Published: Nov 19, 2023
Duration: 01:10:28
Category: Howto & Style
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moi j'ai aucun problème à à lire des histoires de gens qui me ressemblent pas même j'adore ça mais au bout d'un moment on se retourne et on se dit ah oui toi tu as jamais été une femme en fait pendant ta vie de lecteur j'ai été un mousquetaire j'ai été un mineur de fond j'ai été un curé de campagne alors là je peux faire tous les rougons Macar j'ai été plein de trucs et toi tu as jamais été ça et toi tu refuses d'être ellisabeth et ses sœurs ou madame bovar comment devient-on écrivain est-ce un choix une nécessité comment comprendre les origines de cette vocation et apprendre des plus grands je suis Aurélie levvi et je vous propose dans ce podcast de découvrir les coulisses de la vie d'auteur son processus créatif son quotidien ses secrets ses questionnements et ses moment de grâce l'idée partager l'expérience et le savoir des écrivains titulaires de la chair d'écriture de science qui dispense aux étudiants des cours d'écriture et de création depuis 2019 une série de 10 épisodes réalis bapste DUP diffusé sur actualité.com en partenariat avec sciencep et sa maison des arts et de la création s bonjour aliceiter bonjour je suis très heureuse de passer ce moment avec vous vous sortez de la générale de votre nouveau spectacle dans quel état d'esprit êtes-vous alors c'est pas mon spectacle c'est celui de de Mathieu gar qui s'appelle faire un tour sur soi-même et moi je je je voilà je accompagne je lui fais des retours sur des questions de rythme sur sur des des questions de texte où est-ce qu'il faudrait qu'on fasse des coupes ou est-ce qu'il faudrait que qu'on concrétise qu'on qu'on affine tout ça en fait c'est pas la création là du spectacle mais c'est nos premières date parisienne et on se disait hier avec Mathieu que c'est absurde on n pas on n'est pas dans une survalorisation de Paris qui serait le nombrile du monde et le reste du pays existerait existerait pas on a pu être comme ça quand on avait 18 ans mais ça nous est pas on a vécu à Paris on a quitté Paris on est très bien loin de Paris et ben malgré tout une série de dates parisiennes ça met une espèce de pression terrible comme si comme si c'était la première fois qu'on allait être vu c'est intéressant bah ouais ça reste un pays très centralisé c'est aussi à Paris qu' y a la critique pas mal de gens du métier aussi qui vont peut-être venir la scène vous l'avez apprivoisé justement dans dans je suis une fille histoire donc vous feriez faisiez référence un seul en scène qui deviendra par la suite un livre publié par l'arche où se mêle conception écriture et jeux et dans lequel vous faites le Paris audacieux de mettre en scène votre propre lutte textuelle et les sports de combat qui sont la sémiologie la narratologie et la linguistique vous confiez d'ailleurs je voudrais pouvoir m'arrêter au constat que les livres peuvent m'émerveiller de leur pouvoir qui est mon pouvoir sauf que si les fictions peuvent construire des P elles peuvent aussi élever des murs qu'est-ce que vous entendiez par là de quel mur parliez-vous en fait je relis cette cette peur là le fait que la fiction puisse nous isoler à une citation de de Humberto eo qui doit être dans le pendule de fouo et qui est qui pensons-nous être nous pour qui amelette est plus réelle que la concierge et cette idée que en fait le temps qu'on passe et l'attention qu'on donne au personnages de fiction c'est du temps et une attention qu'on ne donne pas à des personnes réelles à des personnes de de notre entourage en fait notre temps notre attention et possiblement aussi notre capacité à l'empathie ne sont pas des ressources infinies donc ce qu'on consacre à des histoires à des personnages de fiction c'est retirer peut-être au au reste et donc cette cette fréquentation qu'on a qui nous rend amelette plus proche que les personnes qui partage notre immeuble peut-être qu'elles peuvent être dommageables et je le je le dis avec voilà d'autant plus d'inquiétude que j'ai fait partie de de ces enfants c'est quelque chose que je raconte dans toute une moitié du monde j'ai fait partie de de ces enfants qui passaient leur vie le nez plongé dans les bouquins comme disait ma mère au au au point où que ça pouvait parfois provoquer une inquiétude chez les adultes comme si comme si c'était possible de tomber vraiment dans les livres comme si si mes parents me retenaient pas comme si s'il m'obligeait pas à sortir et respirer il était possible que je bascule tête la première dans la fiction et que j'en remonte jamais donc il y a une une capacité éducative de laffiction qui nous permet d'agrandir nos mondes de découvrir des pays des situations des époques des états émotionnels même qu'on connaît pas et et on est grandi de ça mais d'une certaine manière ça nous cloisonne aussi c'est-à-dire le temps qu'on passe là et ben on le passe pas ici on va essayer d'élucider alors ce mystère sur ce ce ce temps choisi à lire et puis plus tard à raconter des histoires justement d'ailleurs dans le premier round de cette de cette lutte textuelle dont vous parlez dans je suis une fille sans histoire vous abordez la théorie de la fiction panier de l'autrice américaine yursa leogin qui se demande comment notre civilisation de chasseur cueilleur a pu devenir le berceau de récit qui ne parle que des chasseurs et vous dites c'est parce que leur histoire était meilleure avec l'expérience qu'il a vutre aujourd'hui et le recul que vous avez qu'est-ce qui constitue au fond une bonne histoire et pourquoi cet acharnement ou cet entêtement qui est le vôtre à vous affranchir de ces principes parce qu'en fait ce qui constitue une bonne histoire c'est en grande partie la familiarité c'est-à-dire ce sont pas des éléments narratifs en soi une des choses qui fait qu'une histoire qu'une histoire nous séduit c'est que elle elle se développe selon des mécanismes qu'une partie de nous reconnaît et donc une partie de nous va projeter des attentes il y a quelque chose de la forme de la reconnaissance en fait entre la la forme narrative et son lecteur ou ou sa lectrice et c'est ça qui fait en fait qu'on se dit ça c'est une bonne histoire c'est parce que on nous a déjà dit que c'était une bonne histoire alors après on peut arriver à la question de l'œf et de la poule mais mais on est formé à dire ceci et bon ceci est enthousiasment ceci voilà je je connais cette histoire et c'est une bonne histoire et donc ça veut dire que on peut se former à autre chose ça veut dire que on peut s'habituer à des histoires de répétition on peut s'habituer à des histoires du petit on peut s'habituer à des histoires qui n'ont pas de résolution pour de bon de de quelque chose ou même de héros c'est une de vos une de V ou même voilà de héros solitaires qui porterai les quête tout seul ou de résolution par le conflit ce qui est aussi quelque chose qui se répète énormément dans les schémas narratif c'est-à-dire le problème se règle par un affrontement qui peut être un affrontement en face- à faceace mais aussi un affrontement armé contre armée bande contre bande et cetera on a cette habitude là de se dire on a pas de fiction d'explication et d'excuses ou très très peu on considère que ça fait pas des bonnes histoires et du coup bah on s'éduque aussi avec l'idée que en cas de problème il faut savoir taper du point sur la table taper du pied sur le sol et taper sur la tête de la personne en face pour pour résoudre quelque chose en fait je me suis beaucoup intéressée en vous lisant sur votre quête d'originalité et votre effort de déconstruction on sent aussi chez vous la volonté de se différencier d'exister de graver son nom sur la pierre que vous apporteriez à l'édifice là où d'autres se fuisent à la sculpter c'est pas un effort de différenciation de de distinction dirait Bourdieu et c'est même pas une recherche d'originalité parce que en fait c'est pas c'est c'est c'est ce que je fais à la fin du du livre de je suis une fille sans histoire quand je dis les histoires qui furent un temps jamais dites et qui ont été écrites par et là je cite en fait des autrices qui ont déjà raconter ces histoires sans schéma narratif canonique avec d'autres formes de déroul c'est pareil toute une moitié du monde c'est un un livre qui est infusé par les citations qui s'ouvrent sans cesse sur les livres d'autres auteurs et autrices qui m'ont appris des des voilà des des manières de raconter qui sont autres donc donc vraiment je prétends pas inventer une forme qui qui n'aurait pas été faite avant moi et je prétends pas laisser mon nom comme une voilà une une créatrice de de nouveau absolu au contraire je fais partie de ces gens qui sont persuadés que écrire c'est toujours un exercice de dette de gratitude et de reprise et la question c'est quel héritage je veux moi apporter et quel héritage je veux moi transmettre et c'est pas l'héritage dominant des histoires avec point culminant et héros et héros solitaire ce sont d'autres histoires et donc ce que je cherche c'est plutôt comment on fait la transmission de ça comment on réussi à convaincre les gens qu'elle qu'ell valent le coup tout simplement que enfin tout à l'heure je disais on a pas en fait on a on a jamais un temps et une capacité d'attention illimitée et donc choisir les livres qu'on veut lire c'est ça aussi à quoi on donne de l'attention pourquoi on considère que ce livre-l il vaut le coup qu'on lui consacre 5 he de lecture et ce livre-là on se dit non la flemme j'ai pas le temps j'ai pas envie de consacrer mon temps à ça à ces vies-l à ces Vies minuscules à cette expérimentation littéraire et cetera il y a cette chose-là de d'essayer de de d'obtenir peut-être ce qui me paraîtrait une répartition plus juste de dans notre économie d'attention et il y a cette chose aussi qui est que je m'inscris je pense dans une dans une pensée de la littérature qui est celle qui qui existe depuis depuis les années 90 je dirais qui est une vision en fait globale de la littérature qui est pas une une analyse stylistique de la littérature comme surface de langage mais qui est l'analyse que les sciences cognitives nous ont permis d'avoir par exemple sur le fait que la littérature c'est quelque chose qui a des effets que les les réactions empathiques qu'on a que la la la formation intellectuelle que la découverte de situation que on fait par la lecture ça nous forme en tant que citoyens et citoyenne lambda enfin de de ce monde hors de la fiction c'est pas juste quelque chose qui se passe entre la première et la 4è de couverture d'un livre encore plus si on passe la majorité de son temps enfant à lire plutôt qu'à être avec les gens qui nous entourent et mais justement c'est peut-être l'occasion de retourner sur les pas de votre enfance pour comprendre ce cheminement et cet engagement qui est le vôtre ce qui me frappe chez vous c'est votre précocité il y a une grande volonté une grande énergie je me suis demandé quelle fragilité d'ailleurs elle caché parce qu'elle cache toujours quelque chose chez chez les écrivains vous êtes il me semble d'ailleurs je crois la la plus jeune à avoir occupé la chair d'écriture à sciencep né de père algérien et de mère française c'est en Normandie que vous grandissez avec vos sœurs je crois ouais et c'est là que se déploie votre vocation d'écrivain la visite de de GEVA caman en classe de CM2 marque un point de mon retour elle vous introduit à fulkner et à poliner et vous écrivez votre premier roman à 8 ans écrire vous dites est le plus drôle de tous les jeux d'enfants qu' il n'a pas de limite physique à 16 ans vous publiez votre second roman il s'appelle 2 - 1 = 0 ou en temps de guerre c'était lequel non il s'appelle 2 - 1 é= 0 le le le premier roman écrit à 8 ans il est perdu il a enfin voilà c'est c'est c'est c'est quelque chose qui qui n'existe que dans la mémoire des rare personne l'ayant eu entre les mains donc de 1 é= 0 il est généralement considéré comme mon premier roman parce que tout simplement c'est le premier publié aussi ouais c'est le premier publié et même si cette publication est confidentielle mérite d'exister vous passez plus tard 3 ans à Budapest ù vous flanez vous jouissez d'une forme d'anonymat et en 2013 vous publiez sombre dimanche pour lequel vous remportez le prix interre et là il y a un tournant dans votre carrière vous vous arrêtez vos études et vous décidez de ne pas finir votre thèse et prenez le risque de perdre votre place de dans l'enseignement pour vous consacrer à l'écriture puisque vous êtes indépendante financièrement et j'aime beaucoup cette ligne de votre biographie parce qu'elle pose la question du renoncement une question qui est d'ailleurs primordiale centrale je dirais dans votre œuvre qui à mon sens ne renonce jamais à rien justement en fait beaucoup des choix que j'ai fait dans ma vie sont des choix qui vise à préserver l'écriture en amont le plus tôt possible en fait fait c'est-à-dire je sais aujourd'hui c'est c'est c'est plus pareil aujourd'hui ma ma situation elle est elle est très différente je pourrais faire les choses autrement mais mais quand j'avais 20 ans c'était difficile pour moi de préserver mon temps d'écriture parce qu'il y avait quelque chose d'extrêmement vaniteux d'extrêmement prétentieux dans le fait de dire à des gens que ce soit des gens qui me proposer un travail donc généralement lié au au au théâtre ou des amis qui voulait discuter avec moi leur dire je peux pas j'écris c'était compliqué je me disais mais tout le monde va se dire mais pour qui elle se prend c'est pas non plus comme si c'était fulkner enfin et donc mon mon mon temps d'écriture il a toujours été un peu comme ça assailli tout le temps par des propositions multiples et par mon mon incapacité à me représenter en fait comme comme une écrivaine écrivant ayant besoin de temps pour écrire et donc et donc donc à à à protéger ça ce qui veut dire que plutôt que d'avoir à répondre non j'ai pris en amont des décisions pour pouvoir écrire la question d'avoir une carrière à côté de l'écriture par exemple j'ai toujours j'ai toujours eu peur de pas être capable de protéger l'écriture contre ça surtout que l'enseignement puisque c'était la carrière à laquelle je me je me destinais c'est quelque chose que j'aime et donc je me disais en fait si si j'enseigne je vais vouloir le faire bien je vais passer mon temps à les préparer mes cours à essayer d'inventer d'autres activités qui vont permettre aux étudiants et aux étudiantes d'interagir davantage je vais faire si je vais organiser cette sortie organiser cette rencontre avec un auteur ou une autrice et cetera et je vois pas comment je pourrais garder mon mon temps libre pour l'écriture donc en fait prendre le risque de ne pas avoir de travail c'était plus sûr d'une certaine manière c'était plus sûr pour l'écriture et avec les les enfants je me suis aussi beaucoup posé la question de est-ce que c'est possible en fait de continuer à écrire en étant mère et je me suis dit bah j'ai qu'à juste pas me mettre dans la situation en fait comme j'ai pas de désir d'enfant j'ai qu'à ne pas créer de de dilemme entre choisir entre l'écriture ou être une bonne mère me dire bah non je va juste pas être mère et ça va aussi protéger l'écriture et donc ça non plus finalement ce n'est pas un renoncement non c'est pas un renoncement c'est ouais il il y a peut-être un renoncement que vous avez fait quand même c'est celui d'être une grande styliste vous avez dit je crois que vous aviez le souci d'une langue fluide et traversable et il va d'ailleurs vous conduire à à accepter que vous n'êtes pas une grande styliste je me suis demandé comment on prend conscience qu'on n pas une grande styliste comment on fait ce deuil là qu'est-ce à quel moment vous vous es dit bon allez c'est une histoire qui est pleine de revirement celle-là je je pense parce que pendant pendant mes études que ce soit la branche littérature ou la branche théâtre j'ai appris quand même une certaine manière de de présenter les les textes qui étaient qui étaient téléologiques et qui évoluaient donc pour la littérature vers le Nouveau Roman et pour le théâtre vers le théâtre post-dramatique et donc en fait on a arrivé à un dépiotement quoi absolu le roman a plus d'intrigue il a plus de personnage il a plus de lieux il a plus de situation et c'est pareil pour le pour le théâtre quoi qui n'a la déconstruction totale quoi exactement et du coup il reste quoi reste une surface de langage et c'est ça c'est ça qu'on travaille et donc c'est très important sil nous reste que la surface de langage ben de la travailler le mieux possible et de et d'être capable d'en tirer des des choses folles et donc moi entre mes 17 ans et et mais 25 ans peut-être je me débattais un peu contre ça parce que j'étais persuadée que c'était ça qu'il fallait faire qu'il fallait exploser les les vieux bateau crevé comme disait robe griller et puis et puis travailler la surface de la langue et en fait et en fait c'est quand je vivais à à Budapest j'ai écrit un spectacle pour enfants qui s'appelle un ours of course avec le le musicien Lawrence Williams et dans cet acte très simple de raconter une histoire alors non je dis très simple mais ouis c'est dans cet acte apparemment très simple j'ai réalisé que je savais plus le faire euh c'est-à-dire que la chose qui m'avait enfant attiré vers l'écriture le pouvoir de raconter des histoires avec mes sœurs ou pour mes sœurs ou je l'avais perdu que ça en fait ça ncess citer des outils que j'avais un peu méprisé enfin en me disant genre ça c'est poussireux ça c'est avant et ça justement ça c'est trop facile il faut qu'on déconstruise il faut qu'on fasse plus élaboré il faut tout à coup je me suis dit non il faudrait peut-être que je réapprenne cette manière de de faire et quand je me suis emparée en fait à la suite de ça quand après avoir écré un N of course en fait j'ai commencé à à travailler sur sur sombre dimanche et puis plus tard sur sur l'art de perdre c'est quand je me suis emparé de sujet qui brassaiit une qui brassait des données historiques assez complexes une époque assez vaste je me suis dit là j'ai tellement d'informations à faire passer en même temps que j'essaie de créer des situations qui sont émotionnelles qui sont sensuelles qui sont des des des expériences voilà de de lecture où quelque chose nous passe sous la peau du coup je peux pas faire la maline avec la la phrase qui apparaîtrait voilà tu dis il faut voilà il faut que j'assomme pas le lecteur ou la lectrice avec tout à la fois c'est-à-dire voilà l'histoire voilà ce que j'ai fait à la grandammère voilà par ailleurs cette information sur l'armée rouge en Hongrie et et donc j'ai j'ai commencé à travailler pour avoir cette langue qui soit plus fluide qui soit plus traversable et en fait au bout d'un moment je me suis dit et ben c'est plutôt ça ma place je suis parti en me disant genre non je suis je suis une une autrice contemporaine qui tr travaille la surface de la langue et je réapprends à raconter les histoires mais c'est mais c'est contre ma nature d'autrice et finalement je me suis dire ah non pas du tout c'est l'inverse l'endroit où je suis à ma place et ce qui me vient naturellement c'est le fait d'essayer voilà d'essayer de trouver une voix narrative qui disent quelque chose comme il était une fois h alors le l'art de perdre puisque vous le mentionnez c'est un roman que vous avez publié en 2017 pour lequel vous remportez le prix concours des lycéens il retrace le destin d'une famille kabile sur trois générations des années 40 à nos jours dans la première partie l'histoire du grand-père Archy contraain de fuire son pays à l'heure des règlements de compte à l'indépendance en 62 dans la deuxèe partie amide le fils traumatisé par les camps d'accueil des bouches du rô insalubre et surpeuplé qui fera lui des études se politisera épousera une Française et enfin Naima sa fille qui cherche sa place dans cet héritage vous ne cachez pas que c'est relativement autobiographique enfin vous c'est très proche de votre histoire avec le le le recul vous en arrivez à reconnaître le contentement d'avoir participé justement à éclairer l'histoire et le sort des arquis mais aussi d'avoir pris en otage un lecteur quelques heures pendant que des hommes meurent de faim et des femmes se font violer c'est c'est l'idée que que que que vous aviez introduite un peu plus tôt dans notre conversation est-ce que tout cela fait écho avec l'actualité je pense que j'ai toujours cette j'ai toujours cette peur quand à quand à l'art de perdre que les choses qui sont entendues les choses qui sont comprises par la lecture de ce livre elle reste quantonné au au passé c'est beaucoup plus facile de reconnaître des torts des atrocités et des inhumanités 60 ans plus tard et ce que je voudrais moi c'est que ce soit c'est que ce soit vu en miroir avec aujourd'hui en fait pendant très longtemps je m'étais dit que l'art de perdre c'était un livre que j'allais écrire à un moment donné dans ma ma vie mais probablement plus tard je comptais l'écrire je sais pas à 50 ans ça me paraissait être un bon âge par exemple pour pour faire ce livre là donc comme vous l'avez dit très inspiré de l'histoire de ma famille et Naïa est en très proche de vous bah finalement Naïa est peut-être moins proche de moi que amid n'est proche de mon père ou que Ali n'est proche de de mon grand-père parce que le le le fait de devoir créer un personnage qui soit pas exactement moi pour russir à m'y intéresser et à la traiter avec tendresse crée des des écarts entre elle et moi qui sont pas forcément présents pour les autres personnage c'est assez balaise quand même parce qu'il y a beaucoup de recul aussi dans la façon don amide et le grand-père d'avoir consacré comme ça de longs chapitres à des gens que vous connaissez aussi bien d'avoir eu le recul de pouvoir écrire de leur point de vue c'est assez mais parce qu'en fait on croit qu'on les connaît enfin parce qu'on les fréquente mais quand quand il faut passer à l'épreuve de l'écriture et qu'on se dit en fait c'est quoi grandir sur un sommet de montagne dans la cabilie des années 50 ça crée quoi en fait comme manière de penser le lien enfin la manière qu'on a de voir le monde quand on évolue dans un système d'agriculture traditionnel extrêmement déterminé par les cycles des saisons la machine a très peu de place quand on évolue dans un dans un village qui a des logique clanique en fait où donc on se pense rarement en tant qu'individu mais en tant que membre d'une famille en tant que notable du village en tant que partie de de quelque chose et comment on crée des personnages en fait comment on créer des personnages avec des systèmes de pensée qui sont pas du tout ceux avec lesquels on a on a grandi évolué ou tout simplement cette question comment je fais pour créer des personnages qui sont unalphabète alors que la lecture et l'écriture sont une telle partie de ma vie que je ne conçois pas ce qu'est une vie sans lire enfin comment je je fais pour éviter que pour éviter que ce soit juste une soustractionir je crée un personnage qui va avoir cette capacité à lire et puis du coup je la soustrait au fur et à mesure je fais attention à ce qu'il y ait pas de passage où la où la personne lise c'est pas une manière de faire donc donc il y a toute une construction d'écrit veine qui fait que à la fin c'est pas c'est pas écrire sur écrire sur ma famille c'est mettre en place euh mettre en place toute une machinerie d'écriture qui me permet d'écrire sur des personnages dont la vie a été tellement éloignée de la mienne sans avoir sans avoir de point de vue surplombant ou de jugement quelconque c'est l'histoire don dont vous héritez vous n'héritez d'ailleurs pas que de cette histoire vous héritez aussi de certaines peurs naï fait la liste d'ailleurs des peurs dont elle a hérité de son père cette liste grandit après les attentats et les amalgames quels sont les vôtres aujourd'hui peut-être vous pouvez nous faire juste deux trois des peurs dont vous avez hérité et nous racontez où vous en êtes aujourd'hui de ces peurs la peur de faire des fautes alors dans l'art de perdre je je dis de faire des fautes de français mais en réalité c'est pas uniquement les les fautes de français c'est c'est de pas avoir les codes de la bonne société de manière plus large et que dans mon cas ce soit rattaché à mes origines et au fait que vraiment les Arabes ils savent pas se tenir voilà le fait de se dire si moi je fais une faute de grammaire ou si moi je mange je sais pas avec la mauvaise fourchette ça va être interprété d'une manière différente de la façon dont les autres eux se sortiront de ce mauvais pas en fait cette idée en général que une personne le les actions d'une personne impactent toute la communauté c'est une peur de donc une grande responsabilité aussi ouais c'est une peur de fill d'immigrer définitivement enfin le fait de voilà le fait de se dire si un arabe quelque part fait quelque chose en France on va tous payer derrière le fait que la représentation des des Arabes va devenir quelque chose va devenir quelque chose de de de plus dur de et ça va aussi avec cette responsabilité vous avez du travail bien fait de faire énormément de recherches je crois que vous avez même parfois peur de signer des contrats avec les éditeurs parce que ça pose un engagement et vous êtes pas toujours sûr d'où vous allez donc il a y a on sent qu'il y a vraiment un truc d'une en fait une grosse pression que vous vous mettez ben il y a cette chose enfin personne m'attendait hein donc à partir du moment où j'ai décidé que moi je voulais prendre cette place la question c'est pourquoi je voulais la prendre et je veux pas la prendre pour une gloire personnelle ouais mais ça Alice c'est tous les écrivain personne personne n'attend aucun écrivain non il y a mais il y a des choses qui sont il y a des choses qui sont plus faciles P en plus vous êtes normalienne vous avez fréquenter plein de gens qui sont assurés de leur place dans ce Milie et qui pourtant ne finissent pas par écrire enfin vous voyez ce que je veux dire parmi tous ceux que vous avez fréquenté à normal il y en a finalement très peu qui écrivent vraiment alors c'est vrai mais j'ai aussi rencontré des gens g pendant ces études de lettrre que ce soit en prépa ou ou à l' ns de gens qui grandissent en fait en connaissant la moitié du milieu éditorial parisien donc en fait qui se disent que si un jour ils écrivent ou quand un jour ils écriront selon la manière safs ne le font pas non c'est sûr mais mais il y a cette chose qui est si un jour j'écris ou quand j'aurais écrit je vais passer mon manuscrit à un tel qui travaille chez galimar à tel ami de mes parents qui travaillent ici qui machin il y a une sorte de de famili du processus alors que quand on se pose la question de pourquoi moi je veux essayer d'entrer dans ce milieu que je connais pas du tout ben oui je trouve qu'on se met plus la pression on se met plus une responsabilité de se dire si je vole parce que parce que parfois c'est comme ça que ça se c'est même pas juste on m'attend pas c'est je vais devoir prendre une place qui devait être réservée à quelqu'un de plus légitime et donc si je pique cette chose si j'arrache le tapis sous les pieds c'est pour faire quoi c'est pour dire quoi c'est pour écrire quoi c'est pour c'est pour raconter quoi bah il faut il faut se donner les moyens de se sentir légitime c'est intéressant ce que dis donc tout le monde n'a pas sa sa place c'est-à-dire que il n'y en a pas il y a pas de place pour tout le monde finalement sur sur ce sur cette estrade non et je pense qu'en plus enfin je ce ce monde il est construit il est pour que tout le monde n ait pas accès voilà et et pour que les gens sentent que tout le monde y a pas accès enfin le le les logiques de prix là on est on est en train d' istré pendant la semaine d'attribution des des prix d'automne les logiques de prix littéraires c'est quelque chose qui crée l'impression que la littérature c'est comme Highlander et qu'à la fin il ne peut en rester qu'un alors qu'on a envie dire enfin on a tous des bibliothèques sur lequell il y a plusieurs dizaines voire plusieurs centaines de livres on sait que a priori ça cohabite très bien ensemble les différents auteurs et autrices mais non les Grands Prix d'automne nous font croire que non non non non non il y a pas de place pour tout le monde et à la fin on dit qui est l'ultime d'ailleurs ça a changé quoi la reconnaissance pour vous ça vous a calmé ou ça vous a mis encore plus de pr i je suis obligée en fait c'est difficile à voir je je dois avouer que j'ai un peu des œillères sur moi-même par moment quand je parle avec avec mes amis de longue date à ceux qui ont été à côté de de moi ces 20 dernières années et quand je relis mon journal intime que j'ai beaucoup tenu en fait là c'est beaucoup plus spadique mais entre mes entre mes 15 et mes 25 ans c'était quelque chose qui était très très présent dans ma vie je suis obligée de voir et dans ses discussions et dans ses relectures que quand même j'ai j'ai été hantée par la peur que on me laisse pas écrire qu'on me donne pas ma place qu'on m'accueille jamais et que je sache pas du coup que je sache pas quelle place donner à ça si c'était pas quelque chose si c'était pas quelque chose qui était reconnu jamais nulle part qu'est-ce ce que j'allais faire de ça parce que c'est pour moi ça ça a jamais été pensable de me dire ce sera mon hobby du dimanche après-midi et donc et donc il y a cette peur quoi tout le temps de de il faut il faut que je réussisse à trouver une autre place pour ça à faire une autre place pour ça et et du coup ouais je ça m'a calmé évidemment que ça m'a calmé la reconnaissance aussi enfin tout simplement ça ça m'a ça m'a calmé le fait de faire que ça en fait et c'est moi qui décide et évidemment que ça m'a calmé le fait de pouvoir faire uniquement ça et de plus faire mes comptes tous les mois pour savoir combien de temps ça va tenir et combien de temps je vais m'en sortir et est-ce que mon banquier va m'appeler pour me dire que je suis encore à découvert évidemment que c'est plus s une vie où on se dit bah non en fait là là j'ai j'ai pas de question d'argent je peux continuer à vivre que de mes activités artistiques bah tu m'étonnes que je sois plus calme Naima justement de son père elle a hérité de son besoin de se réinventer pour avoir l'impression d'exister pleinement j'ai l'impression que c'est exactement ce que vous venez de dire peut-être qu'il est là le lien en fait entre cette quête de singularité et de déconstruction permanente qui est la vutre encore une fois parfois j'ai vraiment l'impression que je suis pas la meilleure personne pour pour y répondre pour ouais quand Naïa annonce à son père qu'elle quel part en Algérie je dis Naïa mais je pense un peu à vous parce que je pense que cette scène a vraiment existé son père lui répond est-ce que je peux te l'interdire cet aveu sacralise la question de l'impossible retour celui du Père et il m'a semblé aussi qu'il représentait en fait c'est un peu audacieux ce que je vais vous dire mais j'ai eu l'impression que ça représentait aussi une forme de transgression d'une fille vis-à-vis du père en tout cas de pénétrer le territoire intime de son père évidemment qu'il est aussi le vôtre il vous appartient puisque vous en avez hérité de cette histoire mais je me suis dit que c'était la prolongation d'un syndrome de DIP en fait ce livre ça montre en fait les différentes choses que que peut être un pays l'Algérie c'était quelque chose de beaucoup plus intime quand on disait Algérie c'était très très peu le pays le le vrai pays de l'autre côté de la mè l'Algérie c'était un des noms du passé l'Algérie c'était un des noms pour l'enfance de mon père qui était quelque chose de très mystérieux pour nous l'Algérie c'était vaguement l'appartement de ma grand-mère le fait que le fait qu'il existe plusieurs langues dans la famille et que tout le monde les parle pas correctement que donc les réunions familiales de la famille paternelle c'était un peu une tour de Babel qui nécessitait des traducteurs et des traductrices c'était c'était le fait d'avoir un nom de famille qui commence par un Z c'était et en fait il y a un moment donné où il se crée un yatus entre l'Algérie interne intime et l'Algérie du dehors c'est-à-dire si l'Algérie ça reste l'enfance du père alors oui bien sûr le père a le droit d'être le serbère de l'Algérie le père a le droit de dire tu traverse pas en fait tu ne passeras pas cette porte ceci est à moi et en fait tu mets pas le pied dedans mais si l'Algérie est un vrai pays alors Naima peut dire bah non en fait ouais mais si je vous parle de tout ça Alice c'est parce que je pense que s'il disait ça c'est parce qu'il avait peur on est encore dans cette peur bien sûr il vous interdisait d'y aller parce que ça lui faisait peur en fait ce que j'ai aimé dans le fait que vous lui ayz tenu tête et que vous écr vous aez écrit ce bouquin c'est c'est c'est quelque part vous vous forciz la porte du fort intérieur de votre père justement et de C de cette peur pour j'imagine vous en franchir pour toute la famille en fait pour lui aussi et c'était c'est ça qui m'a frappé dans ce bouquin bizarrement c'est pas l'aspect politique ni même celui de la mémoire vous vous voyez ce que je veux dire c'était une manière de le faire sans le faire enfin une manière de forcer le passage sans être sans être trop brutal en tout cas moi je me représentais ça comme ça à un moment donné je me suis dit en fait de toute façon c'est c'est pas possible de vivre avec ce grand trou là ce grande vide ce ce cratère au milieu de au milieu du du récit au milieu de l'histoire je vois bien qu'en fait on est en permanence en train de construire des des petits filets d'histoire par-dessus ce grand trou pour réussir à s'en sortir avec mes sœurs avec avec mes cousins les générations d'après ou les plus jeunes de maises onclétantes donc de me dire en fait à un moment donné soit je force la parole et ça ça me paraissait très brutal de forcer quelqu'un qui avait décidé de pas parler de ça de pas transmettre ça et qui quand on est le poussait un peu dans ses retranchements disait je me souviens plus de rien forcit la la la la parole à à à sortir ça me paraissait trop fort et du coup écrire écrire quelque chose en se disant bon bah c'est pas ce qui est arrivé précisément à la famille mais c'est une histoire qui pourrait être celle de ma famille c'est une histoire qui reprend les quelques points que que moi on m'a transmis et qui tisse une possible histoire de ma famille et cette possible histoire de ma famille on peut la partager et en fait ce sera ce sera mieux que le silence ce sera ce sera voilà ça nous permettra d'avancer la poétique celle d'Aristote plus particulièrement vous dites c'est un excellent moyen de comprendre quelle est la forme du récit sur laquel se sont basé nos sociétés occidentales le récit algérien il a profité à qui euh ça dépend ça dépend sur quel champ de bataille on se place parce que la question de la question du du récit algérien ben en fait euh si on se place en Algérie qui a remporté la grande bataille du du récit bah le régime des généraux évidemment celui qui est encore en place aujourd'hui qui refuse de passer la main et qui a construit encore une fois un récit d'homme grandiose de guerre de situation qui se règle par les armes dans des dans des actions héroïques avec les les archis dans le dans le rôle de de traître mais alors euh de traître qui sont tellement agrandis dans leur traîtrise que il ressemble à des méchants de Shakespeare quoi qui meurt en disant j'ai tué 1000 hommes et mon seul regret est de ne pas en avoir tué 1000 de plus quand le régime algérien parle des harchis on a l'impression que c'est ça enfin c'est des des hommes et des femmes enfin surtout des hommes d'ailleurs les femmes elles sont exclues du récit qui était né pour trahir pour tuer pour faire mal et puis qui se cache dans les forêts en se frottant les mains et en attendant la prochaine victime ça c'est pour le récit algérien en Algérie ouais et du côté français en fait bah il y a un peu problème parce que parce qu'on sait pas très bien parce que personne veut raconter l'histoire d'une guerre perdue et que du coup on sait pas enfin le silence paraît une meilleure option que raconter la défaite que la France a évidemment beaucoup de mal à entendre des histoires qui présentent la guerre d'Algérie comme une guerre glorieuse d'indépendance qui présente le FLN comme les gentils pour simplifier alors que en fait pour une partie des pour une une partie de de la classe politique française ce sont encore des terroristes et donc on parle même pas d'une armée etnemi quoi on parle de on parle de terroristes donc c'est très compliqué donc une partie des histoires algériennes ne peuvent pas être entendu en France et ne et ne sont pas publié d'ailleurs si on parle si on parle de de livre donc en fait en France le récit algérien il est encore beaucoup porté par des pieds noirs et des descendants de pied noirs et donc ça fait exister une Algérie qui n'est pas une Algérie des Arabes des Kabiles euh de ceux qu'on appelait les les indigènes ou les Français de souche nord-africaines ou euh ou par anticipation les les Algériens en fait donc il y a des histoires très différentes et sur la question des archis les seuls qui portent une histoire enfin qui ont porté une histoire pendant des des décennies c'est l'extrême droite c'était aussi une des raisons pour moi d'écrire l'art de perdre c'est de se dire c'est une partie de la population à qui on a collé une étiquette celle de arky une étiquette qui apparemment se transmet par le mariage par le sang enfin les femmes de arky sont Archy les fils de arky sont archis les petits fils et les petites filles dans mon cas de Archy sont archis et par ailleurs les gens qui ressemblent à des arkis sont archi come bien même il n'auraiit pas travaillé pour l'armée française en tant que archi et donc voilà ces gens à qui on colle cette étiquette là et dont personne ne parle à qui personne ne ne ne donne la la parole sauf l'extrême droite pour prouver que la colonisation avait des bienfaits et que ces gens existent en fait parce que ils aimaient passionnément la France on nous dit voà les archis sont la prof que les populations indigènes avaient un amour inconditionnel pour la France bon ben dans ces cas-là c'est très compliqué de faire exister une autre histoire quand c'est le cadre posé au récit quand à chaque fois qu'on utilise ce terme là quand on dit je suis petite fille de Archy quand on dit mon grand-père est arrivé dans un camp mon père a grandi dans un camp quand on sait que tout cet imaginaire là il est colonisé par l'extrême droite et que avant de pouvoir utiliser chaque mot il va falloir un peu le nettoyer de tous les préjugés de toutes les représentations de toutes les sédimentations de sens qui se sont déposé dessus ben c'est dur quoi de raconter une histoire familiale et du coup bah ça prend 500 pages avec votre père vous lisez de la science-fiction avec votre mère plutôt des romans du 19e qui dénonce l'injustice votre mère donc est française elle a moins d'angoisse vous dites sans doute parce qu'elle n'a pas connu l'exil qui propulse en fait tout être humain dans une angoisse je dirais presque perpétuelle au fond j'ai l'impression que votre père venant du drame n'a pas la même responsabilité de le comprendre que votre mère c'est intéressant quand même que votre sens de l'injustice j'ai l'impression qu'il vient de votre mère qu'elle vous a un peu plongé dans dans ces romans du 19e avec ce sens de vous voyez ce que je veux dire avec votre père c'était plutôt une influence science-fiction plus Entertainment justement on aurait pensé l'inverse je pense aussi que ça ça vient ça vient d'une répartition genrée de de la lecture que mon mon père petit garçon ou adolescent dans les années 70 a été beaucoup plus exposé au à tous les les pulpes les magazines qui proposaient des histoires de science-fiction et que les garçons du quartier se partageaient entre eux attendant les épisodes de la semaine d'après et cetera et que et que oui quand il a pu acheter ses propres livres c'est quelque chose qui s'est reporté sur les les grands romans science-fiction les grandes saga et cetera mais qui vient de ses lectures pour petit garçon de son époque mon père et un et un lecteur de son époque très fortement et oui en effet il y a quelque chose dans le dans l'idée je pense que la littérature est aussi un lieu de recherche de justice sociale qui me vient de lecture parce que vous êtes vraiment le mélange des deux je trouve ouais je pense que vous êtes vraiment le fruit de ces deux ces deux choses quoi ouais mais complètement à des dosages différents chez mes sœurs et chez moi et mais c'est quelque chose qu'on recalcule en permanence ça savoir savoir ce qu'on a pris de l'un et ce qu'on a pris de l'autre et et à la fois pour les goûts et pour et pour les peurs et les valeurs aussi ou ouais vous parlez tout à l'heure de de l'injonction à penser au lecteur que c'était très important pour vous surtout sur le récit de l'histoire de votre famille lorsque vous écrivez votre premier texte à 16 ans déjà vous vous demandez est-ce que le fait que j'ai envie d'écrire quelque chose justifie de l'écrire et votre mère vous répond pense au lecteur avant de penser à toi c'est à elle que vous pensez que quand vous écrivez pour qui écrivez-vous d'ailleurs à qui pensez-vous quand vous [Musique] écrivez ça défile beaucoup en fait j'ai pas de j'ai pas de représentation de lecteur ou de lectrice type et je pense pas non plus ni à des gens qui existent dans mon entourage ni à à j'ai plusieurs amis qui m'ont confié avoir ce fantasme là d'une sorte de de table ronde d'auteur et d'autrices adoré et pour certains décédé mais qui qui seraiit là en train de lire leur page et de se dire genre c'est pas mal c'est pas mal et moi j'ai pas ça j'ai j'ai une sorte de voix intérieure non identifiée qui dans les moments d'exaltation comme ça euh et une sorte oui de personnage inventé quoi de de réception du truc et qui dit j'ai jamais lu quelque chose comme ça c'est extraordinaire ce roman extraordinaire il a ce passage sur G qui est vraiment très bien fait et puis dans les dans les moments de nonexaltation parce que ça arrive aussi beaucoup en en écriture je suis confronté à moi c'està-dire c'est pas c'est pas une idée d'une réception imaginaire c'est moi qui me dit tu as écrit de la merde là tu as passé ta journée à travailler tu t'es arraché les cheveux et c'est nul et pour en revenir à la question ma mère ma mère j'y ai pensé dans un cas particulier qui est je suis une fille sans histoire parce que ma mère elle m'a transmis un rapport à à l'artisanat à la fabrication au fait de au fait de savoir faire des choses avec ses mains de savoir de savoir coudre de savoir cuisiner de de savoir dessiner oua d'ailleurs vous avez cette phrase que j'aime beaucoup il faut apprendre à finir les textes en se défaisant l'idée de l'inspiration qui va venir vous aider à finir écrire vous dites c'est faire le boulot parfois pénible d'artisanat justement ouais j'aime beaucoup cette idée parce que je pense que c'est c'est c'est vraiment ça de mettre les mains dans le cambouill qui exactement voilà et je crois qu'il y a une énorme partie d'artisanat de faire de bricolage de de réparage de réparation dans dans l'écriture quoi et dans je suis une fille sans histoire je me disais j'ai j'ai envie au-delà de la représentation un peu artistique fantasmée l'inspiration le le le poète voix des dieux de toute l'idée platonicienne de ça de dire j'ai j'ai envie de montrer ah c'est quoi le cambouille en terme de mots de syntaxe de narration et j'ai envie de pouvoir partager ça avec ma mère qui m'a appris à aimer fabriquer et et qui sait pas exactement ce que je fais quand j'ai cré dans l'autre moitié du monde d'ailleurs le titre que vous empruntez à à Christian Garcia qui déplore que les livres avec lesquels il a grandi au culte toute une moitié du monde justement vous prolongez un récit sur le récit vous sortez du schéma narratif classique une fois de plus et déconstruisez l'architecture du du storytelling et vous questionnez justement la place de la femme dans le récit ça suit aussi c'est comment honorer votre mère aussi d'une certaine manière on on en revient à ce dont on parlait tout à l'heure historiquement comme les existences de femmes elles sont pas dotées de la même agentivité que que celle des hommes que ce sont des existences qui sont beaucoup plus domestiques qui donc qui sont dans des espaces plus restreints avec des capacités d'action qui sont plus restreintes si on a un schéma narratif qui nous dit non non en fait il faut raconter des histoires de personnes puissantes capables par leurs actions de faire d'opérer des revirements du bonheur au malheur du malheur au bonheur de voilà toutes les les la péripétie quoi aristotélicienne dans dans sa définition B si on dit c'est ça qu'il faut raconter bah en fait on va raconter que l'histoire des hommes ou alors l'histoire de quelques femmes qui ont la puissance des hommes donc soit des exceptions historiques soit des des des fantasmes des fantasmes du futur type captaine Marvel de se dire voilà bah ça c'est une femme qui est surpuissante donc en fait on peut raconter son histoire puisque elle est elle est capable de d'opérer des revirements quoi et moi ce que je veux raconter c'est autre chose en fait si si c'est comme ça qu'on raconte les histoires de femmes ça m'intéresse pas parce que je trouve que on continue à véhiculer le même sous-entendu politique qui est de toute façon il y a que les histoires de puissants qui méritent d'être raconté qui valent la peine de nous arrêter qui réclame notre attention donc si on veut raconter les vies domestiques on est obligé de changer de schéma narratif c'est tout simple mais mais votre mère elle vous fait lire Zola c'est pas tout à fait des récits de de puissant ça pose la question de est-ce qu'il faut absolument s'identifier pour éprouver la condition humaine ne suffit-elle pas justement à éprouver toutes les histoires c'est euh est-ce qu'on a besoin de se voir présenter des personnages qui nous sont suffisamment proches pour qu'on s'identifie à eux pour euh c'est une question pour que quelque chose se passe ou est-ce que finalement le fait qu'on soit là frère et sœur d'humanité également faillible dirait Paul Ricker ça suffit pour que on on crée une sorte de communauté comme ça entre les personnages nous toute la Comédie humaine et puis nous à côté ouais c'est une question j'ai pas la réponse en fait c'est une question pour moi aussi je dirais qu'en fait elle se poserait pas si on était tous et toutes à égalité avec ça or il se trouve qu'en fait quand on regarde la manière dont d'autres groupes reçoivent des histoires et ben ces groupesl ont des représentations de personn personnages qui leur ressemble partout tout le temps et du coup ces groupes là qui sont en fait majoritairement les hommes blancs hétérosexuel sont tellement habitués à avoir des personnages qui leur ressemblent que quand il faut s'identifier à quelqu'un d'autre ou être capable de faire un bout de chemin avec un personnage qui soit différent c'est pas possible parce que il y a eu tellement de luxe de personnages leur ressemblant queil y a pas eu de saut de genre qui était fait il y a pas eu de de de saut de de race même si c'est un terme qu'on qu'on utilise très peu en français ou d'âge en fait il y a toujours eu quelqu'un comme eux dans les fictions qui le lisait ou qu' le regardait ce qui fait que parfois même le le rapport à des fictions où ils ne sont pas présents peut être très très conflictuel et c'est ce que je raconte dans toute une moitié du monde en fait un de mes un de mes copains irlandais donc qui a suivi tout son parcours scolaire dans un dans un cursus non mixte avec que des garçons qui me dit mais le le jour où on nous a demandé de lire Jane Austin c'était c'était une insulte enfin on s'est dit mais qu'est-ce qu'on a fait pour qu'on se foute de notre gueule comme ça en nous demandant de lire des histoires de meufs qui veulent se marier et moi j'ai lu des histoires de bandes de garçons tout le temps enfin j'ai j'ai lu Le Seigneur des Anneaux j'ai lu sa Majesté des mouches c'est des bandes d'hommes qui partent faire des trucs et à aucun moment je me suis dit on m'a puni parce qu'en fait j'ai moi j'ai aucun problème à à lire des histoires de gens qui me ressemblent pas même j'adore ça mais au bout d'un moment on se retourne et on se dit ah oui toi tu as été une femme en fait pendant ta vie de lecteur j'ai passé une immense partie de ma vie de lectrice à à être un homme j'ai été un mousquetaire j'ai été un mineur de fond j'ai été un curé de campagne alors là je peux faire tous les rougons maar j'ai été plein de trucs et toi tu as jamais été ça et toi tu refuses d'être Élisabeth et ses sœurs ou madame bovar c'est c'est très étonnant en fait comme ça nous crée des rapports à la fiction qui sont qui sont pas du tout les même et c'est ce qui fait que finalement à votre question de départ je peux répondre bah j'ai pas la réponse mais en revanche je vois qu'il y a des inégalités et quelque chose en moi devant l'inégalité se se dit donnez-moi ma cape et mon grand chapeau et et allons les combattre justement ça m'amène à la question de du processus créatif j'aimerais revenir un peu sur la fabrique et notamment sur ces fameuses journées blanches comme vous les appelez qui sont entièrement consacrés à l'écriture ouais c'est quoi une journée type pour vous c'estoi une bonne journée est-ce que vous avez une routine est-ce que vous vous isolez toujours est-ce que c'est de plus en plus difficile de le faire ou pas come idéalement je m'isole pour écrire par protection des autres parce que je sais jamais ce qui va se passer et c'est pas quelque chose enfin je vais pas me faire à posséd par un démon ou me transformer en monstre mais en fait c'est compliqué de savoir à à quel moment je vais vraiment me lancer dans le dur de l'écriture en fait il y a des il y a parfois il y a des heures de début c'est de la chauffe quoi ou je suis en train de faire ça dans l'espoir que la que la phase d'après va se déclencher j'en suis pas certaine mais donc je bouge des virgules qu' on pas besoin d'être bouger je je relis des choses que j'ai déjà relu 1000 fois et puis quelque chose va à peut-être se se se débloquer ensuite mais est-ce que c'est une de dem heure après avoir commencé ou 2h ben je sais pas donc donc ça veut dire avoir des horaires qui sont quand même un peu flous ce qui est pénible pour les gens de mon entourage il y a plein de choses qui peuvent me mettre dans des états émotionnels bizarres quand j'ai créé être satisfaite ou pas de ce que j'écris déjà ça suffit pour que je sorte pas la tête de mon ordinateur avec la même capacité à être entouré si si j'ai l'impression que j'ai j'ai gâché des heures à à pas produire une seule ligne qui qui en vaut la peine bah c'est c'est compliqué d'être sociable ensuite si je continue à passer mon temps à à réfléchir à ce que j'ai fait en me disant il devait y avoir une meilleure solution c'est pareil je suis pas je suis pas de bonne compagnie parce qu'elle était violente la phrase de tout à l'heure c'est de la merde ce que tu as écrit enfin je sais pas c'est minable c'est ouais ben c'est oui et les moments de les moments de grande insatisfaction de c'est pas c'est pas attendre quoi et ça va enfin en plus ça ça déraille plus loin que ça assez rapidement en on passe de ça c'est nul à tout est nul à tu es nul ah ça vaut pas la peine d'écrire en fait pourquoi enfin pourquoi pourquoi s'imposer cet isolement ce truc enfin généralement ça se calme par par quoi la persévérance dormir règle numéro 1 dormir ouais toujours laisser une nuit unreôle enfin on prend pas de décision sur le moment du vortex sans avoir qu'elle est une bonne nuit de sommeil ça vaut pour tout he les relations sentimentales la viesolum les entretiens sciencep euh oui et puis et puis réessayer enfin voilà de dormir et réessayer alors là ce qui est intéressant c'est que vous raconter le travail intérieur de vous avec vous-même et la page blanche et cetera puis après il y a une seconde phase quand même dans ce que vous faites qui est quand vous montrez à l'autre généralement vous envoyez une V1 à votre éditeur et pendant longtemps vous lisiez aussi le manuscrit en entier enfin votre compagnon vous le lisez à voix haute je le lisais à mon mon voix haute votre compagnon qui commentait et cetera j'ai trouvé que c'était un luxe extraordinaire enfin je sais pas où est-ce que vous êtes allez trouver quelqu'un capable de faire ça franchement chapeau non mais c'est incroyable ce truc le temps consacré la dévotion de l'autre tout ça autour de son UF donc son son enfant son bébé en plus quoi c'est incroyable j'étais fascinée par ce détail en fait quel luxe Alice quand même ou mais ça se présentait pas tout à fait comme ça c'est-à-dire euh c'est quand vous le dites comme ça on a l'impression que j'ai eu la chance de pouvoir l'utiliser et que peu de personnes auraient fait ce travail en réalité c'était une sorte de de service dans les deux sens parce que mon mon compagnon vivait assez mal le fait que l'écriture soit un grand moment de solitude et il cherchait voilà et il cherchait sa sa place sa place dans ça et du coup le fait de se dire ben on va le ramener dans un échange vivant c'est-à-dire c'est pas c'est pas mon temps solitaire de l'écriture suivi par ton temps solitaire de la lecture dont finalement on débattrait ensemble mais mais on on ramène ça plus vite quoi un statut de de conversation et c'est ça qui occupe nos soirées les unes après les autres devant la cheminée en buvant un verre de vin et c'est et c'est un un temps de de conversation et mais c'est pas mal hein ce que c'est intéressant ce que parce que je pense que tous les gens créatifs qui nous écoutent tous les créateurs c'est une façon d'inclure l'autre en fait et c'est vrai que l'autre se sent toujours exclus c'est quelque chose que je que j'entends beaucoup et puis en fait il y a quelque chose je crois justement quand quand ça passe par le le quand ça passe par la voix même si concrètement je suis en train de lire quelque chose qui est écrit et que j'ai devant moi ça a l'air beaucoup plus vivant ça a l'air beaucoup plus mouvant du coup c'est beaucoup plus facile dans débattre sans que ce soit vexant ou humiliant parce que mon ex était quand même capable de enfin de retour qui était très dur enfin qui était mais à l'oral ça c'était drôle enfin ça ce je comprends c'était peut-être moins castrateur qu'elle écrit finalement de je lis et je te fais un retour après quoi ouais c'est c'est je pense souligner souligner une phrase écrite comme ça sur un manuscrit en disant ça vraiment cette phrase là c'est pas possible je veux j'ai honte pour toi était donc était un des retours possibles de de Ben sur dans les moments où vraiment ça lui plaisait pas et je me dis oui à l'oral comme ça ça me fait encore rire quand je le raconte il aurait pointé du doigt une phrase du manuscrit comme ça avec la preuve que j'avais écrit ça que c'était absolument ça et que il trouvait ça nul ça aurait été beaucoup plus blessant mais d'ailleurs c'est marrant parce que c'est le stylo rouge avec les les paragraphes rayés les phrases coupées comme ça ça peut être d'une violence inouie c'est le travail de l'éditeur et tout le monde n'est pas capable de le recevoir ça fait partie du métier d'écrivain et c'est c'est tout le monde n'est pas capable de vivre cette période de repasser derrière de réécrire de retravailler c'est parfois encore plus difficile que d'écrire de réécrire et ça fait partie du métier aussi ouais absolument je sais pas comment c'est pour les autres mais moi je sais qu'en fait j'ai un j'ai un problème de de de sous-couche quoi j'ai un problème d'iceberg c'est-à-dire la partie la partie émergée et donc qui serait l'écriture elle se elle se tient sur une partie euh émergé qui est les choses que j'aurais pu écrire mais que j'ai pas écrite ou que j'ai écrite et que j'ai coupé ou qui appartiennent à mes à mes recherches et en fait par un moment je suis incapable de savoir si ce qu'il y a au-dessus de l'eau est clair pour des gens qui n'ont pas les 9/ diè de ce qu'il y a sous l'eau mon éditrice c'est aussi pour ça que plus ça va plus je lui envoie les choses vite euh c'est parce que tout à coup je lui dis attends est-ce que c'est clair pour toi parce que parce que du coup moi là ça fait ça fait 6 mois 8 mois 1 an que je suis dans ce monde là et du coup tout à chaque mot rayonne quoi de de de toutes les histoires que j'ai accumulé autour de ce terme là autour de ça autour de ça mais alors pour quelqu'un qui a pas vécu dans ma tête pendant un an c'est quoi le enfin qu'est-ce que tu vois c'est le risque aussi de cet isolement c'est qu'on s perd un peu puis l'éditeur est aussi là enfin il y a aussi la fonction un peu rap de l'éditeur qui est d'extraire les pépites enfin d'extraire le meilleur et de de de purger le reste quoi je pense à tis Elliot et le Wasteland et tout ça j'ai l'impression que vous avez l'écriture facile quoi c'estàdire que vous écrivez beaucoup je me trompe peut-être ça dépend en fait ça dépend des bouquins ça dépend des bouquins on parlait tout à l'heure de donc de votre compagnon qui lisait à voix haute vous avez poussé le vis en faisant un film ensemble qui s'appelle avant l'effondrement enfin pousser le vis je dis Simp vous n'êtes pas pass avec la fiction mais vous êtes désintéressé de certaines formes d'histoire et de certaines formes de personnages des récits qui reposent sur une trajectoire héroïque c'est ce que vous disiez et ne vous raconte pas le monde que vous éprouvez c'est quelque chose que vous revendiquez aussi celui de la crise écologique celui de la crise sanitaire celui qui repose sur un futur incertain c'est toutes ces choses que vous racontez dans le dans avant l'effondrement que vous signez avec Benoît volnet en plus c'est un film en 5q partie qui va évoquer plein de problématiques qui vous touchent d'ailleurs le non désir d'enfant aussi parceque un de vos personnages Tristan qui est en le film en fait démarre en plein global warming enfin une canicule et Tristan qui travaille pour une politicienne engagée écologique reçoit un test de grossesse positif il ne sait pas d'où il vient et il est ce qu'il l'angoisse profondément parce qu'il se sait potentiellement condamné par une maladie dégénérative héritée de sa mère et le film va devenir peu à peu un road trip pour aller essayer rechercher chacune de des femmes potentielles qui pourraent être mère de cet enfant et cetera j'ai eu l'impression que c'était un film pour les les déçus de la gauche B c'est ce que dit un des un des personnages à un moment donné le personnage de Fanny qui qui prend à parti toute la table en disant voilà j'ai compris ce qui se passe ici vous êtes tous des déçus de la gauche c'est un film qui parle de de des angoisses face au futur et de la et de la peur que les solutions politiques soient complètement inefficaces euh soit parce qu'en fait elles ne seront pas choisies elles ne seront pas mises en place dans une logique électoraliste elles sont trop euh elles sont trop impopulaires ell ressemble trop à de la contrainte trop à une perte d'un d'un niveau de vie auquel soit les gens se sont habitués soit auquel ils aspirent pour s'élever du du leur soit tout simplement même si elles étaient mises en place se dire c'est trop tard c'est trop tard dans le temps qui nous est imparti là avant que ça se casse vraiment la gueule peut pas du coup ouais du coup il y a deux p possible parce que vous parleez de ce dialogue de cette jeune femme donc la jeune le personnage dont vous parler c'est le personnage de Fanny qui est prof de littérature dans le 93 et qui accuse Pablo qui est une amie potentiellement une des femmes qui serait enceinte du personnage principal qui est Tristant mais qui est aussi une amie de cette famille son ami toujours qui fait de la permaculture et vit en communauté à la campagne elle l'acuse de tourisme de classe Fanny elle arme les jeunes avec le langage démocrate et révolutionnaire elle est les deux démocrate et révolutionnaire c'est ainsi que vous vous définiriez d'ailleurs parce que j'ai j'ai je me suis dit tiens c'est je me demande si c'est comme ça qu'elle se définit à la fois démocrate et révolutionnaire parce qu'on sent qu' il y a un peu les deux finalement dans votre dans votre quête artistique oui mais en fait il faudrait je penseil faudrait inclure aussi le le personnage de Pablo pour avoir une représentation de mon paysage intérieur politique celle qui réfute que la politice se fasse uniquement dans l'isoloir une fois tous les 5 ans c'est ça euh et aussi le celle qui arrive pas à croire qui pourra se produire un un changement politique massif positif et du coup qui qui vit aussi qui vit aussi dans cette dans cette communauté parce que pratiquer des choses des manières de vivre ensemble et de faire les choses à une petite échelle à à 15 ok c'est possible mais mais au-delà de ça non on croit on croit plus au lendemain qui chante on on croit pas à la possibilité d'une révolution en tout cas pas à temps pour nous sauver de de la crise climatique surtout que pour faire la révolution vous dites qu'il faut même pour ça il faut être pistonné ça c'est ce que dit Yousef tader dans dans l'art de perdre c'est marrant j'étais j'étais en train de de retravailler sur ce passage là la semaine dernière parce que je travaille sur une adaptation en opéra de l'art de perdre et sur ce passage en particulier ouis et du coup oui parce que c'est en fait ça fait partie de mes passages préférés en fait youf tager c'est c'est un de mes personnages chzips qui devait pas être là et au fur et à mesure de l'écriture j'ai je me suis tellement attachée à lui enfin dès qu'il a fait une apparition je me suis dit je l'aime tellement en fait quoi ce cette espèce de de petit gamin pauvre qui est toujours en train de courir d'un bout à l'autre de truc de de faire des magouilles qui a une insolence folle qui est à la fois le le le héros des enfants et et cette espèce de petit Jean qui vient qui vient embrouiller les adultes et ouais il a pas arrêté de grandir et donc euh un peu comme vous d'ailleurs finalement vous démarrez sur vous-même avec dans cette espèce de d'insularité j'ai envie de dire même si vous êtes entouré et d'ailleurs c'est intéressant par que dans travail petit à petit vous allez vous ouvrir collaborer plus aussi jusqu'à même aller carrément cocréer ce que vous faites de plus en plus et avec toutes ces questions de enfin cette espèce de cette contradiction en même temps cette espèce de chose un peu cet idéal peut-être entre la vie de communauté l'individualité à son à son paroxisme la démocratie et aussi la révolution c'est ouais ça fait beaucoup ça fait beaucoup de tension mais je crois que je crois que plus ça va plus je vis harmonieusement avec je pense aussi j'ai grandi avec cette cette idée et c'était la même chose pour mes activités professionnelles enfin qu'il y avait beaucoup trop de Slash dans dans mes identités que j'étais j'étais voilà étudiante en thè/ash chargée d'enseignement /ash autrice/ashdamaturge/ash assistante de mise en scène/ash et puis et puis démocrate/ash révolutionnaire/ash complètement désabusé slash optimiste chaque fois au réveil malgré tout quand bien même je pense que ma raison me dit que c'est la misère il y a quelque chose d'une force de vie qui me dépasse et où je me disais je sais pas genre grandir c'est perdre une partie des slash au bout d'un moment il y a une sorte de choix qui va se faire ça va s'amuiser ouais et c'est pas vrai en fait on garde tous les slash dans mon cas on garde tous les Slash et on juste on apprend à jongler avec il vous arrive de glander ouais beaucoup ah quand même ça me rassure à votre avis qu'est-ce qui se dégage de cette conversation parce que c'est un peu comme dans votre travail il y en a il y a on a parlé de tellement de choses je me suis demandé quelle était la la quel est le fil rouge de notre conversation il y a quelque chose qui vous a interpellé non j'ai toujours peur de partir dans trop direction à à la fois on était en train de parler de la coexistence des slash parfois je me dis pour réussir à tout faire tenir ensemble peut-être qu' il faut des il faut des formats plus long et je parle pas simplement du du format du podcast mais par exemple c'est quelque chose que je vois aussi chez mes chez mes lecteurs et mes lectrices ça fait ça fait 15 ans plus de 15 ans que je publie ça fait 20 ans en fait ça fait 20 ans que je publie et pour les gens qui me qui suivent mon travail depuis tout ce temps-là j'ai l'impression que c'est plus clair qui je suis et ce que je fais et pourquoi mes livres se ressemblent pas entre eux et de tirer un fil rouge qui est pas une évidence en fait qui est pas un truc je sais pas une sorte de de de genre littitéraire qui se répéterait qui serait très précis où on se dirait ah oui àidanitaire c'est la meuf qui fait ça et que dans le dans le voilà dans dans le temps déployé finalement 20 ans d'activité artistique je me dis je j'arrive à avoir fait plein de choses sans m'éparpiller et je crois que les gens qui ont eu qui ont eu plusieurs années pour le voir le voient aussi mais quand il faut recouvrir ça en une heure de conversation à chaque fois je me dis genre je je est-ce que ça fait du sens ou est-ce que j'ai l'air d'un porque épique qui envoie des aiguilles dans toutes les directions j'ai toujours peur de ça ah moi je pense que je pense qu'on a réussi quand même dans cet entretien a expliqué certaines des origines de de ce fonctionnement de cette de cette ambition qui est la vôtre de faire un maximum de choses de d'essayer de de ces peurs aussi qui convoquent cette énergie c'est c'est ce qui m'a le plus touché je crois il y a des choses des phrases des passages de ce que vous avez écrit qui qui qui demeurent intemporel justement je pense à celle-ci en particulier parce que elle elle fait écho avec l'actualité un massacre ne disparaît pas face à l'ampleur de ce représail et la loi du talon dans les variations sans fin de ses application il ne fait que multiplier les bornes et les édentter sans que jamais l'œil resté valide de la première victime ne forme une paire avec celui de la [Musique] seconde et là bon il m'incombe de trouver une subtile moyen de placer Camu et son entre la justice et ma mère je choisis ma mère c'est aussi quelque chose auquel je pense beaucoup depuis un mois en fait depuis depuis que la la guerre a commencé entre Israël et et la Palestine et au fait que la stratégie de violence qui est déployée par le par le Hamas dans le but d'attirer une répression qui soit encore plus violente et qui permettrait en fait de de rallier de nouveaux partisans à à sa cause en fait c'est la logique qu' a utilisé le FLN c'est la logique qu'avait théorisé auch chimine en fait c'est quelque chose qu'on connaît et qui est absolument terrifiant parce que ça se fait sur les les corps écrasés et de la population attaquée et de la population qu'on offre en pâure au au représaill et il y a quelque chose de terrifiant de voir les schémas se répéter sans avoir de meilleures portes de sortie quand tout à l'heure je vous disais j'ai toujours peur que sur l'art de perdre les gens puissent tirer des leçons sur ce qui s'est passé il y a 60 ans mais qu'on les applique pas aujourd'hui c'est toujours plus facile de retourner en arrière enfin de se retourner en arrière de dire c'est vrai quand même là on n pas fait les bonnes choses bah aujourd'hui on n'est pas en train de les faire non plus sur un schéma que pourtant on connaît et j'ai l'impression de de manquer d'airair quand j'entends les nouvelles parce que de me dire si moi je vois se reproduire les schémas alors forcément les les les stratèges militaires les conseillers géopolitique ils le savent aussi très bien ils le savent mieux que moi et pourtant on n pas pas d'autre option que de rebasculer dans cet engrenage c'est terrifiant quelle est la plus belle chose qu'on vous a dit sur votre travail sur un de vos livres et je racontais du coup il y a pas longtemps pendant que j'étais en train de de travailler donc sur sur l'opéra de de l'art de perdre je racontais que une des scènes alors c'est pas vraiment quelque chose qu'on m'a dit sur le livre mais une des scènne créée par le livre que je porte vraiment dans mon dans mon cœur et dans mes mémoires joyeuses c'est en fait le le un salon du livre dans lequel je je venais pour dédicacer l'art de perdre et puis c'était en Normandie donc dans un territoire qui est très présent dans dans le livre et puis tout à coup il y a un petit groupe qui commence à à finter la la la file quoi à doubler tout le monde et donc des gens qui protestent et et cette femme qui est à la tête du petit groupe qui dit euh laissez-nous passer on est la son CRA et en fait ce terme qui était un stigmate social enfin hyper fort quoi qui voulait dire on est des pauvres on est des gens du foyer on est des des gens relogés à ballotter et cetera le fait de dire on est la sonakotra ça veut dire c'est notre histoire à nous et c'est pas la vôtre c'est plus notre histoire que la vôtre c'est notre histoire qui est raconté en fait laissez-nous prendre la voix expresse jusqu'à l'autrice parce que c'est un un livre sur nous le fait de pouvoir inverser ce stigmat là le fait que on est la son cota soit un coupfil dans un salon du livre par je trouve ça génial je me suis dit je savais pas que c'était ça que je voulais faire mais c'est ça que je voulais faire je voulais arriver à ça et voilà et j'ai un peu les larmes aux yeux qui viennent quand je le raconte encore c'est beau merci Alice est-ce que justement le fait que vous avez choisi de pas avoir d'enfants ça rend ces moments d'autant plus significatifs parce qu'ils viennent vraiment donner du sens encore une fois je me pose aussi tout le temps la question de enfin qu'est-ce qui vient en premier chez moi je suis pas capable de de le dire est-ce que parce que j'ai choisi de pas avoir d'enfants la question de la transmission vers d'autres personnes puisque il y a pas d'enfant hypothétique pour la pour la recevoir est-ce que c'est ça qui la rend si intense ou est-ce que au contraire c'est parce que de toute façon la question de la transmission elle était déjà très intense chez moi de de qu'est-ce qu'on passe et pas uniquement aux générations d'après mais à des groupes sociaux qui ont pas eu accès aux mêmes choses et cetera est-ce que c'est parce que cette transmission elle était déjà hyper importante pour moi que finalement la question d'avoir des enfants et de transmettre par la biologie ou au sein d'une cellule familiale restreinte et et moins grave enfin représente pas tout je sais pas en tout cas c'est vrai que je lis moi aussi les deux questions voilà le le fait de de pas avoir d'enfant le fait de pas en vouloir et le fait que la transmission occupe une place si importante dans ma vie c'est lié c'est une évidence je sais pas exactement comment je vous propose qu'on on se reparle dans quelques années faisons comme ça d on fait ça à suivre à presque bientôt alors à presque bientôt merci beaucoup Alice de être c'était un un très beau moment très émouvant je comprends mieux qui vous êtes et et je pense qu'il y a des intentions très louables et très pures enfin il il y a vraiment je dirais il y a une candeur chez vous qui est très touchante et qui j'espère transparaîtra dans cet entretien merci de vous être livré ainsi d'avoir partagé et voilà merci merci pour l'échange