnaires de salé qui vont à Rabat quand il revient le soir de Rabat on lui dit e tu vois donc je veux dire cette idée que Raba tu as changé a changé ta peau est inacceptable donc ma peau et mon attachement au monde c'est cette situation voilà ces deux villes une fleu Bour je trouve au-delà de l'aspect politique de la chose dont je suis en train de parler que c'est une position géographique un lieu sublime tu vois à chaque fois que j'avais je la possibilité donc quand j'allais à l'universitéah donc dès que le D que le bus passait par VO a je regardais à droite et à gauche je trouvit que c'était sublime l'endroit en lui-même les vallées les les les les les les la plage là-bas loua pichall de l'autre côté j'ai toujours trouvé même quand je n'avais pas d'argent pour par exemple manger à midi pour l'universé tout ce que je faisais c'est que je j'allais à chall donc tu vois de l'université mohamedb donc je marchis jusqu'à ch à l'époque on pouvait la traverser Parga donc maintenant on peut plus et après si j'ai le temps je jusqu'à et j'ai toujours trouvé que déjà que que ce rapport que ces lieul àaba était très beau et pareil quand j'arrivais à Salé j'ai toujours trouvé par ex la vieille ville de Salé encore plus belle que celle de Raba donc voilà il y a je te raconte juste tout ça pour te dire je n'ai pas quitté le Maroc parce que j'avais de la haine pour le Maroc ou bien que je me considérais pas comme marocain ou bien parce que à cause de ce qui m'est arrivé au Maroc et dans ma société que ça m'a fait haïir les Marocains ou la ma mère pas du tout j'ai quitté le Maroc parce qu'on m'a donné cette bourse et aussi parce que j'ai compris à un moment donné que j'avais des rêves et des ambitions et que je ne pouvais pas les réaliser au Maroc notamment devenir écrivain réalisateur il fallait aller à dans un endroit et pouvoir le réaliser tout cela mais l'attachement et la vision du monde euh euh premier c'est c'est dire c'est Forever c'est c'est c'est salé et en face rabat mais je suis toujours du côté de Salé soit cl alors ce qui est très intéressant aussi c'est que les œuvres encore une fois au début autobiographique certes on les prend on les prend à l'échelle du quartier des salam mais au final on retrouve des œuvres avec une portée mondiale parmi les œuvres que que que tu as écrit on a vivre ta lumière que tu as cité tout à l'heure on a celui qui est digne d'être aimé est-ce que H les de que j'ai cité est-ce que tu sais dans combien de langues ils ont été traduits mes livres tout pratiquement tous mes livr on été traduit dans beaucoup beaucoup de langues dans une dizaine de langues et moi je trouve que c'est un miracle parce que je vais te dire pourquoi parce que command même mes livres parle de sujets qui ne sont pas mainstream c'est pas des des tu vois c'est pas un livre avec une intrigue un meurtre ou avec c'est pas c'est pas c'est pas c'est des livres assez violents il parle de choses pas du tout très simple c'est pas des bestseller dans le sens où où ça vend des centaines de milliers d'exemplaires ça se vend mais ce n mais mais je je comprends pourquoi c'est pas c'est des livres très compliqué très dur pour certains d'entre eux et et très dans la confrontation euh avec le monde avec les personnages et souvent euh plus tu lis plus c'est approfondi et souvent ça se termine de manière assez brutale de toute façon l'écriture demande ça donc que ces livres soient traduits en anglais en Suède en danois Italia c'est je trouve que c'est c'est incroyable c'est fou c'est fouou et en même temps je pour moi c'est un miracle parce que ces traductions ne sont pas arrivées parce que moi je sa pas moi qui ai cherché cette tradution ils sont arrivés parce que une forme de miracle est arrivé certaines personnes les ont lu le bouche à oreille ils les ont lu ils ont compris qu'il y avait là quelque chose qui les a touché et donc il les a poussé à trad même trad au Brésil tu te rends compte c'est c'est incroyable pour moi c'est mais et et et ce qui est traduit au Brésil c'est la réalité de Salam notre monde et c'est ça ce qu'ils aiment et ce qu'il les touchent c'est ça ce que je trouve c'est c'est pour ça je dis c'est un miracle ouais je ne peux pas avoir planifié tout cela ce que je planifie c'est la construction de livre comment faire qu'il y ait quelque chose de beau intéressant poétique formidable peut-être arrive mais après je ne peux pas maîtriser ça mais que mes livres que l'histoire par exemple de ma mère le livre c'est ma mère V pas lumière est traduit au Brésil je trouve que je suis tellement heureux pour ma mère même pas pour moi que son histoire non se seulement elle est entrée dans la littérature mais elle est que peut-être une femme brésilienne comme elle qui s'est sacrifiée qui a parce que ma mère s'est sacrifiée pour nous sens propre et que son histoire arrive jus jusque là alors c'est j'ai bien conscience que ça donne de moi un exemple positif pour les autres et même si je n'aime pas parler de moi de cette manière-là je trouve que si moi il y avait quelqu'un quand j'étais petit garçon quand j'étais adolescent et qui qui parlait et qui écrivait des sur sur le monde sur l'homosexualité et le monde les deux pour que les gens comprennent je le répète j'écris sur les deux j'écris sur salaire Abas moi les gens pouvoir le Barl tout ça j'écris sur tout ma mère mon père j'ai c'est une vision du monde c'est c'est c'est cl B c'est cette opposition cette cette guerre C ces tentative de réconciliation pourquoi dès qu'on va à Rabat on a mal à la tête comme on dit cette vision donc s'il y avait quelqu'un comme moi si je peux me permettre quand j'étais petit peut-être que ça m'aurait sauvé peut-être que je n'aurais même pas quitté le Maroc ouais et je trouve c'est nécessaire qu'il y ait d'autres écrivains gay les bienen trans genre et qui qu'on les aide parce que ce n'est pas contre le monde que qu'il y ait des livres et des gens qui s'expriment sur ça mais parce que ce sont les gens les plus opprimés dans le monde il y a la loi cont x les parents contre eux l'école contre eux la société les violes et tout ça est-ce que les gens peuvent accepter que leurs enfants soient à ce pointlà maltraités et violés c'est une je pose la question aux parents c'est une question pour moi de moi mes parents je peux leur trouver des excuses éta tellement pauvre pas de quoi ils étaient juste dans une guerre juste comment on dit juste pour trouver du pain la farine de quoi ne donner à manger donc peut-être qu'il n'avait pas le même pas le temps pour penser à ce petit enfant numéro 8 euh qui est gay qui est maltraité il n'avait pas ce temps-là mais le temps mais les parents d'aujourd'hui s'il m'écoute je veux dire au nom de quoi vous allez continuer à opprimer à sacrifier tuer vos enfants à partir du moment qu'il sont gay lesbien ou l'angent pourquoi vous les avez mis au monde si vous vous vous n'êtes pas capable de les protéger et de les défendre et que si quelqu'un juste le les les insultes avec un mot que vous soyez capable d'aller chez cette personne de frapper à la porte et de dire à cette personne ce cette fille ou bien ce garçon c'est moi c'est ma chère tu n'as pas le droit de faire ça pour pour cet enfant les parents marocains ne font pas ça ils font ça quand il y a un enjeu de réputation des familles mais ils ne font pas ça à leurs petits enfants ils disent à leurs enfants tais-toi tu vas me jeter la honte sur moi les invités arrivent cache-toi dans laê ou la ne sors pas jusqu'à ce qu'il partent les invités ces choses ces mots ces stratégies sont terrifiantes pour cet individu individu opprimé et pour toute la famille il parcou pour tout la société h je permet de dire de parler de cette manière làà parce que ce système continue malheureusement on alors on arrive à la dernière question Abdallah quelle serait pour toi ta définition Rabit de la marocanité pour moi th Rabit elle est elle est très facile à à à expliquer c'est ma mère ma mère est une femme qui est née dans le le le le la campagne de Benal ou Brahim donc dans une famille très pauvre donc c'est la Robia comme on dit dans les années 30 son premier mari a été envoyé a été pris par la les autorités françaises qui colonisaient le Maroc à l'époque l' envoyé faire la guerre en indchine Vietnam aujourd'hui donc tu es des gens qui ne lui ont rien fait donc tu es des Vietnamiens donc il a été tué là-bas ce mari il est enterré là-bas la France a donné des des indemnités à la famille de ce mari mari de ma mère cette famille a pris l'argent ils ont jeté ma mère dans la rue il on pris sa fille la première fille qu'elle avait eu avec cet homme au sens propre fille il dans la campagne dans les années 50 et à partir de là cette femme a pu trouver un autre homme qui est mon père et avec lui fond une famille avoir enfants 10 enfants en comptant une fille qui qui est décédée et pousser cet homme à immigrer à jdida dans les années 60 à devenir euh s dans un collège et dans un lycée et dans ce lycée il leuront donné juge buita de deux chambres au dormir au vivre et parce qu'elle a vu elle a vécu dans ce lycée elle a vu dans les années 60 que le salut pour elle et pour sa famille ses enfants c'est que ses enfants doivent passer par l'école faut qu'il soit instruit donc elle a mis tout le monde à je ne sais pas où est-ce qu'elle a trouvé l'argent je ne sais pas comment elle s'est dévouillé mais moi je suis né en 1973 cette femme par sa réflexion et ses stratégies et sa programmation de mon père ils étaient arrivé àbat ils habitaent la bibliothèque générale de Raba la bibliothèque générale de Raba où mon père était d'ailleurs dans on nous appel donc tu te rends compes la réflexion de cette femme c'est ça pour moi c'est une femme marocaine qui réfléchit la réalité marocaine et qui à partir d'un milieu à partir et dans un milieu extrêmement hostile et capable de survivre et faire survivre les autres mais cettebit malheureusement qui est la définition même de la femme marocaine cettebit elle opprime cette même femme qui permet à tout un pays de survivre et de vivre ce même système qui le dit que la femme marocainebia c'est le Maroc ce même système il opprime il tue la femme marocaine sauf que ma mère et c'est ça ce que je pense c'est peutêre ça qui a fait de moi aussi un écrivain je l'ai toujours vu qu SC peut-être elle n'écoutait pas ce qu'on disait nous parce que c'était elle qui programmait tout et c'est elle qui savait nous on comprenait pas les enjeux de la société du Maroc le temps ce temps d'où elle venait elle appliquit chose pour nous sauver à nous et régulièrement elle faisait cette chose elle se souvenait tout d'un coup elle se souvenait des gens qui lui ont fait du mal et elle se servait de nous ses enfants comme des des des des des des tu vois c'est comme si nous étions ses soutiens et elle remettait devant nous en scène le problème et le mal qu'on lui avait fait et elle avait besoin de dire ce mal qu'on lui avait fait et parfois ce mal était parfois peut-être des voisines ou là des voisins ou la mou hanout ou la mou je sais pas qui et elle me disait venez avec moii elle allait chez la voisine Bab et là elle se mettait à l'incendier je j'utilisais l'exemple de de de nickim minage dans un dans une chanson de rap tu vois quand quand elle confronte mon désir de confronter le monde et de parler de moi et de m'écrire moi et le monde il vient de cette une femme marocaine qui est pour moi la définition de thbit même mais cette même thbit doit nécessairement changer aujourd'hui merci beaucoup abdah c'était vraiment un plaisir de t'avoir dans plus de2 le podcast vraiment tout mon amour et toute tout mon amour et tout mon soutien à toutes les personnes qui nous écoutent merci merci d'avoir écouté cet épisode du podcast plus 22 abonnez-vous et n'oubliez pas de nous suivre sur les 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