Sandrine Kiberlain dans la comédie politique de la rentrée - C l’hebdo - 07/09/2024

Published: Sep 06, 2024 Duration: 00:15:13 Category: Entertainment

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Je vous laisse vous installer. Faites comme chez vous. - Bonsoir! - A.Casse: Vous nous faites rire, beaucoup rire dans "Les Barbares", qui sort le 18 septembre au cinéma. R.Bougheraba a réussi à faire vibrer le Vélodrome de Marseille. Ce sera diffusé mercredi prochain à 21h sur Canal+. On n'a pas choisi de vous réunir par hasard. On expliquera tout à l'heure pourquoi. Vous avez une sorte de point commun, tous les deux. Je ne vous en dis pas plus. "Les Barbares" sort le 18 septembre. Vous êtes l'épicière de Paimpont, un village breton qui accueille les réfugiés syriens alors que ça devait être des Ukrainiens. - C'est une ville qui bouge pas mal. Dès que les Russes ont envahi l'Ukraine, tout le village s'est mobilisé. J'ai voté pour qu'on les accueille. - Adopté à l'unanimité! - Je me suis occupé de tout l'administratif pour l'avenir des réfugiés. - Il faut que je vous parle. - Il y a eu tellement de demandes de réfugiés ukrainiens qu'il n'y en a plus. - En fait, ce sont des Syriens. - Des Syriens qui viennent d'Ukraine? - Non, de Syrie. - Il faut défendre l'identité régionale de la Bretagne. - A.Casse: L.Lafitte est le plombier raciste du village. de bien accueillir les réfugiés syriens. Même vous, à un moment, vous ne savez plus de quel côté vous êtes. - S.Kiberlain: Mon personnage, puisqu'ils mettent tous un point d'honneur à accueillir ces familles d'Ukrainiens et à faire en sorte que le village... C'est un moment de vie pour eux. Quand ça devient des Syriens, ça pose problème à certains. C'est vraiment comme une loupe sur ce que serait... Elle s'est servi de ce petit village et d'un panel d'une galerie de personnages pour montrer ce que chacun a comme habitude face à l'arrivée des étrangers dans notre pays. Je refuse de voir que mon mari... - A.Casse: Dans l'alcool. - S.Kiberlain: Oui, je me noie dans l'alcool. Mon mari me trompe. A un moment, je ne sais plus si je dois suivre ma meilleure amie. Je suis sous l'emprise de mon mari. - A.Casse: Ce n'est pas que lié à l'alcool. - S.Kiberlain: Non, c'est aussi l'emprise qu'a mon mari sur moi, l'envie de vouloir le suivre. Mais elle est très fan du personnage que joue Julie, l'institutrice presque un peu trop accueillante, Il faudrait être normal avec tout le monde. - A.Casse: Sandrine, je trouve ce film très réussi. Vous êtes très drôle dedans. - M.Barnérias: C'est intéressant, ça raconte aussi la vraie vie de certaines communes en France. Particulièrement ce qu'ont vécu les habitants de Chardonnay, en Saône-et-Loire, qui réagissent sur l'arrivée des migrants. Je vous propose de regarder. - Aujourd'hui, on démantèle Calais. Il faut loger ces gens de partout. Je n'ai rien contre les migrants. On va être en période d'hiver, ils vont être la nuit Je comprends l'insécurité des gens du village. - Si on démantèle un endroit pour qu'après, il soit redirigé à l'arrache partout, comme ça. Que ce soit ici ou ailleurs, ça ne peut pas passer. - Je pense qu'ils vont être regardés. Regardés et jugés. S'il y a un problème, ça va être eux. - M.Barnérias: C'est un film, le vôtre, qui n'est pas dans le jugement. Vous n'agressez pas. On n'est pas dans l'accusation. - S.Kiberlain: Je pense comme vous. est tous, sur nos failles, nos façons de penser, nos a priori. Mais, évidemment, la force du film est que l'on rit du début à la fin. - M.Barnérias: L'humour est permanent. - S.Kiberlain: Oui, et avec l'humour, on peut dire les choses les plus trash, les plus tragiques, les plus cruelles. - A.Casse: Tout passe. - R.Bougheraba: Avec humour, ça passe. - S.Kiberlain: Ce n'est même pas que ça passe, c'est que ça percute. Plus que si on était au premier degré, en train de dire que c'est terrible et que ça ne devrait pas exister. Avec toutes les folies qu'on a connues, on ne sait pas - A.Casse: Il y a une scène intéressante dans le film. Julie est institutrice. Elle a ses élèves face à elle. Elle leur demande: "Pour vous, le racisme, c'est quoi?" C'est la peur des autres, la peur qu'on leur prenne quelque chose. - S.Kiberlain: Regardez le 1er témoignage de la femme qu'on a vue. C'est: "J'aime bien les gens, mais ils vont nous prendre quelque chose." Effectivement, la peur a toujours généré des catastrophes. Et aussi de la bêtise. - A.Casse: On peut vivre ensemble, c'est aussi le message du film. Il y avait une autre phrase: tu es un artiste." - R.Bougheraba: Ma belle-mère. Il y a toujours la peur de l'étranger, de l'autre. On est stigmatisés, au départ. Dès que ça se passe bien, qu'on réussit, nos points faibles deviennent nos points forts. Ca bascule vite. - N.Polony: Ce qui est drôle, c'est qu'ils viennent démentir. C'est une famille. Il y a un médecin, un graphiste, un architecte. On est dans ceux qui doivent être considérés comme faciles à accueillir. Dans ma famille, ils étaient tous avocats. Ils ont dû mettre sous cape des métiers passionnés, valorisants pour faire des petits boulots. Il fallait bien exister en arrivant dans un pays qui n'était pas le leur. Ce qui peut déranger au début, c'est: "Les migrants sont des gens intelligents, fins." Ca a l'air de les surprendre. C'est hallucinant. - V.Dekyvère: Depuis 10 ans, beaucoup de comédies sur le racisme ont été d'énormes succès. Dans ces films, on exploite des clichés pour nous faire rire. Selon moi, on rit, mais ça entretient une forme de racisme. Ce n'est pas du tout le cas du film que vous défendez. Est-ce que c'était important pour vous quand vous avez lu le scénario? - S.Kiberlain: Je n'ai pas pensé à d'autres films sur le racisme en lisant le film de Julie. J'ai juste adoré son film. Tout le film est traité comme quelque chose de très réaliste. Elle ne se moque de personne. Même si elle pousse le curseur et qu'elle a besoin de moments Il faut qu'elle y aille. Ce que vous disiez sur le portrait type de l'Ukrainien, ou le portrait type du Chinois, ce n'est pas le parti pris de Julie dans la façon de traiter le film. Il n'y a pas de morale dans le film. - A.Casse: On va voir un extrait du film. Vous êtes épicière, la femme de l'épicier qui vous trompe avec la charcutière. Et en même temps, il est alcoolique. On va regarder un extrait, c'est le moment où des journalistes font un reportage sur le village. des réfugiés. Des choses un peu plus pratiques, vous voyez? Joëlle et moi, on est comme des soeurs. On a fait nos études ensemble pour devenir institutrices. Que s'est-il passé? J'ai eu des enfants jeunes. Et mon mari a repris la supérette de Paimpont. C'était quoi... - Monsieur. - S.Kiberlain: Moi, c'est madame. Ah, c'est Yves! - A.Casse: Je l'ai déjà vu 4 fois, mais on l'aime quand même. - S.Kiberlain: C'est vrai! Elle subit l'absence d'un mari. Elle s'ennuie. C'est tellement amusant de jouer des personnages comme ça, de rester sincère mais en sachant que des choses peuvent faire rire. Pas de se dire: "Là, je vais faire rire." Il n'y a rien de pire. - A.Casse: C'est le petit renvoi que vous avez. - S.Kiberlain: Le renvoi est sincère! - A.Casse: Faites-nous un petit renvoi. - S.Kiberlain: Je ne peux pas. Je me garderai bien de faire un renvoi à table. aux toilettes. - N.Polony: J.Rochefort, qui était un personnage immense, disait de vous que vous étiez une reine qui se prend les pieds dans le tapis. Vous êtes un peu le J.Rochefort féminin? - S.Kiberlain: J'aimerais. Ca me flatterait. C'était mon ami. J'aimais beaucoup... Je pense qu'il y a des gens qui nous comprennent, qui comprennent cette espèce de décalage. Ce que l'on avait en commun avec Jean, c'est de ne pas avoir des personnages. Ca nous a beaucoup amusé. On a des souvenirs de gens dans des personnages hilarants. Le type qui se cache sur un balcon pour ne pas être vu par sa femme, car il est persuadé qu'elle le trompe. Quand il dit que je suis une reine, ça me touche. Mais qui se prend les pieds dans le tapis, c'est un peu les reines que je préfère, moi. - A.Casse: Qu'est-ce qui fait qu'on est "fantastiquement ridicule", comme vous le dites? - S.Kiberlain: Pour les comédies, c'est un métier où on s'abandonne. Il faut être au plus près de la situation que l'on joue, être sincèrement dans la situation. C'est une histoire d'abandon. C'est aussi la force du metteur en scène. Si J.Delpy, quand je fais mon renvoi, me regarde et me dit: "Qu'est-ce que tu fais?" Je n'oserai pas le faire. Et d'un coup, je me sens ridicule. Je pense que des hommes comme J.Rochefort, qui avait une force comique et qui était très bien filmé par Y.Robert dans "Un éléphant, ça trompe énormément" d'un metteur en scène. Ils savent nous mettre une confiance en soi. Quand j'accepte un film de J.Delpy, je sais qu'elle va savoir voir ça, aimer ça, que je vais pouvoir oser. - A.Casse: Avec G.Nicloux, on a l'impression que ça marche. On a les premières images de "S.Bernhardt, la divine". Ca sort bientôt. C'était la première influenceuse. Elle avait l'art de se faire remarquer. Elle avait voulu se faire greffer une queue de panthère. - S.Kiberlain: Oui. les animaux. Elle allait au bout de sa liberté, au bout de ses convictions. J'adore cette femme. Elle a été précurseure. Elle a changé la façon de faire du théâtre. C'est la première qui a signé des autographes. - A.Casse: La voici jouer "Phèdre". Ca vous fait quoi de l'entendre? - S.Kiberlain: Ca m'émeut. Ce phrasé est inaudible. On ne comprend pas. Après, quand tu connais bien la pièce, tu t'aperçois Les gens s'évanouissaient. - N.Polony: A ce moment de la pièce, il y a une montée de tension. - S.Kiberlain: Les gens s'évanouissaient, pleuraient. Elle provoquait des émotions folles. On a essayé de transposer ça dans ce que serait son énergie aujourd'hui. Dans ce que l'on pourrait évoquer d'elle aujourd'hui, et ne pas essayer de la copier, évidemment. Ce n'est pas possible. Moi, je la sens complètement Elle était comme ça. Le film est truffé de réparties d'elle. Elle a des fulgurances. Elle est d'une intelligence, elle a de la répartie, de l'humour, une fougue. J'adore son engagement pour tous, le théâtre, sa passion, la politique. Elle était féministe avant l'heure. C'est fou, cette femme! Il fallait même qu'on me rappelle qu'elle a vraiment existé pour être aussi dingue. Elle vivait avec des animaux sauvages.

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