Intro Salut les addicts ! Certaines oeuvres ont un
montage extraordinaire, d’autres beaucoup moins, et d’autres vont tellement loin qu’ils
font du montage une œuvre d’art déviante. Sur cette chaîne, on aime les
moments de cinéma bien nanars, et si on rit devant eux, on les respecte
avant tout pour leur génie si particulier. Quand le mauvais goût devient créatif, quand l’excès devient unique,
quand l’énormité devient style. Voici plusieurs scènes de films et
séries au montage brillamment WTF. *Ouverture de La Défense d’aimer (Richard Wagner) * Cri de Wilhelm Le classique Question montage, Taken 3 est encore
à la frontière entre navet et nanar puisque le film souffre tout le long d’un montage insupportable qui cache mal
une action peu inspirée. 14 cuts en 7 secondes, 2 cuts/seconde. Sans doute pour masquer que Liam Neeson, 62 ans, n’est plus au sommet de sa forme mais
le remède n’est-il pas pire que le mal ? Surtout, ils s'y sont mis à 2. Y avait 2 monteurs sur ce film ! Taken 3 est devenu le symbole de ce
trend dans les films d’action où la chorégraphie est sabotée au profit d’un montage
illisible pour donner l’illusion du mouvement. Tant qu’à sauter une clôture, je préfère
encore les scènes de la Trilogie Cornetto. L’action qui bégaye Mais que ce passe-t-il si au
lieu d’ultracutter toute une chorégraphie jusqu’à la rendre illisible,
on ultracutte toujours le même mouvement ? Le même ? A répétition ? Pièce à conviction : Kill Switch, un
direct-to-video avec Steven Seagal. Et là nous pénétrons de plain-pied dans le nanar. Dans Kill Switch, Seagal rejoue son rôle
habituel de flic qui casse les bras des méchants. Lors d’une scène d’anthologie, il
défenestre l’un d’entre eux et le monteur va avoir une idée bien à lui pour souligner l’impact dramatique de la scène. Avec cette scène, Kill Switch nous montre
une action qui littéralement bégaye. Kill Switch, c'est le mobile dans l’immobile. Et ça c'est unique y compris dans les annales du nanar. Vous remarquez que dans Kill Switch et Taken 3, c’est le rythme élevé des cuts
qui rend le truc monstrueux. RIP les yeux Mais jusqu’où peut-on aller ? Jusqu’où
peut-on cutter à fond ? Eh bien, un film a tenté de battre tous les records, et c’est Resident Evil Final Chapter. On ne peut même plus parler de mauvais goût, d’exécrable, de migraine, non, là,
on a atteint les limites absolues. Prenez votre Doliprane, vous allez voir ce qui se passe quand un monteur prend de
la meth bleue avant de taffer. J’ai revu la scène à vitesse 0.25 et en
appuyant sur pause à chaque cut. Eh bien, il m’a fallu 3 tentatives pour compter les cuts. Et il y en a 180 en 68 secondes, c’est-à-dire,
presque 3 coupes/seconde, pendant 1 minute. Et toutes les scènes d'action du film sont comme ça.
Là on est dans le royaume de l’excès où tout devient possible, où les cuts sont tellement massifs
qu’ils recèlent même des trésors cachés, comme une règle des 180°
qui se fait bien enfoncer. Mon seul regret, à part que ça fasse mal aux mirettes et que ça foire la chorégraphie, c’est que ça gâche la vision du réalisateur. On peut détester les films de Paul W.S. Anderson
mais en tant que gamer passionné, il a toujours revendiqué moins de faire des films classiques
que d’émuler au cinéma les sensations d’un joueur. Quelle que soit la qualité de ces films,
c’est une démarche originale, qui a sa valeur. C’est ça que je regrette dans ce montage : Trop de style tue le style il manque un élément classique du montage nanar : le côté random. Quand le montage enchaîne des images et effets qui n'ont rien à faire là et qui ont trouvé leur chemin dans le métrage. Et là, la pièce à conviction s’appelle Catwoman. Catwoman est souvent considéré comme
un des pires films de superhéros, mais dans sa scène de basketball,
déjà cuttée à plus d’1 coupe/seconde, le film commet l’exploit d’enchaîner des
plans et des visuels effets sans queue ni tête tel un mauvais clip de R&B. Ça, c’est du montage nanar, où ce n’est
même pas l’ultracuttage qui est le plus notable mais bien la surcharge d’effets et d’éléments cringe. Montage alterné 0.0 Et en matière de plans random, on n’a pas fait vraiment mieux
que The Last Slumber Party. Film d’horreur fauché aux blés de 1988,
The Last Slumber Party prend vos ados plus ou moins tête à claques et vous les place
dans la même maison qu’un tueur maniaque. Soporifique, le film tente de maintenir
éveillé grâce à un montage alterné mais avec une exécution tellement erratique qu’elle
en devient hilarante. Pour preuve, cette scène. C'est touchant parce qu'on sent que les monteurs connaissent
les vertus du montage alterné, la nécessité de ne pas trop cutter pour laisser respirer l'action. mais ou leur incompétence ou celle du réalisateur
les empêche d’être efficace… ou plutôt si, ils sont efficaces, juste d’une manière déviante. Et ça c’est beau Une scène de mort iconique Mais il y a encore plus lent. Golden Karate
Girl, un film d’arts martiaux turc de 1974 où une femme devient policière pour
tuer les assassins de son père. Dans une fameuse scène souvent qualifiée
comme la pire mort de l’histoire du cinéma, un incroyable carrefour de talents se produit : un jeu d’acteur foireux, des ralentis
interminables, des décors tristounes, et surtout une scène d’agonie
qui n’en finit pas de finir. Si vous avez connu le YouTube du début 2010, vous savez que cette scène a été truquée
pour rajouter un faux cri d'horreur * Polka de Princesse Hyacinthe (Oskar Nedbal) * Suite n° 2 de P.I. Tchaïkovski (3e mvt) * Concerto a cinque n° 1 op. 5 (T. Albinoni) * Hide and Seek (Imogen Heap) Cette scène, c'est une manière de dilater le temps moins pour nous impressionner que pour nous faire marrer.
C'est du grand montage nanar. Le caméraman s’endort *Aquarium (Camille Saint-Saëns) Mais existe-t-il plus lent ? Plus lent que ce qu'on vient de voir ? Je vous présente un film fameux pour être candidat au titre de pire film de tous les temps : Manos the Hands of Fate. Devenu culte depuis qu’il fut diffusé dans
l’anthologie Mystery Science Theater 3000, Manos the Hands of Fate est célèbre pour son amateurisme total, son équipe
technique rachitique complètement aux fraises et surtout sa lenteur frustrante. La lenteur du film est telle qu’elle aboutit à
des plans fixes interminables sur une peinture. Je veux dire, tu peux dans un acte
radical faire un film d’1h avec 40 minutes de noir et 20 minutes de
messages fixes déclamés hors écran, faire un film où tu débites un texte en
zoomant juste sur des parties d’une photo ou encore un film autobiographique où tu entends des déclarations bouleversantes
en fixant une image bleue. Mais dans un film standard, classique,
cette caméra immobile devant une peinture si mal foutue qu’elle rend
la scène plus drôle qu’effrayante, c’est une nouvelle vision du cinéma, qui provoque le rire d’accord,
mais qu’on n’a jamais vu ailleurs. Le montage ultime Et là vous me dites, mais Binge, tu nous
a montré des films, d’ordinaire tu parles séries, y a-t-il un montage nanar de série ? Eh bien j’ai gardé le meilleur pour la
fin, avec le soap opera indien Kasahm Se. * Toccata de l’Orfeo (Claudio Monteverdi) * Concerto Brandebourgeois
n° 3 de J.S. Bach (1er mvt) Les soap operas quotidiens, à leur aurore étaient surtout
regardés par des femmes au foyer. Et encore aujourd’hui, c’est un
public de personnes qui restent à la maison qui sont visés par les soap operas. Vu que ce public n’est pas collé à l’écran, hein, faut faire la cuisine, s’occuper des enfants,
faire le ménage, passer d’une salle à l’autre, il ne faut pas que la ménagère
ou même le ménager perde le fil. C’est pour ça que les soap quotidiens sont très
répétitifs, aux effets surlignés au feutre rouge, des jingles inquiétants qui disent
« Attention moment important », avec des tonnes de dialogues
qui avancent à pas de tortue, tout ça pour que le public ne soit pas perdu. * Toccata de l’Orfeo (Claudio Monteverdi) Les soap américains et européens l’ont bien
compris et les soap indiens aussi… sauf que eux, ils l’ont vraiment compris.
Ils vont y aller à la truelle. Voici donc comment un personnage inquiétant
est introduit dans l’épisode 324 de Kasahm Se. Tout est magique, c’est comme si les
monteurs avaient décidé d’utiliser tous les effets et transitions vidéos de
Windows Movie Maker et les avaient assemblés. Toujours du même soap, un extrait de l’épisode 344 décrivant le coup de foudre d’un des personnages : Quels sont tes exemples préférés
de montages nanar ? Réponds-moi en commentaire et on se dit à bientôt. Salut ! * Une plaisanterie musicale
de W.A. Mozart (4e mvt)