Bonsoir à tous et à toutes merci d'être venu
pour cette rencontre autour du livre de Miguel Bonnefoy l'inventeur paru chez rivage à la rentrée
2022 et nous sommes là dans le cadre du festival lettre du monde bonsoir Miguel merci beaucoup
alors on se retrouve aujourd'hui pour parler de l'inventeur vous revenez en librairie avec
ce roman qui nous compte le destin de Augustin Mouchot un inventeur de la fin du 20e siècle et
qui a découvert le pouvoir de l'énergie solaire et a inventer une machine pouvant créer de la
vapeur sans utiliser de combustion avec du feu ou du charbon par exemple mais en utilisant le
rayonnement des rayons du soleil quelque chose qui aujourd'hui nous paraît évidemment très simple
en tout cas quelque chose auquel on est à laquelle on est familier mais qui ne l'était pas évident
et à l'époque et cette carrière de scientifiques va être compromise par un siècle en expansion qui
est surtout en fait tourner vers le charbon donc Augustin mouchaud devient un héros oublié que vous
ressuscitez dans ce roman alors la littérature est une affaire de rencontre donc la première question
est très évidente comment l'avez-vous rencontré j'ai rencontré Augustin mouchaud en faisant des
rencontres littéraires pour le livre précédent après une rencontre plus ou moins comme
celle-ci je n'arrive plus à me souvenir dans quelle ville je suis revenu à l'hôtel
j'étais oasis je n'avais pas envie de lire et donc j'ai pris mon ordinateur pour regarder
une série documentaire sur la vulgarisation de l'astrophysique et sur la planète qui s'appelle
cosmos de Neil degrastes National Geographic ils essayent en effet de parler de
l'infiniment grand de l'infiniment petit et puis dans l'épisode consacré au soleil
alors que le présentateur essayait de faire l'éventail de tous les inventeurs innovateurs
et découvreurs qui s'étaient intéressés au soleil depuis Archimède depuis les Grecs anciens
jusqu'au photovoltaïque et jusqu'à Félix Thrones en passant par le 19e siècle il tombe sur 1878
évoque l'Exposition universelle et raconte qu'il y a eu un homme un certain Augustin
mouchaud qui serait parvenu à faire un bloc de glace avec la seule force du soleil grâce
à une machine solaire qu'il avait inventée aussitôt alors je m'intéresse aux personnages
en regardant sur internet et je me rends compte qu'il y a que 5 lignes sur Wikipédia que personne
n'a écrit sur lui je tape sur gallica.fr qui est la bibliothèque numérique de la BNF et je me
rends compte qu'il y a presque 400 documents magazines Gazette journaux sur lui je me dis mais
comment c'est possible qu'un homme qui était aussi connu au 19e siècle soit entièrement tombé dans
l'oubli au 20e siècle alors qu'il a été pionnier de l'énergie solaire dans les deux siècles dernier
ou ainsi que Laetitia du charbon et celui-ci du pétrole comment est-ce que cet homme est passé
comme ça entre les filets en plus je m'intéresse davantage à lui je me rends compte c'est un homme
timide flégmatique chétif Rabou gris un homme avec une mauvaise peau qui parlait mal maladie fragile
je me dis mais c'est exactement l'opposé du soleil donc cet homme là froid c'est intéressé
à la chaleur cet homme de l'ombre s'est intéressé à la lumière le contraste le
croisement l'oxymore et beaucoup trop beau j'observe aussi que il est allé il a été envoyé
en Algérie quand l'Algérie était française dans l'économie française pour lever les nappes
phréatiques aider à l'agriculture et que là-bas il est tombé aveugle c'est à force de regarder le
soleil je me dis en plus il y a un côté il caresse c'est un personnage mythologique alors figure-toi
que j'ai décidé d'aller me rendre à ce mur en Auxois là où il était né en Bourgogne pour
voir s'il restait quelque chose des traces de la famille Mouchot j'arrive j'avais contacté
un homme de l'Académie des Sciences pour pouvoir m'ouvrir la tour de l'or le d'or où se trouve
une de ces machines solaires la machine solaire était dans le fond du tout de la tour de l'or
LEDOR entourée de toile d'araignée de poussière je descends à la petite bibliothèque de
l'Académie des Sciences on me dit qu'il y a une chemise sur Mouchot et je vois qu'il est en effet
quelques documents dessus mais pas grand chose et notamment un fascicule des amis
d'Augustin mouchaud une association qui avait existé dans les années 80 au dos dit
adresse postale des membres de l'association je décide tout simplement d'envoyer des
bouteilles à la mer j'ai créé une lettre en disant je m'appelle Miguel belfois j'écris des
livres et je m'intéresse à Augustin mouchaud si vous vous avez des informations des documents
ça pourrait m'intéresser voici mon mail voici mon numéro de téléphone j'envoie 10 bouteilles
à la mer 9 me reviennent avec le tampon de la poste où il y a gris cette adresse n'existe
plus ou cette personne n'existe plus et sur mon téléphone quelques jours plus tard un message
vocal je vais vous le message vocal et j'entends une voix qui me vient d'un autre monde d'un
autre siècle comme ça une certaine Marion Mouchot arrière petite nièce d'Augustin mouchaud
qui me dit mais qui s'intéresse aux vieux Mouchot moi j'habite à l'hôtel de ville j'ai quelques
documents ça pourrait vous intéresser ah oui bien entendu ça pourrait m'intéresser le covid
arrive elle me rappelle en disant qu'elle préfère ne pas me rencontrer car c'était un moment
anxiogène et délicat elle est dit toutefois ma fille Marianne Michaud elle pourra vous donner
des informations je rencontre madre qui me dit qui s'intéresse aux vieux mouchots ma
figurez-vous que moi je travaille pour le Larousse des noms propres et j'essaie
depuis des années de faire entrer le nom de Michao dans le Larousse des noms propres mais
la commission refuse toujours parce qu'il n'y a pas assez de documents pour pouvoir le faire
entrer dans le patrimoine scientifique français alors peut-être votre livre pourra
aider pour être l'élément déclencheur de cette nouvelle aventure ainsi que et peut-être
l'élément de Semur-en-Auxois la rencontre avec cette dame le fait que ce personnage était
si oxymorique et si contrastée et qu'il y avait là peut-être un roman en devenir m'a
donné l'idée le désir ardent comme ça de tâtonner à l'aveugle ce personnage essayer de
suivre son itinéraire et son circuit de vie injecter un peu de fiction et en faire un livre
et pour finir là-dessus et excusez moi d'avoir été un peu long si vous voulez tout savoir
j'ai reçu la nouvelle il y a une semaine à Tours là où il a vécu pendant un temps et où
il a construit sa première machine solaire semblerait qu'ils vont faire une plaque rue
Bernard Palissy sur Augustin mouchaud et le maire de Tours m'a demandé de l'inaugurer c'est
quand même drôle enfin c'est que tout ceci soit parti d'un d'un d'une série documentaire sur
l'astrophysique dans lequel tu te retrouves à côté du maire de Tours une plaque sur un scientifique
français très Second Empire alors que moi je viens d'un monde caribéen tropical et latino américain
et je n'ai rien à voir avec cette affaire est-ce que la parce que il y a évidemment ce
travail de recherche d'ailleurs je pense que on aimerait savoir si ça a été difficile mais surtout
en fait c'est un personnage réel il faut lui donner une dimension romanesque est-ce que c'est
difficile de lui donner cette dimension romanesque ou est-ce que c'est très simple vu son caractère
oxymorique alors c'est une très belle question et je pense que j'ai mis autant d'efforts de temps
et de dévouement à essayer de bien structurer les différentes recherches dans les archives
municipales dans les registres sur la bibliothèque numérique de la BNF qu'à essayer justement de
donner une fluidité romanesque à essayer de donner un déroulé narratif qui soit suffisamment
fort pour pouvoir tenir le lecteur jusqu'au bout le personnage lui-même est un homme qui n'a pas
eu d'enfant n'a presque pas voyagé n'a eu qu'un mariage de convenance tardif à la fin de sa
vie on en parlera peut-être un homme dont on a aucune correspondance épistolaire sur un
dialogue qui aurait pu avoir avec d'autres inventeurs d'autres scientifiques fascinant de
son siècle ou avec d'autres philosophes ou avec d'autres écrivains ou avec d'autres musiciens pas
une ligne sur les couchers de soleil qu'on peut trouver dans différents endroits en France
puisqu'il a été pendant ici et là tantôt à Dijon tantôt à tour tantôt à Paris tantôt un
peu à Marseille tantôt également en Algérie on ne sait pas s'il aimait le vin ou pas s'il
aimait le soleil ou pas s'il aimait la poésie si il met les femmes c'est le métal on ne sait rien
de ce personnage qui était une sorte de de rat de laboratoire et de d'ateliers qui étaient avec
ténacité et persévérance silence et mutisme en train de construire une gigantesque cathédrale de
miroir pour pouvoir bouillir de l'eau à la seule force du soleil faire de la vapeur et actionner
des machines à vapeur pour entrer lui-même dans la révolution industrielle c'est la seule chose
qu'on sait de lui il n'y a qu'une seule photo petit monsieur comme ça avec une longue
moustache comme celle de Napoléon III qu'on appelait les moustaches en guidon
avec une l'aube d'une calvitie un petit nœud papillon un trois pièces mauvais
en feutre comme ça un regard inquiétant donc pour pouvoir travailler sur ce
personnage avec la quantité de passage de sa vie qui était inintéressant beaucoup
de creux de moments de molles je me rendais compte à quel point et bien il fallait non
pas injecter de la fiction puisque tout est vrai et c'est le pacte que tu fais avec
le lecteur de dire je vais vous raconter une histoire vraie donc fatalement tu ne peux
pas te mettre à inventer des nouvelles choses mais toutefois j'étais tenté de temps en temps
de pouvoir faire davantage un portrait de siècle essayer de prendre un personnage secondaire et
le suivre pendant un temps pour pouvoir gagner quelques quelques années assez un homme qui
passe six ans à construire une machine bon bah c'est juste un homme qui est au fond d'une d'une
arrière-cour en train de serrer des boulons et en train de était clocher des chaudières mais
ça ça donne pour une bonne page mais pas pour 30 donc comment on fait pour justement créer
une sorte de bonne équilibre de bon dosage je vous donne également un exemple il y a
un passage algérien dans lequel encore une fois et part en Algérie pour pouvoir nourrir
sa machine je suis allé à Aix-en-Provence où se trouve les archives municipales de toutes les
colonies françaises tout ce qui a à voir avec les colonies françaises et à Aix-en-Provence dans
une magnifique endroit qui sort de d'archives qui ressemble à un grand bateau un grand navire
j'ai contacté un monsieur archiviste d'accent Provence spécialisé par le l'Algérie en lui disant
m'intéresserait pouvoir retrouver des traces de ce vieux Mouchot on se donne rendez-vous à Aix moi je
prends Airbnb pendant 4-5 jours à Aix-en-Provence pour être consacré à cette recherche avec le
monsieur la première heure sur l'ordinateur nous ne trouvons rien la deuxième heure rien
troisième heure rien rien et je sens monter en lui un défi un challenge personnel de dire à
travers moi je suis spécialiste de l'Algérie exactement de ce siècle si ce monsieur musho
est passé par là à un moment je le retrouverai le jour suivant je reviens on cherche on cherche
on va dans les fins fonds comme ça allez allez dans les dans les entrailles des
archives les colonies françaises peindre on a passé quatre jours on a rien trouvé je rentre bien sûr au Airbnb j'appelle mon
éditrice et je dis oui je n'ai rien trouvé en Algérie pour musho je pense que ça doit ça va
compromettre le livre parce que c'est un passage important donc je n'ai rien trouvé et elle m'a
répondu mon cher ami fait ce pourquoi je te paye et quelque part j'ai trouvé ça beau de d'avoir
une sorte d'autorisation de faire le travail de romancier qui est celui non pas de copier
la réalité mais de l'exprimer en passant par d'autres filtres en passant par d'autres
chemins en passant par une autre langue on se permettant des luxuriances des l'irismes on se
permettant des ricochets et des explosions qui peut-être pouvaient donner davantage de baroques
à une scène qu'il n'avait pas été mais qui reste toutefois vraisemblable donc l'équilibre a
été là trouver de la fiction vraisemblable et parfois essayer de brider la réalité qui elle
peut se permettre le luxe d'être invraisemblable d'ailleurs il y a ce donc l'étymologie du mot
inventeur c'est innvignon et ça veut dire ce qui vient à toi donc en parlant de ça il y a un
lien très fort entre l'inventeur de machines pour faire bouillir de l'eau avec de la vapeur etc avec
un romancier est-ce que vous êtes senti proche de ce personnage ou vu qu'il est aussi très chétif
très maladif est-ce que vous vous en sentez loin bonne santé et ce qui est beau en effet je trouve
très très belle manière de voir les choses et faire une sorte de porosité entre l'inventeur
scientifique et l'inventeur du romancier c'est que bien entendu il y a cette idée de ce qui vient
à toi en quelque sorte celui qui invente n'est pas celui qui sort quelque chose du néant tout à coup
d'une façon brusque et isolée et transcendante fait sortir quelque chose qui n'existait pas sinon
au contraire il est celui qui parvient tout à coup à saisir à attraper à réunir à rassembler un
hasard qui passe et qu'il décide de le transformer dans une matière dans une graine qu'il pose
dans un terrain un terreau fertile pour en faire quelque chose dans ce sens souvent les succès
scientifiques sont dus à des hasards et c'est pour ça qu'on parle de sérendipités et donc il y
a cette idée de tout simplement c'est passer par là et je l'ai saisi ce hasard mais comme le dit si
bien lui pasteur le hasard n'arrive qu'aux esprits préparés et c'est parce que ce monsieur Mouchot
autant d'autre avait passé 30 ans à tâtonner à chercher à étudier à faire des connexions ou
des Synaps des choses et qui est tout à coup par un malentendu de l'histoire par
des croisements par quelque chose qui tombe quelque chose qui bouge quelque
chose qui s'élève alors on découvre la pilule de contraception alors on découvre la
montgolfière alors on découvre l'anesthésie et toutes ces choses et donc même spectacle
pour motion c'est passé par hasard mais parce que c'était un homme qui s'était
déjà préparé pendant des années pour ça et bien de la même idée peut-être si on fait
une analogie en effet avec avec le romancier ou avec tout artiste je pense en règle générale
et mon cas n'a rien d'extraordinaire et moi j'ai encore beaucoup de choses à écrire beaucoup de
choses à apprendre c'est que tout à coup lorsque un thème un sujet ou une belle idée et
dans l'air comme disait Nietzsche les grands problèmes courts les rues et dans l'air ça
passe devant tout le monde toute la journée dans le quotidien on a tous sans cesse des hasards
qui passent et qu'on décide de saisir ou pas mais peut-être à cet instant parce que tu
t'es préparé pendant des années parce que tu as écrit des livres parce que tu t'es
intéressé à des personnages qui créent des entreprises désespérées voués à l'échec et qui
pourtant ils vont avec la rapière à la main la fleur au fusil le cœur au vent en disant je vais
aller conquérir ça comme cet homme qui décide de conquérir le soleil en sachant que c'est voué
à l'échec mais tu t'es déjà intéressé à des personnages comme ça parce que il y a quelque
chose de l'oxymore que j'avais déjà exploré dans d'autres livres avec d'autres personnages
parce qu'il y a plusieurs éléments qui tout à coup sera éparpillés alors ça se rassemble comme
ça en une idée en un documentaire que tu vois et tu dis ah mais voilà ce ce hasard qui est venu
à moi et que je décide de saisir c'est aussi une affaire de temporalité parce qu'à ce moment là
j'étais en train de chercher peut-être un thème j'étais je venais de finir un roman j'en avais
pas commencé un autre et du coup c'est juste dans un moment où c'est plus ouvert pour attraper
des choses et ça arrive peut-être il est arrivé un an plus tard j'aurais eu la tête dans un
autre livre et tu ne le vois même pas passer et ça arrive souvent aussi que lorsque le livre
est déjà publié tu te rends compte que ton livre aurait été meilleur bien plus tard parce que tu
as de nouvelles informations qui arrivent et tu dis j'aurais pu compléter certaines scènes dans
mon précédent roman par exemple je prends cet exemple il est parfois plus simple de passer par
l'anecdote que par la théorie je me souviens que pour le livre que j'avais écrit héritage qui en
partie parlent de la crise du phylloxéra en France non ce puceron venu des États-Unis qui a décimé
toute une viticulture française et à Bordeaux je sais que vous savez très bien de quoi je parle
j'ai fait ma scène j'écris la page sur le filoxéra etc en faisant toutes les recherches et toutes les
lectures nécessaires et puis je publie le livre et un an plus tard dans des rencontres les erreurs
quelqu'un me dit ah vous savez on m'avait raconté près de chez moi là où il y a des vignes qu'à
l'époque du phyloxéra ont demandé au collégien et au lycéens d'aller pisser sur les sur les
cèpes et sur les pieds de vigne par exemple était noyé par l'urine et ça pouvait les sauver
je lui disais comme j'aurais aimé avoir eu cette information j'adorerais avoir une scène comme ça
avec des fils de collégiens en train de pisser sur la vigne pour sauver le vin français vous
voyez j'aurais adoré avoir une scène comme ça mais le livre est déjà publié quel dommage c'est
aussi une affaire de temporalité à quel moment tu arrives une scène à quel moment aussi tu appelles
livre qui te tombe dessus et tu dis ah bah il est parfait c'est exactement le ton de musique que
je veux donner pour ma langue c'est exactement la partition qu'il me faut et alors ça te permet
d'avoir un livre diapason quand tu te perds un peu dans ta langue tu reviens à lui mais ça
se trouve tu tombes pas sur ce livre tu ne tomberais que 10 ans plus tard si c'est dommage
si j'avais eu ce livre j'aurais pu le livre aurait été encore meilleur donc dans ce sens les
livres sont toujours imparfaits et heureusement parce qu'ils sont toujours un livre de moins
un livre de moins jusqu'à arriver un livre qui sera parfaitement abouti mais peut-être que
tu as l'élégance de mourir avant de l'écrire cette thématique du hasard parce que mon show dans
tout au long du texte en fait il y a vraiment ce cette dualité entre le hasard et la chance parce
qu'il a déjà il tombe sur ce destin d'inventeur c'était pas forcément prévu pour lui c'est un
fils de Serrurier de d'une origine très humble il devient prof de maths il tombe sur un appartement
dans lequel il y a une énorme bibliothèque qui va l'intéresser à tout ça et même en fait quand les
premières machines qu'il construit il va falloir la rencontre d'un général de l'armée qui lui voit
dans la machine une manière de d'organiser mieux le réapprovisionnement des troupes et surtout
en fait de pas signaler la position d'une troupe militaire en pleine campagne alors que moucho
lui l'imagine tout de suite quelque chose de très industriel lié à son siècle et cette notion
de hasard en fait elle est elle est tout le temps présente et pourtant tout au long du texte on
a l'impression que ce pauvre garçon quoi il est pas né dans le bon siècle clairement s'il était
né dans les années 60 ou même d'être les années 1950 avec l'expansion de l'énergie solaire etc
il aurait forcément eu la réussite et pourtant j'ai entendu une interview de vous à la radio ou
le journaliste pose cette même question et vous lui répondez en fait non il est né au bon moment
au parfait bon moment qu'est-ce que ça signifie et bien en quelque sorte le pied de nez du
titre et que il n'a rien inventé il n'a fait que coupler deux machines à une époque
où tout est mu par la machine à vapeur et bien la seule façon de créer un dynamo de créer
une révolution de créer un mouvement de créer un premier moteur en quelque sorte et soit la force
animale soit la vapeur pour faire de la vapeur et bien il faut bouillir de l'eau pour faire bouillir
de l'eau il faut du feu et pour faire du feu il faut soit du charbon soit du bois soit là où il
soit du gaz enfin ça il faut une matière fossile ça c'est la situation du 19e siècle lorsque
lui arrive avec une machine solaire c'est une machine solaire qui existe déjà depuis Archimède
un cuiseur solaire ou une marmite solaire on sait déjà depuis longtemps que lorsque les rayons
du soleil réfléchissent sur une surface ils augmentent sa température mais même les enfants
peuvent le faire avec une loupe pour essayer de faire brûler des feuilles mortes enfin c'est un
classique ça n'a rien incroyable Archimède lors du siège de Syracuse tourne des miroirs en cuivre
vers la flotte ennemie pour pouvoir l'incendier c'est vieux comme le monde et se disent c'est
très bien il y a un système d'effet de serre à faire dans laquelle on prend plusieurs miroirs
pour pouvoir réfléchir ce faisceau lumineux qui du coup va augmenter sa chaleur qui tape sur une
chaudière qui elle est pleine d'eau et si on la cloche et bien ça crée un système d'effet de serre
dans lequel la chaleur elle ne peut pas ressortir et ça chauffe plus vite ça chauffe lui et ça fait
donc de la vapeur mais un siècle autrefois où il n'avait pas la machine à vapeur faire de
la vapeur toute seule n'avait aucun intérêt l'idée de nous chaude tout simplement
de croiser deux machines qui existent déjà et de dire mais en fait on peut créer un
mouvement de Dynamo avec du soleil résultat des courses et c'est ça ce qu'il propose
donc dans ce sens si il est arrivé plus tôt quand il n'y avait pas encore la machine à vapeur
son cuiseur et sa marmite solaire enfin sa machine solaire n'aurait fonctionné à rien et s'il était
arrivé plus tard lorsque le moteur a explosion était déjà arrivé ou qu'on avait déjà découvert
le pétrole et bien encore une fois ça machine ne servirait à rien ou même le photovoltaïque
puisque fauteuil est une affaire de lumière fatalement de chaleur donc encore une fois il
est exactement là où il doit être dans le sens où c'est l'homme qui arrive à coupler deux machines
qui existent dans ce siècle là très précisément il y a cette belle phrase qui me fait
penser dans les mémoires d'Adrien de Marguerite Yourcenar elle évoque une phrase de
Flaubert très belle qui dit les dieux n'étant plus le Christ pas encore il y a eu un instant de
l'histoire pendant 200 ans où l'homme a été seul il place son livre là et je pense qu'on
pourrait presque faire une sorte d'analogie avec mouchaux c'est-à-dire qu'il y a eu un
moment de l'histoire dans lequel la machine à vapeur était absolument essentielle dans lequel
le charbon était cher dans lequel n'aurait pas encore découvert Nil pétrole du moteur explosion
et juste tout s'aligner pour qu'il y ait quelqu'un qui invente ce qu'aujourd'hui on appellerait
une énergie verte une énergie responsable une énergie propre et tout ça et la deuxième partie
de ta question qui est très belle aussi qui est celle du hasard tu vois dans laquelle on se rend
compte que tout est hasard aussi dans sa vie et je la trouve très intéressante parce que figure-toi
qu'en faisant des recherches dans les différents archives j'étais surpris de me rendre compte
que sa vie elle avait été une sorte de grand ascenseur émotionnel ou tantôt il était applaudi
célébré tantôt il était vilipendé par tout le monde est mis à bas il avait de temps en temps
et des grands instants d'apothéose avec toute la presse avec la Légion d'honneur avec la médaille
d'or de l'Exposition universelle avec Napoléon III qui le reçoit avec ce général d'artillerie
Verchères d'origine qui lui ouvre les ateliers à l'intérieur de Meudon et à côté de ça des moments
où dans la presse on le traite de tous les noms des moments où on lui rachète ses brevets la fin
de Mouchot est sinistre et sournoise et tout à coup on se rend compte à quel point il est sans
cesse dans un jeu comme ça je me disais c'est fou comment sa vie n'est qu'une succession de petits
hasards qui lui ont permis de continuer un peu à survivre avant de vraiment finir très mal mais
quelque part et bien sûr moi qui suis un grand lecteur de littérature latérature américaine et
un grand lecteur de Bourges qui a dit ah le destin point d'interrogation ah oui c'est c'est donc le
l'autre nom que vous donnez à la somme des hasards et la phrase est belle parce que je voyais en
effet cette somme de hasard comme finalement une sorte de grande fresque de destinée humaine
et ce personnage qui avait quelque chose de encore une fois il caresse que donc mythologie
quelque part il était prometé un aussi puisqu'il est en train de voler le feu de l'Olympe
pour la donner aux hommes mais en quelque sorte c'est aussi voler le feu du soleil pour
en faire de l'énergie et participer à la folie gourmande de cette révolution industrielle un
côté Orphée puisqu'il finit sa vie aveugle il y a comme ça plusieurs figures mythologiques
qui peuvent se calquer à celle de mouchaux et dans la mythologie tous les personnages
lorsqu'il naissent on l'annonce déjà de leur mort et on sait exactement ce qui va
se passer il y a quelque chose de œdipe et donc ils appellent ça il me semble que les
latins ont repris par fatum qui a donné bien sûr la fatalité et ce personnage saisie fait un
comme ça enfermé dans sa propre condition dans sa propre destinée qui quoi qu'il fasse de
toute façon il ne pourra jamais conquérir le soleil parce que ce moucheron ivre qui vole
vers la lumière ne pourra jamais réellement conquérir l'astre le plus important mais il y
va quand même il y a une forme de destinée et c'était drôle de se rendre compte que ça désigne
n'était que la somme de plusieurs hasards donc ça c'est un des aspects qui m'avait plus aussi
au point que toutes les métaphores que toutes les comparaisons que tous les clins d'oeil que
j'essaie de faire hors de mouchots sont toujours des clins d'oeil soit bibliques soit mythologique
mais en essayant de garder cette ce parfum des récifs fondateurs et ne pas faire sans cesse
référence avec les scientifiques de son siècle on va en parler d'ailleurs parce que la mythologie
c'est quand même une des thématiques que vous abordez régulièrement dans vos oeuvres il y a
évidemment dans la partie enfin latino de votre œuvre vous en parlez beaucoup et là il y
a beaucoup de références effectivement on en a parlé Prométhée Ikar il y a la
machine qui est même vue à un moment donné comme un cyclope donc il y a
plein de références à tout ça donc [Musique] en quoi la mythologie ça fascine autant
et on voit à travers plein d'écrivains qu'elle peut être en lien tout le temps avec un avec
notre époque contemporaine qu'est ce qui vous intéresse dans dans cet aspect là bien sûr que
on est encore une fois c'est mon cas n'est pas du tout extraordinaire et vous faites tu fais
très bien de dire que tant d'écrivains sont en train d'essayer comme ils peuvent de s'accouder de
s'adosser à la mythologie et ça fait finalement et partie de toutes les histoires qu'on raconte
sans cesse il y a pas longtemps j'étais en train de relire les métamorphoses Ovide
je tombe sur l'histoire de piram et this B c'est calqué sur Roméo et Juliette et je me
disais Shakespeare n'a pas pu ne pas lire les métamorphoses à un moment ou un autre il a dû
tomber sur l'histoire de pirate métisse B et ce n'est pas possible qu'il n'est pas plus faire
un lien et ce n'est finalement qu'une sorte de grande réécriture et peut-être aussi cette
fascination pour la réécriture vient d'un tout premier texte et d'un écrivain qui m'a beaucoup
façonné adolescent lorsque tu es en train de créer tes premières architectures mentales et lorsque
tu travailles aussi tes premières passions tes premières urgences tes premières vitesses et
je pense à rouler au quotas que vous connaissez peut-être Cortazar et qui est un écrivain argentin
et comme qui ont vécu plus ou moins au même moment mais l'un et l'autre était et il écrit une très
belle pièce de théâtre qui s'appelle l'oreille les rois de théâtre un peu à part dans son travail
d'écrivain puisqu'il a essentiellement travaillé autour de marelles et aussi de quelques nouvelles
et quelques romans mais l'oreiller est moins connu et laisser tout simplement de faire une grande
réécriture du mythe de minor dans l'oreille vous connaissez bien sûr l'histoire du mini
Dominator et je n'ai pas besoin ici de la de la refaire de vous la redire toutefois essaye
de prendre le contre-pied en montrant que le Minotaure est bien n'est pas le monstre qu'on
imagine mais c'est le poète c'est le poète qui dénonce les exactions de Minos roi de Crète qui
est en train de faire des horreurs comme dans tout le régime totalitaire ou tyrannique alors on
enferme le Minotaure dans le labyrinthe comme on enfermerait des poètes ou des intellectuels dans
des hôpitaux psychiatriques ou dans des prisons Thésée et bien sûr envoyer par le roi
pour tuer le Minotaure et donc il y a les caractéristiques d'un parfait fasciste
qui va en effet dans le labyrinthe pour aller tuer le Minotaure et montrer la tête
au monde entier la victoire du totalitarisme dans la pièce de théâtre il y a la scène finale
elle fait presque la moitié de la pièce qui est bien sûr la rencontre entre Thésée et le
Minotaure là où il se trouve devant labyrinthe le Minotaure est devant lui des essores sont
épais lui dit défends-toi monstre lui dit mais me défendre pourquoi si moi je gagne ce combat
entre nous et je sors du labyrinthe où veux-tu que j'aille tu veux que j'aille m'enfermer
dans l'autre labyrinthe qui celui du regard des hommes qui est celui du doigt pointé qui
est celui du mal comme récit collectif le monde ici je suis roi dans mon petit royaume ici le
vent accepte mon visage et l'eau reçoit mon baiser alors pourquoi veux-tu que je me déforme fais
ce que tu dois faire et ne parle pas autant et la pièce finit comme ça moi
je me souviens avoir lu cette pièce et l'oreille et de cortas
elle m'a dit mon ami tout est là non seulement dans la réécriture du mythe mais
également dans la modernité du mythe dans l'éclat contemporain du mythe et lui ne s'était pas
rendu compte qu'il était en train de faire une œuvre politique en écrivant ça lui raconte que
simplement il a eu cette espèce de message qui lui est venu selon lui avec en évoquant young
de ses chromosomes mais que c'est une sorte de message à tavik que lui envoyer un ancêtre romain
comme ça ou grec pour pouvoir lui donner en effet cette idée de c'est pourquoi le texte est écrit
avec une langue différente de ces autres textes mais lui ne s'était pas rendu compte de cette
multiplicité de la lecture et je me permets je ne résiste pas à la tentation de vous raconter ceci
aussi mais c'est vraiment parce que vous insistez lui-même raconte aussi que lors d'un rêve qu'il fait il imagine enfin il a écrit une nouvelle s'appelle
la casse à Thomas la maison prise il dit celui que le résultat d'un rêve je fais le rêve que je suis
dans une maison et qu'il y a dans l'autre chambre la peur la peur avec un P majuscule la peur dans
son attaque le plus brut la peur que ce n'est pas une odeur ce n'est pas une couleur ce n'est pas
un son on ne sait pas exactement comment ça se déplace c'est juste la peur comme on l'a dans
les rêves et on sait que tout à coup quelque chose d'horrible va se passer tout de suite
et la peur comme ça se déplace immédiatement dans la chambre où il est donc lui apeuré se
déplace dans l'autre chambre la peur le suit et donc immédiatement descend les escaliers la peur
descend les escaliers aussi va dans la cuisine le poursuit dans la cuisine il va dans le salon etc
elle commence à occuper toute la maison et bien sûr la dernière porte et la porte du dehors il
ouvre la porte la ferme la ferme à clé et prend la clé la jette dans lequel niveau et la nouvelle
se finit comme ça dans l'espoir qu'un cambrioleur ne la trouve pas parce que s'il rentrait dans
la maison il serait né à né avec la peur et dit je me réveille immédiatement dans une très
belle interview qui donne dans la télé espagnole et il écrit la nouvelle en quelques heures
il dit et moi c'est tard on a on a ainsi on a un coup assis et puis le publie novel maison
prise qui est encore une fois que le résultat de lorsque la nouvelle est publiée tout le monde
dit ah voilà les écrivains qui avec allégorie et métaphore nous explique les situations politiques
d'aujourd'hui la maison est bien sûr la métaphore et le symbole de l'Argentine la peur est bien
sûr la dictature de villa et le monsieur qui est là et tout simplement l'intellectuel qui
est obligé de fuir de son pays et se retrouver dans un exil politique parce que la dictature la
jetée et quanta ça dit lui-même qu'il a trouvé très beau de voir que finalement c'était les
autres qui pouvaient lui expliquer son oeuvre que c'était le lecteur qui avait donné de
l'épaisseur qui avait donné du relief qui avait donné de la profondeur qui avait donné
qui avait souligné un aspect politique puissant que le texte n'avait pas à l'origine et je pense en effet que les récits fondateurs que
ce soit la Bible que ce soit Gilgamesh que ce soit la mythologie que ce soit Homère que ce soit les
Métamorphoses d'Ovide et puis ce qu'on en parlait tout à l'heure en effet et bien ils ont ce je ne
sais quoi de presque modélables d'être parvenu pendant presque 2000 ans à donner au lecteur
la possibilité d'y projeter de nouvelles choses et c'est là où je pense que c'est un des creusé
où vient de se fondre toutes les inspirations et c'est sans doute la raison pour laquelle autant
d'écrivains et encore une fois mon cas n'est pas extraordinaire puise dans la mythologie pour
essayer de comprendre le monde d'aujourd'hui tu exumes de l'oubli des figures d'hier pour
en faire les allégories les statues de demain et malgré ce goût pour la mythologie et pour
justement toute cette notion de politique qu'on peut lui appliquer etc le roman s'intéresse pas
pas du tout à ce parce que nous là on le voit comme championnat de l'énergie solaire ça peut
être très en lien avec le monde d'aujourd'hui il faut arrêter de juste utiliser les énergies
fossiles il faut faire du renouvelable etc mais vous tombez pas du tout là-dedans c'était un
évident de pas faire quelque chose de militants tout à fait et c'était vraiment le choix de ne
pas tomber dans l’écueil classique de faire un roman pamphlétaire de faire un roman a thèse
dans lequel on tire la couverture écolo de son côté pour essayer de surfer sur une nouvelle
mode d'essayer d'avoir l'air d'un activiste ou d'un militant et de faire le travail des
politologues et de et des économistes qui eux ont beaucoup plus de talents que moi et le font
beaucoup mieux que moi il fallait choisir entre en faire un roman qui soit peut-être suffisamment
symbolique pour que chacun y voit ce qu'il veut en donnant encore une fois à la place au lecteur
et à son intelligence pour que lui puisse faire les ponts les passerelles évidentes qu'il y
a avec les échos de problématique climatiques d'aujourd'hui mais ne pas tomber non plus
dans les chiffres à thèse et toutes ces choses beaucoup de livres s'écrivent aujourd'hui sur
l'activisme militante beaucoup de livres sur l'écologie des gens que moi je connais que
je respecte des livres que je lis et que je trouve fascinant mais je trouve que c'est
encore plus beau de voir que chacun a sa place et que parfois dans ce que Alice karabée Diane
appelle les utopies radicales la fiction peut être aussi un des éléments déclencheurs pour créer
quelque chose de nouveau les récits collectifs je pense aussi à mon ami Cyril Dion qui
lui évoque souvent le livre de Nancy Huston l'espèce fabulatrice dans laquelle
elle raconte en effet que finalement les êtres humains ont besoin de récits de fables et
de mythes pour pouvoir se construire un début une fin indénouement et que inventer des récits
a toujours été notre façon d'être au monde et que tout ce que nous vivons est une grande
construction sociale et il donne un bel exemple qui est celui de la conquête de la Lune en
1867 Jules Verne écrit son voyage vers la Lune on imagine une science-fiction totale à l'époque
personne ne pourrait croire que un jour ou un autre on pourra aller mettre un homme ou une
femme sur la lune quelques années plus tard lorsque le cinéma commence à faire ses premiers
balbutiements mais liesse fait son premier film où on a en effet une grande lune avec des yeux
avec une bouche et la fusée par qui lui tombe dans l'oeil et qui le remportent et on se dit
ah c'est drôle comment encore une c'est déjà inspiré non d'une fiction d'hier pour en faire
une nouvelle fiction mais presque un peu plus réalisable parce que là on la voit vraiment en
images presque 100 ans après la publication de Jules Verne on pose un premier homme sur la Lune
vous me direz il n'y a peut-être aucun lien mais c'est quand même curieux de se rendre compte que
tout ceci a commencé avec une fiction et il y a comme ça une quantité d'exemples délicieux qu'elle
donne dans ce très beau livre utopie radical où on voit à quel point toutes les utopies où toutes les
horizons désirables ont commencé à un moment ou un autre par de la fiction par du roman et que
finalement l'imagination et le premier moteur pour créer façonner agencer un nouveau
territoire qui serait celui du monde de demain je ne place pas du tout mon livre dans cette
héritage parce que vous pouvez imaginer mais je trouvais beau de faire presque le système
inverse de dire si hier il y avait des lanceurs d'alerte comme cet homme qui au 19e siècle était
déjà en train de proposer un nouveau drapeau et en train de dire attention le charbon et sa
licence épuisable tôt ou tard ça va finir par nous causer problème ça fait des pluies acides
ça fait des inondations au niveau des mines et donc des ouvriers meurent attention le charbon
n'est pas la solution sans essayer de tirer la couverture vers aujourd'hui et bien je pense
que tout le monde y verrait aussi un symbole et un activiste d'aujourd'hui ce roman il est on va parler peut-être un
peu plus de la construction de ce roman donc il y a toute cette dualité constante mais
surtout c'est un roman qui est en rupture avec l'Amérique latine qui était une des thématiques
présentes dans chacune de vos hommes et pourtant il y a des références aux autres romans et une
référence à Octavio du voyage d'Octavio devenu le fils d'un partenaire de mouchaud il y a
une référence à Michel René qui est vient de héritage dans dans la construction de votre
œuvre de votre œuvre globale pourquoi vous créez ces parallèles qu'est-ce que quel est cet
architecture que vous dressez au fil de vos textes et bien et j'aime cette idée de pouvoir faire
des connexions entre les livres de différentes traboules et des différentes passerelles je
pense que j'aime le voir dans d'autres livres et donc finalement on finit par écrire les
livres qu'on aime lire comme je le vois ici et là avec des connexions de personnages
avec était des réponses avec des jeux de miroir qui se font des en espagnol le mot est
encore plus beau c'est herpi ça se fait cette miroiterie comme ça le personnage et bien je
finis par le faire moi-même de mon côté j'ai déjà depuis longtemps et malheureusement j'ai
pas le carnet avec moi sinon je te l'aurais montré avec grand plaisir et à vous tous bien sûr
avec une sorte de grand arbre généalogique des des personnages qui qui habitent mon coeur
et qui depuis le premier roman je commence à mettre en place je savais déjà d'une certaine
manière que et là je vais dans le détail je suis désolé pour ceux qui connaissent pas ça deviendra
abstrait mais que le personnage devenait soit elle qui se retrouvait déjà dans Octave aller
réapparaître bien plus tard dans héritage et je suis en train de le développer beaucoup dans le
livre que je suis en train de faire maintenant et c'était en quelque sorte une aiguille que
j'avais plantée toujours avec un fil derrière je pensais également au barakamunter
je pensais également comme tu disais s'il y a Octavio Octavie au premier roman par
hasard j'avais choisi le nom de ce personnage et il se trouve que lorsque j'écrivais
mouchots j'étais tombé sur Suétone qui écrit sur les empereurs romains et j'avais
lu comme quoi Auguste premier qui s'appelait Octave disait qu'il était si beau aussi beau que
même le soleil devait baisser les yeux devant lui et je m'étais dit quelle belle phrase je l'avais
noté dans un coin puis tout à coup je vois que Augustin Mouchot construit une machine solaire et
donc je me dis si il construit une machine solaire il pourrait peut-être l'appeler car quelque
part j'avais entendu que les inventeurs du 19e pouvaient donner des petits noms à leur
machine principale pour la nommer comme ça non pour lui donner une sorte pour l'incarner
pourquoi ne pas l'appeler Octave puisque c'est une machine solaire donc fatalement le soleil
lui aussi devra baisser les yeux devant elle et naturellement Octave étant en espagnol je
me suis imaginé tout simplement mais c'est une sorte de petite coquetterie quoi enfin
c'est une fleur à la boutonnière ça c'est un petit pas dedans d'imaginer que le personnage de
Benoît bramon qui est tout simplement l'ouvrier d'Augustin Machaut ce serait trouvé malgré
lui après une nuit d'ivresse dans un bateau ne se serait pas réveillé que le bateau l'aurait
emmené au milieu de l'Atlantique qui se serait réveillé 17 heures plus tard avec une gueule
de bois insensée au milieu de l'Atlantique que se retrouve alors au Venezuela et qui finit
par être le père du personnage de Octavio et donc ça me permettait de faire une sorte de
relier comme ça les livres entre eux déjà dans héritage à la fin d'héritage le personnage de
Michel René se cachait dans différents endroits et comme je savais que j'allais écrire Mouchot
j'ai déjà intégré le premier pont la première arche si vous voulez en mettant le nom d'Augustin
mouchaux à la fin d'héritage qui permettait de travailler et dans Augustin mouchaud j'ai fait
donc l'autre côté de la harpe pour pouvoir faire le pont complet et bien sûr que je ne vous le
dirai pas naturellement mais si vous insistez je le dirai aussi enfin je suis tout à fait
corruptible mais il se trouve que dans le livre il y a déjà les ponts qui sont envoyés pour le
prochain et ce qui permet comme ça de créer des des pierres d'attentes comment construction ou tu
as comme ça des pierres d'attentes qui permettent l'immeuble mitoyen ensuite de se coller avec la
même pierre pour garder la le jointure ce sont des pierres d'attentes comme ça que je mets dans les
livres pour créer plus tard un ensemble qui soit cohérent qui soit collectif et véritablement
je sais déjà qu'elles sont plus ou moins les livres à venir j'ai déjà un peu posé les pièces
c'est comme des Dallas comme ça dans un royaume ou d'un château et je vous assure que le temps et
la santé pour pouvoir encore écrire pendant 30 ans le résultat va être malin vous verrez
je ne sais pas si ce sera réussi ou pas honnêtement je serai le dernier
de son sans doute pas mais habile donc malgré la rupture avec l'Amérique latine
l'inventeur s'inscrit dans cette grande fresque que vous êtes en train de dresser oui est-ce que
parce que alors je sais pas si tout le monde le sait mais vous avez une mère qui est vénézuélienne
un papa philien qui a fait le régime de Pinochet vous avez grandi entre le Portugal la France le
Chili et le Venezuela vous avez une grand-mère qui a fui les pogromes une famille paternelle
qui en fait est originaire de France donc vous parlez dans héritage notamment vous écrivez en
français et pas en espagnol vous êtes aussi en fait lié à cette double culture à la dualité
dont on a parlé tout au long de cette rencontre pour vous c'est essentiel de mixer toutes ces
choses dans votre oeuvre en tant et bien entendu qu'il y a quelque chose de rhizomique qu'il y a
été un travail de puiser de l'inspiration dans différentes cultures dans différentes traditions
et bien sûr dans différentes langues aussi ma langue maternelle n'est pas le français je pense
en espagnol je lis beaucoup en espagnol je jure en espagnol je compte en espagnol et ce qui
était intéressant c'est que en travaillant par exemple sur l'Amérique latine sur les
Caraïbes sur un imaginaire qui appartient à une langue spécifique qui elle déjà est une
langue syncrétique puisque elle a été mélangée non seulement de l'Espagne de l'espagnol de la
Real Akame espagnole mais également de l'angle indigènes qui se sont mêlés et de tout le travail
naturel mielleux sablonneux qui se fait avec la avec la mélasse des langues qui donne alors au
venezueliens par exemple une à part avec des régionalistes avec un vocabulaire et avec des mots
qui sont tirés apocryphes de différentes racines mais lorsque tu décides d'écrire en français
pour parler de tout ça et bien tout à coup tu te retrouves dans ce genre de confrontation
qui n'est pas un choc culturel et négatif sinon au contraire ça donne une sorte de
richesse délicieuse et ça t'oblige parfois en français à devoir emprunter des chemins de
traverse que tu n'aurais pas pris habituellement je vous donne par exemple un exemple la guacamai cet oiseau les trois couleurs avec son bec
magnifique et sa langue noire dont on dit que le cœur peut battre 100 ans qui est si lourd
que leur suspense sur une branche l'impression que c'est toute la forêt qui se tord avec lui quand on
dit qu'il est choisi qu'une monogame est choisie son couple à l'aube de sa vie et lorsque l'un
meurt l'autre meurt aussi un peu comme Johnny Cash dans le ventre phonétique du mot guacamaya
on retrouve déjà toutes ces couleurs et toute cette puissance comme ça tellurique
et organique en français le mot c'est naturellement ça a moins d'épaisseur
et lorsque vous voulez dire la guacama il y a pas ça va pour le ciel
et bien on a déjà ces trois couleurs comme ça qui passe et cette espèce de
d'aigle sublime tropicale comme ça et donc fatalement tu es obligé lorsque tu écris
ta page d'aller fouiller dans les poils et le ventre de la langue française pour essayer de
donner ce je ne sais quoi qui manquerait au mot et c'est là où ça devient intéressant c'est
là où le choc justement de ces différentes langues t'obliges à aller chercher un petit
peu dans dans le royaume de la langue française peut-être des mots d'hier pour essayer de les
dépoussiérer et les remettre au jour d'aujourd'hui et ça c'est quelque chose que j'ai observé
également avec [Musique] quand j'ai écrit le livre jungle quand j'ai écrit sucre noir
dans tout le monde du rhum qui est encore un autre vocabulaire avec les fermes distillerie
des Antilles qui est long un champ lexical et un vocabulaire très spécifique lorsqu'on lit par
exemple le très beau livre du voyage en Amérique de du père là-bas et on trouve un champ lexical
incroyable où on a l'impression que ce n'est pas du tout la même langue qu'on est en train de
lire que c'est un français tout à fait différent et c'est sans doute ce qui avait dû vivre tous
les écrivains du mouvement de la négritude que ce soit Léopold Sédar Senghor que ce soit Aimé
Césaire que ce soit Damas que ce soit Diop je parlais hier avec le délicieux Louis-Philippe
d'Alembert qui en parlait aussi et qui a haïtien avec cette idée de ils sont venus avec une
langue ils nous ont imposé une langue cette langue c'est mélangée avec d'autres langues
avec le créole avec des langues indigènes qui avaient survécu au massacre avec des mouvements
sémantiques et linguistiques qui se retrouvent ici et là et tout à coup lorsqu'on a rendu la
langue aux Français et bien c'était une langue tout à fait différente et qui était remplie
de jungle et de lianes même spectacle pour l'espagnol l'Espagne impérial est arrivé en
Amérique latine à déraciner l'espagnol pour le replanter dans notre Terre a fait un des
grands génocides linguistiques de toutes les langues indigènes et ont imposé l'espagnol
pendant 5 siècles et la macérer dans la barrique du continent et puis finalement on a
des hommes comme Rouen Dario comme cesaroyer tocardénal ou Raphaël qui vient d'avoir
le Grand Prix s'éloigne et qui est tout à coup cinq siècles plus tard rendaient
la langue à l'Espagne et on raconte que les professeurs éméritent des grandes
universités d'Espagne en lisant à souls et bien il y a quelque chose de beau
là-dedans et tu peux imaginer que en ayant eu autant de cultures de langue de
traditions crazy différente tu vois dans ma jeunesse à un moment où tu es en
train de te composer en tant qu'homme j'ai puisé là-dedans quelque chose que j'ai trouvé
beau qui est cette langue un peu bigarrée comme ça un peu bariolée c'est éventail de mots avec des
camaïeu et il était possible de déconstruire la langue pour la reconstruire ensuite j'insiste
je ne sais pas du tout si j'ai réussi mon coup et si tu veux vraiment de mon avis je n'ai pas
du tout avec la fausse modestie je pense que je ne l'ai pas réussi que j'ai encore beaucoup de
choses et d'efforts à faire beaucoup de livres à écrire mais j'aime ce chemin dans lequel
on voit qu'il y a un tissage de langues différentes et ce tissage est une sorte de
nouvelle texture et c'est pas pour rien que le l'étymologie du mot texte vient de textile
c'est tout simplement une grande combinaison et justement en fait dans l'inventeur il y a quand
même beaucoup moins en fait cette luxuriance parce que vous nous avez habitué à des textes voilà
qui notamment en parlant des Caraïbes enfin et de l'Amérique latine qui permettent cette
cette logorrhée parfois de d'adjectif etc là dans l'inventeur il y a quand même beaucoup plus
de retenue c'était difficile ou pas de se retenir comme ça c'était le sujet qui qui l'imposait
c'était très difficile et c'est absolument le sujet qu'il imposé le personnage lui-même n'a
rien de luxuriant n'a rien de baroque n'a rien d'explosif tu vois n'a rien d'électrique et donc
je me sentais moi-même de temps en temps avec une sorte de camisole de force tantôt parce que le
personnage lui-même ne donnait pas suffisamment de d'intérêt de couleur pour pouvoir se lancer
là-dedans également parce que c'est un siècle le Second Empire aussi dans le monde du
des scientifiques qui n'est pas non plus un monde dans lequel on est dans la magie dans
lequel on est dans la fascination ésotérique et mystique des choses sinon au contraire tout
est très concret tout est très comme il faut mais en plus et bien été parce que je savais
que je ne voulais pas m'éloigner de la réalité et ne pas en faire un roman sinon une sorte
de biographie romancée et donc j'avais cette autre camisole de force qui était celle de
obligatoirement je devais un peu me tenir à sa vie puisque je ne pouvais pas inventer
que tout à coup il décide de partir dans les Caraïbes ou tout à coup Augustin Mouchot
est homosexuel par exemple ou tout à coup et bien était sa machine fait 6 mètres
10 et on la présente en Chine et doit partir en Chine malheureusement j'étais
obligée de suivre un petit peu les rails sur lesquels j'avais posé mon propre wagon de
lettres et que je voulais suivre mais j'ai essayé comme j'ai pu de donner une sorte de rythme et
tu n'imagines pas à quel point j'ai travaillé cette fluidité sur rythme pour justement ne pas
perdre le lecteur et essayer de donner un tempo j'avais sans cesse cette image en tête et qui
peut-être un ami m'en avait parlé il y a longtemps et j'avais trouvé l'image très belle il m'avait
dit cher ami quand tu commences à écrire un livre faut imaginer que le lecteur va ouvrir
ton livre à la terrasse d'un café après prendre le café va le porter à sa bouche et
puis quand il va dire la première phrase ne va pas mettre la bouche je vais juste
et puis la deuxième puis la troisième il ne va pas boire il ne va pas poser il
va être tellement absorber par ton texte qu'il doit tenir dis ton travail et faire en
sorte que le café refroidisse dans sa main et ça ça se fait en effet en gardant cette loi
dans ce Pierre Michon parle de la loi qui est le sentiment que fait une pièce lorsqu'elle tombe
par terre c'est que la première phrase de ton texte et c'est ce bruit là il faut le maintenir
tout au long du livre pour qu'à aucun moment ça rompre l'équilibre ça rompre le pacte musical
dialogue l'accord musical que tu as fait avec ton lecteur et lorsque tu te trompes c'est comme
une fausse note dans un concert tout le monde la voit tu continues le concert ah oui il y a des
instruments il y a une partition il y a du monde autour enfin tout ceci est une grande combinaison
de son pour pouvoir me faire sentir quelque chose mais sans la fausse note tu aurais continué
dans le sentiment dans le rêve dans l'émotion la fausse note te rappelle en fait qu'il y a
une réalité qui a des astuce qui a des ruses même spectacle pour les livres le travail de
maintenir ce ton et si j'ai mis de côté un peu ce baroque et cette luxuriance à laquelle
tu n'imagines pas avec quel bonheur je reviens dans le livre que je suis en train
d'écrire en ce moment en me disant mon ami maintenant tu peux lâcher les rennes parce
que je suis dans un livre très carré bien j'ai essayé toutefois de conserver cette espèce
de fluidité de ton de diapason que je ne voulais pas perdre et encore une fois je ne sais pas du
tout si c'est réussi mais tu n'imagines pas avec quel effort à quel moment aussi tu dois faire des
sacrifices de scènes parce que ça casse ton rythme et j'ai dit ah la sénor aurait été belle mais elle
ralentit quelque chose et donc je préfère en effet l'enlever pour que tout le texte soit au service
de l'histoire et non pas que ce soit moi qui a envie absolument de mettre ce mot absolument
envie de mettre cette scène pour moi me faire plaisir un peu comme le chasseur qui ne trouve pas
de cible qui va tirer alors en l'air simplement par le plaisir d'entendre les détonations et qui
ne va pas prendre le temps de viser quelque part transition pour moi tu vas parler
des braconniers et des chasseurs de ce fil qui doit tenir la vie de Augustin mouchaud donc dans
cet hommage que vous lui rendez il y a une phrase notamment sur laquelle j'aimerais revenir qui est
bien que j'en élève je ne suis pas mort qui est notamment une des premières phrases avec laquelle
on découvre Mouchot mais aussi une des dernières il y a un double sens parce que cet homme est
malade sans cesse donc dès qu'il s'endort en fait il écrit ça sur un papier pour que les
gens ne pensent pas qu'il est mort en fait il est juste il s'endort très profondément mais il
est pas mort mais surtout elle sonne à la fin du livre comme une reconnaissance parce qu'en fait
l'oubli dont il a été victime aujourd'hui avec ce texte là l'inventeur c'est elle sonne comme
une lutte contre l'oubli est-ce que cette phrase c'est une phrase vraie ou est-ce que c'est une
invention je reconnais absolument que c'est une inventionnerait assez mais malheureusement
j'ai cherché partout il ne l'a jamais dit donc j'étais obligé de l'inventer mais je
me suis dit que ce serait beau et parce que et tu fais très bien de souligner
ça c'est qu'elle a une sorte de double jeu puisque c'est à la fois musho qui
lui-même est très maladies très malingre d'une santé vraiment terrible et qui à chaque fois
qu'il s'endort ressemble à une momie livide en ayant peur d'être enterré vivant et là ce petit
mot bien j'enlève je ne suis pas mort et je me suis dit alors que je l'avais simplement écrit
pour pour faire la scène et pour montrer à quel point ce personnage était maladie je me suis dit
qu'en effet la phrase avait ce double sens puisque d'une certaine manière bien que Mouchot est l'air
mort puisque c'est peu de choses de lui puisque personne n'est perdu sa mémoire ça tombe n'existe
plus et la concession n'a pas été renouvelée après 100 ans imaginez-vous et bien je trouvais en
effet qu'écrire un livre là-dessus permettait en quelque sorte de sortir de cette tombe comme
un fossoyeur littéraire et bien que j'en ai l'air je ne suis pas mort je me suis posé la question
s'il fallait ou non le mettre plusieurs fois au cours du livre pour faire une sorte de leitmotiv
et finalement au Bono je ne sais pas jusqu'où tu veux qu'on raconte quoi mais mais ça permettait
de boucler aussi certaines choses et pour ceux qui ont le livre ils verront de quoi je parle et pour
d'autres et bien je laisse le soin de le découvrir et le travail de dosage et d'équilibre
entre la fiction et la réalité a été difficile jusqu'où en effet tu te permets de
mettre des mots dans la bouche d'un personnage tu n'es pas sûr si les a dit ou pas je donne
un exemple en faisant des recherches je suis tombé en effet sur le fait que vous sommes
chauds avaient fait une démonstration de sa machine solaire pour montrer qu'elle pouvait
bouillir de l'eau très rapidement quelques minutes devant Napoléon III dans les jardins
de Saint-Cloud j'ai essayé de trouver le plus possible d'informations sur cette journée
parce que c'était une scène relativement importante pour moi la seule chose que j'ai
trouvé c'est une phrase où il y a écrit j'ai fait une démonstration à Saint-Cloud si elle
peut Clément point l'empereur a eu l'élégance de m'inviter à une deuxième démonstration et ce
ciel peut Clément trois mots étaient toute l'information que j'avais sur cette démonstration
alors vous avez devant vous deux possibilités soit tu décides d'en faire un livre d'enquêteurs
littéraire ou tu dis je suis allé jusqu'au archives municipales de Pierrefitte à Saint-Denis
dans le nord de Paris après avoir glané tous les différents documents finalement jetons sur un
document était de Napoléon III je vois écrit ciel peu clément je suis rentré chez moi avec
ces trois mots qui me tournaient en tête avec ces trois mots qui faisaient une sorte de tresse
dans mon rêve dans les toiles d'araignées de la nuit en me disant que est-ce qu'il pleuvait
est-ce qu'il y avait juste des nuages est-ce que ceci cela et donc tu fais un texte qui peut
être très beau aussi dans lequel tu te mets en personnage principal et tu évoques le souvenir
de mon show mais au contraire j'ai décidé de faire de la fiction vraisemblable c'est à dire
de dire si elle peut Clément sans doute il y avait des nuages la machine n'a pas fonctionné
faisons une scène alors dans laquelle il y a de la pluie lors d'une démonstration donc c'est
de la fiction encore une fois je n'y étais pas je ne peux pas savoir exactement ce qui
s'est passé toutefois tout très vraisemblable tu fais des recherches sur le
jardin de Saint-Cloud et ça permet d'avoir une bonne description de
ton scénario de base de ton background tu lis la biographie de ericarso sur Napoléon
III et j'essaie de trouver juste le moment à exactement ce mois et cette année pour voir
plus ou moins à quoi ressemblait l'empereur à ce moment-là tu te rends compte qu'il ne
ressemble pas du tout à ce que tu imaginé de lui majestueuse somptueux napoléonien vague ni rien
sinon au contraire petit homme comme ça m'afflu saturnien avec un œil un peu vide une mauvaise
moustache qui souffre de calculs rénaux et de coliques néphrétiques et qui a dans son rein
un caillou gros commun je l'imaginais pas du tout comme ça tu as ton personnage de Napoléon
III tu as en effet le personnage de Mouchot la machine solaire tu as les jardins de Saint-Cloud
parce que pas son vrai état si elle peut Clément tous les éléments sont là pour faire ta scène
elle est inventée absolument mais d'un autre côté elle est vraie puisque tout est là et tu te
retrouves alors dans ce cette délicieuse frontière du mentir vrai qui fait toute la littérature et
qui fait que parfois et bien le mensonge finit par être plus vrai que la réalité parfois le
mensonge finit par être plus réel que le réel et en ce sens Stéphane vague dans beaucoup de
ces biographies le fait délicieusement puisqu'il ne donne jamais de source et se permet souvent
d'imaginer des scènes que je veux de Balzac que ce soit de Casanova et il les raconte si bien il
les met tellement bien en scène et les structures tellement bien dans tout le déroulé narratif il
aimait si bien dans la psychologie du personnage que de temps en temps lorsque les biographies
de ce personnage sont faites plus tard on reprend cette scène en disant oui bien
sûr et la célèbre scène etc on dit bah non cette scène n'est jamais arrivée
mais la fiction a dépassé la réalité parce que avec ce qu'on disait au début la
boucle est bouclée merci beaucoup Miguel [Musique]