Barnier à Matignon : la droite de retour ?- C à Vous - 06/09/2024
Published: Sep 05, 2024
Duration: 00:13:39
Category: Entertainment
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Le parti de M.Le Pen,
à tout moment, peut faire tomber le futur
gouvernement en votant une motion de censure, et indiquer par la voix de Bardella
qu'il jugera sur pièces le discours de politique générale
de M.Barnier. - A.-E.Lemoine: "Libération" colle
ce tampon en une sur le visage de M.Barnier, "approuvé par M.Le Pen". M.Barnier pourra s'opposer au RN? - J.-P.Raffarin: C'est un nouveau
mauvais procès. Jamais en 50 ans il n'a bougé
sur ce sujet. Il a toujours été respectueux
sur cette frontière infranchissable avec le RN. Un vote de motion de censure,
ce sera beaucoup plus compliqué qu'on ne le dit. On ne va plus voter sur une censure
de Barnier contre Barnier. On va voter sur telle décision
sur le pouvoir d'achat, telle décision
sur la décentralisation... Quand on fera une motion
de censure, on va s'opposer à une avancée. Je ne crois pas qu'il y aura
cette pression de la motion de censure du RN. - A.-E.Lemoine: Il n'est pas
sous surveillance? - J.-P.Raffarin: Absolument pas. - P.Cohen: La menace est là,
c'est arithmétique. - J.-P.Raffarin: Bien sûr,
elle est là, de l'autre côté aussi, avec tous ceux qui pourront voter
une motion de censure. Tout seuls, ils pourront voter
une motion de censure? - P.Cohen: En mêlant leurs voix... - J.-P.Raffarin: Faisons confiance à M.Barnier pour s'arranger
pour qu'il n'y ait pas cette convergence. C'est un métier. Ca s'est fait dans le passé. Quand on a 2 adversaires,
il faut veiller à ce qu'ils ne soient pas d'accord. - P.Cohen: Il faudra faire
des concessions au RN? - J.-P.Raffarin: Pas forcément. Cette campagne-là
vient de la gauche. La gauche s'est fragilisée
considérablement. Il y avait une stratégie de gauche
qui était avec Cazeneuve. Le fait de ne pas soutenir
Cazeneuve, fait qu'on laisse la gauche
être dominée par La France insoumise... Ce qui est l'avantage de Barnier... Au fond, la gauche va être
aujourd'hui représentée par l'extrémisme. La seule chose que pouvait craindre
Barnier, c'était un rassemblement qui se ferait avec des socialistes,
des sociaux-démocrates. Aujourd'hui, les sociaux-démocrates
sont dévorés. Le PS a refusé Cazeneuve. Les sociaux-démocrates sont balayés
par la gauche révolutionnaire. Ils organisent des manifestations
avant tout... - A.-E.Lemoine: 3 Français sur 4
pensent qu'E.Macron n'a pas tenu compte
des résultats des législatives. - J.-P.Raffarin: Si,
dans ce que vous dites, il y a le mot "Macron",
cela positionne différemment... Vous voyez le résultat
des élections. La France est à gauche ou à droite? - A.-E.Lemoine: Elle n'est pas LR. - J.-P.Raffarin:
Elle est très largement à droite. Si vous prenez le total des voix
qui se disent de droite, vous êtes pratiquement
à deux tiers de votes à droite par rapport à un tiers
de votes à gauche. Globalement, la France est beaucoup
plus à droite. Le Nouveau Front populaire essaye
de montrer que c'est lui l'animateur,
lui le vainqueur, mais au total, il n'est le vainqueur
que quand on a mis 10 millions de voix du RN et qu'on ne veut pas compter
avec lui. Si on compte avec lui et non pas
avec le parti, c'est que vous comptez
avec les électeurs, vous voyez que la France n'est pas à gauche. Il y a des frontières
qu'on ne veut pas franchir. Mais il y a évidemment
un certain nombre de sujets... C'est vrai que notre pays étouffe
de bureaucratie, les gens sont catastrophés
par l'impuissance de la justice dans bien des domaines. Il y a besoin de réformes
considérables. Beaucoup de gens ont voté
à l'extrême gauche ou l'extrême droite,
qui ont des revendications respectables. Comptez sur M.Barnier
pour respecter ce qu'il y a de respectable
dans les extrêmes. - A.-E.Lemoine: Faut-il compter
sur E.Macron pour tenir ses engagements,
la fin de l'hyperprésidence dont il a fait preuve jusque-là? - J.-P.Raffarin: Il va falloir
qu'il partage les responsabilités. Il faut un deal très clair. Quels sont les responsabilités
du président? Le régalien, l'international... J'avais demandé à J.Chirac,
quand il m'a nommé: "Qu'est-ce que vous attendez
d'un Premier ministre?" Il m'avait dit que c'étaient
les affaires étrangères, la défense... Le régalien,
jusqu'à 2 millions de personnes dans la rue. Au-delà, tu viens me voir. Il faut quelque chose
de cette nature. Il y a des sujets régaliens
que le président pilotera. - A.-E.Lemoine: M.Barnier doit
composer son gouvernement. Ce matin, après avoir reçu G.Attal,
il a rencontré G.Larcher, B.Retailleau et L.Wauquiez. Sa famille politique attend
maintenant son programme. - L.Wauquiez: La France
a un Premier ministre, c'était important. On a un Premier ministre
qui n'est pas sous l'influence de LFI. Pour nous, c'était fondamental. Nous sommes convaincus
que la personnalité de M.Barnier a des atouts qui peuvent permettre
de réunir les conditions de réussir. Pour autant, notre question
à tous reste la même, c'est: pourquoi faire? Ce qui compte, c'est le programme,
qu'est ce qu'on peut arriver à faire dans les mois qui viennent
pour le pays et pour que la France ne soit pas
bloquée. - A.-E.Lemoine: Ils semblent
conditionner leur participation au gouvernement au programme
de M.Barnier? Ils pourraient refuser d'y
participer? - J.-P.Raffarin: Je ne pense pas. Quand je vois le nombre de CV
que je reçois, je crois qu'il y a un certain appétit
pour un gouvernement. - A.-E.Lemoine: On passe
par vous pour faire acte de candidature pour M.Barnier? - J.-P.Raffarin: Aujourd'hui,
il est insaisissable. Beaucoup de gens veulent faire
connaître leur projet. Il y a des choses intéressantes. Des canaux comme moi,
il y en a une vingtaine. Quand je vois ça, je me dis
qu'il y a une appétence pour agir. - A.-E.Lemoine: Y compris
parmi les membres du gouvernement démissionnaire? - J.-P.Raffarin: Oui. Des ministres ont formulé
leur demande pour rester. - P.Cohen: Certains l'ont dit
publiquement. La ministre de l'Education
a dit que l'Education avait besoin de stabilité. On a compris le message. - J.-P.Raffarin:
Ce qu'il va falloir, c'est trouver des gens de gauche. Il va falloir chercher des maires,
des gens qui ont des responsabilités. Il va falloir couvrir l'ensemble
de l'espace, penser à la Macronie de gauche. - A.-E.Lemoine: Les macronistes
attendent de voir. Ni volonté de blocage ni soutien
inconditionnel au gouvernement de Barnier. C'est ce qu'a fait savoir G.Attal. C'est une position que défendait
la ministre délégué démissionnaire auprès du ministre
de l'Agriculture. - A.Pannier-Runacher:
On a des lignes, on les tiendra. Il n'y aura pas une censure
de principe, mais il y aura aussi une vigilance quant à la ligne
qui sera tendue. C'est normal. Nous ne sommes pas du même parti. Il ne faut pas se réfugier
dans une opposition paresseuse ni une position oui-oui
pour avoir des postes. - J.-P.Raffarin: Ca va être
très difficile. Dans la Ve République, c'est
la période la plus compliquée. Ca va être difficile de censurer. Aujourd'hui,
il y a un vrai désordre. C'est plutôt monsieur Macron
qui est responsable de ce désordre par la dissolution. Plus les choses vont avancer, si on a 3 motions de censure,
à un moment, les Français diront que le Parlement n'est pas capable
de travailler. Ils ne savent pas dépasser
leur ligne politique. Il y a un moment,
il fallait que le président lâche le ballon. Aujourd'hui,
le ballon est parti sur M.Barnier, il va aller vite au Parlement. Le Parlement va avoir son image
à gérer. Leur attitude va compter
vis-à-vis des Français. Faire chuter un gouvernement,
c'est une lourde responsabilité. Je pense que ça ne se fera pas
comme ça, par des humeurs et des stratégies superficielles. Il y a des dossiers sur lesquels
le gouvernement a fait des erreurs... - M.Bouhafsi: L'abrogation
de la réforme des retraites, le RN a dit qu'il allait
se positionner là-dessus. - J.-P.Raffarin: Il y a l'article 40. Il faut trouver des financements
pour remplacer ce que vous avez supprimé. C'est compliqué d'avoir un accord
sur des textes de la part des 2 extrêmes. Je pense que la motion de censure
va être difficile. Progressivement, le Parlement
va devenir responsable de la situation. On ne comprenait pas pourquoi
le président de la République tardait tant. Plus il tardait,
plus il restait le responsable du désordre. Plus il passe le ballon,
plus les institutions vont se développer. C'est le talent du Premier ministre
qui va compter, la capacité du Parlement. - A.-E.Lemoine: Il y a urgence
à organiser une session extraordinaire
du Parlement? - J.-P.Raffarin: Ca,
c'est une agitation politique. - A.-E.Lemoine: C'est la présidente
de l'Assemblée nationale qui l'a proposée. - J.-P.Raffarin: Le Premier
ministre doit composer le gouvernement, travailler
son discours. Il doit consulter
un certain nombre de gens. C'est une question de 3-4 jours. Ca ne me paraît pas essentiel,
aujourd'hui. Pour gagner une semaine,
il ne faut pas retarder la consultation
avec les partenaires sociaux, les associations,
les grands partenaires. - A.-E.Lemoine: M.Barnier
veut dire la vérité financière aux Français. C'est une volonté de préparer
des lendemains difficiles? - J.-P.Raffarin: Son avantage
dans le dispositif, c'est qu'il est très européen,
il connaît les réseaux européens. Il va pouvoir répondre
aux inquiétudes de Bruxelles. Il va falloir
qu'il aille à Bruxelles discuter de son projet de budget. La session parlementaire,
à une semaine près, le 2 octobre, il faut que les choses
soient en place. On est sur des délais très courts. - M.Bouhafsi: Mercredi dernier,
dans "Le Point", E.Philippe a annoncé sa candidature
à l'élection présidentielle. Il a bien fait? - J.-P.Raffarin: Derrière cela,
il y a cette idée qu'il faut se préparer. Il faut arrêter de faire croire
qu'on s'improvise président. E.Macron avait un talent
extraordinaire, il a pu montrer qu'on pouvait arriver comme ça,
mais c'est une exception, ce n'est pas la règle. La règle, c'est préparer un projet,
préparer des équipes. Le président est très exposé. - M.Bouhafsi: Une élection
présidentielle anticipée, ça peut arriver? - J.-P.Raffarin: Il faut être
vigilant. Ce n'est pas souhaitable. Je suis pour le respect
des institutions. Nous sommes dans une situation
où le président lui-même peut... Il faut préparer des projets. Avec cette nouvelle forme
de vie politique, il faut arriver avec des projets prêts. Il faut aller très vite. L'improvisation est un adversaire
de la politique. C'est bien de se donner
3 ans pour construire le projet et les équipes. - A.-E.Lemoine:
Vous le soutiendrez? - J.-P.Raffarin: Je pense
qu'il est le mieux placé pour faire tout ça. Je travaille avec lui volontiers. Il a l'expérience,
cette détermination à travailler. Ce n'est pas parce que nous sommes
dans une crise, qu'il faut abandonner l'idée
de donner de la profondeur à l'action,
donner de la perspective. C'est bien qu'il y ait des gens
qui soient sur la crise, mais c'est bien
qu'il y ait des gens qui pensent avec de la profondeur
pour régler en profondeur les sujets de la société française. On ne règle pas
la vie politique française,